Voyage de pêche en van avec Wevan

Pêche WeVan

Partir pêcher en van ! Quoi de plus naturel comme idée ? La pêche et le trip en van, ces deux symboles de liberté et de vagabondage ne demandent qu'à fusionner pour donner naissance à des séjours intimistes au bord de l'eau.

Dès 2019, Truites & Cie va participer au développement de ce concept novateur en partenariat avec plusieurs guides de l'équipe rédactionnelle et la jeune entreprise de location WeVan, pilotée par deux Nantais, Joseph Teyssier et Augustin Bouyer. Tous deux m'ont fait l'honneur de traverser l'hexagone pour me rencontrer à domicile (raison officielle invoquée) et par la même prendre 3 jours de repos salutaires dans les montagnes haut-alpines (raison officieuse), juste avant la fermeture de la pêche en octobre dernier. Joseph a répondu à mes questions à cette occasion.

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Salut Joseph, peux-tu te présenter brièvement et nous expliquer notamment comment t'est venu le goût de la pêche ?

Pourquoi brièvement, c’est l’occasion d’une petite autobiographie non ?! Je suis Joseph, cofondateur en 2010 de WeVan avec un bon copain d’enfance, Augustin. Les copains d’enfance, soit tu t’en débarasses à l’adolescence, soit tu te les coltines pour le restant de ta vie... En partant suivre les cours de botanique d’une école d’agriculture et agronomie, j’avais presque réussi le coup parfait, en mettant suffisamment de distance entre nous. Jusqu'au sortir de mes études, où il me retrouve pour me parler de sa nouvelle idée de boite (une nouvelle par jour à l’époque). J’avais un peu de temps devant moi, j’ai proposé de lui filer un coup de main pour le lancement. Ça fait maintenant presque 10 ans que nous partageons notre bureau et que je le vois tous les jours en face de moi. Là par exemple, je lève les yeux de mon écran et je vois sa tête. Quel échec !

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Pêche WeVan
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Joseph Teyssier en action dans la Clarée !
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Le goût de la pêche. Ça pourrait être le titre d’un bouquin ça non ? Ça pourrait probablement faire l’objet d’études sociologiques poussées, tellement ce “goût” peut venir de loin ! En ce qui me concerne je l’ai toujours eu en moi, depuis tout petit, sans savoir pour autant d’où il venait précisément. Probablement en parti de mon père, qui sans être un grand pêcheur a “ça” en lui également, qui le tient lui-même de son propre père ! Mais pour répondre à ta question, je vais préférer te faire part de mes premiers souvenirs de pêche. En mer d’abord, en Corse, à la palangrotte depuis les rochers près de chez ma grand-mère, et en eau douce dans le Haut-Doubs chez mes autres grands-parents avec la pêche au coup d’énormes ablettes. Et si le goût de la pêche, finalement venait des vacances chez les grands parents ?

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Parle-nous de ton entreprise ainsi que de ton partenaire Augustin !

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Augustin Bouyer
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Augustin Bouyer, en pleine préparation !
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Alors vous avez déjà rencontré Augustin plus haut, mais pour compléter, je dirai qu’il a lui aussi le goût de la pêche depuis tout petit. Tout comme celui du commerce d’ailleurs : enfant, il revendait à ses petits frères les cadeaux promotionnels que lui offrait son père...

WeVan est une société de location de vans aménagés ou “campervan” comme on dit en Anglosaxonie ! Les vans ce sont des “mini camping-cars”, discrets et passe-partout et qui permettent de voir du pays tout en vivant, mangeant et dormant à bord. C’est le croisement entre un petit bateau sur terre et une petite maison sur roues. Pour nous le van est un moyen, un vecteur exceptionnel pour assouvir ses passions de pleine nature : surf, escalade, champignons… ou pêche. Nous nous sommes assez rapidement développés en réseau de franchise, et aujourd’hui WeVan compte 14 agences, ce qui offre quelques possibilités pour aborder la plupart des cours d’eau de France et de Navarre !

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Aujourd'hui, tu cherches à développer le concept "partir pêcher en van" en France, décris-nous l'intérêt que constitue le couplage trip en van/pêche de la truite ?

Oui, en france comme partout en Europe d’ailleurs. Avec Augustin, tous deux passionnés de pêche et amateurs de voyages itinérants, nous avons assez vite marié les deux et mêlé vie pro et passion perso ! Par exemple, nous sommes partis pêcher le brochet en Irlande en van, et je peux t’assurer que les intérêts sont nombreux et de taille. Le premier est évidemment de pouvoir dormir sur place, au “coeur du réacteur”, de se lever aux premières lueurs du jour, d’enfiler ses wads, faire 10 mètres et commencer à pêcher. Et peu importe si le plan d’eau est reculé, loin de tout et difficilement accessible. Au contraire même. Le van constitue aussi une très bonne base arrière, avec tout le matériel nécessaire, pour rentrer casser une petite croûte, faire chauffer un café ou s’octroyer une petite sieste à l’heure où le poisson donne l’exemple. Le soir, c’est l’occasion de se raconter les aventures du jour autour d’un bon dîner chaud, dans ce huis-clos extraordinaire perdu au milieu de la nature. Et de sortir voir la rivière sous un lit d’étoiles avant d’aller se coucher, pour recommencer le lendemain.

Enfin, le van avec son petit gabarit permet d’explorer facilement une zone, même la plus tortueuse, de changer de section facilement pour, si l’envie vous en prenait, prospecter un cours d’eau de sa source à son embouchure !

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Pêche Wevan
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Pour ceux qui se posent tout un tas de questions pratiques au sujet du voyage en Van, y'a-t-il des prérequis indispensables à connaître avant de se lancer ? indique-nous où l'on peut trouver des informations détaillées à ce sujet ?

Tous ceux qui ont l’habitude de charger une tente dans le coffre ou sur leur dos retrouveront dans le voyage en van tous les “us et coutumes” du camping sauvage, avec un calque de confort en sus : toujours un endroit (vraiment) au sec où se réfugier, de l’autonomie en énergie pour recharger son téléphone ou son appareil photo, du volume de rangement pour apporter du matos (sans le porter), tout le nécessaire pour cuisiner, etc.

Et pour ceux qui ne sont pas habitués à dormir à l’extérieur, le van apporte un sentiment de “sécurité” supplémentaire. Notre petit conseil est éventuellement de prévoir de passer la première nuit dans un camping, pour apprivoiser le van et appréhender sereinement cette première expérience sans avoir en plus le “stress” de devoir trouver un spot propice. Puis opter pour le camping sauvage les nuits suivantes, en essayant au début de se mettre en quête du parfait “nightspot” avant le crépuscule. Pour rentrer dans le détail, nous avons écrit un petit guide pratique à destination de nos clients avec pleins de bons conseils pour préparer son voyage en van : www.we-van.com/conseils-voyage-van-amenage.php

Evidemment, toutes les équipes de WeVan sont aussi là pour vous aider à préparer votre voyage. Quoiqu’il en soit le voyage en van est une expérience facile, accessible à tous, et qui mêle confort et aventure dans des proportions tout à fait intéressantes !

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Pêche Alpes
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Est-ce que vous faites plutôt dans le vintage ou dans le tout confort lors choix de vos véhicules ?

Question intéressante qui va me permettre de retracer l’ensemble de l’histoire de WeVan. Le concept initial de WeVan était effectivement de louer des vieux combis VW, ce qui s’est avéré être la pire idée de la décennie. Sauf si votre passion est de passer vos week ends à aller dépanner ou tracter des vans sur des centaines de bornes. Bref, nous avons eu une lueur de lucidité pour ne louer désormais plus que des véhicules neufs, tout équipés, de marques référentes du marché. On aime ça le cambouis hein, mais bon quand même on préfère la pêche :)

Est-ce que cette offre s'adresse aux plus rustiques des pêcheurs de truite ou est ce que tout pratiquant pourra bénéficier d'un bon confort même en début de saison (mars/avril) ?

Le confort est au rendez-vous pour tous car les vans sont des petits concentrés d'habitabilité et de technologie au service du bien être à bord (instant publicitaire). Pour le début de saison par exemple (et la fin aussi d’ailleurs, je te rappelle qu’il ne faisait pas chaud, début octobre, dans ta vallée Simon) le chauffage stationnaire est un petit bonbon sucré. Il s’agit d’un petit moteur extérieur, indépendant et silencieux, qui est alimenté par le carburant du van et qui vient pulser de l’air chaud à l’intérieur (toute la nuit si vous le voulez, moteur du véhicule éteint évidemment). Lors de l’une de mes premières utilisations, par une fraîche nuit aux températures négatives, j’ai commis la grossière erreur de le programmer au max avant de me coucher… pour me réveiller 2 heures plus tard en nage et en caleçon. Le luxe ! La cuisine équipée, avec feux gaz, réfrigérateur et réservoirs d’eaux intégrés participe au confort du concept. Et nos plus gros modèles peuvent aussi être dotés d’une salle de bain avec douche, eau chaude et toilettes. Le Ritz quoi...

Alors “toutes choses étant égales par ailleurs” comme dirait Augustin (ne me demandez pas pourquoi), nous parlons ici de petits volumes. Donc tous ceux pour qui le bien-être passe nécessairement par l’espace risquent de se sentir un peu inconfortables. Aussi, il faut aimer voyager assez léger, ne pas se laver tous les jours, creuser un trou dans les bois pour ce que vous devez faire seuls, etc. Mais je pense que ce “rapprochement “ avec la nature n’est pas pour déplaire à la plupart des pêcheurs, bien au contraire. Surtout en début de saison après avoir rongé son frein tout l’hiver (monter des mouches c’est sympa mais les perdre dans les branches c’est mieux). Encore une fois, pour nous, le van c’est un mode de voyage où le rapport entre confort et aventure est particulièrement bien équilibré.

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Pêche Wevan
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Je crois savoir que tes lectures son composées d'un grand nombre d’œuvres de Nature Writting, doit-on y voir un indice sur la philosophie du parfait pêcheur vanlifer ?

Probablement. Elle pourrait être d’interrompre volontairement sa journée de pêche, alors que les farios mordent encore, pour simplement contempler une belle lumière crépusculaire sur les montagnes, et d’aller s'asseoir sur le marchepied de son van avec une bonne bière fraîche. Et d’en avoir le palpitant tout vivant.

J’ai lu hier qu’un nouvel essai de ”big” Jim Harrison, Un sacré gueuleton, venait d’être traduit en français : “Quand la vie décide de m'accabler, je sais que je peux faire confiance à un Bandol, à quelques gousses d'ail et à Mozart”. Lecture d’hiver obligatoire pour tous !

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Pêche Wevan
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Est-ce que le van ne serait pas un moyen de concilier voyage en famille et pêche ?

A titre personnel je n’en suis pas convaincu, enfin sauf si toute la famille est pêchante bien sur ! Mais ça n’a rien à voir avec le van : comme pour tout “voyage à thème”, pour que ça se passe bien, il vaut mieux avoir les même centres d'intérêts ! Après si tu parles de faire un voyage en van en famille, avec une ou deux cannes à pêche oubliées par hasard dans le coffre, là c’est très différent...

Est ce que la fonctionnalité de vos véhicules est suffisante pour ranger tout le barda du pêcheur moderne ? par exemple, les waders et chaussures mouillées peuvent-ils être stockés correctement sans ruiner l'intérieur en moins de deux?

L’une des cartes maîtresse de la vie en van c’est la caisse plastique. Le plastique c’est pas bien mais là, tout de suite j’ai pas l’alternative… Et l’autre carte maîtresse c’est l’organisation. Avec cette paire de carte dans votre jeux, vous êtes sereins. Après, pour aller plus loin, il y a d’autres cartes à jouer : par exemple lors de notre voyage de pêche en Irlande dont je vous parlais (nous étions 4 grands gaillards dans 1 petit van) nous avions pris l’habitude de faire sécher nos waders pendues sous le store extérieur et les ranger dans un petit coffre de toit pour rouler. Une autre bonne astuce à considérer est d’emporter une tente type 2”, à déployer dehors quand on vit à l’intérieur du van, pour stocker du matériel et libérer de l’espace à bord. Je pense que le mieux est que je vous projette cette excellente vidéo vintage et amateur de “pêche n’ van” en Irlande (du test matériel comme nous aimons à dire) pour que vous vous rendiez compte de la chose : https://vimeo.com/52533131 . Collector.

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Pêche Wevan
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Vous êtes récemment venu faire la connaissance du rédac' chef de Truites & Cie dans la vallée de la Clarée, parle nous de l'ambiance de ce séjour en van "au bord de l'eau"

̶S̶i̶m̶o̶n̶ La Vallée de Clarée est magnifique. Les cordonniers étant souvent les moins bien chaussés, ça faisait longtemps que nous n’étions pas partis (i) en van (ii) pêcher à la mouche (oui vous savez, le travail, la famille, tout ça, tout ça). Un “tout ça, tout ça” qui n’empêche apparemment pas Simon de tremper ses billes à loisir. Fraîchement papa d’un nouveau-né et en pleine semaine de boulot, Maître S. est donc tout disposé à passer du temps avec nous au bord de l’eau et à nous faire découvrir sa rivière. Un peu de “temps de semaine”, au calme juste avant les foules du week-end de fermeture, sous un ciel bleu magnifique le jour et abondamment étoilé la nuit. Nous profitons du silence des poissons en début et fin de journées pour faire des photos “fish and vans” (celles que vous découvrez ici et que nous envisageons d’utiliser comme support de communication pour nos futurs voyages de pêche WeVan). J’en profite pour saluer et remercier Anto (@charbs__adventurer_), photographe du grand nord, qui n’a pas peur des gelées matinales haut-alpines pour travailler pieds nus dans l’eau ! Après un petit casse-croûte à bord du van, nous troquons vite nos costumes de modèles pour ceux d’apprentis de Maître S. (ce qui s’avère assez rapide car ce sont littéralement les mêmes) afin d’être à l’heure pour le réveil des truites, ces feignasses ! Et là, nous simples moucheurs d’eaux calmes à la mouche sèche, avons l’honneur de découvrir et apprendre une nouvelle technique : la “pêche de l’eau à la bille”. Un truc de montagnard. Ça pourrait se résumer à un geste qui n’a rien à voir et à nous qui ne voyons rien des touches. Car selon Maître S. il y a des touches. Première nouvelle. Ah oui, peut-être là effectivement, je ferre. Avec un wagon de retard sous les insultes de Maître S. (NDLR : petite rectification du rédac' chef qui souhaite redorer son blason en précisant que Joseph a pris sa première belle truite de Clarée tel un gentleman, en sèche sur une Adams h16, lors d'une éclosion d'olives).

Puis on troque le wagon pour un bus, puis un van, puis un vélo, une trottinette et les premières farios, superbes avec leur marbrure “méridionale”, finissent par tendre la soie. Souvent plusieurs par trou, mais ma parole cette Clarée est infestée ! Et puis cinq minutes passent, plus un poisson, la fin de la récréation a sonné. On remballe et monte en van en haut de la vallée, au bout de la route qui va pas tarder à fermer pour l’hiver, pour faire quelques photos. Il fait nuit il est temps de redescendre trouver un endroit paisible où passer la nuit, allumer un feu et préparer l’apéro !

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Pêche wevan
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Peux tu nous faire un bref rappel réglementaire sur le stationnement des van en pleine nature ?

Chaque pays possède sa propre réglementation sur le camping sauvage. Il est par exemple strictement interdit en Slovénie où vous devrez passer la nuit dans des aires dédiées (mais bien faites), là où en Norvège l’Allemannsretten (littéralement « le droit de tous »), comprenez le droit d’accès à la nature, est une valeur maîtresse qui vous autorise à camper (presque) partout. Le premier réflexe est donc de se renseigner sur la législation du pays avant de partir. En France, la réglementation est peu plus flou (on est en Gaule), mais en gros le camping sauvage sur le domaine public est autorisé partout où il n’existe pas d’interdictions. Il est par exemple interdit sur les sites classés, les réserves naturelles, les voies publiques ou encore les rivages de la mer. Localement, il peut également être interdit par arrêtés municipaux ou préfectoraux locaux, souvent en période estivale sur des zones touristiques de forte affluence. Hors restrictions le camping sauvage sur le domaine public est donc autorisé, comprenons par là toléré. Ainsi il ne s’agit pas de “prendre racine” 10 jours au même endroit en installant un fil à linge pour faire sécher ses caleçons tout le jour durant ! L’idée est en effet de rester discret, de minimiser l’installation, de la déployer tardivement le soir et de la replier tôt le matin. Il ne s’agit pas de se cacher non plus, mais simplement de limiter l’impact éventuel de votre installation sur autrui. Evidemment tout cela est laissé au bon sens de chacun sur la situation : la Creuse en octobre n’est pas le Pays Basque en août… Il est aussi possible de bivouaquer sur des terrains privés, soit en demandant l’autorisation au gré de vos pérégrinations, en allant frapper aux portes (des agriculteurs notamment) soit via des plateformes de mise en relation entre propriétaires et voyageurs (type Airbnb mais pour des terrains, avec ou sans facilités, à l’instar de Homecamper ou Gamping). L’application collaborative Park4night qui recense campings, “nightspots” sauvages, aires d’entretien, etc. est également un incontournable.

Quoiqu’il en soit, où que vous passiez la nuit, la règle de base est évidemment de respecter l'environnement qui vous accueille (rapportez vos détritus, enterrez ou brûlez votre papier toilette selon le lieu, etc.). Il est impératif de laisser le spot au moins aussi propre que quand vous vous êtes installés.

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Wevan
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Toi qui as déjà pas mal bourlingué en van, quelles sont les destinations qui te viennent spontanément à l'esprit lorsqu'on évoque le concept "partir pêcher en van" ?

Partout où il y a de l’eau, douce ou salée !

Merci Joseph pour l'intérêt que tu portes à Truites & Cie, plein de réussite pour ce nouveau projet et à bientôt pour de nouvelles aventures :)

Vidéo
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Liens utiles :

Le site WeVan : 

https://www.we-van.com/

 

La vidéo du séjour de pêche en van en Irlande : ici

La page facebook d'Antonin Charbouillot, photographe : ici

Instagram : ici

A propos de l'auteur

Simon est né dans le département du Gers et a découvert la pêche à l'âge de 10 ans. Bien qu'initialement éloigné des rivières pyrénéennes qui lui sont chères…