3 leurres incontournables pour bien débuter la saison

Alain Foulon

Que n’a t-on pas déjà écrit sur la pêche de la truite aux leurres à l’occasion de l‘ouverture. Le constat est souvent le même : des eaux froides, voire glaciales ; hautes ou au contraire basses en raison des étiages hivernaux de plus en plus fréquents, en fonction du niveau d’enneigement des massifs montagneux, teintées ou d’une clarté absolue ; l’absence presque totale de végétation rivulaire ; un soleil bas dans le ciel et les rayons du soleil presque horizontaux qui se réfléchissent sur la surface du cours d’eau et peuvent difficilement pénétrer et atteindre les couches inférieures ; des truites apathiques et souvent amaigries qui sortent lentement et difficilement de leur léthargie et de la torpeur hivernale. Nous connaissons tous les difficultés que représente une ouverture de la pêche de la truite pratiquée aux leurres et son cortège de problèmes qu’il faut sans cesse résoudre pour espérer déclencher quelques attaques parfois timides sur des créneaux d‘activité souvent très courts. Aussi, je vous propose de décrire trois types de leurres se révélant efficaces sur les truites en début de saison, que se soient sur des poissons sauvages ou surdensitaires : ceux à palette, les poissons nageurs « coulant rapide » et les souples

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Les leurres à palette

La cuiller tournante est sans nul doute possible l’un des leurres les plus efficaces en début de saison, notamment quand il s’agit de prospecter des eaux dont la température ne dépasse pas les 7 degrés et qu’il est nécessaire de proposer de puissants stimuli vibratoires (rotation de la palette) et visuels permettant de faire réagir des truites souvent profondément enfouies sous les berges creusées ou les obstacles. En effet, à cette période de l’année, les poissons sortent difficilement de leur léthargie après avoir puisé dans leurs réserves à l’occasion de la fraie et supporté un jeûne lié aux basses températures des eaux et à la rareté de la nourriture. Si le besoin de reconstituer rapidement des réserves est prédominant et vital, il n’en demeure pas moins vrai que la température des eaux constitue un frein à une reprise normale et optimisée de l’alimentation des truites, sachant qu’en dessous d’un certain seuil, elles cesseront totalement de s’alimenter. Un ensoleillement suffisant et un réchauffement progressif, même timide, du cours d’eau sera toutefois de nature à favoriser leurs déplacements sporadiques et de faible amplitude pour atteindre certaines dérives naturelles, pourvu que ces dernières se situent dans des veines d’eau profondes, au courant régulier et relativement lent. Les truites peuvent toutefois rejoindre certains courants moins profonds à l’occasion d’une belle éclosion d’éphémères. La pêche à la cuiller tournante ou au moyen d’un leurre hybride (tandem poisson nageur/palette, micro spinnerbait…) devra tenir compte de l’ensemble de ces paramètres pour espérer déclencher quelques attaques aux heures les plus chaudes de la journée, c’est-à-dire entre 11 et 15 heures. L’aube offre également de véritables opportunités de captures, mais ce créneau est généralement extrêmement court.

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La principale difficulté de la pêche en début de saison est de maintenir un leurre suffisamment longtemps au ras du fond dans des veines d’eau souvent importantes. Les cuillers doivent par conséquent être assez lourdes pour rejoindre la bonne couche et s’y maintenir lors de leur lente progression. Je privilégie les récupérations lentes et régulières quand il s’agit d’employer une cuiller tournante. Même pour les adeptes de l’ultra-léger, il ne faut pas hésiter à sélectionner des modèles importants (taille n°2 et plus) qui sont seuls capables de proposer des signaux suffisants et de faire réagir des poissons s’extirpant progressivement de leur « antre ».

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Il ne faut pas hésiter à peigner méthodiquement et avec insistance les zones présentant les caractéristiques mentionnées supra et à avoir recours aux dérives trois-quarts aval et trois-quarts amont qui permettront au leurre de pêcher plus « creux » à condition de maintenir la bannière semi-tendue lors des dérives et de provoquer le fameux arc-de-cercle au moment opportun. Les cuillers ondulantes pourront utilement être employées dans ces conditions de pêche car elles proposent des signaux différents, mais tout aussi efficace, avec toutefois des « vibrations » (ondulations, en fait) plus adoucies. Sur les rivières moyennes, je sélectionne généralement les modèles dont le poids est supérieur à 3 grammes dans le dessein de prospecter les couches inférieures avec plus d’insistance et d’efficacité.

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Si les truites s’installent dans les courants vers lesquels convergent des insectes, voire les prélèvent en surface à l’occasion d’une belle éclosion à la faveur d’une éclaircie, je n’hésite pas à pêcher à l’ultra-léger, soit en sélectionnant une micro-ondulante (1,5 à 2 grammes) soit en nouant une petite cuiller tournante (n°00 à 0) afin de déclencher des attaques plus près de la surface. Pour toutes ces pêches, vous pouvez utiliser une action de canne « regular » dotée d’une puissance adaptée au poids du leurre employé. Une canne « light » présente sans aucun doute la plus grande polyvalence en nous offrant la possibilité d’un plus large éventail de poids.

Les leurres hybrides, quant à eux, élargissent le spectre des animations pouvant être proposées pour déclencher quelques attaques grâce à leurs spécificités (effet de « rolling » de certains leurres hybrides lors de leur descente et plus grande résistance à la pression lors de « jerks » appuyés, particularisme du travail des spinnerbaits dont la palette papillonne au moment de rejoindre le fond,…).

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La répartition des différentes pièces mécaniques de ces leurres correspond à autant de « signatures » uniques en terme de vibration, de sonorité et de visualisation pour lesquelles la truite est plus au moins réceptive en fonction des conditions du moment et de son niveau d’éducation sur les parcours régulièrement fréquentés.

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Les poissons nageurs « coulant rapide »

Les pêcheurs hexagonaux sont désormais habitués à l’emploi des poissons nageurs de dernière génération qui offrent davantage de possibilités et de technicités en matière d’animation et de récupération. Les modèles « coulant rapide » qui, peuvent prendre différentes appellations (heavy weight (HW), super heavy sinking ou heavy sinking,…), ont été développés pour descendre plus rapidement et rejoindre les couches inférieures de la colonne d’eau, mais également se stabiliser, à la bonne profondeur, dans les courants les plus chaotiques et profonds. Leur emploi est par conséquent tout à fait indiqué quand il s’agit de présenter un leurre près du fond ou à proximité immédiate d’un refuge (berge creusée, obstacle immergé,…). Les flats minnows (possédant un corps compressé favorisant l’effet de « rolling » lors de la descente grâce notamment à la bonne répartition de leurs masses d’équilibrage) permettent d’obtenir des leurres très denses qui favorisent une descente rapide dans les eaux très froides qui sont plus difficiles à pénétrer pour des raisons moléculaires. Aussi, c’est bel et bien le leurre le plus dense, au sens physique du terme, qui se révélera le plus efficace à cette époque de l’année. Si une animation en « jerking » peut déclencher une attaque réflexe, je préfère les récupérations minimalistes et insistantes à l’occasion de dérives trois-quarts aval quand la configuration des lieux le permet (moyennes et grandes rivières).

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Les leurres souples

La dernière génération de pêcheurs, souvent formée à l’école du street fishing, apprécie l’utilisation des micro leurres souples, que se soit pour la recherches des petits poissons carnassiers que celle de la truite sauvage ou de « bassine ». Outre, l’attrait que ce type de leurre présente en terme pécuniaire, il faut bien admettre que son efficacité n’est plus à démontrer, tant des progrès considérables ont été réalisés dans la conception de leur matière et des différents attractants qui sont proposés. Qu’ils soient montés sur de petites têtes plombées (shads, worms,…) ou bien utilisés à l’instar des compétiteurs actuels de pêche de la truite aux leurres (teignes artificielles et créatures montées sur de petits hameçons faiblement lestés), ils se révèlent terriblement efficaces en début de saison – et même après ! – pour peigner lentement la moindre veine d’eau. J’utilise le même type de canne que pour la pêche aux leurres métalliques : action regular, pour une puissance de 1,5 à 5 grammes. S’agissant de la technique à proprement parler, je suis devenu un véritable adepte de la seconde déclinaison qui est devenue bien plus qu’un pis-aller tant elle permet une meilleure exploitation des couches les plus basses en proposant, par surcroît, un très fort signal olfactif.

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Il est toujours surprenant de pouvoir faire réagir des poissons sur ce type de leurres alors que les autres ne sont pas parvenus à déclencher la moindre attaque en fonction des conditions de pêche auxquelles nous pouvons être confrontés. Si les cannes longues offrent davantage de confort pour réaliser des dérives dans des conditions optimales, elles ne sont toutefois pas indispensables quand il s’agit de prospecter les petites et moyennes rivières. En effet, pour ceux qui pratiquent la pêche à la roulette ou qui connaissent les grands principes de cette technique qui se pratique sous la canne, de grandes similitudes existent entre elles. Canne haute et la main gauche positionnée sur la manivelle, le pêcheur accompagne son leurre qui, idéalement, doit suivre une dérive naturelle en étant légèrement décollé du fond. Pour y parvenir, il suffit de jouer sur le lestage. Une canne light ou ultra-light est par conséquent parfaitement indiquée pour obtenir la sensibilité nécessaire quand le poisson aspire délicatement le leurre. Il s’agit d’une technique très fine et extrêmement captivante que je développerai dans un prochain article.

La manière d’escher le leurre sur l’hameçon offre de multiples possibilités, comme par exemple celle de le faire tournoyer  pour déclencher l’agressivité d’une truite abritée sous un enrochement ou au contraire de le présenter le plus naturellement possible afin qu’il suive une dérive naturelle dans laquelle les poissons sont postés pour s’alimenter. S’agissant de l’ouverture, cette technique complétera idéalement l’arsenal, déjà conséquent, mis à disposition des pêcheurs souhaitant débuter la saison aux leurres, notamment quand il est nécessaire d’insister très près du fond et des obstacles.

Au plaisir de vous rencontrer au bord de l’eau.

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A propos de l'auteur

Alain Foulon a collaboré à plusieurs revues halieutiques, plus particulièrement dans le domaine de la pêche de la truite aux leurres dont il est un spécialiste. Il s’est…