La Journée mondiale de la migration des poissons, du Mékong au Léguer

Il y a la journée mondiale du Pop Corn, des câlins, du pangolin (si si, c’est le 20 février !), du macaron, des batailles d’oreillers ou encore du jardinage nu ! Il y en a d’autres, nettement plus sérieuses, engagées, nécessaires qui, à même date, année après année, nous rappellent l’importance de certains sujets, qui bien souvent, évoluent trop peu. Depuis l’avènement d’une prise de conscience large des problématiques liées à la santé de nos écosystèmes et la fragilité de notre biodiversité, ce phénomène des « journées mondiales » lui consacre aujourd’hui quelques dates, comme la désormais célèbre journée mondiale du Climat, chaque 8 décembre.

world fish migration day

C’est pour moi l’occasion de vous parler de la journée mondiale consacrée aux poissons migrateurs, le « World Fish Migration Day », une cause qui me tient particulièrement à cœur ! Cette journée est née en 2014, à l’initiative d’un panel international de scientifiques et d’organisation non-gouvernementales et désormais coordonnée par la Fondation mondiale pour la migration des poissons. La colonne vertébrale de ce projet : relier les poissons, les rivières et les Hommes.

En parallèle du travail scientifique destinée à améliorer nos connaissances et aux actions concrètes de gestion ou de protection, nous savons que la sensibilisation est une étape essentielle pour espérer apporter un changement de fond. Aussi l'objectif principal de la Journée mondiale de la migration des poissons est de mieux faire comprendre au public l'importance des poissons migrateurs et la manière dont nous pouvons réduire notre impact sur eux, et sur leurs habitats de vie. L'étape d’après consiste à permettre aux citoyens du monde entier d'agir sur ces sujets, mais aussi de susciter des engagements durables de la part des ONG, des gouvernements et de l'industrie pour la sauvegarde des rivières libres et la restauration des voies de migration des poissons migrateurs.

En seulement quelques années d’existence, il faut reconnaître que la mayonnaise a bien pris. Aujourd’hui, la Fondation est bien structurée, dispose de beaux moyens de communication et multiplie les projets à travers le monde, et pas que le Jour J ! Je vous invite à consulter le site Internet dédié à ce mouvement (https://www.worldfishmigrationday.com/home) et plus particulièrement, à télécharger gratuitement l’ouvrage "De la mer à la source", qui regorge d’informations très intéressantes sur les poissons migrateurs dans le monde entier. Vous pourrez, par exemple, faire connaissance avec le poisson-chat géant du Mékong, le plus grand poisson d'eau douce du monde, endémique du non-moins géant fleuve Mékong, qui migre sur d'énormes distances pour frayer et peut atteindre 300 kg. Voici le lien vers cet ouvrage incontournable : https://www.fromseatosource.com/

source

 

Si vous souhaitez proposer un événement ou simplement participer, rendez-vous ici sur la page des événements prévus pour la prochaine Journée dans le monde entier : https://www.worldfishmigrationday.com/events?country=4&search=

Traditionnellement, la Journée mondiale de la migration des poissons se tient au mois de mai, en l’occurrence le 16, pour cette année 2020. Mais notre ami Covid a bousculé un peu les choses et contraint les organisateurs à décaler exceptionnellement la date au 24 octobre 2020. Ceci étant, certains évènements sont maintenus pour le 16 mai.

Et en particulier, veuillez noter que pour l’occasion, le Bassin Versant "Vallée du Léguer" mettra en ligne son film "Rivière Léguer, histoire d’une reconquête", accessible depuis ce lien : http://www.vallee-du-leguer.com/Journee-mondiale-des-poissons-migrateurs

Ce serait un euphémisme de dire que ce film de 36 minutes m’a conquis ! J’ai eu la chance de passer récemment quelques jours pour le travail sur cette rivière de Bretagne Nord, et je dois dire que j’ai été complètement enchanté par les lieux. Il y règne une ambiance tout à fait particulière, une forêt de Brocéliande façon « Trégor » où coule une rivière à saumons aux eaux couleur thé. Reconnaissez que le tableau n’est pas dégueu ! Au-delà de l’ambiance et des décors, je dois également souligner le dynamisme des acteurs d’un territoire mobilisé depuis des années autour de la restauration et de la valorisation de leur rivière. Pourtant, le bassin versant partait de loin car le 20ème siècle avait clairement tourné le dos au Léguer, trop occupé à développer les activités agricoles et industrielles. Cette dynamique est vraisemblablement née du fait récent le plus marquant pour le bassin versant, à savoir l’effacement du barrage de Kernansquillec (15mètres de hauteur tout de même !) en 1996, à l’heure où le Léguer et ses habitants aquatiques agonisaient des impacts cumulés de ce barrage et des activités agricoles intensives.

Bretagne

Le film, dévoilé en cette fameuse journée du 16 mai, raconte magnifiquement cette histoire, la reconquête d’une rivière, d’un bassin versant, par ses habitants. Il souligne toutes les difficultés qu’impliquent une telle reconquête, et en premier lieu les évolutions longues et complexes des mentalités, a fortiori celle du milieu agricole. Ce film nous montre que ces évolutions sont possibles, qu’il n’est pas vain d’espérer une reconnexion des Hommes et de la rivière, et que les bénéfices sont nombreux. Aujourd’hui, le Léguer est labellisé « Site Rivière Sauvage ». Les images de Philipe Laforge (que je profite de saluer chaleureusement) soulignent la beauté de cette rivière, mettent en lumière ce pour quoi les habitants de cette vallée se battent, le vol d’une éphémère, le passage furtif d’une loutre, le spectacle majestueux de la reproduction des saumons.

Foncez donc vous plonger l’espace de quelques minutes dans les eaux « thé » du Léguer, vous en ressortirez probablement teinté de nouveaux espoirs pour l’avenir de nos rivières !

Léguer

 

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A propos de l'auteur

Yann est originaire de Lyon et vit à Morzine aujourd'hui. Il pêche depuis l’âge de 6-7 ans après avoir attrapé le virus grâce à ses stages de pêche estivaux à l’…