Comme toutes les régions de France, nous n’avons pas été épargné par la sécheresse la saison dernière. Cependant en Bretagne, la température de l’eau n’est pas montée trop haut et n’a pas occasionné de mortalité chez nos salmonidés comme cela avait été le cas pour le saumon l’année précédente (en 2017).
J’ai cependant arrêté mes guidages au saumon d’été (castillon) vers la mi-août depuis deux saisons afin de ne pas mettre de pression de pêche sur des poissons en « souffrance » (qui patientent sur le bas des rivières en attendant un coup d’eau salvateur pour monter sur leurs frayères) et conserver des prestations de qualité, basées sur une éthique de la pêche et un profond respect de nos poissons.
Les précipitations sont arrivées tardivement avec un automne relativement sec, mais novembre et décembre, puis janvier ont été plutôt arrosés et ont permis d’alimenter nos nappes de manière significative. Mais pour combien de temps ? Lorsque la végétation va commencer à pousser, les niveaux risquent de vite redescendre si les précipitations printanières ne sont pas au rendez-vous !
Nous avons donc à J-6 avant l’ouverture des niveaux corrects, cependant plus bas que l’an passé et nous espérons que les pluies annoncées pour la semaine prochaine viendront regonfler nos rivières et nappes pour permettre d’envisager sereinement la saison tant attendue.
Un printemps humide serait d’ailleurs le bienvenu afin de pouvoir profiter de toute la saison truite et de remontées intéressantes de migrateurs que ce soit de saumon ou d'alose que je traque sur les meilleures rivières de Bretagne.
Pour la truite, les conditions vont être bonnes car les températures plutôt douces de ces dernières semaines ont bien réchauffé la couche superficielle de l’eau et les premières éclosions, notamment de segdes, apparaissent ici et là, aux heures les plus chaudes qui sont comme toujours la meilleure fenêtre pour taquiner nos farios 100% sauvages à la mouche et même en sèche notamment sur les parties amont et les têtes de bassin où l’eau est toujours plus chaude de quelques degrés et où l’on trouve bien souvent les belles truites montées pour se reproduire.
Le streamer, la noyée et la nymphe au fil seront bien sûr les techniques à employer pour ces premiers jours avec la possibilité de faire monter ces dames sur le coup de 13h-15h.
Recherchez les zones lentes et les bordures, les caches où les truites se trouveront principalement, notamment proches du fond, en queues de pool, et dans les amortis.
Les truites n’iront se nourrir dans les courants que plus tard dans la saison lorsque l’eau avoisinera les 10°C.
Pour le saumon, que ce soit sur l’Ellé, le Scorff ou encore le Léguer où je pêche et guide très régulièrement, il va falloir arpenter les spots moyens et amont, car les niveaux d’eau ont été très hauts en début de mois de Février. Les premiers saumons ont déjà du monter rapidement sur ces secteurs bénéficiant également d’une température d’eau favorable. Les prochaines grandes marées étant en fin de mois, de nouvelles remontées devraient apporter des poissons tous frais bien argentés autour de cette période.
Comme à l’accoutumée, pêchez lentement, près du fond en utilisant soie flottante à pointe plongeante voire très plongeante et pour les endroits très rapides et/ou profonds, ou une soie entièrement plongeante afin de proposer votre mouche au bon étage là où les poissons stationnent.
L’’utilisation de tube flies lestés, mouches sur hameçons fort de fer de 2 à 4 seront à favoriser. Les coloris foncés, ternes ou les imitations de crevettes ont ma préférence avec toujours une touche de brillant pour une meilleure visibilité dans les eaux toujours un peu teintées de début de saison.
En qui concerne les secteurs et rivières, le Léguer, l’Ellé et l’Elorn sont parmi les plus belles rivières de Bretagne avec des remontées « stables » où il fait bon pêcher à la mouche avec de réelles chances de succès. De plus, ces rivières bénéficient de parcours « mouche » où l’on peut pratiquer son loisir sans trop de pression de pêche et dans une ambiance généralement cordiale et agréable.
Les autres parcours sont souvent très/trop fréquentés par les pêcheurs employant les techniques « conventionnelles » qui laissent peu de chances au moucheur.
Pour la truite, la Bretagne a la chance de détenir un réseau hydrographique hors du commun et il est parfois difficile de savoir où aller pêcher. Les rivières finistériennes de Morlaix (Penzé et Queffleuth), l’Aulne et l’Hyères, l’Elorn près de Sizun, les rivières de Quimper (Odet et Steïr, le Jet ayant subi une importante pollution la saison passée), et celle du Finistère Sud-est (Aven/Ster-Goz, Isole) offrent de très jolis parcours pour la truite sur de nombreux secteurs.
Notez que la pêche en marchant dans l’eau n’est pas ouverte avant le 15 avril dans le 29 et le 56, et avant le 1er mai dans le 22, donc choisissez votre parcours en conséquence.
Dans les Côtes d’Armor que je fréquente moins, le Léguer et le Trieux, le haut de l’Hyères, ont de très beaux parcours pour dame fario. Le Scorff, la Sarre, le Tarun, haut Blavet ont également des parcours intéressants dans les rivières Morbihannaises.
Afin de préserver la ressource dans ce contexte de forte pression de pêche de début de saison et de réchauffement climatique qui n’aide pas au bon développement de nos milieux aquatiques, pensez à relâcher vos prises pour l’avenir de notre loisir. Les tailles légales et quotas dans nos cours d’eau armoricains sont encore souvent mal adaptés même si certaines AAPPMA se mobilisent pour faire évoluer les mentalités !
Excellente saison à tous et à toutes. Profitez bien seul ou entre amis de ces moments privilégiés uniques qui nous permettent de nous ressourcer et de nous éloigner du tumulte et des contrariétés de la vie dans notre société !
A bientôt pour d’autres nouvelles des cours d’eau bretons !
