Consultation stratégie énergie climat : faites entendre la voix des pêcheurs !

Amies pêcheuses, amis pêcheurs, cela ne vous aura pas échappé qu’à l’aune du contexte un peu tendu que nous traversons, bercé par le conflit en Ukraine et les tensions sur notre parc nucléaire, notre gouvernement s’est découvert un nouveau hobby : l’énergie !!! Jusqu’ici, il paraissait que notre bel Hexagone pouvait surfer advitam sur le Kwh et litre de gasoil bon marché mais voilà, il semblerait bien que la fête soit finie… Bonne ou mauvaise nouvelle, chacun se fera son propre avis mais ne doutons pas d’une chose, ce sujet là risque bien de fortement structurer nos vies dans les années à venir et par conséquent de bouleverser quelque peu nos pratiques halieutiques.

Comme il s’agit spontanément du sujet préféré de notre gouvernement, au crépuscule d’un hiver un poil tendu sur les approvisionnements, notre fier Ministère de la transition énergétique lance une grande concertation nationale sur le mix énergétique : "Notre avenir énergétique se décide maintenant".

barrage
Texte

Cette concertation s’inscrit dans le cadre de l’élaboration de la Stratégie française sur l’énergie et le climat (SFEC), qui constitue la feuille de route du gouvernement pour atteindre (ou pas) la neutralité carbone en 2050. Les orientations de la concertation devraient in fine contribuer à l'élaboration du projet de loi de programmation sur l’énergie et le climat de 2023 et à la révision de la programmation pluriannuelle de l'énergie (le fameux PPE).

Aussi les françaises et les français sont-ils invités à exprimer leur avis et formuler des recommandations sur les trois grands thèmes suivants :

  • Thème 1 : Comment adapter notre consommation pour atteindre l’objectif de neutralité carbone ?
  • Thème 2 : Comment satisfaire nos besoins en électricité, et plus largement en énergie, tout en assurant la sortie de notre dépendance aux énergies fossiles ?
  • Thème 3 : Comment planifier, mettre en oeuvre et financer notre transition énergétique ?

Truites & Cie souhaitait plus particulièrement porter à votre connaissance la question n°7 du Thème 2 consacrée « au développement de l’hydroélectricité ».

Et la question qui nous ait posé est la suivante :

« …En plus des installations de production et de stockage hydrauliques existantes, faut-il selon vous (1 réponse au choix) ? :

  • A/ Se limiter à optimiser l’existant, car il n’apparaît pas opportun de développer de nouveaux projets ;
  • B/ Optimiser l’existant et, concernant de nouveaux sites, aménager uniquement ceux dont le potentiel est significatif ou ceux présentant une sensibilité environnementale quasi-nulle ;
  • C/ Développer tous les projets hydroélectriques, y compris les très petites installations pour maximiser les capacités installées, et y compris les projets plus coûteux, tout en essayant de limiter les impacts environnementaux. »

Pas besoin de vous faire un dessin sur les liens entre les réponses proposées et les enjeux majeurs de protection et de conservations de nos rivières. Et autant vous dire qu’à la lecture des contributions déjà postées, les pro-hydro et nos amis des moulins ne se sont pas fait prier pour s’exprimer !

Sur les 58 pages de contribution, à l’heure où sont écrites ces quelques lignes, les réponses B et a fortiori C sont ultra majoritaires……. Je vous invite à découvrir les messages associés aux contributions ici.

Comme à bien d’autres occasions, ce constat montre notre difficulté à faire infuser nos messages au sein du grand public, et à se mobiliser efficacement pour peser dans ce type de débat national… là où les afficionados de la houille blanche, eux, déroulent leurs arguments bien huilés et sont capables de réagir très rapidement et assez massivement.

Récemment encore, dans un arrêté du 31 octobre 2022, la micro-hydro et les pros moulins ont réussi à faire tomber un décret de 2020 qui avait permis de passer en simple régime de déclaration, et non d’autorisation, l’ensemble des « Travaux, définis par un arrêté du ministre chargé de l’environnement, ayant uniquement pour objet la restauration des fonctionnalités naturelles des milieux aquatiques, y compris les ouvrages nécessaires à cet objectif ».

Autrement dit, désormais, il sera plus compliqué et plus long d’obtenir les autorisations administratives pour engager des travaux de restauration des fonctionnalités écologiques des milieux aquatiques. Bordel mais nous ne cesserons donc jamais cette schizophrénie !!! Notre ami Quentin Ducreux reviendra prochainement plus longuement sur cette déconvenue dans un billet dédié.

Il y a quelques fois de quoi désespérer pour nos rivières… comme si l’été 2022 n’avait pas suffi.

Mais au cœur de la difficulté se trouve l’opportunité disait Albert Einstein ! Bien que celles qui se présentent à nous aujourd’hui paraissent bien maigres, ne les laissons pas passer pour autant et exprimons-nous, pour qu’au moins la voix des pêcheurs fasse entendre celle de nos rivières.

Réponse A : « Se limiter à optimiser l’existant, car il n’apparaît pas opportun de développer de nouveaux projets ». Là est l’enjeu, optimisons les milliers d’ouvrages qui artificialisent déjà nos bassins versants et foutons la paix à ce qu’il reste de non-aménagé.

Pour participer à la consultation « mix énergétique », rendez-vous sur le lien suivant, créez un compte et en avant !

La consultation en ligne se clôturera le 31 décembre 2022 : https://concertation-strategie-energie-climat.gouv.fr/

Partagez largement, que la voix des rivières se fasse entendre aux oreilles de ce Ministère de la Transition…

A propos de l'auteur

Yann est originaire de Lyon et vit à Morzine aujourd'hui. Il pêche depuis l’âge de 6-7 ans après avoir attrapé le virus grâce à ses stages de pêche estivaux à l’…