Bas Verdon : le Malaurie retrouve sa continuité !

Le Malaurie est le dernier affluent rive gauche du Verdon. Cette rivière s’écoule sur environ 7 Km, dont 5.5 Km de façon pérenne. Il est important de souligner que ce ruisseau doit son salut à EDF qui déverse un débit de 20 l/sec ce qui permet de le maintenir en bon état. En effet, pendant les périodes estivales, la partie au dessus de ce déversement ne coule que par intermittence.

Ce ruisseau a fait l’objet durant les années 80-90 de nombreux lâchers de truitelles de souche atlantiques..

En 2016, avec la mise en place d’un nouveau Conseil d’Administration à l’AAPPMA, nous avons décidé de connaitre la population piscicole de ce ruisseau. En partenariat avec la fédération de pêche du Var, nous avons donc réalisé des pêches électriques ainsi que des prélèvements génétiques et scalimétriques. Nous avons pu observer la présence d’une population de truite et d'une belle population de barbeaux méridionaux. Les blageons sont également bien représentés, de même que diverses espèces qui ont été introduites ou qui ont dévalé du canal amont (spirlin, barbeau fluviatile, gardons,…).

Les analyses génétiques nous ont permis de déterminer avec une grande certitude, que les truites du Malaurie ne s’étaient pas hybridées avec les diverses tentatives d'empoissonnement.

Avec ce diagnostic en poche, nous avons construit notre projet étape par étape :

Tout d’abord, suppression des infranchissables afin de rendre possible la circulation des espèces aquatiques et des sédiments. Ces ouvrages sont au nombre de six. Deux sont des canalisations d’eau potable qui se sont retrouvées mise à nues suite aux crues successives et à une fonte du matelas alluvial. La commune de St Julien vient d’obtenir les financements et les travaux de dévoiement vont être réalisés d’ici peu. Pour les quatre autres infranchissables, il s’agit d’un ancien seuil, d'un pont avec une buse, d’un passage à gué et d’une buse de protection pour une canalisation d’irrigation. Ils sont tous en cours d’arasement à l’heure où j’écris ces lignes.

Pour faciliter la mobilité des poissons et notamment de la truite fario, nous allons organiser une journée de travaux avec l’aide de bénévoles, courant septembre, pour enlever les embâcles qui risquent de se former avec les coups de vent sur cette ripisylve vieillissante.

En ce qui concerne la qualité de l’eau, les stations d’épuration de St-Julien le Montagnier vont être modernisées ou refaites à neuf courant 2019. Côté agriculture, les pratiques sont ici responsables et nous ne notons aucun excès d’azote ou phosphore dans le cours. Enfin pour le volet prélèvement d’eau, il y a quelques forages de particuliers qui ne sont pas impactants sur l’écoulement superficiel.

Les financements pour ce projet proviennent de l’Agence de l’Eau RMC, de la Région PACA, de la fédération de Pêche du Var et notre AAPPMA. Le montant des travaux s’élève à 23 000 € HT.

Bien entendu, la rivière étant privée, il a fallu obtenir les accords et les baux de pêche des propriétaires concernés sur ces parcelles. Nous avons toujours reçu un accueil et des avis favorables. Actuellement, nous avons près de 92% du linéaire. Les 8% restant doivent être réalisés petit à petit, avec le temps dont nous disposons, nous ne sommes que des bénévoles !

Après les premières crues hivernales, nous observerons la mobilité des sédiments, ce qui va nous permettre de définir une stratégie de recharge sédimentaire et de diversification des habitats. En partenariat avec la fédération de pêche du 83 et du Parc Naturel Régional du Verdon, nous lancerons les demandes d’aides et les différentes demandes d’autorisation pour réaliser ces travaux au plus vite.

Petit focus sur le barbeau méridional :

Nous avons eu la chance que le Malaurie soit retenu dans le cadre de l’étude génétique sur cette espèce qui est portée par l’Université d’ Aix Marseille et la Maison Régionale de l’Eau. Ce projet dénommé « ECOBAM » a été retenu dans le cadre de l’appel à projet sur la biodiversité lancé par l’Agence de l’Eau RMC en 2017.

Nous avons profité des pêches de sauvetage sur le Malaurie pour prélever un petit morceau de nageoire sur 25 barbeaux méridionaux. Ce projet a pour objectif d’identifier les différentes populations de barbeaux méridionaux sur l’ensemble de l’Arc Méditerranéen français. Ce poisson se situe sur des têtes de bassin versant où le barbeau fluviatile n’a pas pu s’implanter totalement. Les premiers résultats sont attendus pour le début d’année 2019. Ces données nous permettront de définir un mode de gestion adapté à la conservation de cette espèce patrimoniale.

Dans ce même cadre de connaissance des populations, des prélèvements d’espèces vivantes sur le corps du barbeau vont être réalisés. Cela va permettre de connaitre l’état qualitatif du cours d’eau. En effet, les scientifiques arrivent à déterminer la présence de métaux lourds, de substances toxiques, de "cocktails" de substances, en fonction de la densité de ces espèces. 

A suivre !

Ludovic,

Contact : aappmadubasverdon@hotmail.fr

Bas Verdon

A propos de l'auteur

Simon est né dans le département du Gers et a découvert la pêche à l'âge de 10 ans. Bien qu'initialement éloigné des rivières pyrénéennes qui lui sont chères…