France… ton château d’eau fout le camp !

C’est par la veille des réseaux sociaux « connexes » que nous avons été alertés de l’émergence d’un projet dont personne n’avait entendu parler…

Qui pouvait croire à l’implantation d’une ferme aux « mille vaches » en plein cœur du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne en Cézallier, plateau de moyenne montagne, destiné à l’élevage traditionnel ou à la production fromagère qui ont permis à l’Auvergne d’acquérir sa renommée.

Situé entre 800 et 1200 mètres d’altitude, jouxtant les terres du massif du Sancy, c’est un plateau d’hommes « rudes » , de nature sauvage et patrimoniale, loin de « l’or blanc » et de ses dérives, un plateau loin des guides et autres usines à touristes. Un pays protégé pour les initiés !

Inquiet pour l’un de nos ruisseaux, « joyau » local dont notre avenir dépend, il nous a fallu valider l’implantation finale du projet pour s’apercevoir qu’il concernait finalement aussi des AAPPMA voisines.

Une fois validé, il apparaît que le projet date déjà de 2013 et a été instruit, à l’époque, sous le régime de l’autorisation au titre des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement. Une enquête publique ayant même été ordonnée sans que personne ne s’en émeuve… Incroyable ! Aucune veille n’a détecté le projet : une erreur fatale aujourd’hui !

Par-delà et après vérification, ce projet pharaonique prévoyant une surface bâtie de près d’1 hectare a « ouvert » le plateau de Boslabert à Roche Charles la Mayrand. Des engins de carrière titanesques s’y affairent depuis un mois, transfigurant ce paysage séculaire de prairie en sol aride et rocailleux : une carrière à ciel ouvert ! Des blocs de roche monumentaux sont excavés, les talus de terres et de graves sont impressionnants. Ils avoisinent 6 à 7 mètres de haut. Afin d’aplanir la surface à construire, des dizaines de milliers de mètres cubes de « notre terre » sont démobilisés : un chantier d’autoroute à 1200 mètres d’altitude au milieu de nulle part…hallucinant !

Cette réalisation vise d’abord à capter l’une des sources d’un affluent de la Couze d’Ardes, le bassin versant impacté :

La source dite « Maubert » située à plus d’un kilomètre du site fournira les 7 000 mètres cubes d’eau nécessaires à l’alimentation des 390 vaches allaitantes déclarées ainsi qu’à l’engrossissement « hors sol » des veaux associés. La « masse d’eau » impactée est elle identifiée comme réserve d’eau potable par le SAGE Allier Aval ? non ! un comble ! Lorsque plus de 2000 mètres cubes de lisier hivernaux stockés seront répandus au premier dégel sur les terres avoisinantes, s’ajoutant déjà au « vomi » actuel de phosphore des cours d’eau du plateau et de ses sources, jadis identifiés comme « Château d’eau de la France ».

Parc Régional emblématique ou pas, classement UNESCO ou pas, SDAGE, SAGE, NATURA 2000 et autres ZNIEFF, contrat de territoire et autres espèces endémiques remarquables …rien n’y a fait !

L’élu, le lâche, interpellé lui ne dit mot ! il consent donc…

La surprise est ici à la hauteur du  projet. Seule la « Confédération Paysanne », partie prenante et influente de la Chambre d’agriculture départementale a réagi et semble vouloir porter le combat. Nos voisins eux sont atterrés, car d’autres projets émergent déjà sur ce plateau…

David SIBLER

Président AAPPMA « La truite de la vallée »

pêche auvergne

A propos de l'auteur

Simon est né dans le département du Gers et a découvert la pêche à l'âge de 10 ans. Bien qu'initialement éloigné des rivières pyrénéennes qui lui sont chères…