L'AAPPMA du Bas-Verdon, entre restauration et halieutisme

Bas Verdon

En 2020, Truites & Cie part à la rencontre des acteurs du terrain qui s'emploient quotidiennement à faire vivre notre passion ! Nous ouvrons le bal avec une association très active du sud-est de la France : l'AAPPMA du Bas Verdon. C'est Ludovic Laton, son secrétaire, que nous avons rencontré pour parler restauration et halieutisme.

Texte

Bonjour Ludovic, tu as été chargé de représenter l'AAPPMA du bas Verdon à travers cet article, peux-tu commencer par quelques mots de présentation ?

Image
Laton
Texte

"J'ai 36 ans et depuis gamin, j'ai la chance d'habiter juste au bord du Verdon. Une situation idéale pour pratiquer la pêche et tenter de comprendre un peu le fonctionnement du cours d'eau. Cela fait plus de 20 ans que je suis bénévole au sein de cette association, et une quinzaine d'années que je suis élu au Conseil d'Administration.

J'ai orienté mes études dans le domaine de l'eau et j'ai obtenu un BTSA Gestion et Maîtrise de l'eau. J'ai travaillé dans le milieu industriel, en tant que prestataire de service, et j'en suis parti au bout de quelques années, en comprenant que l'environnement n'y avait qu'une considération monétaire. J'ai pu alors intégrer l'Agence de l'Eau RMC où je m’épanouis.

Côté pêche, j'adore pêcher à la mouche, mais au fil des années, j'ai remarqué que c'est surtout le fait d'être au bord de l’eau et d'être observateur de la Nature qui me plaît.

Concernant l'AAPPMA, le conseil d'administration a été fortement modifié lors des dernières élections de 2015. Avec quelques anciens et des copains de ma génération, nous avons voulu changer les choses en axant nos actions sur la restauration ou du moins sur l'amélioration des capacités d'accueil des cours d'eau plutôt que sur l'alevinage à tout va. Bien entendu, on ne peut que saluer le travail de nos prédécesseurs, et notamment le fait d’avoir collaboré pour permettre d’augmenter le débit réservé du Verdon au droit d’Esparron.

Notre territoire est totalement réciprocitaire, étant frontalier de 4 départements (04,13, 84 et le nôtre le 83), nous avons toujours voulu éviter de cloisonner les pêcheurs. Dans le département du Var, c'est la fédération de Pêche qui porte les gros travaux et qui nous fournit les truites surdensitaires. Ainsi, nous avons une ristourne de 3€ /carte de pêche. Cela peut sembler peu, mais c'est suffisant, car même avec des ristournes à 12 ou 16 €/carte de pêche comme on peut le voir ailleurs, nous n'arriverions pas à réaliser les travaux engagés sur notre territoire. De plus, cela permet d'avoir une certaine équité entre les différentes AAPPMA du département, tant sur le temps agent, sur la répartition des lâchers surdensitaires, des déversements de carnassiers que sur la priorisation des travaux, des études ou des animations. Pour finir, cela permet également de respecter le Plan Départemental pour la Protection du Milieu Aquatique et la Gestion des Ressources Piscicoles (PDPG) qui est validé par les Services de l'Etat. On peut souligner qu’il a été le premier de la Région PACA. Dans un réseau associatif fédéral, il me semble intéressant de respecter les engagements supra.

Je tiens également à ajouter que depuis 2015, nous avons développé un outil afin d'obtenir un maximum de baux de pêche. Nous sommes une des rares des AAPPMA à posséder des baux de pêche en bonne et due forme. Pour ne rien vous cacher, nous sommes à 98 % de baux de pêche approuvés sur notre secteur d'influence. Cela nécessite un temps considérable, car ce sont près de 500 parcelles avec de nombreux propriétaires différents. Cela va d'une commune, à un agriculteur en passant par des associations. On a eu la chance dans notre démarche d'avoir des interlocuteurs des différents services d'urbanisme d'un grand professionnalisme et d'une très grande patience. Certains diront que tout cela, c’est de la paperasse, mais dans un Etat de droit, cela démontre notre légitimité, et lorsque nous devons aller discuter avec les différents acteurs, nous ne représentons pas uniquement des pêcheurs, mais un territoire et ses milieux aquatiques ! "

Image
AAPPMA Bas Verdon
Texte

Pour planter brièvement le décor, décris-nous ton bassin versant, ses biotopes, les poissons qui s'y trouvent et le type de pêcheur qu'on rencontre le plus !

"Quand on parle du Verdon, tout le monde pense aux grandes Gorges du Verdon avec ses truites mythiques de plus de 10kg. Si l'on s'en tient au Verdon sur notre territoire, il faut déjà avoir à l'esprit que c'est une rivière de plaine en aval d'aménagements hydroélectriques, où il faut distinguer trois zones :

  • Le fameux No-Kill de Gréoux/St-Julien que nous partageons en partie avec l'AAPPMA voisine du 04 où le débit réservé est de 2.2 m3/sec et l'eau très froide (6°C environ à la sortie) puisqu'elle provient du fond du barrage d'Esparron. Le Colostre, le premier affluent de ce « bassin versant », apporte également un débit supplémentaire. Sur ce tronçon vous trouverez des truites et des chabots uniquement. On rencontre quelques pêcheurs aux leurres en début de saison qui viennent tenter de capturer de gros poissons, puis plus tard, une majorité de pêcheurs à la mouche ou au toc à la nymphe qui viennent de l’extérieur."
Image
AAPPMA VERDON
Légende
Le Verdon en amont de Gréoux
Texte
  • Ensuite, de la limite 04/83 jusqu'au canal usinier de l'usine hydroélectrique de Vinon, la rivière est plus large, les eaux se réchauffent. On retrouve ici plusieurs espèces de poissons : truites, barbeaux fluviatiles, vairons, chabots, lôches, chevesnes, hotu,...ect. Tout type de pêche peut être pratiqué sur ce parcours. Les pêcheurs sont en majorité des locaux mais les extérieurs commencent à comprendre l'intérêt de ce parcours.
  • Enfin, de la confluence du canal usinier EDF jusqu'à la confluence avec la Durance, la situation est plus compliquée. Le pêcheur doit faire face aux variations de débits dues à la production hydroélectrique avec un facteur 20. On passe de 2.2 m3/sec, 3 m3/sec avec les apports des affluents (en moyenne) à 45 m3/sec lors des éclusées. Je reviendrai plus tard sur cette problématique. Pour en revenir à la typologie de la rivière, elle fait entre 15 et 35 mètres de large. La pêche y est compliquée par les modifications de conditions. Ce parcours est surtout pratiqué par les locaux. Les pêcheurs extérieurs s'y cassent les dents assez souvent et désertent ce tronçon. Avec le débit réservé, l’approche doit être digne d’un Sioux si vous voulez capturer un beau poisson et lors des éclusées, la pêche doit être lourde mais subtile pour passer dans la bonne veine d’eau. A titre personnel, j’adore ce tronçon même si la pêche y est très irrégulière. Mais le plaisir de capturer une truite ou un barbeau de belle taille avec 45 m3/sec reste un souvenir impérissable !
Image
Bas Verdon
Légende
Le Verdon en aval de Vinon, une zone soumise au marnage
Texte

Même si notre AAPPMA s’appelle le Bas Verdon, nous avons la chance d’avoir d’autres cours d’eau dont :

  • Le Malaurie, un joli petit ruisseau qui ne doit son salut qu’à une surverse du canal mixte EDF/SCP. En effet, avec tous les prélèvements d’eau qu’il y a dans le réseau karstique de la nappe d’accompagnement en amont, ainsi que les aménagements hydroélectriques et d’après les dires des anciens, on peut penser que le régime hydraulique de ce cours a été fortement impacté. Bref, il est difficilement pêchable du fait des accès limités. Il contient de la truite, du blageon et du barbeau méridional principalement (c'est le seul cours d’eau de notre secteur qui en abrite encore).
Image
Le Malaurie
Légende
Le Malaurie
Texte
  • La Louane, une résurgence de plaine, c’est le dernier affluent du Verdon avant qu'il ne rejoigne la Durance. La pêche y est quasiment impossible pour l’instant du fait ripisylve très importante. Nous en reparlerons !
Image
pêche Bas Verdon
Texte

Depuis cette année, nous avons conventionné deux autres cours d’eau. Ces ruisseaux sont situés en dehors du bassin versant du Verdon. Partant du constat de l'absence de poisson, nous avons voulu dans un premier temps redonner ou apporter une activité « pêche » sur ce territoire. Ainsi, les habitants de ces villages provençaux du Haut-Var ne seront plus obligés de parcourir 30 minutes de route pour aller sur le Verdon ou ses affluents, ils peuvent partir pêcher à pied ou en vélo... depuis chez eux ! En effet, malgré la période de confinement, une multitude de jeunes a pris la carte de pêche. Ce qui est « magique » ce sont les moments de convivialité et de partage qui ont du en découler. Il s'agit donc du :

  • Ruisseau du Vallon du Pont à La Verdière (un affluent de l’Argens): il a connu plusieurs assecs, ainsi qu’une rupture de continuité hydraulique pendant plusieurs années du fait de la modification de l’écoulement d’une source, mais il vient de retrouver un écoulement à priori pérenne. Nous avons ainsi conventionné avec une dizaine de propriétaires sur près d’1.5km de rivière. Par opportunisme et par souci de rapidité, nous avons choisi de déverser des truites arcs-en-ciel, tout en travaillant sur une gestion plus vertueuse de ce cours d’eau en pleine reconquête de sa capacité d’accueil.
  • La Source de la Foux à Ginasservis, plus connue sous le nom d’Espigoule (Cf le film "Les 4 saisons d'Espigoule"). En effet, après le célèbre Phacomochère d’Espigoule, il y a maintenant la truite à Espigoule ! Cette Source est une résurgence kartisque. Son écoulement n’est pas continu jusqu’au ruisseau principal, situé plus à l’aval. Selon les années, elle n’est pas pérenne. Les possibilités de reconquête des poissons par l’aval sont quasiment nulles. Ainsi, l’idée nous est venue de déverser des truites arcs-en-ciel dans un premier temps. Nous travaillons à un « vrai » plan de gestion sur ce cours d’eau, que cela soit au niveau de la réglementation que des aménagements ou bien des déversements de poisson. Je profite pour saluer Vincent, pour son investissement sur ce cours d’eau (et les autres aussi !). En effet, les gamins du village d’Espigoule, en compagnie de quelques amis (Rémy, Aurélien, Z’olive, Théo..etc) font du "petit jardinage" comme je l'appelle : taille des algues, enlèvement des cladaphores sur les plantes aquatiques, création de cache… bref, du gros boulot !"
Image
AAPPMA Bas Verdon
Texte

"Côté lacustre, nous avons 4 gravières, où nous sommes en train de développer le loisir pêche pour avoir in fine une thématique par gravière :

  • Une gravière où l’on trouve spécifiquement des carnassiers : black bass, brochet, perche,
  • Une gravière, où il y a de belles carpes et des grosses brèmes,
  • Une gravière, plus adaptée à la pêche au coup, avec une population de carpe intéressante,
  • Enfin, une gravière, où nous déversons des truites arcs-en-ciel. Une réglementation spécifique est en place avec interdiction de conserver les truites en hiver, et autorisation de pratiquer la pêche aux leurres toute l’année. Nous recevons ainsi, des compétitions, des clubs de pêche et nous réalisons des initiations pêche."
Image
AAPPMA Bas Verdon
Texte

Quels sont selon toi les avantages et les inconvénients inhérents à cette situation (milieu artificiel sous barrage type tailwater) ?

"Pour ma part je distinguerai deux types de secteur :

  • La partie du No-kill de Gréoux/St-Julien, où nous avons un débit réservé qui est turbiné au fil de l’eau et sans variation durant l’année. La température de l’eau est de 6°C en sortie, ce qui permet d’avoir un cours d’eau de type alpin... en plaine ! assez atypique ! Il y a ainsi une jolie population de truites. De plus, l’AAPPMA voisine a mis en place quelques caches sur ce tronçon et cela fonctionne assez bien d’après les premiers suivis. Une étude portée par la FD04 est en cours pour poursuivre cette action en collaboration avec la FD83 et nous. Côté inconvénient, la croissance des alevins est relativement lente et nous avons dû mettre en place une réglementation commune avec nos voisins. Pour cela, nous avons fait la demande d’un arrêté interpréfectoral pour interdire de pratiquer la pêche les pieds dans l’eau jusqu’au 30 avril sur tout ce tronçon. C’est une gestion qui s’adapte au milieu. Il faut savoir être pédagogue et faire passer le message. Certains pêcheurs ne l’ont pas compris (une minorité)… Ce qui est incompréhensible, c’est que ces mêmes pêcheurs peuvent faire plus de 100km pour venir pêcher un no-kill, et saccagent le boulot des gestionnaires, juste pour avoir une photo et leur petit instant de gloire sur les réseaux…
Image
pêche Bas Verdon
Légende
Belle truite méditerranéenne capturée en amont de Vinon
Texte
  • La partie aval du canal usinier de Vinon jusqu’à la confluence Verdon/Durance. Sur ce parcours, les avantages résident dans le fait qu’il y a du débit ; les poissons et les invertébrés bénéficient d'un très grand habitat. Les faciès d’écoulement sont tous représentés ce qui permet la présence de tous types de poissons et d’invertébrés. Vous avez des poissons ultra-combatifs (cela provient certainement du fait qu’ils se sont adaptés aux variations de débit environ 100 fois par an avec ce coefficient de 20). La croissance des poissons y est certes rapide mais complexe. Inconvénient, les poissons et les invertébrés sont stressés de façon assez régulière. A force d’arpenter ce tronçon, on peut observer de véritables moments de frénésie alimentaire à la baisse des éclusées. Sur certains secteurs, ce sont des truites de 50cm qui déboulent en soulevant les cailloux à coups de tête pour chercher chabots et loches, c’est assez curieux de voir cela. A contrario, il y a des périodes où vous pouvez passer des journées entières à ne rien voir et à ne rien prendre, jusqu'au crépuscule où les poissons sortent et alors là... attention aux surprises ! Autre constatation : la perte d’invertébrés ou de poissons juvéniles lors des épisodes de turbinage ou d’arrêt de l’usine. En effet, selon la durée ou la période de l’éclusée, lors de la baisse, on peut s’apercevoir de l’échouage d’invertébrés ou poissons juvéniles, souvent des blancs ou des vairons… Bien entendu, lors des baisses, il y a également le risque d’exonder les frayères. On pense de suite aux truites, mais si on suit la production d’hydroélectricité, on peut constater qu'à la période où les truites fraient, les éclusées sont la plupart du temps peu variables. Par contre, les variations se font sentir plus tard dans la saison, en avril/mai où la reproduction des chabots et barbeaux bat son plein. 

    Actuellement, nous sommes en pleine négociation avec les différents partenaires dans le but d’améliorer la gestion des éclusées. Cela va dans le bon sens en tenant compte de toutes les contraintes existantes. Toujours dans une volonté de faire passer des messages, nous avons mis 5 panneaux pédagogiques le long du Verdon afin d’expliquer au mieux les problématiques. 

A noter également, le lien entre la retenue de Cadarache et les bras du Verdon dans le delta situé à la confluence Verdon/Durance. En effet, selon la période et la durée des éclusées, on peut s’apercevoir d’une migration des poissons en provenance de l’aval jusqu’au pont de Vinon."

Image
pêche Bas Verdon
Texte

Quels ont été les actions menées pour augmenter la densité de population de truite fario ?

"Précisons d'abord que les actions ont été réglementaires avec une vision globale sur un parcours où nous sommes à la croisée de 3 départements 04, 13 et 83. 

Nous avons réalisé que cela faisait des années qu'on se contentait de déverser des truitelles de souche méditerranéenne issues de pisciculture et des surdensitaires. Avec les élections de 2015, et les changements qu’il y a eu en profondeur au sein du CA, nous avons voulu devenir acteur de notre territoire. Ainsi, nous nous sommes lancés dans une approche différente en travaillant sur la réalisation de travaux. C’est donc ainsi, qu’avec la fédération de Pêche du Var nous avons lancé un programme qui était à notre portée d’un point de vue financier, logistique et administratif.

Après avoir instauré une maille à 28 cm en 2013 dans notre règlement intérieur, avec la modification de la Loi pêche en 2017, nous avons pu mettre en œuvre une réglementation plus ambitieuse. Depuis 2018, nous avons eu un arrêté interpréfectoral pour obtenir une maille à 30 cm, abaisser le nombre de capture à 6 truites/jour dont 3 fario. Sur le bas Verdon, la croissance des truites est assez rapide, la maille à 30 cm a du sens, car nous sommes ainsi certains qu’une truite prélevée s’est reproduit au moins une fois. Je vois beaucoup de papiers circuler sur cette fameuse taille limite de capture avec beaucoup d’animosité également sur les fenêtres de capture, des pêcheurs qui réclament une maille à 50 ou 60cm, du tout no-kill, etc etc. J’aimerai juste approfondir ce point en affirmant que la gestion parfaite sur des zones réciprocitaires avec les contraintes réglementaires et financières actuelles, n’existe pas. Si vous prenez le temps d’analyser toutes les données disponibles (études, suivis, code de l’environnement...etc), il faudrait avoir une surveillance accrue ce qui relèverait du flicage, avec un garde ou un drone planté toute la journée à surveiller un tronçon de rivière (qui plus est avec une garderie bénévole…). Ce que l’on ne veut pas sur les routes, ou dans la vie, on le souhaite au bord des cours d’eau… un paradoxe de plus d’homo sapiens sapiens

A mon sens, la pédagogie est le meilleur moyen de faire avancer les choses avec en parallèle pour les tricheurs, de vraies amendes ou d’interdictions d’adhérer à toute association pendant un certain temps. Bien entendu, on ne lâche rien, on fait avec nos petits moyens et malgré tout, nos gardes particuliers sont présents quasiment quotidiennement sur notre secteur. On ne peut que leur rendre hommage et les remercier. Mais en prenant du recul, l’Etat laisse tout de même le pouvoir de Police à des bénévoles, or, il est difficile de se substituer à des Policiers, des Gendarmes ou des Agents de l’OFB ou l’ONF qui sont entraînés régulièrement à intervenir.

En 2016, nous avons lancé une étude génétique afin de connaître précisément ce qu’il y avait dans nos cours d’eau. Nous avions des doutes, mais suite à cela nous avons eu la certitude qu’il fallait arrêter de déverser des alevins de truites méditerranéennes domestiquées car cela ne servait à rien. On n’en a retrouvé aucune sur l’ensemble de notre secteur d’influence.

Ensuite, nous avons commencé à travailler sur la continuité écologique, à participer aux études, aux réunions en conseil municipal, à nous rapprocher des différents propriétaires riverains,… Cela a par exemple permis de faire araser deux seuils sur le Verdon qui appartenaient à la commune de Vinon (c’est la ville qui a réalisé les travaux). Puis ce sont 4 seuils sur le Malaurie qui ont été arasés (projet porté par la fédération de pêche du Var). Ainsi, nous avons pu constater un nombre conséquent de frayères (multiplié par 3) dès la saison suivante. Du fait des arasements, les zones lentiques qui n’étaient pas favorables à la présence de poissons et d’invertébrés d’eau vive ont disparu.

Nous avons également travaillé à augmenter la capacité d’accueil en réalisant des travaux de diversification d’habitat. En deux ans, nous avons fait près de 2km de diversification d’habitat : nous avons démarré par la mise en place de 2 x 200 m d’amas de blocs de rocher et de souches inertes en 2018. L’idée était d’augmenter les capacités d’accueil sur un tronçon de rivière court-circuité. En effet, avec le débit réservé de 2.2 m3/sec, le profil morphologique du Verdon ne présente pas une bonne capacité d’accueil pour les poissons et les invertébrés. Ce type d’aménagement est assez bénéfique et entraîne :

  • Diversification d’habitats,
  • Création de zones refuges,
  • Création de zones de courant permettant une homogénéisation de la température de l’eau avec un maintien de la température et un meilleur brassage de l’O2 dissous
  • Création de caches en pleine eau,
  • Lors des crues, il y a aussi un « captation » de sédiments fins derrière les blocs, ce qui permet d’avoir des zones favorables à de nombreuses espèces.

En 2019, c’est près d’1 km de linéaire de diversification d’habitat qui a été réalisé !"

Image
AAPPMA Bas Verdon
Image
AAPPMA Bas Verdon
Texte

"De façon concomitante et au vu des délais administratifs pour ces actions de grande envergure, nous faisons nos bricoles dont le principe est simple : nous nous retrouvons entre copains le temps de midi, pendant la période automnale, ou juste avant notre session de pêche, afin de réaliser quelques petits travaux. Cela va de l’élagage d’arbres vieillissants, à la scarification de surfaces favorables à la reproduction, en passant par la modification de caches en ajoutant des cailloux voire des rochers et même des souches. Nous enlevons également des obstacles au niveau de certains ponts. En bref, on jardine ! Pour rappel, nous sommes dans un secteur où énormément de cours d’eau ont été rectifiés. Ainsi, en attendant le « grand soir » de la renaturation de certaines zones, nous poursuivons notre jardinage ! Les effets sont rapides, nous pouvons les voir avec l’arrivée de truite sur les radiers, ou l’augmentation de la densité et de la diversité de poissons et d’invertébrés sur certains secteurs. Nous avons même mis en place des fils tendus au-dessus du Verdon afin de réduire les tentatives de prédations des oiseaux piscivores sur les frayères !"

Image
Bas Verdon
Texte

"En parallèle, nous réalisons des campagnes de débroussaillage afin d’assurer la pérennité d'un sentier halieutique et pour que tout un chacun puisse être un minimum en sécurité. Cela permet également de canaliser le flux de personnes et d’éviter de trop piétiner la ripisylve.

On peut ajouter également, que dans le cadre du suivi de l’état des digues du Verdon et du Malaurie, la commune de Vinon réalise plusieurs campagnes de débroussaillage (hors ripisylve) avec l’aide de moutons ou de chèvres sur près de 9 km.

Enfin, pour terminer avec quelques actualités 2020, une étude qui va être réalisée par le bureau d’étude SCIMABIO, sur la franchissabilité du pont de Vinon. Cette étude doit permettre de comprendre le franchissement du seuil du pont de Vinon. Ce seuil est une « barrière » de roche mère. Avec l’arrivée des premiers barrages en amont, il y a plus de 150 ans (Quinson en 1869), les sédiments sont bloqués en amont. Ainsi en un siècle et demi, nous avons perdu près de 5 mètres de matelas alluvial. Ainsi, cette zone est devenue « artificiellement » infranchissable. L’objectif de ce projet est d’arriver à connaitre les débits, les saisons et sous quelles arches, les truites arrivent à franchir cet obstacle. Au-delà du passage de cet « ouvrage », nous poursuivrons le suivi en amont et aval afin de connaitre le comportement des truites. Cette étude devait démarrer fin mai mais elle est décalée pour septembre/octobre. En effet, une intervention chirurgicale étant nécessaire et la température de l’eau commençant à se rapprocher des limites acceptables, nous avons préféré décaler de quelques mois cette étude qui va durer près de 400 jours.

En plus de cette étude, et dans le but d’améliorer notre gestion, le bureau d’étude SCIMABIO a été mandaté pour analyser des échantillons d’ADN de truite fario sur tous les affluents du bas Verdon, ainsi que sur le Verdon et la Durance. L’idée est de connaître les mixités de populations et de déterminer les populations et les zones, « sources » et « puits ». Les zones « sources » sont les populations ou secteurs dynamiques qui apportent le plus d’individus dans les cours d’eau et les zones « puits » sont les populations les moins dynamiques. A cela nous confronterons les réalités de terrain : les infranchissables, les problèmes de pression de pêche, morphologiques, les impacts de pollution...etc En bref, les conclusions nous permettront de développer et d’approfondir notre gestion."

Image
Pont Vinon
Légende
Le pont de Vinon-sur-Verdon
Texte

"Voici les autres projets pour 2020 :

  •  Sur le Verdon non soumis aux éclusées (amont pont de Vinon RD 952) : mise en place de 100T de blocs de rocher sur 650m de linéaire environ,
  • Sur le Verdon soumis aux éclusées (aval pont de Vinon RD 952), c’est un projet de dernière minute qui se prépare, dont nous finalisons le dossier et surtout le plan de financement et les demandes d’autorisation. Donc, il reste au conditionnel : ce sont des travaux de diversification d’habitat sur 1.7 km de avec la mise en place de 350T de blocs de rocher. C’est « The projet » afin d’atténuer les effets des éclusées à court terme. On croise les doigts. Pour plus de précision, nous faisons un suivi quasi journalier des effets des éclusées. C’est un investissement personnel très important. Avec ce suivi, on s’est aperçu de l’importance de ce que l’on appelle entre nous les « pierres patrimoniales » (bloc de rocher de plus de 10-20 Kg et angulaire). Ces pierres accueillent d’importantes densités d’invertébrés et de poissons juvéniles lors des baisses de niveau. L’idée, est de mettre un nombre conséquent de blocs dans le lit mineur afin de concentrer la « vie » sur les zones toujours en eau. On profitera de cette opération pour déplacer les plus « belles » pierres patrimoniales qui se retrouvent au sec sur les berges lors du chômage de l’usine hydroélectrique !
  • Sur le Malaurie : arasement du dernier infranchissable de ce cours d’eau.
Image
pêche bas verdon
Texte
  • Sur la Louane, on vient de concrétiser notre plan d’action. Ce ruisseau issu de deux résurgences de plaine alluviale qui fait 2.8 Km de long, a été rectifié dans les années 60, puis a été fortement impacté par la crue de 1994, notamment en raison d’une profonde modification hydromophologique. En effet, il n’y a quasiment plus de courant attractif, afin que les poissons puissent recoloniser par l’aval ce cours d’eau. Partant de ce constat, nous avons décidé de travailler sur l’établissement d’un plan d’actions. Ainsi, après deux ans de suivi hydrobiologique et de travail dans l’ombre, ça y est, c’est parti. Il a consisté à conventionner et obtenir les baux de pêche de tous les propriétaires. Cette petite résurgence de plaine, est le dernier affluent du Verdon juste avant sa confluence avec la Durance. Elle n’a été que très peu étudiée, il a fallu alors partir de 0. Il s’en est suivi : la mise en place de thermographe afin de suivre les températures, la réalisation des analyses sur les caractéristiques physico-chimique du milieu, ainsi que sur les sources potentielles de pollutions, la réalisation de jaugeage pour connaitre son module, la réalisation de pêches électriques pour connaitre le cheptel piscicole, d’inventaires d’invertébrés, d’analyse ADN sur les truites (l’objectif étant de connaître les liens entre les populations du Verdon et de la Durance, résultat prévus fin 2020). Dans le courant du mois de mai, il a été réalisé un déversement de près de 45 000 alevins de vairons au stade larvaire. Des travaux de "renaturation" sur 300m linéaires vont être réalisés à la fin du mois de juillet. Ensuite, selon les conditions sanitaires, et plutôt en fin d’été nous lancerons un appel à bénévole afin de réaliser quelques aménagements. En parallèle, nous travaillons sur une réglementation qui sera la plus adaptée possible à ce cours d’eau."
Image
Bas Verdon
Légende
Déversement de vairons dans la Louane
Texte

Quels sont vos principaux interlocuteurs dans vos actions ?

"Les pêcheurs, les fédérations de pêche, le grand public, EDF, le Parc Naturel Régional du Verdon, les Services de l’Etat, la Fédération de Pêche du Var, les Espace Naturel Sensible du 83, les propriétaires, les municipalités de Vinon sur Verdon, St-Julien, Ginasservis et La Verdière."

En parallèle du travail réalisé en faveur de la truite fario méditerranéenne, la promotion de l'halieutisme tient un place importante dans les actions et la communication de l'AAPPMA, parle nous des travaux réalisés ces dernières années, de ceux en cours et de vos projets !

" Pendant ce mandat, nous avons la volonté de réduire fortement voire de supprimer les déversements de truites arcs-en-ciel dans le Verdon. En effet, avec les travaux réalisés, les secteurs très fortement impactés se sont considérablement réduits. Il n'y a quasiment plus de lieux où déverser des truites arcs-en-ciel sans avoir d'impact sur la truite fario sauvage ou son alimentation. 

Ainsi, nous avons développé la gravière de Notre Dame des Tousques (appelée aussi "gravière n°2") du fait de son statut "eaux closes" et qu'elle appartienne pas à la Ville de Vinon-sur-Verdon, cela a été une opportunité de développer un lieu pour le loisir pêche. En effet, après validation du CA puis en AG et avec un arrêté municipal, nous pouvons modifier la réglementation pêche et la rendre applicable à tous les pêcheurs. Au départ, nous y avons effectué des lâchers de truites arcs-en-ciel durant la saison de la première catégorie. Puis, au fil des réflexions, nous avons décidé d'augmenter la période de pêche, en déversant quelques truites en hiver ou avant l'ouverture de la 1ère catégorie. 

Afin de faciliter les accès et la pratique sur cette gravière qui peut marner de plus ou moins 2m, nous avons réalisé d'importants travaux qui ont été portés par la fédération de pêche du 83. 

En même temps, nous avons la chance d'avoir rencontré Vincent Petit (NDLR : membre de l'équipe rédactionnelle de Truites & Cie bien sûr !) qui était en recherche d'un plan d'eau afin de développer la Truite Area. Après quelques échanges sur la façon d'organiser et de l'épauler au mieux, nous nous sommes lancés dans l'aventure à ses côtés. Nous avons ainsi accueilli une manche à 60 participants venus d'Italie, du Luxembourg et des 4 coins de France (prochaine date du 16 au 17 octobre 2020).

Du fait du succès de cette compétition, nous avons profité d'organiser le week-end suivant une compétition amicale de pêche à la mouche en réservoir par équipe. A cette occasion, nous avons rencontré Olivier Ters, responsable de la FFPS commission Mouche de PACA, il s'en est suivi un partenariat, et nous avons organisé une manche de la Promotion Nationale réservoir en février dernier et une manche du challenge PACA par équipe en octobre 2019. 

Ainsi, les dotations fédérales de truites arcs-en-ciel nous permettent de développer la pratique de la compétition, de diminuer le prix des inscriptions, d'acheter des truites supplémentaires dans le cadre des compétitions sans aucun impact financier sur la trésorerie de notre association. En 2019, ce sont près 3 500 euros de truites arcs-en-ciel qui ont pu être déversés en plus de la dotation fédérale. 

Depuis 2016, on organise également un concours -15 ans (qui n'en a que le nom, c'est plutôt une rencontre amicale où tous les jeunes repartent avec un lot et où chacun est libre de conserver ses prises, la démarche est pédagogique), le premier samedi des vacances scolaires de la Toussaint afin que les jeunes puissent continuer à pratiquer la pêche pendant leur temps disponible. 

On peut ajouter que les compétitions permettent de faire travailler les hôtels, gîtes, traiteurs et restaurateurs du secteur pendant la morte saison. Le fait d'autoriser et de développer la pratique de la pêche aux leurres toute l'année sur cette gravière avec cette approche Truite Area permet également des retombées dans les magasins de pêche du coin. Le but étant de faire connaître cette gravière pour qu'elle soit fréquentée pendant la saison hivernale. Elle est ouverte à tous, il suffit d'avoir la carte de pêche réciprocitaire ou de prendre la carte de pêche dans le Var ou notre AAPPMA. 

Avec la densité de truite qu'il y a durant l'hiver, nous organisons également des Ateliers Pêche Nature avec le guide de pêche local diplômé d'Etat David Prizbilski. Ces ateliers sont ouverts à tous, on demande simplement un accompagnateur pour les -12 ans. Ces cours sont gratuits. Il faut uniquement la carte de pêche valide. 

Lors de la période du "no-kill hivernal", toutes les pratiques de pêches sont possibles. En effet, le but est d'offrir la possibilité à tout un chacun de pratiquer la pêche, aussi bien dans le but de faire découvrir que de se perfectionner. 

Et lorsque arrive le début de saison en première catégorie, le prélèvement est de nouveau autorisé dans cette gravière, le but étant de réduire la densité de truites avant les grosses chaleurs. 

En plus de cette gravière, il nous a semblé logique de développer la même chose sur des ruisseaux de première catégorie qui n'ont plus de population de poisson. On les a cité précédemment, le ruisseau de la Foux et celui du Vallon du Pont. Le but est d'apporter une activité de proximité, afin que les pêcheurs développent leur technique, appréhendent le sens de l'eau, apprennent à comprendre la rivière, à la "sentir" sur des parcours faciles d'accès et avec des truites attractives.

On s'aperçoit ainsi de la naissance ou du développement de la passion pour la pêche chez de nombreux jeunes. Par la suite, ces pêcheurs peuvent aller en rivière, notamment sur le Bas-Verdon, où la pêche des poissons sauvages y est plus compliquée et où l'apprentissage effectué sur les autres parcours peut servir. 

L'idée que nous avons et ce que nous pouvons observer, c'est qu'il faut que les débutants prennent du poisson et du plaisir dans un cadre agréable et facile d'accès pour garder cette passion et évoluer. C'est dans ce cadre que nous avons développé notre plan de gestion piscicole sur un bassin versant en très grande majorité artificialisé. Une fois le virus attrapé, le pécheur pourra développer son savoir dans des milieux plus difficiles d'accès et plus sauvage !"

Image
Pêche Verdon
Légende
Magnifique spécimen du Bas-Verdon pris par notre lecteur Mathias Swoboda
Texte

Vous avez récompensé de nombreux prix (Charles Ritz), parle nous de cette distinction et plus généralement de l'évolution du nombre de vos adhérents ainsi que de leurs ressentis !

" En effet, nous avons participé au Prix Charles Ritz. L’objectif de cette participation est d’avoir un retour sur nos actions et de les comparer à ce qui se fait ailleurs, notamment en matière de travail sur les capacités d’accueil et sur la productivité des milieux. En 2019, nous avons obtenu la troisième place, ce qui nous réjouit et nous encourage à développer de nouvelles idées, à réaliser encore plus de travaux et de « p’tites bricoles ».

Nous avons également été primés pour la mise en place de notre plan de gestion au Trophée Régional des Milieux Aquatiques de la Région PACA en obtenant la seconde place en 2018.

En ce qui concerne l’évolution des cartes de pêche, depuis 2016, c’est une augmentation de 23 % que nous enregistrons, avec près de 700 cartes vendues en 2019. Pour notre AAPPMA où le nombre de cartes oscillait entre 450 et 500 selon les années, c’est un vrai boom ! Au-delà du fait de récupérer des membres de la France entière grâce à la possibilité qu’offre le site cartedepeche.fr, nous constatons l'arrivée de nouveaux adhérents et également d’anciens qui se remettent à la pêche. En discutant avec eux, on s'aperçoit qu'ils apprécient la pratique de la pêche sur notre territoire. Le fait de développer toutes les pratiques plaît. Entre les gravières, les cours d'eau et les retenues d’Esparron, toutes les pêches y sont pratiquées. De plus, avec la création de l’Atelier Pêche Nature en 2017, qui est ouvert à tous les âges et tous les profils, les personnes peuvent réapprendre à pêcher ou se perfectionner. On essaie de développer toutes les thématiques même si pour l’instant, les demandes sont très axées sur la pêche à la mouche.

Enfin, on réalise deux journées par an en partenariat avec les animateurs de la fédération de Pêche du 83 pou les élèves de l’école de Vinon sur Verdon. Cela représente une centaine d’élèves sensibilisés au milieu aquatique chaque année. "

Image
AAPPMA Bas Verdon
Texte

Veux-tu ajouter quelque chose ou faire passer un message à nos lecteurs, en tant que bénévole ?

"Je pense que nous les pêcheurs nous devons nous sentir concernés par la vie de nos associations. Ce n’est qu’en prenant le temps de comprendre comment fonctionne une AAPPMA avec ses règles et ses devoirs, que l’on pourra faire évoluer les choses. Si j’ai un conseil à donner c’est qu’il faut être patient et robuste. On essuie des déconvenues, nos projets sont parfois irréalisables à court terme (quoi que… !), non prioritaires pour nos partenaires ou non conformes à certaines attentes.

Si des gestionnaires lisent également ce texte, je dirai sans vouloir jouer les donneurs de leçons (au contraire) qu'il faut retrouver notre légitimité pour être crédibles... la route est encore longue pour que nos parcours et notre gestion aboutissent à une meilleure production des milieux aquatiques.

Pour les pêcheurs, je suis souvent surpris par la méconnaissance des institutions, de qui fait quoi dans le monde de la pêche en France. Cela donne souvent lieu à des incompréhensions, des discussions de sourds et une perte de confiance ou de motivation des différentes parties. Je pense que malgré les tentatives de vulgarisation par les AAPPMA ou les Fédérations, il faut encore intensifier le travail de communication... un bon article de Truite & Cie sur le sujet serait sympa !

Enfin, je tiens à remercier tous nos partenaires institutionnels qui nous suivent et nous aident dans nos démarches. Bien entendu, je remercie l’ensemble des bénévoles qui suivent nos actions et qui permettent de faire aboutir de beaux projets. Un clin d’œil, à nos amis et familles qui acceptent notre passion et nous laissent du temps pour les milieux aquatiques mais aussi pour les autres pêcheurs ou passionnés de la Nature."

Image
AAPPMA Bas Verdon
Vidéo

A propos de l'auteur