
Fouler les berges des lacs de montagne n’est pas uniquement réservé à une élite capable d’avaler des dénivelés monstrueux. Le massif pyrénéen scintille de milliers de lacs et étangs dont certains offrent un accès facile et ouvert à tous. Ainsi, si vous n’avez pas l’endurance d’un grand montagnard, ni les capacités de grimpe d’un alpiniste mais qu’en revanche la pêche à la mouche vous passionne, alors laissez-moi vous guider vers ces écrins lacustres.
Les trois lacs que je vous propose de visiter peuvent sembler dénués d'intérêt en raison de leur accessibilité et de leur fréquentation élevée. Cependant, lorsqu'ils sont visités aux créneaux opportuns, ils peuvent se révéler être d'excellents spots pour la pêche à la mouche. Lovés à flan de montagne à moyenne altitude d’un bout à l’autre de la chaine pyrénéenne, ils sont accessibles sans équipement particulier de l’ouverture à la fermeture début octobre.
Tous trois présentent des profils différents et chacun y trouvera des conditions de pêche à son goût. Dans les lignes suivantes je vais tenter de vous orienter sur chacun d’eux afin que vous puissiez les exploiter de la façon la plus pertinente possible :
LE LAC D’OO (31)
Ce lac près de Bagnères de Luchon et cher aux cruciverbistes se situe à 1507 m ;il occupe un cratère de 42 hectares pour une profondeur maximale de 67m. Il est peuplé de truites fario, arc-en-ciel et ses abysses renferment aussi une belle population d’omble chevalier. C’est le premier lac d’une longue série qui nous conduit dans cette magnifique vallée éponyme. Le lac d'Oô est à l'origine un plan d'eau naturel qui a été surélevé par un barrage pour la production électrique. En conséquence, il subit de grandes variations de niveau en fonction de la saison et des besoins énergétiques, ce qui modifie son profil. Généralement très bas à l’ouverture, le niveau remonte progressivement au fil de la saison. D’accès facile en 1h par un sentier aisé, il demeure avec celui de Gaube l'un des lacs de montagne pyrénéen les plus fréquentés de la chaîne.
Toutefois, contrairement au lac de Gaube dont je vous ai parlé dans l’article sur les lacs de montagne de Cauterets la fréquentation est moins gênante car l’affluence se concentre ici sur une courte section de berge en contrebas du refuge. Le reste du périmètre est cerné d’éboulis instables et de sable pas vraiment agréables pour déambuler. En conséquence, peu de touristes s’y aventurent. Que le lac soit très bas comme en début de saison ou plutôt haut fin septembre, la prospection tout autour de son périmètre n'est jamais facile.
Le lac d’Oô est un cratère profond où les poissons actifs en surface aiment se concentrer en particulier sur deux secteurs favorables :
Le fond du lac à l’arrivé d’eau au pied de la célèbre cascade présente une grande plage peu profonde où les salmonidés rodent fréquemment en particulier lorsque le vent vient percuter les berges. C’est un beau haut fond s’étendant sur environ 200m de berge qui lorsque le niveau baisse, permet de développer de beaux lancers. Le pieds des falaises rive droite, en particulier à l’arrivée des petit rus qui descendent sont aussi excellents, soyez toutefois attentifs aux chutes de pierres. Le sentier du lac d’Espingo passe au dessus!
Tout le reste de périmètre de berges peut être productifs en sèche lorsque le vents vient y taper, la prospection des bordures d’éboulis, la mouche collée à la berge réserve de bonnes surprises. Fario et arcs opportunistes aiment chercher pitance au plus près de la bordure où des insectes maladroits peuvent s’échouer.
Nous pourrons le prospecter à la mouche d’un bout de la saison à l’autre en évitant les 3 premières semaines après l’ouverture où de nombreux pêcheurs de toutes sortes arpentent ses berges. Les salmonidés y sont alors trop sollicités et dérangés pour s’aventurer près des berges.
Lac de Bordères Bareilles (65)
Ce lac naturel posé à 1760m d’altitude de 6,5 hectares est situé en vallée d'Aure. D'une une profondeur de 18m, il est bordé sur tout son périmètre de pelouses alpines, à l'exception de la barre rocheuse qui empêche d'en faire le tour. Dans ses eaux cohabitent plusieurs espèces de salmonidés (fario, ombles chevaliers) ainsi que des vairons et goujons.
Ses berges assez dégagées en particulier au niveau du déversoir permettent de profiter d’un bon dégagement arrière lors des lancers. Les truites connaissent ici une belle croissance et il n’y pas rare d’y apercevoir de gros poissons en vadrouille. C’est sur les secteurs de haut fonds que les truites gobent, mais je vous conseille de ne pas négliger les bordures comme dans tout lac de montagne. Le fond du lac est constitué d’un fouillis de végétation poussant contre de petites barres rocheuses. Si le tour du lac est impossible ici, rien ne vous empêche d’essayer de poser vos mouches au plus près des falaises. De beaux poissons aiment y circuler discrètement et se sentent en sécurité avec la grande profondeur dont ils disposent sous leurs nageoires. Lors de la fraie des vairons en juin, les grosses truites aiment venir les chasser dans très peu d’eau. Une soie légèrement plongeante avec un streamer peut favoriser le contact avec un de ces gros poissons.

Lac de Suyen (65)
Situé à 1536m en val d'Azun, ce petit lac naturel surélevé par un petit barrage et occupe une superficie de 2 hectares pour une profondeur d’environ 3m. Alimenté par un beau torrent où les salmonidés trouve des conditions idéales de reproduction, il est peuplé de truites de taille moyenne. La pêche à vue, en sèche et en nymphe, est la technique de prédilection pour aborder ce lac. Ici le fond est sédimentaire et parsemé de quelques herbiers où les fario trouvent un abris de qualité. Comme dans tout autres lacs de montagne, la brise et le vent favoriseront le placement des salmonidés.
L'arrivée d'eau où le torrent pénètre dans le lac est excellente à la mouche. Cette zone peu profonde et courante fixe les truites qui y trouvent une nourriture abondante. En fonction du débit qui peut varier considérablement, nous pourrons pêcher en sèche, sèche/nymphe et même en noyée. Tout autour du lac les rochers qui parsèment les pelouses alpines favorisent la présence de sialis qui aiment se réchauffer sur ceux-ci. N’oubliez pas d’emporter dans vos boîtes des imitations de cet insecte maladroit, elles peuvent être fort utiles.
La grande accessibilité qui caractérise ces 3 plans d'eau favorise des périodes de grandes fréquentations touristiques peu en adéquation avec notre pratique. Tenir compte de cette constante sera impératif en évitant ces périodes (de la mi-juillet à la mi-août) où en s’adaptant à ces contraintes en fréquentant ces berges tôt le matin ou tard le soir. N'oubliez pas que les jours de temps exécrable qui découragent le touriste en vadrouille s’avèrent souvent excellents pour la pêche.
Bien que l'on puisse s'y rendre chaussé d'une simple paire de baskets, privilégiez tout de même de bonne chaussures de randonnée afin de progresser en toute sécurité vers les secteurs de berges moins faciles. N’oubliez pas que nous évoluons sur des terrains de montagne avec des zones d’éboulis et des pentes parfois prononcées et glissantes.
Oubliez les préjugés et explorez ses magnifiques lacs qui réservent de belles surprises!
