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Cauterets (65) : des lacs de montagne à découvrir à la mouche

pêche lac Cauterets

Les montagnes qui entourent l’attachant et authentique village de Cauterets (65) sont parsemées d’une multitude de lacs qui scintillent comme mille étoiles aux yeux du randonneur. Si certains ne sont qu’à quelques minutes de marche sur un sentier marqué et bien balisé, d’autres s’implantent dans des cirques perdus et secrets. Ces écrins haut perchés s’avèrent être de merveilleux terrains d’aventure et de découverte pour les pêcheurs à la mouche baroudeurs. Pour cette raison laissez-moi vous faire arpenter les sentes qui vous conduiront à la rencontre des divers lacs qui parsèment les montagnes cauterésiennes :

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Des prérequis indispensables

Si mes mots vont orienter vos destinations halieutiques, une bonne analyse et compréhension d’une carte IGN seront indispensables afin d’atteindre les lacs les plus sauvages. Ici le moucheur se fait montagnard et pour accéder aux pièces d’eau les plus éloignées, une excellente connaissance de la montagne et une bonne condition physique seront fondamentales afin de ne pas vous mettre en danger.

Se situant entre l’étage montagnard et, pour les plus extrêmes, aux prémices de l’étage nival, ces lacs seront prospectables en fonction du moment de leurs débâcles, les plus hauts et mal orientés finissant toujours par dégeler en dernier. Cette grande diversité d’altitude et d’orientation permet une pêche porteuse d’un bout à l’autre de la saison. Ici, quel que soit le moment de la saison, les lacs d’altitude et les salmonidés les occupant attendent vos mouches artificielles, alors êtes-vous prêt pour une belle rando pêche ?

Réservés aux montagnards capables d'endurer de longues heures de marche sur des terrains chaotiques ou facilement abordables après une petite marche d’approche, ils ont tous en commun une grande richesse piscicole et se prêtent parfaitement à la pratique de la pêche à la mouche. Ici, la qualité de la pêche n’est pas forcément synonyme de longues et usantes randonnées, tant certains lacs très faciles peuvent être excellents à la seule condition de bien choisir le moment pour leur rendre visite.

La plupart de ces lacs se trouvent dans l’enceinte du Parc National ou en périphérie et les moucheurs désirant s’y rendre devront respecter les règles imposées afin de préserver ces écosystèmes fragiles. Les principales qui nous concernent sont :

  • Pas de feu afin de préserver les pelouses alpines et éviter les risques d’incendie,
  • Pas de camping mais bivouac autorisé entre 19h et 9h du matin,
  • Ramener ses déchets (ici comme d’ailleurs partout !),
  • Pas d’animaux de compagnie,
  • Pour le reste consultez le règlement dans les maisons du parc ou sur internet.

Ceci est juste un rappel, notre passion nous sensibilise à la fragilité de ces milieux à travers l’entomologie et la connaissance de ces biotopes aquatiques. La démarche qui consiste à poser ses mouches artificielles sur ces lacs nous impose un minimum de respect envers Dame Nature. Dans ces territoires nous nous devons d’être des visiteurs respectueux et discrets.

Dans les lignes suivantes, pas de descriptifs d’itinéraires pour accéder au lacs, mais des infos sur ceux-ci et les meilleures façons de les pêcher. J’invite ceux qui désirent y monter à consulter les cartes IGN et les différents topos consacrés afin de s’y rendre dans les meilleures conditions.

Les joyaux lacustres cauterésiens partagent leur répartition au sein de 3 vallons qui divisent l’amont de la vallée principale :

  • La vallée de Gaube et le Marcadau,
  • La vallée du Lutour,
  • Le vallon d’Ilhéou.
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truite fario
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LA VALLEE DE GAUBE ET DU MARCADAU

Avec son célèbre Pont d’Espagne et son non moins réputé lac de Gaube, nous pénétrons là dans un des phares touristiques de la vallée. Pourtant lorsque l’on s’écarte un peu de ces deux principaux points, de très nombreux lacs nous attendent. La vallée se divise en deux branches quelques centaines de mètres après le parking lorsque nous pénétrons dans le Parc National.

La branche de droite nous conduit vers le lac de Gaube, le refuge des Oulettes de Gaube et le point culminant de la vallée, le pic du Vignemale (3298m). Ce vallon possède peu de lacs contrairement à celui du Marcadau, ils sont seulement au nombre de trois :

Le lac de Gaube est le plus grand, situé à une altitude de 1725 m pour une superficie de 19ha, sa débâcle se situe généralement un peu avant l’ouverture de la pêche en lac de montagne. Il possède une bonne population de truites fario, de saumons de fontaine, d’ombles chevalier et quelques gros cristivomers.  Accessible à tous, il fait partie des lieux les plus visités des Pyrénées, d’où l’intérêt de bien choisir le moment pour aller y poser ses mouches. Ce lac s’impose comme un excellent terrain d’initiation à la pêche en montagne, les truites y sont d’assez belles tailles et promènent facilement leurs museaux vers la surface.

Toutefois, la grande fréquentation touristique peut paraître rédhibitoire pour la pratique de la pêche à la mouche tant le nombre de personnes flânant sur ses berges est, certains jours, important. Pourtant en s’éloignant des zones où se regroupe la foule, il est possible d’allonger sa soie sur le lac dans de bonnes conditions. Le déversoir et les abords de l’hôtellerie ainsi que l’arrivée du ruisseau de Gaube en amont regroupe une grande partie de la fréquentation. Par conséquent, je vous invite à prospecter la rive droite loin du sentier des Oulettes de Gaube. Sur cette rive votre progression sera stoppée par une barre rocheuse et mettra fin à toute tentative de tour de lac, mais la pêche entre les pins à crochets sera très agréable. En absence de gobage, n’hésitez pas à poser vos mouches très près du bord surtout si le vent vient y terminer sa course. Pour les plus acharnés et audacieux, un gros streamer blanc ou noir au bout d’une soie plongeante peut décider un cristivomer, en particulier en début de saison ou au coup du soir.

La rive gauche, quant à elle, voit le passage de nombreux randonneurs montant le long du sentier en direction du refuge les Oulettes de Gaube et du majestueux Vignemale qui le domine fièrement, ceux-ci n’y stationnent que pour des pauses photos et ne perturbent finalement pas trop l’action de pêche.

Le lac de Gaube qui se pêche de l’ouverture des lacs à la fermeture est la solution pour une belle balade familiale et halieutique qui satisfera tout le monde.

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Gaube
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Vue sur le lac de Gaube depuis l'arrivée d'eau au sud
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Plus en amont à 2302m se trouve le lac du Chabarrou. D’une surface de 2,1ha, c'est un magnifique lac de montagne où prospère une population de truites fario et peut être quelques cristivomers. Son accès est relativement facile une fois que l’on quitte le sentier des Oulettes de Gaube après être passé devant un énorme cairn. Ses abords escarpés et coupés par de nombreuses barres rocheuses ne permettent pas d’en faire le tour et réduisent les zones de pêche. La taille des truites est moyenne, pour autant la pêche à la mouche peut s’y avérer fructueuse en particulier les jours où le vent anime la pellicule de surface. Une zone herbeuse sur la rive gauche permet un bivouac sympathique et fait face à un haut fond où les truites aiment venir se nourrir des insectes prospérant sur la pelouse alpine toute proche. En aval de son déversoir le torrent traverse une magnifique laquette très encaissée ou quelques truites vivent, en revanche l’accès à celle-ci demande un peu d’attention.

Enfin, le lac le plus secret de cette vallée de Gaube est certainement le lac Meya. Accessible par une très discrète sente qui démarre à proximité de l’hôtellerie de Gaube, il ne se laisse dévoiler qu’après une rude montée souvent hors sentier et dans un océan d’éboulis instables que je déconseille aux pieds montagnards hésitants. Ce petit lac d’une surface de 0,5ha contient quelques saumons de fontaine pas très gros. Très sauvage, il se visite d'avantage pour son cadre mais la marche avec une canne à mouche peut motiver certains moucheurs très sportifs.

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saumon de fontaine
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A l'opposée du val de Gaube, la branche de droite chemine en suivant les berges bucoliques du Gave du Marcadau et remonte ainsi la vallée éponyme en direction du refuge Wallon, où elle se partage en 3 vallons parsemés de nombreux lacs de toutes tailles, propices à poser vos artificielles. Un quatrième vallon, celui de l’Embarrat, possède lui aussi de magnifiques lacs de montagne et permet une somptueuse boucle dont le sentier démarre à l’extrémité du plateau de Cayan (à la fin du parcours no-kill du gave du Marcadau), c’est d’ailleurs celui-ci que nous visiterons en premier.

Devant la richesse lacustre du coin (quasiment tous les lacs rencontrés seront excellents pour la pêche !), je ne parlerai dans ces lignes que des principaux coins présentant un intérêt halieutique. Ces séries de lacs siègent toutes à des altitudes supérieures à 2000m et sont riches en truites fario, saumons de fontaine (les cristivomers sont uniquement présents dans le petit lac inférieur de la Fache). La taille des salmonidés qui hantent ces hautes eaux sera déterminée par l’altitude, l’exposition et la nature des terrains les entourant. En effet, les lacs possédant des pelouses alpines tout autour de leur périmètre, profiteront de la richesse de celles-ci pour produire des poissons souvent plus gros.

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Marcadau
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Le fameux plateau du Marcadau, haut lieu de la pêche en sèche dans les Hautes-Pyrénées
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Vallon de l'Embarrat

Son sentier démarre au niveau du pont de Cayan et monte au travers d’une belle forêt de pins en direction des 2 lacs de l’Embarrat que nous rencontrons au bout de 1h30 de marche.

Posés sur deux plateaux distincts et séparés par un dénivelé de quelques dizaines de mètres, ils présentent des profils totalement différents, ce qui, certains jours, présente un atout non négligeable pour la pêche.  En effet en fonction des conditions rencontrées, l’activité des salmonidés y sera plus ou moins importante sur l’un ou sur l’autre.

  • Le lac inférieur(2139m) est relativement profond et encaissé, il abrite une population de truites qui profitent des éboulis et des rhododendrons pour se poster contre les berges. Déployer sa soie très loin n’est pas toujours gage de réussite ici tant les poissons aiment fureter contre les berges à la recherche de quelques insectes en détresse. Comme dans tous les lacs, le vent déterminera le placement des truites. Sans vent optez pour la berge de droite éloignée du sentier afin de trouver des truites en activité car moins dérangées par les randonneurs.
  • Le lac supérieur(2075m) au contraire, est très ouvert, très peu profond et cerné de pelouses alpines, il est une invitation à poser ses mouches dans un environnement somptueux au pied du pic de la Cardinguère. Son fond est sédimenteux et propice au développement de chironomes, aliment dont les salmonidés sont friands. Les truites de taille moyenne qui croisent dans ce milieu peu profond ont un comportement farouche et vous contraindrons à une approche discrète et à l’utilisation de longues et fines pointes. Les coups du soir quand le lac n’est plus baigné par le soleil et les jours ou une brise agite la surface seront les conditions parfaites pour pêcher ce lac peu profond. Sans vent et par grand soleil une pêche en nymphe à vue peut produire elle aussi de bons résultats à la seule condition d’une approche ultra discrète.

Lors des belles journées d’été, les sialis y sont nombreux en particulier à côté des arrivées d’eau, pensez-y lorsque vous verrez ce faux sedge déambuler près des berges, les truites en sont friandes. Pour les mouches à utiliser dans les lacs qui font l'objet de cet article, je vous invite à relire mon article à ce sujet ici.

En reprenant notre rando, au fil des épingles du sentier, nous cheminons en direction du lac du Pourtet et découvrons deux laquets jumeaux qui contiennent quelques truites de toutes tailles. Du fait de leur positionnement, ils vous permettront de reprendre votre souffle lors d’une agréable pause, prétexte à déployer quelques mètres de soie. Après ce petit intermède apaisant, un bon raidillon et une bonne suée vous conduiront sur les berges d’un des joyaux de la vallée :

  • Le lac du Pourtet (2422m) cerné par les aiguilles du pic Arrouy ne laisse personne indifférent tant son esthétisme et ses qualités halieutiques sont grandes. Perché à 2420m d’altitude et d’une superficie de 5,8 ha, il permet une pêche de qualité et variée tant ses berges présentent des profils aux caractéristiques différentes. En effet entre les petites anses, les berges d’éboulis et hauts fonds, il est toujours possible de trouver des truites en maraude. Peuplé de nombreuses truites fario de toutes tailles, il permet une pêche en sèche et en nymphe très agréable. Les truites y sont souvent actives en surface mais parfois très suspicieuses sur les artificielles présentées. Soignez votre présentation et allongez vos pointes, lors de mon dernier passage les truites y étaient très regardantes sur la taille des mouches présentées, en effet elles prenaient uniquement des petits parachutes noirs en 18 et refusaient le reste. Tout le périmètre du lac est bon, mais j’ai une préférence pour les alentours de la presqu’île où les salmonidés aiment trainer et où il est possible de produire des longs lancers. Attention, pour ceux qui aiment bivouaquer, les emplacements y sont très rares et peu confortables (un ou deux maxi).
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Pourtet
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Le lac du Pourtet
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Deux lacs terminent ce vallon en basculant sur l’autre versant, il s’agit du lac de Nère et du lac de Bassia. Le lac de Nère (2309m) contient des truites et présente un profil encaissé où une bonne maitrise des lancers sera indispensable afin de ne pas laisser trop de mouches sur les berges. La pêche à la mouche y est parfois un peu compliquée mais ce lac n’est pas à négliger.

Le lac de Bassia (2488m) est plus sauvage car éloigné du sentier principal, il est réservé à ceux qui veulent se sentir seul au monde. Les truites y sont de taille moyenne mais certaines peuvent réserver d’agréables surprises.

En basculant sur l’autre versant après le lac de Nère nous rejoignons, après une belle descente, le refuge Wallon qu’il est possible d’atteindre directement en remontant directement la vallée du Marcadau. Le refuge Wallon est le carrefour de 3 vallons riches en lacs :

Le vallon d’Arratille

Il se compose de 4 lacs étagés entre 2247m et 2528m : le premier est le lac d'Arratille, un beau plan d'eau d’une surface de 5,9ha qui contient uniquement des truites fario dont certaines peuvent atteindre de belles tailles. Son exposition et son environnement, avec de belles pelouses alpines, permet aux salmonidés une croissance remarquable pour un lac situé à cette altitude. Les truites y montent volontiers se nourrir en surface et certains secteurs se prêtent bien aux longs lancers. La berge de droite cernée par de fortes pentes herbeuses est excellente mais doit se pratiquer avec prudence car les chutes de pierre n’y sont pas impossibles. En soirée, de beaux poissons viennent souvent se nourrir sur le haut fond devant le déversoir, certains se tiennent assez loin mais l’environnement permet de longs lancers.

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Le lac d'Arratille
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Au dessus, le lac de Badète (2347m) contient des truites. Du fait de ses berges découpées et des gros blocs qui percent la surface, il est très agréable à pêcher à la mouche. Lors des journées très ensoleillées, ces gros blocs produisent des zones d’ombre où les truites aiment se positionner pour se nourrir et où je vous invite à poser y vos mouches quand ces secteurs sont battus par la brise dominante. Le lac est magnifique et propice au bivouac loin de la foule qui souvent s’arrête au lac d’Arratille.

Lorsque l’on quitte le lac d’Arratille vers le col éponyme, nous rencontrons le lac du Col qui contient quelques saumons de fontaine et des truites. Sur sa droite le lac Meillon (2523m) quant à lui, possède une belle population de saumons de fontaine de faible taille mais souvent bien actifs. Son accès est pentu et demande un peu d’attention afin de le rejoindre en traversant une mer d’éboulis raides et instables, ses berges minérales et sauvages. Ici pas de gros poissons mais des petits salmonidés très ludiques à pêcher à condition d’avoir la condition physique pour aller à leur rencontre !

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Le lac de Badète
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Le vallon de la Fache

Il possède 2 lacs alevinés par la FDAAPPMA 65 et deux laquets qui depuis quelques années ne reçoivent plus d’alevins. Le lac supérieur de la Fache (2439m) est très agréable à pêcher à la mouche avec ses berges bien dégagées et contient des saumons de fontaine de taille moyenne. Il est un appel au bivouac tant ses berges sont accueillantes.

Le lac inférieur de la Fache (2332m) contient une population de cristivomers pas très gros qui subsistent dans ce petit lac depuis de nombreuses années sans qu’aucun renforcement de population ne soit réalisé. Quelques saumons de fontaine complètent cette population, les cristivomers montent facilement sur vos mouches dès que le lac se trouve à l’ombre et permettent une pêche ludique même si la prise d’un poisson maillé est anecdotique.

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Fache
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Le lac de la Fache inférieur
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Le vallon de Cambalès

Il est riche de pas moins de 12 lacs et laquets qui s’échelonnent entre 2258 m et 2582m pour le plus haut. Tous sont une source d’émerveillement tant les paysages qu’ils illuminent sont somptueux et variés. Tous ces écrins de montagne présentent des caractéristiques variées propices à la pratique de la pêche à la mouche. Entre lacs profonds et laquets, le vallon de Cambales comblera vos envies. Au travers de ces lignes je n’évoquerai précisément que les lacs principaux tant il est laborieux de tous les décrire. Tous les laquets possèdent une population mixte de saumons de fontaine et de truites, la taille des salmonidés qui les occupent est variable en fonction de l’environnement qui les entoure. Les découvrir dans les culs de vallon en s’aidant d’une carte IGN fait partie du plaisir de la pêche, c’est notamment pour cela que je n'entrerai pas trop dans les détails.

Le grand lac de Cambalès, d’une surface de 3,5ha et situé à 2342m est un magnifique lac de montagne, les truites y sont nombreuses mais pas toujours faciles. Il est assez profond et les truites en activité de surface n’y sont pas toujours faciles à trouver et à prendre. Ses berges sont une alternance d’éboulis, de pelouses alpines et de petites barres rocheuses. Comme dans tous les lacs de montagne, il conviendra de pêcher les secteurs battus par le vent où les truites se regroupent pour s’alimenter. Ici aussi, par grand bleu, les zones contre les blocs ou le long des barres rocheuses qui maintiennent une zone d’ombre, sont excellentes. A son aval, le grand lac de Cambalès possède deux petits lacs satellites qui ne sont pas à négliger car les truites y sont plus régulièrement actives. Ils ne sont pas très profonds et possèdent un fond sédimenteux propice aux chironomes. Les truites qui les occupent sont de taille moyenne dans les deux lacs.

En amont du grand lac de Cambalès se trouvent de nombreux laquets et lacs. La taille moyenne des poissons n’y est pas très élevée mais le plaisir de pêche se trouve à son paroxysme tant la prospection de si beaux écrins peut révéler un sentiment de liberté. Poser ses pieds dans ces lieux impose leur respect et une discrétion infinie afin de ne pas gêner la faune qui y vit.

En parallèle, sur la droite du sentier du cols de Cambales se trouvent les lacs d'Opale, qui doivent leur nom à la magnifique couleur de leurs eaux. Le lac inférieur est le plus petit, ses berges sont constituées d’éboulis, il est relativement profond et son fond sédimentaire dès que l’on s’éloigne des berges. Truites et saumons de fontaine se partagent ce petit biotope particulièrement sympathique à prospecter à la mouche. Bien que de petite taille, ce lac possède quelques jolies truites ayant une préférence pour les petites imitations sombres et flottant bas.

Le grand lac d’Opale est quant à lui plus encaissé et ses berges plus pentues, notamment du côté à flanc de montagne, risquent d’entraver vos lancers les plus audacieux. Truites et saumons se partagent le territoire, la densité de poissons y est conséquente. Le tour du lac est possible mais un peu laborieux du coté flanc de montagne car les éboulis y sont nombreux.

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Les lacs d'Opale et de Cambalès vu de Bernat Barrau
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Les lacs d'Opale et de Cambalès vus depuis le pic de Bernat Barrau (2793m)
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La vallée D’ILHEOU

Cette vallée parallèle au Marcadau, bien que moins riche en lacs que sa voisine, se révèle fort intéressante car elle en possède trois aux caractéristiques bien différentes. En remontant la piste qui conduit au refuge éponyme, nous rencontrons le minuscule lac Noir. Ce petit plan d'eau, où les brebis aiment se tenir, contient des truites assez jolies par rapport à sa taille. Entre pelouse alpine et éboulis, il est agréable à pêcher, les années sans trop de précipitations, son niveau à tendance à baisser.

Quelques mètres de dénivelé plus haut, le grand lac d’Ilhéou nous accueille : d’une superficie de 11ha et se situant à 1976m, ce beau plan d’eau à la forme de monstre lorsqu’on le contemple du sommet du pic de Nets, s’avère parfaitement adapté à la pêche à la mouche. La taille moyenne des truites est bonne et le lac contient de très beaux poissons. J’aime prospecter le fond du lac aux alentours de l’arrivée d’eau, les truites aiment roder sur le haut fond de cette plateforme peu profonde. Loin du refuge, les salmonidés y sont plus tranquilles et gobent parfois pas très loin du bord.

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Le lac d'Ilheou (1976m)
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Le lac du Hourat se trouve à 1h environ du refuge d’Ilhéou, son accès est sauvage et se déroule hors sentier ou sur une sente très discrète, un minimum de sens de l’orientation et un pied montagnard sont requis afin de rejoindre ce petit paradis suspendu dans son cirque rocheux. Du fait de ses berges rocheuses et très pentues la progression canne à la main ne sera pas aisée. Une population de truites de toute taille le colonise, le côté déversoir et la proximité des berges seront à explorer avec précision. Le lac est profond et les truites peu enclines à s’éloigner du bord sauf les jours de retombées d’insectes très importantes.

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Le lac du Hourat
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LA VALLEE DU LUTOUR

Si cette magnifique vallée aux nombreuses cascades est surtout connue pour son lac d’Estom, elle ne possède pas moins d’une douzaine d’autres écrins, tous excellents pour la pêche.

Le départ se situe au parking de la Fruitière et grimpe mollement jusqu’à la passerelle de Pouey Caut pour ensuite se redresser par quelques épingles. En remontant, une sente discrète part sur notre droite et nous mène aux lacs d’Estibe Aute, après une très rude et sportive ascension. Dans ces deux beaux lacs cohabitent truites, saumons et ombles chevaliers dans le plus grand. Après cette petite escapade, redescendons sur le sentier principal qui monte au col des Gentianes et va nous faire croiser de nombreux lacs.

Le premier est le fameux Lac d'Estom. D’une superficie de 6,7ha et posé sur un plateau à 1804 m d’altitude, il fait partie avec le lac de Gaube et celui d’Ilhéou des plans d’eau pêchables dès l’ouverture fin mai. Les truites farios y sont belles et souvent gobeuses, nous pourrons les pêcher sur tout le périmètre du lac. Ses berges alternent pelouses, éboulis et petites barres rocheuses facilement franchissables.

Un peu plus haut sur sa rive droite se trouve le petit lac de Hount Hérède à 2079m, d’une surface de 0,8 ha, il accueille quelques truites cependant son accès très pentu demande un peu d’assurance afin de le rejoindre.

Lorsque l’on reprend le sentier après le Lac d’Estom, on rejoint après 1h30 le lac de Labas, assez riche en truites de taille moyenne et dans une moindre proportion en cristivomers, il est très agréable à prospecter à la mouche. Ses berges sont pentues et souvent constituées d’éboulis, un petit laquet en aval de son déversoir possède lui aussi quelques truites !

Toujours en remontant le sentier qui conduit au col des Gentianes, quelques minutes après le lac de Labas, nous arrivons au lac des Oulettes d’Estom Soubiran, ce beau lac situé à 2387m et d’une superficie de 7 ha, abrite une population de truites fario et cristivomers. Bien qu’attrayant, il ne remporte pas tous mes suffrages de par sa taille et la délicate localisation des salmonidés. Coupées par des barres rocheuses infranchissables, ses berges alternent pelouses et éboulis, elles sont trop régulières et parfois monotones, malgré cela certains jours on peut y réaliser de belles pêches en sèche.

En poursuivant cette randonnée lacustre, nous croisons le profond et somptueux Lac Couy à 2445m. D’une surface de 1,9 ha et cerné de pelouses alpines, il est fort agréable à pêcher. Les truites y sont assez belles et parfois redoutablement méfiantes par rapport aux mouches qu’on leur présente. L’arrivée d’eau et la berge de droite rassemblent une grande partie des salmonidés gobeurs, les lancers aisés permettent d’aller chercher les poissons lointains et craintifs. Il y a quelques années une petite population de beaux cristivomers venait compléter le panel des salmonidés présents, je n’en ai plus vu depuis pas mal de temps mais sait-on jamais !

A la pointe du jour, de belles truites viennent se nourrir contre les berges et sont prenables avec des imitations de sialis. Scrutez les moindres ondes contre les bords afin d’y déposer votre mouche. A sa gauche et un peu en amont de celui-ci se trouvent deux petits lacs contenant quelques poissons à ne pas négliger.

A gauche du lac Couy et à 2584m se trouve le sauvage lac du Malh Arrouy, il accueille une population mixte composée de truites/saumons de fontaine.

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Lac Labas,Estom Soubiran,Couy
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De gauche à droite : le Lac de Labas, Estom Soubiran et Couy
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En revenant au Lac Couy et en suivant toujours le sentier, nous arrivons après une rude montée au lac Glacé à 2565 m. Dans ce splendide plan d’eau posé dans un cirque minéral, vous taquinerez des saumons de fontaine et parfois de très beaux cristivomers. La pêche y est sportive au travers des chaos rocheux et les barres. J’aime le pêcher en sèche ou au streamer afin d’y débusquer quelques cristivomers même si ceux qui gobent sont souvent non maillés. En journée peu de cristivomers sont actifs, ils choisissent d’attendre que l’ombre recouvre le lac, c’est à ce moment- là qu’il est possible d’en prendre en sèche.

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lac glacé
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Le lac Glacé
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cristivomer
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Beau cristivomer du Glacé pris en sèche par l'auteur
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Pour terminer, juste avant le col des Gentianes se trouve le petit lac du col où une belle population de saumons de fontaine de petite taille sollicitera parfois rageusement vos mouches !

Après cette longue balade autour des lacs de la vallée de Cauterets, je vous invite à chausser vos chaussures de montagne et à charger vos cannes sur votre sac à dos afin d’aller côtoyer le merveilleux.

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Lionel Ainard
Géovan

A propos de l'auteur

Originaire de Toulouse (l'accent ne trompe pas !), Lionel pêche exclusivement les salmonidés à la mouche (sèche et nymphe) dans tous les milieux qui en contiennent…