Que cela plaise ou non, la mise en oeuvre de la pêche en nymphe au fil est similaire à celle de la pêche au toc. Seule la gestuelle du lancer diffère, en raison du matériel utilisé notamment. Comprendre les mécaniques de dérive, que l'on pêche avec une canne anglaise ou une canne à mouche, est un prérecquis indispensable pour qui souhaite parfaire son acte de pêche et obtenir plus de touches. Nous aborderons dans cette nouvelle série d'articles les points névralgiques à soigner pour améliorer vos dérives, en commençant par le placement. Trop souvent occulté, le placement doit pourtant être au centre de toutes les attentions. Notre auteur Lionel Ainard a déjà publié un article consacré à cette notion qui lui est chère. Détaillons les spécificités du placement dans la pratique de la nymphe au fil ; se placer c'est choisir :
- la distance de pêche : distance qui sépare le pêcheur du courant qu'il aborde,
- l'angle de pêche : angle formé par la veine de courant et la position du pêcheur.
Choix de la distance de pêche
Le choix de la distance de pêche dépend en premier lieu du degré de discrétion imposé par les conditions (niveau d'eau, méfiance des poissons, luminosité...etc). Cette règle de base est universelle et immuable : si le pêcheur effarouche sa cible en se positionnant, inutile de poursuivre l'acte de pêche...
Pour savoir "jusqu'où il est possible de s'approcher", pas de recette miracle, seule la pratique et l'expérience peuvent vous aider. Choisir cette distance minimale d'attaque comme distance de pêche est une solution pertinente dans l'immense majorité des cas.
En effet, lorsqu'on pêche au fil, la longueur de canne relativement faible (par rapport à la pêche au toc avec une 3.90m par exemple) limite l'amplitude de pêche et empêche le zèle : "mettre de la distance" plus que nécessaire ne sert à rien... au contraire, plus on pêche près, mieux on pêche! De fait, pêcher à courte distance va verticaliser la dérive (c'est à dire amener l'angle bannière/surface proche de 90°), réduire la longueur de bannière immergée et donc l'effet voile du courant de surface (voir figure 1). Pour un même couple vitesse/profondeur, on va donc pouvoir pêcher plus léger et favoriser la préhension des truites.
Exception à la règle générale : il peut être intéressant d'augmenter la distance de pêche pour augmenter l'effet voile dans des postes mous et profonds où le courant porte peu.

Choix de l'angle de pêche
Une fois la distance minimale déterminée, il va falloir choisir l'angle de pêche qui conditionne le type de dérive à venir (essentiellement 3/4 amont ou 3/4 aval, on ne pêche quasiment jamais plein amont au fil car ce type de présentation induit beaucoup de loupés). Là encore, il arrive que le degré de discrétion imposé détermine l'orientation de la dérive à venir. 2 cas de figure se présentent :
- si les conditions évoquées au paragraphe précédent vous imposent de rester "en aval" du poisson, la dérive s'effectue automatiquement 3/4 amont,
- au contraire s'il est possible d'ouvrir l'angle d'attaque ("pêche en travers"), vous avez le choix d'effectuer la dérive 3/4 amont ou 3/4 aval. C'est le type de courant qui va orienter le choix.

Si la pêche "en travers" est possible, l'orientation de la dérive dépend du degré de stratification de la veine de courant prospectée, c'est à dire de la différence de vitesse entre le courant de fond et celui de surface :
- Si la veine est très stratifiée (delta de vitesse important, coïncidant avec un couple élevé), il va falloir pêcher suffisamment lourd pour percer le haut de la colonne d'eau et utiliser l'effet voile du courant pour le reste de la dérive, ceci n'est possible qu'en optant pour une dérive 3/4 aval (voir figure 2), sans quoi le montage se "planterait" au fond (voir figure 3). Le lancer s'effectue en face de soi ou légèrement amont, le scion reste en amont de la position des nymphes durant la dérive.
- Au contraire, si la veine n'est pas très stratifiée (faible différentiel de vitesse courant de fond/courant de surface), le lestage, s'il est bien choisi, convient pour l'intégralité de la colonne d'eau. La dérive doit être orientée 3/4 amont, le lancer s'effectue franchement vers l'amont, la canne suit la descente des nymphes, l'extrémité du scion étant maintenue légèrement en aval de la position du montage (voir figure 4).




