Canne NATIVE NII

Nymphe au toc : Le matériel

pêche en nymphe au toc

De loin, la pêche en nymphe en dérive pratiquée avec une canne anglaise ressemble à la pêche aux appâts naturels. Les deux variantes partagent une gestuelle commune, une approche ressemblante, et un matériel qui, s’il est identique sur un certain nombre de points, présente également quelques différences. Pour ce second billet sur cette pêche, voici un rapide tour d’horizon.

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La dimension matérielle liée à la pêche de la truite peut constituer un repoussoir pour une partie des pratiquants, mais dans le contexte qui nous intéresse, il est extrêmement important de s’y pencher un minimum. Certaines approches, comme la pêche aux appâts ou la pêche aux leurres, peuvent supporter des approximations tout en permettant de capturer quelques poissons. De ce point de vue, la pêche en nymphe est assez différente. Elle ne permet pas, par exemple comme c’est le cas avec des appâts, de pêcher avec une ligne trop inerte, et supporte le plus souvent mal que les grammages soient exagérés. Si l’on ajoute à cela la nécessité de pêcher parfois très léger, tous les éléments qui vont de la main du pêcheur jusqu’à la terminaison du bas de ligne doivent être cohérents pour former une chaîne efficace.

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pêche nymphe au toc
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Une canne progressive

Pour des raisons de capacités à lancer à des distances acceptables des poids parfois très faibles, en mettant volontairement de côté la pêche sous la canne pratiquée en petits cours d’eau (et qui ne correspond pas à proprement parler à de la pêche en dérive), seule une canne anglaise offre les qualités requises. Les cannes téléréglables disposent de trop peu d’anneaux et les puissances vraiment trop élevées proposées sur le marché ne collent pas à l’application qui nous intéresse ici. Les cannes fil intérieur, dont la qualité d’entretoisage est de plus en plus mauvaise depuis une quinzaine d’années, ne permettent pas non plus de lancer efficacement. Certaines d’entre elles font encore l’objet d’un travail artisanal de qualité, mais la raideur induite par les nombreuses entretoises et la puissance des blanks ne permettent pas là non plus d’obtenir les qualités de propulsion voulues. Ces caractéristiques les empêchent également d’offrir une tenue du poisson optimale sur les beaux spécimens et de protéger efficacement les bas de lignes.

L’idée est par conséquent d’utiliser une canne anglaise, dont la longueur peut être comprise entre 3,4 et 3,9 mètres en fonction de la taille du cours d’eau pratiqué, et dont l’action douce permet d’obtenir des qualités de propulsion optimales. Si la puissance sur la partie haute du blank est suffisamment peu élevée, et qu’elle se renforce de manière extrêmement progressive en descendant vers le talon, sans le moindre point dur à aucun endroit, la canne constituera alors un outil parfait. Elle autorisera à lancer confortablement et efficacement avec une gestuelle minimaliste, à prendre du plaisir sur les poissons de taille normale grâce à une belle courbure, mais également à s’exposer à moins de décrochages intempestifs grâce à cette douceur qui évite de déchirer les chairs des truites piquées de manière un peu fine. Enfin, et c’est un point capital, elle permettra d’écourter les combats avec les gros poissons grâce à l’absence de point dur, qui autorise à tirer fort en minimisant les risques de casses, le nylon n’étant jamais le seul élément en charge d’encaisser la pression. Le ressort du blank joue alors un rôle identique à celui d’un élastique sur les pêches des gros cyprinidés à la longue canne : elle protège le nylon et évite les accidents.

Encore plus qu’aux appâts naturels, la canne utilisée doit être sans faille.

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Le moulinet, gardez vos habitudes !

La question du moulinet est sans aucun doute la plus simple. Chacun a ses propres préférences, liées à des habitudes de gestuelle et aux cours d’eaux pêchés, et aucun type de moulinet ne constitue un frein à la bonne pratique de la pêche en nymphe au toc. Voici un léger survol pour les plus hésitants :

  • Les moulinets à tambour tournant de type Ritma ont leurs adeptes. Ils présentent le grand intérêt d’être bon marché, légers, et de fonctionner grâce à une mécanique simple qui évite les problèmes. En fonction des modèles, le frein peut s’avérer un peu limité pour protéger les bas de lignes fins sur les beaux poissons. C’est la dextérité du pêcheur qui doit prendre le relais.
  • Les moulinets à talon sont de moins en moins utilisés. Ils présentent plusieurs inconvénients majeurs, dans le sens où pour la plupart des modèles l’installation nécessite de modifier la canne et de percer la poignée pour le passage de la gâchette. Il faut en outre veiller au bon état de l’élastique intérieur, sous peine de casse en cours de pêche qui signe la fin de la sortie. Ils sont également limitants en distance de pêche. Ces moulinets ont eu leur heure de gloire, en particulier dans les Pyrénées, mais sont aujourd’hui largement détrônés par les moulinets semi-automatiques, qui présentent les mêmes avantages sans les contraintes associées.
  • Les moulinets semi-automatiques, de type Vivarelli, tiennent le haut du tableau d’un point de vue fonctionnel pour la pêche des cours d’eau petits et moyens. Le Vivarelli lui même est extrêmement fiable (l’un de ceux que j’utilise a près de 20 ans) et offre l’avantage, grâce à sa gâchette qui tombe sous la main qui tient la canne, de gérer la longueur de sa bannière pendant l’acte de pêche sans lâcher le nylon de l’autre main.  Pendant longtemps, leur adoption a été freinée chez les pêcheurs au toc par l’absence de manivelle. C’est désormais résolu, puisqu’ont fleuri sur le marché de nouvelles bobines, plus ou moins chères et plus ou moins artisanales, qui rendent ce moulinet parfait. Une mention spéciale au kit Peux Revival qui, en plus de proposer une bobine à manivelle parfaitement équilibrée, intègre un système de frein nettement plus fluide et progressif que le frein présent d’origine sur le moulinet. D’autres modèles existent, mais le poids, le diamètre de bobine, la fiabilité et le prix du Vivarelli en font un moulinet indétrôné à ce jour dans la famille des semi-autos.
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vivarelli nymphe au toc
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  • Enfin, les moulinets à tambour fixe, de plus en plus utilisés en moyennes et grandes rivières, offrent une plus grande liberté. Ils permettent de libérer le fil pour lancer, et donc d’être plus efficace lorsque les dérives sont éloignées et/ou profondes. Ce sont également ceux qui disposent, y compris dans les gammes moyennes, des freins les plus performants. Parmi la multitude de modèles proposés, il faut cibler les moulinets à frein avant dont le diamètre extérieur de la bobine est au moins égal à 4.5 centimètres, pour minimiser la mémoire du nylon enroulé, éviter les vrillages intempestifs, et faciliter le déroulement lors des lancers. Dans l’idéal, pour équilibrer correctement une canne anglaise légère, son poids doit être compris entre 160 et 200 grammes.
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pêche nymphe toc
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pêche nymphe au toc
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Le corps de ligne

Pêche en dérive aux appâts ou avec des nymphes, les contraintes sont les mêmes. Le nylon qui constitue le corps de ligne est un élément clé dans l’acte de pêche. Il ne peut pas être négligé. Ses qualités peuvent se mettre au service du pêcheur, tout comme ses défauts peuvent rendre l’ensemble de la chaîne inopérante. Il doit être fluo, mat, et teinté dans la masse pour offrir une visibilité optimale. C’est lui, par son comportement et ses micro anomalies de trajectoire ou de tension, qui fournit en temps réel les informations sur la partie immergée de la ligne. Ces informations sont nécessaires, autant pour pêcher juste que pour détecter les touches. Il peut être uni ou bicolore. Quoi qu’il en soit, il doit être vu, et il peut être nécessaire de tester plusieurs couleurs pour trouver celle qui convient le mieux au pêcheur. Du côté des propriétés mécaniques, il doit être extrêmement souple et sans mémoire. Plus qu’un argument marketing, c’est une vraie nécessité pour obtenir une bonne glisse, éviter les perruques, et pour que sa longévité soit satisfaisante. Enfin, une bonne élasticité est nécessaire, afin de venir en soutient de la canne dans la protection du bas de ligne lors des combats.

Côté diamètre, le 14/100 est un excellent passe partout. Le 12/100 doit être réservé aux pêches fines d’étiage, et le 16/100 aux pêches un peu plus fortes, en début de saison par exemple. Au-delà de ce diamètre, la qualité des dérives est fortement impactée, et l’utilisation de tels nylons est réservée à des contextes spécifiques.

Dans tous les cas, il est préférable de ne pas faire l’économie de quelques euros, et de se tourner vers des valeurs sûres, conçues spécifiquement pour la pêche en dérive. On peut citer le nylon Color Line de Pezon et Michel, le Delacoste, ou encore le Sempé, qui sont tous les trois de bonnes références, avec chacun ses petits points forts et faibles, mais qui sont tout à fait satisfaisants dans l’ensemble.

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pêche nymphe toc
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Les bas de ligne, nylon ou fluorocarbone ?

Sujet délicat que celui du bas de ligne. En réalité, plus que de bons monofilaments (nylon ou fluoro) pour les bas de ligne, il existe avant tout de bons couples fil/nœuds. Il est flagrant que certaines références, très solides avec un nœud A, présentent une résistance à la rupture dérisoire avec un nœud B. La première chose à faire est donc, une fois le monofilament choisi, d’effectuer des tests. Tous les nœuds sont concernés : celui du raccord au corps de ligne ou à l’émerillon, celui de potence si nécessaire, ainsi que le nœud terminal pour l’attache des nymphes. Les bons couples ne se trouvent pas forcément du premier coup, mais une fois établis, ils permettent de pêcher en confiance et, si besoin, de réduire les diamètres pour augmenter les qualités de présentation. Un peu de temps à perdre… pour gagner des touches et des poissons ensuite.

Pour ce qui concerne le choix à faire entre nylon et fluorocarbone, il n’en existe pas vraiment de meilleur, chacun possédant ses qualités propres. En matière de pêche aux appâts, l’avantage va nettement aux nylons pour leur souplesse qui entrave au minimum le côté vivant de l’esche, mais les nymphes casquées présentent une densité autrement plus élevée, que la relative raideur d’un fluorocarbone fin ne suffit pas vraiment à brider. La différence se fait donc en priorité sur d’autres qualités mécaniques. Un fluorocarbone est plus dense et coule plus rapidement. Il permettra donc d’immerger les nymphes plus vite, là où un nylon descendra plus lentement mais offrira des qualités d’élasticité plus grandes qui permettent de protéger les montages pendant les combats.

Je fais volontairement l’impasse sur la supposée invisibilité du fluorocarbone dans l’eau, qui semble plus relever de l’argument commercial faussement scientifique que d’un réel atout pour le pêcheur, et sur les différences de résistances aux nœuds entre les deux familles qui, si elles existent réellement, sont grandement compensées par la recherche des couples fil/nœuds les plus adaptés. Le nylon est théoriquement plus résistant grâce à son élasticité, mais le fluorocarbone s’écrase moins lors des contraintes fortes. La réalité des rapports de résistances entre l’un et l’autre est donc plutôt difficile à établir de manière fiable.

Côté diamètres, il est communément admis que le bas de ligne doit rester de l’ordre de 2 à 3/100 inférieur au corps de ligne, pour conserver une solidité plus grande côté nylon fluo, tout en évitant de créer une cassure trop importante entre les deux éléments.

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En résumé, comme pour toutes les pêches fines et techniques, l’adoption d’un matériel parfaitement adapté d’un bout à l’autre de la chaîne permet de s’affranchir d’un grand nombre de problèmes, de se concentrer sur l’acte de pêche lui-même, et de pratiquer en toute décontraction de manière efficace. S’intéresser à tous les éléments de la chaîne, et plus spécifiquement à ceux qui sont propres à la pêche en nymphe pour les pêcheurs aux appâts déjà aguerris, est une nécessité pour se donner les moyens de progresser toujours un peu plus. La marge est sans limite, et c’est ce qui constitue en grande partie l’intérêt immense de ces pêches de la truite en dérive naturelle.

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Matthieu

 

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LE MATÉRIEL

Le matériel (canne et moulinet)

La construction de la ligne

L'ACTION DE PÊCHE

La tenue de canne

La nymphe au toc en début de saison

A propos de l'auteur

Actuellement guide de pêche sur le territoire audois et ariégeois après un exil de son Gers natal, Matthieu est un pêcheur de truites avant tout.
Après avoir fait…