Si le Verdon est devenu une rivière mythique pour ses grosses truites lacustres des gorges à l’aval du lac de Castillon, c’est le haut de la vallée, au-dessus de tous les aménagements hydroélectriques, qui fait l'objet de cet article. Ce secteur mêle cadre dépaysant et truites autochtones méditerranéennes, fruit de la gestion patrimoniale de l'AAPPMA locale. En plus, la pêche y est ouverte jusqu'au premier week-end d'octobre !
SITUATION CLIMATO-GÉOGRAPHIQUE
Située au nord du parc régional du Verdon, cette vallée bénéficie d’une influence climatique méditerranéenne. Les cours d’eau possèdent un régime pluvio-nival, et présentent des amplitudes de débits marquées, avec une période de fonte printanière plus ou moins longue, suivie d’un étiage souvent sévère et d'un réchauffement de l'eau parfois important, notamment ces dernières années.
La vallée du Verdon possède de nombreuses similitudes avec celle voisine de l’Ubaye (située à 30 km de là, de l’autre côté du col d’Allos), notamment au niveau de la configuration : toutes deux présentent une rivière principale prenant ses sources vers 2500m, et finissant leurs courses dans un lac de barrage vers 1000m d’altitude (le lac de Castillon dans le cas du Verdon), un réseau d’affluents bien peuplés en truite, ainsi qu’une poignée de lacs d'altitude près des sommets. Cette diversité permet ainsi de varier les plaisirs et de combler tous types de pratiquants.
La vallée du Haut-Verdon située en versant sud, est toutefois plus précoce que celle de l'Ubaye. Les débits moyens des cours d'eau y sont également un peu plus faibles et les orages de fin d'été sont souvent nécessaires à la bonne qualité de la pêche en fin de saison.
Le Verdon
De la Source à Allos
En amont d’Allos, Le Verdon présente un profil resserré assez pentu. Large d’environ 5 mètres, il autorise la pratique de toutes les techniques. En présence d’eaux fortes, les turbulences sont importantes et les coups restreins, les techniques capables de pêcher creux et précis s’en sortent le mieux (toc et nymphe au fil en particuliers). Les secteurs les plus propices se situent entre la station de ski la Foux d’Allos et le village d'Allos. Cette section située à une altitude excédant 1400m est assez encaissée et reste relativement froide. Elle permet de trouver des secteurs à l’ombre, propices durant les chaudes journées d’été. Les étiages sont parfois marqués passé le mois de juillet et il faudra alors rechercher les portions les mieux pourvues en blocs pour conserver de bonnes chances de réussite.
D’Allos à Colmars
En aval d’Allos, le calibre de la rivière augmente, suite à l’apport d'eau de quelques affluents dont le Chadoulin et le Bouchier. L’amont immédiat de Colmars est un secteur très intéressant, car il concentre une large variété de faciès. Le Verdon présente à ce niveau un profil type de rivière moyenne caillouteuse (la largeur atteint une dizaine de mètres par endroit), avec toutes les options techniques et tactiques que cela sous entend. Les accès ne sont pas très fréquents, on peut citer le pont de Chaumie, ainsi que le pont de la D908 qui coupe le Verdon dans Colmars même.
En aval de Colmars
L’influence méditerranéenne se fait vraiment ressentir au niveau de la configuration, comme en attestent les grandes étendues de cailloux en présence du lit mineur, notamment au niveau de Beauvezer. Il arrive que les caches manquent un peu à certains endroits. La section la plus attrayante se situe entre Thorame Gare et Thorame Haute. Attention, la rivière est souvent encaissée et les accès assez peu nombreux. La configuration se résume à une alternance de grands plats et de brèves ruptures de pente caillouteuses. Dans les portions assagies, le courant principal flirte souvent avec des parois de roche dont la base est creusée, offrant aux plus gros individus de beaux abris. C'est à cet endroit que les gros spécimens du Haut-Verdon sont capturés tous les ans ! Mais ne vous méprenez pas, le biotope reste relativement pauvre et la taille moyenne des truites se situe autour de la taille légale de capture qui est de 23 cm. Par contre, le nombre et la qualité des poissons sont bien là !
A noter que plusieurs parcours no-kill (toutes techniques et hameçon sans ardillon) sont présents sur le Verdon :
- Parcours Thorame Haute Gare Longueur : 1200 m / limite aval : viaduc du chemin de fer / limite amont : pont du tunnel de la Colle Saint Michel.
- Parcours de Colmars-les-Alpes Longueur : 950 m / limite aval : pont de la Buissière / limite amont pont Saint Roch (D 908)
- Parcours d’Allos Longueur : 900 m / limite aval : confluence avec le Chadoulin / limite amont : confluence avec le Bouchier
- Parcours de la Foux d’Allos Longueur : 850 m / limite aval : cascade sortie de la Foux d’Allos / limite amont : passage souterrain de la Foux d’Allos
Des affluents de qualité
Pour les adeptes de rivières plus petites, la vallée recèle un réseau d’affluents qui possèdent tous la particularité d’être relativement difficiles d’accès. Si cela nécessite de fouiner un peu pour se rendre au bord de l’eau, on peut surtout y voir un gage de tranquillité et la possibilité d’évoluer en paix dans un cadre sauvage des plus plaisant. A visiter en priorité :
Le Chadoulin
Premier affluent conséquent sur le cours du Verdon, le Chadoulin le rejoint au niveau d’Allos. Son cours peut être segmenté en trois parties, sensiblement équivalentes en matière de population salmonicole :
- La partie aval, à la sortie d’Allos, où l’on accède par le GR 56B qui longe la rivière à ce niveau : le débit est parfois important dans cette partie basse et le substrat donne une teinte légèrement grisée à l’eau.
- Une partie intermédiaire accessible par la D 226, au niveau de la Fontaine de Valpane avec de nombreux blocs rocheux,
- A son extrême amont, après le terminus de la route qui constitue le départ de la randonnée vers le lac d'Allos, un no-kill a été instauré (sur le ruisseau de la Serpentine exactement). Comme son nom l’évoque, il coule paisiblement dans les près à 2125m d’altitude, au grès de nombreux méandres et se pêche très bien à la mouche sèche.
La Lance
La Lance est un affluent qui se jette dans le Verdon rive gauche, au niveau de Colmars. Les accès ne sont pas évidents, et il est déconseillé de s’aventurer sur la piste vers le Pont de la Serre sans véhicule adapté. La partie aval reste abordable et un joli parcours s’offre à vous en débutant à la sortie de la ville de Colmars puis en remontant la rivière vers la Cascade de la Lance, havre de fraîcheur très apprécié des touristes en été. Si toutes les techniques sont praticables, la mouche sèche façon eaux rapides y est bien agréable lorsque les truites sont dehors en milieu de journée.
La Chasse
Véritable perle de la vallée, la Chasse est la rivière favorite des locaux. Vous en avez déjà entendu parler dans ces colonnes, avec le récit du combat mené par les acteurs de la vallée contre un projet de micro-centrale il y a quelques années (voir l'article ici). Rivière sauvage et intimiste, elle renferme une population de truites méditerranéennes splendides. Par eaux maigres, veillez à miniaturiser votre offre pour les séduire. Cette remarque est d’ailleurs valable pour les autres parcours de la vallée en fin de saison : dans ces eaux basses ayant tendances à chauffer un peu (surtout ces dernières années où le phénomène tend à s'intensifier) il faudra souvent miniaturiser les esches pour continuer à prendre des truites au toc en journée. Ceci explique peut être les excellents résultats obtenus par les petites nymphes casquées dans ces eaux.
Pour les plus curieux, n’hésitez pas, à fouler aussi les berges du Bouchier, du Clignon ou encore de l’Issole !
... et le fameux lac d’Allos !
Si le haut de la vallée possède quelques lacs de montagne, ils sont pour la majorité en réserve de pêche (réglementation du Parc National du Mercantour). Seul le lac d’Allos est autorisé à la pêche. Ce plan d’eau, avec ses 54 ha, est le plus grand lac naturel d’altitude d’Europe et attire de nombreux pratiquants dès l’ouverture au mois de juin. Depuis plusieurs années, son peuplement piscicole repose sur la reproduction naturelle uniquement, le parc national du Mercantour s'étant montré hostile aux héliportages d’alevins. Vous y trouverez truites farios (quelques tributaires assurent le recrutement) et des ombles chevaliers. Grace aux effets conjuguée d’une exposition favorable, d’une altitude moyenne (2225m) et d’un climat plutôt chaud et sec, le biotope est relativement riche et le grossissement des truites important ; les poissons de plus de 50 cm ne sont pas rares en début de saison ! Attention, dans les Alpes du Haute Provence, le vairon mort ou vif est interdit ; il pourra être remplacé par des poissons nageurs coulant, qui permettent de pêcher creux et de couvrir pas mal de terrain.
Bonne pêche dans le Haut-Verdon !
Liens utiles
La FDAAPPMA 04 : http://www.peche04.fr/
Le page de l'AAPPMA : http://www.peche04.fr/760-aappma-la-truite-du-haut-verdon.htm
La page facebook de l'AAPPMA : https://www.facebook.com/Verdonpeche