Rencontre avec Scott McPherson, guide de pêche australien

Scott McPherson

Tout au long de mon périple en Australie, j'ai pu rencontrer de nombreux pêcheurs locaux. Echanger avec eux m'a permis de créer des liens d'amitié mais aussi de mieux connaître le territoire qui s'offrait à moi. Les réseaux sociaux, et particulièrement les groupes Facebook, ont été d'une grande aide. Je me souviens d'un article sur « la pêche à la mouche en Australie et en Nouvelle-Zélande» qui m'avait offert tant de perspectives d'exploration. Je peux dire que cela a complètement changé mon voyage. L'année dernière, en novembre, alors que j'explorais le Victoria, Scott McPherson a été l'une de ces rencontres. Il m'a ouvert la porte de sa maison, m'a amené à la pêche et a accepté de répondre à quelques questions pour Truites & Cie. Simon tient absolument à publier des interviews de pêcheurs de truite du monde entier. Permettez-moi de vous présenter Scott :

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Ben Kerthe pour T & Cie: Bonjour Scott, pourriez-vous vous présenter brièvement aux lecteurs de Truites & Cie?

Scott McPherson : Bonjour à tous, je suis cuisinier de métier, un pêcheur à la mouche par passion. Je suis devenu guide de pêche il y a 18 ans de cela et j'ai créé mon entreprise Indulgence Fly Fishing l'année suivante. Il ne s’agit pas que de pêche, mais plus généralement de passer du bon temps avec mes clients, le long des rivières ou à table. Je leur prépare un bon casse-croûte, leur offre une bouteille de vin, (ou plusieurs...), les gens prennent du bon temps ici. Il y a 20 ans, je pêchais avec un petit groupe d'amis et j'étais déjà en charge de la nourriture !

J'habite à Eskdale depuis 5 ans. Ma femme a trouvé cet endroit pendant que je travaillais à Broome. Nous avons tous deux beaucoup travaillé durant notre jeunesse, et c'est aujourd'hui très agréable de bénéficier d'un lieu relaxant et proche des rivières ! Vous pouvez entendre le chant de nombreuses espèces d'oiseaux différentes depuis notre terrasse, et surtout aucun bruit de circulation...

B: La pêche à la mouche est-elle populaire en Australie? Avant de venir ici, j'avais entendu parler de la Tasmanie, et j’ai découvert la possibilité d’attraper des truites sur le continent australien une fois sur place seulement.

S MP : Oui, la pêche à la truite a toujours été populaire, mais ces 10 à 15 dernières années, cet engouement a explosé avec le tourisme de masse, les émissions télé et, surtout, ce loisir est devenu abordable. Ainsi, les enfants ont tendance à s'équiper dès le plus jeune âge. Partir pêcher est une très bonne alternative aux jeux vidéos. Internet et les réseaux sociaux aident en fournissant beaucoup d'informations, les vidéos YouTube enseignent tout ce que vous voulez savoir. Si vous avez une question, posez la simplement sur un groupe facebook ! Le tourisme pêche australien a définitivement décollé mais la pêche est toujours accessible, je veux dire en termes de coût, au niveau des accès aux rivières par exemple... nous n'avons pas encore de zones privées nécessitant une licence journalière par exemple.

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B: Comment se passe la pêche à la truite en Australie? Y a-t-il beaucoup d'activités touristiques autour de cela ?

S MP : Pas autant qu'en Nouvelle-Zélande, mais le Victoria et la Tasmanie y travaillent ; la Nouvelle-Galles du sud également, ce sont les meilleurs endroits pour la pêche à la truite en Australie. On y trouve de bons hébergements près des rivières, de jolis villages, à quelques minutes en voiture des grandes villes. La plupart des guides organisent l'hébergement et viendraient presque vous chercher à l'aéroport ! Les pays étrangers s'intéressent à la pêche en Australie. Par exemple, un de mes amis de Singapour a voulu initier son fils à la pêche à la mouche. Je lui ai montré son premier ornithorynque il y a quelque temps et nous sommes restés en contact depuis. J'ai eu beaucoup de clients du Japon, du Royaume-Uni, d'Amérique ... et récemment un jeune français fou ! Je me souviens d'un Japonais qui m'a trouvé sur internet alors qu'il était à Melbourne, il a pris le train, puis est resté 2 jours ici. Malgré un anglais très basique, la langue des signes a facilité la communication. Je me souviens de lui debout entre 2 serpents noirs, pêchant une truite gobeuse ! « Je les surveille ! vous, attrapez la truite !», dis-je. Il l'a fait.

BK: Vous pouvez pêcher 9 mois par an. Cela vous permet-il de vivre grâce à votre passion? 

S MP: Certaines années sont plus remplies que d’autres. Je peux toujours faire mieux mais je garde du temps pour pêcher en loisir. C'est important pour continuer à progresser. Je vais souvent à Broome l'hiver pour y guider. Les lacs sont ouverts toute l'année ici, y compris l'hiver, et certaines personnes réservent des journées de guidage pendant cette période. Dans le même temps, je monte des mouches pour mes propres boîtes et les clients aussi qui les apprécient souvent... et veulent m'en acheter. J'ai posté des mouches partout dans le monde ! Cela me fait un complément de revenu. Mon père était ouvrier forestier et fabriquait mes établis de montage. Je confectionne aussi mes bas de ligne, car en Australie, on ne peut pas acheter de bas de ligne spécial nymphe tout prêts, par exemple. La plupart de mes mouches sont mes propres versions d'insectes aperçus sur l'eau, cette démarche fonctionne bien. Tout cela me tient occupé toute l'année. Un homme qui s'ennuie est un homme dangereux.

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BK: Que diriez-vous aux gens du monde entier qui décident de venir pêcher à la mouche en Australie?

S MP: Nous avons tellement de possibilités de pêche ici, la campagne et les cours d'eau sont renversants. La diversité de la faune est incroyable, mais fragile et en danger: ornithorynque, kangourous, wallabies, koalas, de nombreuses espèces d'oiseaux... Nous avons aussi beaucoup de serpents, mais nous ne sommes pas leur proie de prédilection ! Tant que vous ne les dérangez pas, ils ne sont pas ennuyeux. Vous pouvez vous asseoir sur la berge et regarder des ornithorynques pendant des lustres, ce sont des animaux fantastiques. Vous trouverez également des établissements vinicoles et de bons restaurants dans tout le pays.  « Cette sérénité, vous allez l'adorer ».

BK: Un peu d'écologie maintenant, pensez-vous que les cours d'eau sont en danger dans le pays?

S MP: Dans une moindre mesure, oui. Les grandes entreprises veulent gagner toujours plus d'argent et ne se soucient pas vraiment de ce qu'elles font pour y parvenir. Les rivières sont malheureusement régies par de grands barrages, même si certaines en ont besoin pour survivre. Les constructions se sont développées le long des rivières grâce à des ponts toujours plus nombreux. La salinité croissante est un autre problème, avec les métaux lourds. L'eau est salée à cause des produits chimiques agricoles, de la production de papier et des produits du bois Tous ces procédés utilisent du sable salé qui est rejeté dans l'écosystème. Mère Nature fait au mieux pour s'en sortir, mais elle ne peut pas tout encaisser.

BK: Le gouvernement a-t-il beaucoup de projets pour protéger ces milieux naturels incroyables?

S MP: Il y en a, espérons-le. Les écosystèmes et les poissons ne sont pas assez importants, alors les gens paient et s'octroient le droit de polluer quand même. Poursuivre une personne ou une entreprise nécessite beaucoup de temps et d’argent. J'imagine que c'est la même chose partout dans le monde. Si les gens se rendaient compte de l'impact à plus grande échelle, il serait plus facile de changer les choses. Je me souviens avoir eu un client fumeur qui portait une boîte de conserve pour ses mégots. Depuis cette découverte, j’ai toujours en ma possession une petite boîte lors de mes guidages. Les petites choses produisent de grandes différences. Les gens ont juste besoin d’être éduqués et quand vous passez du temps dans la brousse, vous appréciez de trouver votre camp propre. Beaucoup de gens jettent leurs ordures alors qu'il est si facile de les ramener à la maison...

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BK : Comment voyez-vous la pêche à la mouche en Australie dans 20 ans?

S MP: C'est une question difficile ! Je vais plutôt te dire comment j'aimerais la voir. De plus en plus de gens quittent la ville et laissent leur vie stressante pour s'installer dans la nature. Dans l'eau, vous êtes concentré sur le courant, les poissons, le monde pourrait disparaître que vous ne vous en apercevriez pas. Vous respirez, dans l'eau. De plus en plus de gens apprécient la beauté de la nature et comprennent la nécessité de prendre soin de leur environnement. Il ne s’agit pas que de pêche, c’est un bon moyen de les éduquer en ce sens. Espérons que cela sensibilisera davantage de gens à la pollution, aux pratiques agricoles, et plus généralement,que cela véhiculera des valeurs de responsabilisation et de respect mutuel. Laissez les gens tranquilles si vous souhaitez l'être vous aussi.

Le nombre de licences augmente et le no-kill devient de plus en plus populaire. Comme je le dis au poisson, ne vous inquiétez pas, je vous reprendrai bientôt en prenant juste une photo afin de vous rendre célèbre. Attraper la même truite plusieurs fois et la regarder grandir est fabuleux. Je crois vraiment dans le catch & release. Tant que le gouvernement maintiendra les limites de prélèvement, il sera possible de pêcher pour nos enfants et petits enfants. La pêche est une école de la vie et un bon moyen d’apprendre. Physiquement, émotionnellement et mentalement lessivé après une journée de pêche, vous vous détendez, prenez une bière bien fraîche ou un verre de vin et dormez paisiblement...  

BK: Merci beaucoup pour vos réponses, mais aussi pour la leçon de vie épicurienne, qui est, à mon avis, la chose la plus importante de la vie. Ces jours à vos côtés ont été vraiment délicieux et cette très belle truite fario prise à vue à vos côtés restera un souvenir magique pendant un moment.

Pour tous ceux qui souhaitent découvrir les Alpes australiennes, je ne peux que vous encourager à entrer en contact avec Scott, il connaît très bien sa région et sera très heureux de vous recevoir. N'hésitez pas à visiter le site Web / la page Facebook d'Indulgence Fly Fishing !

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Scott McPherson
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Liens utiles :

Le site web de Scott Mcpherson's : ici

Sa page facebook : ici

A propos de l'auteur

Voyageur dans l’âme, Benjamin a sillonné l’Australie et la Nouvelle-Zélande pendant trois ans à la recherche des truites géantes et surtout d’endroits sauvages peu…