La gamme Performer est la dernière née de l'enseigne JMC et remplace la série Compétition au catalogue 2020. Fruit d'une collaboration étroite avec le monde de la compétition mouche, elle se décline en plusieurs modèles possédant chacun une utilisation spécifique. Nous avons testé les 3 références les plus longues en puissance #2/3, destinées aux techniques modernes en nymphe :
Test statique
La série Performer rompt avec la couleur verte des Compétition pour un revêtement brun mat. Le blank comporte un anneau de départ micro-fuji suivi de 13 monopattes chrome. Les emmanchements sont inversés et des points facilitent l'alignement des brins. Le premier présente une graduation de mesure des truites entre 20 et 40 cm. La poignée liège pleine fleur possède un talon de combat démontable. Un kit de 3 masselottes de 10 grammes chacune permet d'équilibrer parfaitement la canne quel que soit le moulinet choisi. Ces cannes 4 brins sont livrées dans un tube compartimenté orange.
Mesures
Le protocole Common Cents System a permis de caractériser l'action, la puissance et la réactivité de ces trois cannes :
En ce qui concerne la puissance, 23 cents ont été nécessaires pour plier la 10' sur un tiers de sa longueur, ce qui donne après conversion un ERN à 2.36. Il classe donc la puissance comme une #2, légèrement moins que celle annoncée par le fabricant. Pour les autres longueurs, les puissances réelles sont parfaitement conformes à celle annoncée, ce sont des vraies #2/3 (ERN à 3.12 et 2.82 respectivement).
En terme d'action, les AA sont compris entre 67 et 73, ces cannes sont donc fast (AA supérieurs à 66°). La 10' avec son AA à 67° étant toutefois proche de la catégorie moderate fast, alors que la 10'6 peut être qualifiée d'ultra-rapide (AA à 72°).
Les fréquences sont assez standard, respectivement à 74, 71 et 73 cpm. Les observateurs les plus aguerris s'étonneront de constater que la réactivité de la 10'6 semble inférieure à celle de la 11' (alors que la réactivité est inversement proportionnelle à la longueur). Ceci s'explique par le fait que la masse fixée au scion de la 10'6 pour le calcul (masse correspondant à une ERN de 3 puisque son ERN est de 3.12) a été supérieure à celle de la 11' (masse correspondant à une ERN de 2), et ce malgré le fait que les puissances réelles soient très proches...ceci a donc "pénalisé" la 10'6 au niveau de l'évaluation du recovery. Pour une mesure optimale, il aurait fallu créer une masse intermédiaire correspondant à la puissance #2/3, qui n'existe pas dans le protocole américain CCS original (les puissances intermédiaires comportant 2 numéros de soie n'étant pas utilisées outre atlantique).
L'équilibre de ces différents modèles est très bon compte tenu de leurs longueurs/puissances : la 10' s'équilibre parfaitement avec un moulinet d'environ 138 gr une fois rempli (162 gr pour la 10'6 et 186 pour la 11').
NB : ces poids de moulinet à l'équilibre ont été mesurés sans masselotte. Pour calculer le poids du moulinet idéal en fonction du nombre de masselotte utilisée, il suffit de soustraire 10 gr au PME mesuré sans masselotte pour chaque masselotte ajoutée. Ex : sans masselotte le PME de la 10' est de 138 gr ; si vous ajoutez une masselotte, il passe à 128 gr mais le poids de la canne augmente de 10 gr. Ainsi le PTE ne change pas quelle que soit la configuration.
La distance du premier anneau à la poignée est idéale pour la pêche en nymphe et il convient de noter que l'épaisseur de cette poignée est relativement faible (22 mm).
JMC Performer 10' #2/3
JMC Performer 10'6 #2/3
JMC Performer 11' #2/3
L'avis de Grégoire Juglaret (Mouches de Charette, membre des Equipes de France de pêche à la mouche depuis 2009, Champion du Monde par équipe et vice Champion du Monde individuel 2017) sur la gamme Performer :
" La gamme Compétition laisse place à la gamme Performer. Il y a presque 10 ans, suite au rachat de la société par Andrew Ayer, JMC créa la gamme Compétition. Jusque là les attentes des compétiteurs n’étaient pas écoutées, mais Andrew et Manu Vialle ont bien senti que la pêche à la mouche prenait un virage généré par de nouvelles techniques issues de la compétition.
En s’entourant de compétiteurs novateurs, entre autres Julien Daguillanes et Sébastien Delcor, la gamme Compétition s’est construite sur un nouvel axe de développement. Alors qu'auparavant les fabricants construisaient un cahier des charges pour un seul modèle, généralement une 9’ #4/5, puis le déclinaient dans toutes les longueurs et puissances, JMC a été, à ma connaissance, la première compagnie à définir un cahier des charges pour chaque canne, en ne déclinant pas une action de base, mais en répondant aux nécessités de chaque technique de pêche. C’est comme ça que sont nées les mythiques Compétition. Puis les techniques ayant fortement évolué ces dernières années, il a été décidé il y a deux ans de travailler sur leurs remplaçantes, mais en appliquant toujours le même principe : chaque canne répond à un besoin spécifique et possède un cahier des charges indépendant. C’est comme ça qu'à la fin de la saison dernière, nous avons validé les derniers prototypes de la gamme Performer :
- une 9’4 #3/4 pour la pêche en sèche.
- une 9’9 #3/4 pour la pêche tandem sèche/nymphe.
- une 10’ #2/3 pour les pêches fines et légères (à partir de 2 nymphes de 2mm tungstène), à courte distance.
- une 10’6 #2/3 pour les pêches fines en nymphes légères (à partir de 2 nymphes, une de 2mm et une de 2.3 tungstène), mais polyvalente au niveau du type de rivière (coup de cœur de Julien Lorquet pour les pêches des ombres à l’étiage, dont il est spécialiste !).
- une 11’ #2/3 pour les pêches fines en nymphes légères (à partir de 2 nymphes en 2.3 mm tungstène), dans des rivières nécessitant de longues dérives.
- une 11’ #3/4 pour les pêches un peu plus lourdes (à partir de 2 nymphes en 2.5mm tungstène), dans des rivières nécessitant de longues dérives.
Une chose hyper importante dans la pêche au fil, spécialement en employant des nymphes très légères : obtenir un équilibre parfait du combo canne/moulinet pour contrôler parfaitement les dérives. La nécessité (qui n’est plus à prouver) d’employer un moulinet semi-automatique dans ces techniques, impose un positionnement haut du moulinet. Afin d’avoir l’équilibre (généralement obtenu par un porte moulinet à vissage vers le bas) au niveau de l’index, tout en employant un semi-automatique très léger, 3 masselottes d’équilibrage sont fixées sur le butt et l'ajout est modulable selon le souhait du propriétaire, en fonction du poids du moulinet utilisé.
Personnellement, j’ai beaucoup pêché avec la 9’4, la 9’9 et la 11’#3/4 et Julien Lorquet s’est concentré sur les 10’, 10’6 et 11' #2/3. Lors des derniers championnats du monde, j’avais emmené avec moi les 9’9 et 10’6, qui correspondaient parfaitement aux pêches à pratiquer sur les parcours lents, complétées par la Pure 10’6 #3 pour les secteurs plus puissants.
Le choix de positionner une série si large dans une gamme de prix intermédiaire lui permet de rester abordable (et ce, malgré le temps passé sur son développement). Aujourd’hui, un pêcheur qui recherche une canne spécifique sans pour autant aller chercher dans les cannes très chères, pourra trouver ce qu’il recherche précisément dans la gamme Performer."
L'avis de la rédaction
A un peu plus de 400 euros, ces Performer misent résolument sur le rapport qualité/prix. Pour nous, le pari est réussi : les produits sont légers, bien équilibrés, bien finis et les chiffres sont en parfaite corrélation avec les différentes utilisations prévues dans le cahier des charges. Les puissances réelles #2 et #2/3 autorisent une pêche en nymphe légère et même ultra-légère (se référer aux tailles de nymphes annoncées par Grégoire dans son commentaire technique). Il sera possible de pêcher fin, voire très fin (moins de 10/100) avec ces cannes. Le montage est cohérent, notamment au niveau de la distance du premier anneau, idéale pour empêcher la formation du ventre dans la soie lorsqu'on pêche en nymphe canne haute. Le porte-moulinet up-locking fait que l'on peut garder en permanence un doigt sur la gâchette du moulinet semi-auto, quelle que soit la référence utilisée (ce qui n'est pas toujours le cas lorsqu'on utilise un down-locking).
Ces cannes sont assez originales dans l'offre actuelle et n'ont finalement pas beaucoup de concurrence : pour citer quelques références proches (au niveau des longueurs/puissances/actions) à titre de comparaison, la Performer 10' #2/3 se rapproche de la Thomas & Thomas Contact 10'2 #2, une canne très typée ultra-light nymphing et pêches d'étiage (peu puissante et très progressive). Notre banque de données a mis en relation les Maxia SX4 10'5 #2 et Soldarini Tournament 10'6 #2/3 avec la Performer 10'6 #2/3 au niveau de la longueur et de la puissance. Par contre, l'action de la JMC est bien plus rapide que celle de ses deux concurrentes. Enfin, à notre connaissance, la Performer 11' #2/3 est assez inédite sur le marché actuel, la majorité des autres références étant plus puissantes. Mention spéciale à la très bonne réactivité de ce modèle compte tenu de sa longueur. D'un confort comparable à celui de la Vision Nymphmaniac 11' #3, elle est un peu moins puissante et un peu moins rapide.