Lorsque l’on a pris son premier saumon et qui plus est à la mouche, il est courant de dire que l’on a attrapé la « saumonite aiguë» ou la « salmon fever » ! Cette maladie incurable que l’on contracte lorsque l’on a gouté à la pêche de ce formidable migrateur, vous oblige à retourner sur l’eau sans cesse dans l’attente de cette tirée tant convoitée.
Lionel, Pierre et d’autres potes en sont victimes et chacun d’entre nous traque ce poisson dès que les conditions peuvent être favorables. Parfois nous organisons une sortie ou quelques heures afin de partager cette passion commune...
Ce migrateur très recherché que l’on appelle aussi le « poisson roi » se mérite. Il demande des heures de prospection, de concentration, d’effort et beaucoup d’abnégation, voire un zest de folie car il faut se l’avouer en France, il est impératif d’avoir un mental d’acier et savoir encaisser les bredouilles très nombreuses. Cependant une fois ce poisson au bout de notre ligne, on repart à zero. Notre motivation est reboostée à 200% et les nombreuses sorties sans capture et moments de doute disparaissent comme par magie. Nous pouvons ainsi à nouveau repartir en quête d’un autre saumon et espérer une touche à chaque lancer ! Au saumon, il faut y croire, passer du temps au bord de l’eau et s’adapter à toutes les situations. Rapidement analyser nos meilleures chances et trouver les mouches, animations et tenues du jour.
Le saumon est un poisson au cycle bien particulier. Après une phase marine de 1 à 2 ans voire plus (3 ans parfois mais très rare en France) pendant lequel le saumon se nourrit abondamment et s’engraisse avant sa migration retour ou « homing », il remonte en rivière pour s’y reproduire. Il cesse alors complètement de s’alimenter, ce qui le rend difficile à capturer. Ne se nourrissant plus, il faut jouer sur son agressivité et son instinct de prédateur pour tenter de déclencher la touche.
En Bretagne nous avons la chance de bénéficier d’un large choix de rivières où remonte notre salmo salar. Nos cours d’eau aux pentes douces sont ce que l’on appelle des « spate river » ou rivière à crue. C’est-à-dire des rivières qui sont « pêchantes » principalement sur coup d’eau lorsque celles-ci se teintent et montent. Les saumons dans ce cas continuent leur migration vers l’amont, colonisent de nouveaux pools ou « trous » en Bretagne et deviennent mordeurs momentanément surtout en début de décrue. Une fois le niveau d’eau redescendu et les eaux redevenues claires, les saumons sont de moins en moins agressifs et donc plus difficiles à prendre. Depuis que j’habite en Bretagne (20 ans), le climat a complètement changé, et les précipitations notamment estivales sont devenues quasi inexistantes, ce qui est peu propice à la capture d’un saumon d’été, qui entament leur remontée pourtant dès la mi-juin. Les poissons frais sont mordeurs en tout début d’été puis deviennent craintifs et méfiants et restent sur le bas des cours d’eau dans les parties profondes et calmes pour économiser leur énergie.
Depuis à peu près 4 ans, nous ne pouvons plus vraiment pêcher les castillons ou saumons d’été dans de bonnes conditions, du fait de ce manque d’eau et nous attendons chaque année avec impatience un bon coup d’eau favorable à leur remontée et à leur pêche. Les précipitations arrivent de plus en plus tard et cette année il faudra attendre début octobre. Nous étions tous aux aguets pour retourner au bord de nos cours d’eau préférés pour tenter de prendre un joli saumon sauvage made in Bretagne !
Il n’en fallait pas plus pour que Pierre et Lionel m’appellent et que nous organisions un week-end pêche. Nous n’avons pas souvent l’occasion de pêcher ensemble du fait de nos agendas respectifs et de mon activité de guide qui fait que je passe beaucoup de temps sur l’eau mais qui ne me laisse que très peu de sorties pour mon plaisir personnel chaque saison.
Le rendez-vous est pris le samedi 3 octobre. Lionel et Pierre commencent leur partie de pêche au levé du jour sur une magnifique petite rivière du Finistère.
A mon arrivée Lionel est déjà parti travailler après avoir touché plusieurs poissons bien actifs et Pierre en m’attendant aura lui aussi sa chance, mais son poisson après un début de combat acharné lui faussera également compagnie !
Lorsque je rejoins Pierre, l’excitation est à son comble ! Il me raconte leur début de matinée alors que je scrute rapidement l’état de la rivière. Les eaux sont hautes et teintées. Des conditions parfaites pour trouver du poisson en montaison. Nous sommes surexcités. La fièvre nous guette et nous partons ensemble sur un magnifique parcours réservé uniquement à la pêche à la mouche en cette saison et en no-kill. Autant dire, pas grand monde au bord de l’eau. Le top !
Je monte vite fait ma canne, une 9 pieds soie de 6 que j’utilise pour le castillon et l’alose. Je décide de monter un polyleader de type 5 pour pêcher un peu plus creux que d’habitude car les eaux sont très rapides et la rivière peu large. Pierre est en noyée « classique » alors que je monte un de mes tubes préférés pour pêcher vite, couvrir du terrain et tenter de trouver un saumon mordeur. J’adore cette technique, dynamique et souvent efficace dans ces conditions qui déclenche des touches violentes et une sacrée montée d’adrénaline.
Après une dizaine de minutes de pêche, dans un amorti du courant un premier saumon vient prendre brutalement ma mouche en se retournant et créant un flash bien caractéristique. Fish On ! Comme nous avons l’habitude de le faire entre nous, je crie « POISSON » pour indiquer à Pierre que j’en tiens un. Pierre est un sacré pêcheur et un très bon photographe. Une de ces multiples passions. Son appareil à la main, il me rejoint alors que je suis en transe. L’excitation est palpable ! Un saumon procure toujours cette sensation même après en avoir capturé un certain nombre. Le cœur s’emballe et on perd souvent ces moyens. Une sensation très agréable de satisfaction et de soulagement. Du pur bonheur. Enfin un saumon au bout de la ligne après une saison estivale compliquée du fait du manque d’eau récurrent m’empêchant de guider et de pêcher convenablement cette espèce pourtant emblématique de notre belle Bretagne.
Ce magnifique saumon mâle teigneux arbore de superbes couleurs et ne compte pas se rendre facilement. Equipé de ma Redington Crux en soie de 6, je bride le poisson autant que je peux pour le sortir de la veine principale et le ramener aussi vite que possible, afin de le remettre dans son élément dans les meilleures conditions. Le voilà près de la berge où je me trouve, encore quelques coups de tête mais il finit rapidement dans l’épuisette. Yes ! Une merveille ! Je suis en pleine montée d’adrénaline ! La journée commence bien et s’annonce idéale pour faire une belle partie de pêche. La stratégie a fonctionné et ce premier poisson nous permet de valider notre sortie et fait bien plaisir à l’équipe.
Après quelques clichés, il repart dans son élément en pleine forme. Nous pouvons continuer le parcours et prospecter méthodiquement chaque coin qui pourrait tenir un poisson.
Il faut savoir que lorsque l’eau est forte, les poissons peuvent s’arrêter un peu n’importe où et ce n’est pas forcément dans les trous habituels que vous prendrez des poissons. Ils ont tendance à rechercher des postes dégagés, moins courants et moins profonds pour faire une halte pendant leur remontée. Les radiers peuvent tenir des poissons qui s’arrêtent juste quelques instants pour « souffler » avant de rapidement repartir. J’ai donc tendance à pêcher les moindre courants prometteurs et postes de repos « temporaires ». D’ailleurs ce jour-là nous toucherons nos castillons principalement dans des amortis, radiers et quasiment aucun dans les postes où habituellement nous prenons nos poissons.
Nous enchaînons les postes et toujours pas d’autres attaques, touches ou suivis. Je suis étonné mais continue d’y croire. Les poissons montent très vite de la partie aval de la rivière, où ils se « stockent » en période estivale, à l’amont de la partie basse où nous n’avons pas le droit de pêcher en période « castillon ». (cf arrêté migrateur pour plus de détail sur la réglementation saumon)
Pierre sur un nouveau poste fera monter lui aussi un saumon sur son tube, mais pas de touche, juste un gros bouillon ! Grrr.... Un peu plus tard en fin de matinée, alors que Lionel (qui était retourné au travail et attendait le soir pour revenir nous rejoindre) vient aux infos et appelle Pierre, je prospecte un joli radier. Je n’ai jamais pêché ici auparavant car habituellement il y a très peu d’eau, mais aujourd’hui les niveaux sont très hauts et je voyais bien un saumon faire une pause sur ce joli plat courant.
En fin de poste, alors que ma mouche venait à peine de toucher l’eau, un remous énorme se forme à la surface au passage de ma mouche au premier strip ! Wow ! Ce remous m’a donné des frissons ! Je me retourne vers Pierre, et nous nous regardons avec une expression bien connue des personnes atteintes de cette fièvre du saumon. Incroyable. On aurait dit que quelqu’un avait lancer une énorme pierre sur le poste ! Nous informons Lionel toujours au téléphone que je viens de faire monter un très joli poisson. Je relance et prospecte à nouveau le secteur mais plus d’intérêt pour ma mouche. Je dis à Pierre de raccrocher et de monter une noyée car lui aussi était passé au tube n’ayant pas eu de touche. Je m’impatiente et tente un dernier lancer en dérive inerte et alors que ma mouche coule et amorce son « swing », je prends une énorme « cartouche ». Le poisson est au bout et n’est pas content du tout. Pierre raccroche et le saumon remonte à toute vitesse vers nous puis saute à quelques mètres de notre berge. Je le vois très bien. Il est tout frais ! Quelle surprise ! C’est assez rare en cette saison même si cela peut arriver parfois d’avoir des poissons d’automne qui montent tardivement. Je suis à nouveau submergé par un sentiment indescriptible et crie à Pierre : « il est tout blanc ! ». Ce poisson en pleine forme, commence à me malmener. Je subi car cette année les castillons sont vraiment gros. Leur poids moyen est bien supérieur aux années précédentes et certains font plus de 3 kg ! Presque des petits saumons de printemps !
J’ai l’habitude de mener des combats rudes et courts pour remettre à l’eau les poissons rapidement mais celui-ci n’est pas d’accord. Je garde ma canne basse pour éviter les sauts. Le poisson monte, puis descend la rivière à nouveau en quelques secondes : une vraie locomotive ! Quelles émotions ! Alors que je le bride pour bien le fatiguer et après environ 1 minutes 30 de combat qui semble être une éternité, le poisson ne veut pas monter en surface et lors d’un dernier coup de tête se décroche ! Je suis anéanti ! Quelle déception ! Je hurle de rage !! Mon cœur bat la chamade et nous n’en revenons pas. Le remous, la touche, le début de ce combat hors norme sont passés si vite. Quel moment intense. Mais cette fois-ci c’est le saumon qui sortira vainqueur.
Nous nous remettons tant bien que mal de ce déboire et continuons notre descente. Heureusement il ne faudra pas attendre très longtemps pour qu’un troisième poisson vienne prendre ma mouche et me permette d’oublier ce poisson tout blanc perdu. Même type de poste que le premier. Un amorti du courant dans un endroit où je n’avais encore jamais touché de poisson sur cette rivière. D’ailleurs, je piquerai ces trois saumons sur trois spots où auparavant je n’avais jamais pris de saumon. Alors que j’essayais de placer Pierre sur certains spots intéressants où habituellement les saumons aiment se tenir. Comme quoi !
C’est encore un beau mâle aux splendides couleurs qui me gratifiera d’un très beau combat avec plusieurs chandelles et rushs qui comme toujours procurent de sacrées sensations. Ma canne de puissance 6 est pliée en deux mais fait le « job ». Le poisson fatigue et rapidement j’arrive à le diriger et le faire rentrer dans l’épuisette. Pierre est à mes côtés et prends d’autres beaux clichés. Quelle journée ! Les poissons sont vraiment décidés !
En fin d’après-midi, Lionel nous rejoint par l’aval du parcours et rapidement fait bouger plusieurs poissons et en décroche un autre. Nous décidons de remonter là où nous nous sommes garés, près de 3 km en amont. Nous redescendons ensemble faire les quelques bons trous du haut du parcours. Je les accompagne pour le fun car perso, ma journée est faite et je suis super content et comblé. Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu trois saumons au cours d’une même session. Les conditions étaient vraiment idéales et les eaux commencent gentiment à baisser et s’éclaircir. De bonne augure pour la suite.
Lionel touchera encore un nouveau saumon, juste devant nous sur une bordure de courant où les poissons semblent stationner dans l’attente de continuer leur ascension. Un joli mâle qui après deux/trois coups de tête va se décrocher à nos pieds ! Décidément Lionel n’est pas en vaine aujourd’hui ! Nous en restons là pour cette première journée. Néanmoins nous savons que le lendemain les conditions seront encore bonnes pour toucher quelques poissons.
Le soir j’appelle un bon collègue de Guingamp, Pascal, qui a lui aussi fait un doublé de saumon sur le Léguer en fin de semaine précédente lorsque l’eau montait. Le Léguer et le Trieux ne sont plus pêchable ce weed-end car beaucoup trop hauts et sales, et je l’invite donc à venir passer la journée avec nous le dimanche car lui aussi est « addict » à la pêche du saumon. Il n’a jamais pêché cette rivière et les conditions sont bonnes. Il viendra passer la soirée chez moi pour être prêt pour le lendemain. Près du feu de cheminé nous buvons un verre et nous nous remémorons les belles sorties que nous avons pu faire ensemble par le passé, notamment une fermeture sur l’Ellé en 2015 où nous avions fait chacun un doublé et touché d’autres poissons. Les histoires fusent, et nous sommes surmotivés pour affronter la journée de dimanche.
Lionel et Pierre ré-attaquent dès le levé du jour et Lionel prendra une belle femelle qui lui permettra d’oublier les poissons décrochés de la veille. Il est très content et soulagé. En effet, il ne faut pas rater les coups d’eau car ils se font de plus en plus rares et sont peu prévisibles. Ce sera d’ailleurs le seul vrai coup d’eau de l’automne et avant la fermeture.
Avec Pascal nous retrouvons Pierre sur le pont du même parcours de la veille. Nous descendons tranquillement la rivière et nous savons que nous avons de bonnes conditions et de grandes chances de toucher quelques poissons même si les eaux sont bien redescendues et beaucoup plus claires que la veille. Nous savons aussi qu’une bonne partie des saumons seront passés au-dessus de la limite partie haute/partie basse de la rivière. Il va falloir être bon et bien pêcher pour tirer notre épingle du jeu. Les radiers sont moins pêchant aujourd’hui car l’eau est plus basse qu’hier, et les poissons risquent d’être postés différemment.
Nous descendons et pêchons tour à tour sur de bons postes. Après une bonne heure de pêche toujours pas de suivi, ni touche. Les eaux sont pourtant belles et tout trois prospectons bien les plus beaux secteurs. Je décide de changer le versileader de la veille et de pêcher plus près de la surface aujourd’hui. Je monte un type 3 et conseille à Pascal de mettre un intermédiaire pour pêcher différemment.
La matinée passe vite et nous faisons une pause pique-nique rapide tout en discutant des stratégies à adopter. Mouches noyées dans les trous et pêche rapide au tube dans les courants. Coloris, taille, animation. Chacun à sa technique, ses préférences. Perso, je monte un tube avec un légère touche de rose car Lionel a fait bouger pas mal de poisson avec ce coloris. J’avais donc monté quelques mouches la veille au soir en compagnie de Pascal pour agrémenter mes boites.
Pascal est enchanté de découvrir cette très belle petite rivière, lui qui pêche très souvent le Léguer et le Trieux. C’est un pêcheur averti qui recherche le saumon depuis de nombreuses années surtout en Bretagne mais qui part souvent en Norvège avec un autre ami Jean-Marc lui aussi atteint de la « salmon fever ».
C’est une pêche technique car la rivière est peu large et très encombrée. Il faut savoir lancer sous les frondaisons et être précis pour tenter de débusquer les saumons qui profitent de cet environnement pour se planquer. Les postes alternent entre trous profonds et secteurs courants avec quelques retenues plus lentes où les saumons aiment stationner pendant leur remontée et durant l’été. C’est vraiment un superbe parcours pour pêcher le saumon à la mouche, et surtout sur coup d’eau.
Après la pause déjeuner, nous continuons et cherchons dans chaque recoin de la rivière pour tenter de déclencher la touche. Malheureusement nous n’avons pas la même activité qu’hier. Une petite heure après le repas, sur un nouveau poste je prends une grosse touche sur mon tube. A notre habitude je crie : « poisson » afin d’avertir mes compères. Ils arrivent à ma hauteur et je les chambre un peu car j’avais annoncé que je prendrai au moins un poisson aujourd’hui pour plaisanter bien sûr. Ouf, je suis sauvé ! Il est bien piqué et lourd. C’est un combat très différent de la veille. Le poisson reste au fond et nous ne l’avons toujours pas aperçu. Lors de la prise de la mouche j’ai bien vu le reflet du poisson lorsqu’il s’est tourné pour prendre ma mouche. C’est un saumon de printemps et pas un castillon (saumon de plus de 67 cm). La courbure de ma canne en est témoin, c’est vraiment un beau poisson. Après une bonne minute de combat il se laissera voir. C’est une belle femelle qui va me permettre d’ouvrir le compteur ! Yes ! Quel plaisir de prendre ces saumons sur matériel léger dans une si belle rivière et en bonne compagnie. Le poisson se calme et rentrera tant bien que mal dans l’épuisette de Pierre. Je suis aux anges et valide cette journée. Nous faisons quelques belles photos avant de le remettre à l’eau. Me voila détendu ! C’est fou ce que cela peut faire du bien de faire un poisson et surtout un beau saumon sauvage sur nos cours d’eau bretons !
Je décide de ralentir la cadence tout en pêchant mais de surtout mettre Pascal et Pierre sur les « bons coups ». D’ailleurs, alors que j’allais attaquer un des spots où j’avais pris mon troisième saumon la veille, je décide d’appeler Pascal pour qu’il tente sa chance. Il ne lui faudra que quelques lancers en utilisant lui aussi un tube pour prendre son premier saumon sur cette rivière. Je suis super content pour lui et sa satisfaction me réjouit. C’est vraiment sympa de partager sa passion avec des potes. C’est encore une femelle, mais de plus petite taille. Un joli castillon qui a dû rentrer en rivière il y a un mois environ. Pascal habitué à prendre des saumons est confiant et détendu. Il gère parfaitement le combat et met son poisson à l’épuisette comme il se doit. Super ! Nous voilà donc avec trois saumons de pris sur le parcours en comptant celui de Lionel ce matin.
Même résultats qu’hier finalement. Il ne reste plus que Pierre qui lui aussi aimerait bien faire son poisson. Il n’a pas été chanceux jusque-là avec sa décroche de la veille et un ou deux suivis. Nous continuons le parcours mais toujours pas de touche pour lui, et pas plus pour Pascal ni moi. Les poissons ne se sont pas montrés et dans les trous aucune touche. Soudain dans un des spots aval, Pascal voit un poisson marsouiner, c’est-à-dire monter en surface et sortir une partie de son corps hors de l’eau, comme les saumons savent le faire sans que l’on sache vraiment pourquoi. Il est courant de dire qu’un saumon qui saute n’est pas mordeur, mais que lorsqu’ils marsouinent ils seraient plus enclins à prendre la mouche. C’est un fait pas vraiment avéré car j’ai attaqué plusieurs fois des poissons qui marsouinaient sans pour autant les prendre. Ceci dit c’est une bonne occasion.
Nous laissons Pierre « attaquer » le poste et ce poisson. C’est un trou que je connais bien car j’y ai pris et fais régulièrement bouger des saumons. Pierre pêche le secteur parfaitement. A l’aide de son tube il fait suivre le saumon qui fera une montée courte et un bouillon! Belle montée d’adrénaline mais toujours pas de contact. Nous patientons un peu ensemble pour le laisser reposer comme il se doit avant que Pierre lui propose d’autres modèles de mouches mais le poisson ne se manifestera plus.
Nous sommes presque à la fin du parcours et Pierre commence à avoir le moral dans les chaussettes. Les derniers postes sont bons mais nous ne ferons rien bouger. Nous arrivons à la voiture de Pascal que nous avions garée en bas du parcours pour remonter plus rapidement sur la partie amont où Pierre et moi sommes garés.
Pierre est super content pour nous et de ce super week-end mais un peu déçu de son manque de réussite. Nous compatissons avec lui, c’est vrai que cela aurait été super que chacun d’entre nous en fasse un. Arrivé au pont et à nos voitures, je lui dis de retenter l’aval du parcours et de ne rien lâcher. Il n’y croit plus trop, mais la « salmon fever » est là. Il se remotive. Il en veut encore et y retourne.
Pascal et moi rentrons car nous avions des impératifs et Pierre redescend les premiers trous seul. Moins d’une heure plus tard, il m’envoie un message pour me dire qu’il vient de prendre son saumon. Son obstination a fini par payer ! Je suis super content pour lui. Cela permet de terminer ce super week-end en beauté avec un saumon pour chacun de nous !
Une sacrée session de pêche entre potes avec des bons moments, des rebondissements et quelques superbes saumons pris et remis à l’eau pour qu’ils puissent aller frayer et permettre à leur descendance de revenir coloniser cette charmante rivière à saumon de Bretagne qui ne finira jamais de nous surprendre.
Photos Pierre Rigalleau
Informations utiles
Pour rechercher le saumon et la truite de mer, il est obligatoire d’être détenteur d’un timbre migrateur et d’un assortiment d’une valeur de 50€ pour l’année pour toutes les rivières à migrateurs de France.
- Saumons de printemps : saumon ayant 2 années de rivières et 2 hivers de mer
Se pêche de l’ouverture de la 1ère catégorie au 31 Mai ou 15 Juin selon la rivière.
Taille de 70 à 90 cm environ pour 3 à 10 kg.
- Castillon : saumon d’été ayant 2 années de rivière et 1 hiver de mer
Se pêche du 15 Juin ou 1er Juillet jusqu’à Mi-octobre selon la rivière.
Taille entre 50 et 67 cm pour 1 à 3 kg.
Bien se renseigner sur la réglementation saumon pour les périodes de pêche, modes de pêche autorisés, nombre d’hameçons, quotas individuel, TAC (total autorisé de capture) par rivière, etc…
Matériel utilisé
Soie Rio Single handed Spey n°6
Pointe en fluorocarbone YGK 25/100
Mouches maison
Lunettes Costa Silver Sunrise 580
Retrouvez les activités de Jean Baptiste sur son site Enjoy Fishing :