
A partir de début avril, quand la température de l’eau se réchauffe avec le soleil printanier, un migrateur amphihalin souvent délaissé par le moucheur français remonte sur de nombreux fleuves et rivières pour boucler son cycle de vie et perpétuer l’espèce. A cette occasion, et surtout durant les mois de mai et juin, lorsque le stock est constitué, les aficionados de l’alose se retrouvent sur les bords de certaines rivières aux quatre coins de l’hexagone.
Dans nos eaux continentales, nous avons la présence de plusieurs espèces d’aloses, dont la plus recherchée, la grande alose (alosa alosa), l’alose feinte (alosa fallax) mais également l’alose feinte de méditerranée (alosa agone) anciennement appelée alosa fallax rhodanensis (alose du Rhône).
Ces migrateurs, très combatifs et agressifs, offrent aux connaisseurs de très bons moments au bord de l’eau, avec bien souvent de nombreuses captures. Les touches violentes, les combats intenses, en font un poisson de sport qui apporte son lot de sensations lorsque l’on trouve la bonne mouche, la bonne dérive, et la bonne animation.
Voici un éclaircissement sur le potentiel halieutique et l’intérêt que présente la pêche de ce poisson de sport, et une liste assez exhaustive des meilleurs coins de pêche sur notre territoire.
En France, lorsque l’on parle de poissons migrateurs, on pense généralement au saumon et à la truite de mer alors qu’au niveau national, l’alose (grande alose et alose feinte) représente une aire de répartition plus vaste et un nombre global d’individus bien plus important que celui de ces deux premiers réunis. Ce potentiel halieutique est clairement sous-estimé dans le développement du tourisme pêche en France.
De la Bretagne à l’Aquitaine, en passant par la Charente, mais aussi sur le bassin rhodanien, ou languedocien, les aloses colonisent des milliers de kilomètre de rivières, bien souvent adaptées à la pêche de ce migrateur ô combien intéressant. Les aloses sont présentes encore en quantité suffisante dans de nombreux départements, pour autant elles n’intéressent qu’une poignée de pêcheurs, connaisseurs et passionnés qui attendent leur grand retour impatiemment !
Mais l’alose est aussi une espèce sensible et vulnérable, qu’il est nécessaire de mieux connaître et protéger. Au niveau national, de nombreuses études et actions sont mises en œuvre par différents organismes (association migrateur, fédération de pêche, …etc), afin que ce migrateur au cycle complexe et fragile puisse continuer de coloniser nos eaux continentales pour encore plusieurs décennies. Retrouvez l’article très complet sur l’état des lieux de l’alose au niveau national de Yann Abdallah publié il y a quelques jours sur Truites & Cie à ce sujet.

Un poisson de sport unique en son genre
Contrairement au saumon et à la truite de mer, l’alose est très agressive lorsqu’elle remonte en eau douce et avec un peu d’expérience, il est fréquent de capturer de nombreux spécimens lors d’une sortie de pêche. Si l’on connait bien ses tenues et mœurs, peu importe la rivière où l’on pratique, les coups du soir et du matin réservent de très bonnes surprises et des moments de pêche privilégiés.
Une fois la bonne mouche trouvée, mais surtout la dérive, présentation et animation, les touches se succèdent. Si l’on est suffisamment réactif et concentré, il est possible de vraiment se faire plaisir et capturer plusieurs poissons pouvant aller jusqu’à 3 kg pour la grande alose mais aussi certaines belles femelles d’alose feinte. Une aubaine lorsque l’on est pêcheur de migrateur en quête de sensations fortes, car saumons et truites de mer sont beaucoup plus complexes et tatillons...
Les touches de l'alose sont très violentes, notamment lorsque la température de l’eau dépasse les 12°C et que l’on s’approche de son optimal (17°C). Comme disent les anglais : « the tug is the drug », il est vrai que ces tirées lourdes et parfois furtives sont très addictives ! Une fois piquées, ces diablesses vous donneront du fil à retordre même avec un matériel adapté. Taillé pour nager et remonter dans les courants vifs et puissants, ce clupéidé vous prendra du fil, et vous fera certainement quelques acrobaties, et jamais ne vous laissera indifférent. Les plus gros spécimens de grande alose pourront même vous sortir du backing et n’ont rien à envier aux castillons ou saumons d’été ou à une jolie truite de mer.
Toutes les personnes à qui j’ai fait découvrir ce poisson en sont devenus accros et attendent chaque année leur retour.

Les meilleures saisons
Lors de leur périple marin, les aloses restent sur le plateau continental pour croître et atteindre leur maturité sexuelle (en 3 à 7 ans selon l’espèce et le sexe). Elles remontent très tôt en saison, quelques jours voire semaines après l’ouverture de la pêche en première catégorie, généralement dès que la température de l’eau se réchauffe et coïncide avec les grandes marées. Poisson grégaire, elles se déplacent en banc, et montent jusqu’à ce qu’elles se retrouvent bloquées bien souvent à cause d’un barrage, ou un obstacle plus difficile à franchir. Effectivement les aloses sont de très bonnes nageuses, mais ne savent pas sauter pour franchir la plupart des passes de nos ouvrages français. Peu d’entre eux sont équipés comme il se devrait pour cette espèce qui rencontre bien des points de blocage. Heureusement chaque année de nombreux projets (voir l'article de Yann) voient le jour et améliorent la continuité écologique, bénéfique à nos migrateurs dont l’alose.
Vers la fin mars/début avril, il est généralement possible de capturer les premières, souvent de grosses femelles, larges, hautes et très puissantes, même si à cette période le stock est loin d’être constitué. Puis peu à peu d’autres bancs viennent grossir les rangs et la saison peut vraiment commencer.
Début mai, les conditions sont alors idéales sur la plupart des cours d’eau français notamment pour la grande alose plus précoce que sa petite sœur, la feinte, qui attend des températures plus clémentes.
En Juin, il est encore possible d’en capturer surtout dans les rivières aux eaux plus froides ou des poissons frais continuent de monter, comme sur les Gaves, jusqu’à parfois début juillet. Dans d’autres régions, à cette époque, elles sont souvent affaiblies par leur séjour en eau douce, ne se reposant jamais. Il est bon de les laisser tranquilles. En effet, contrairement au saumon et à la truite de mer, les aloses nagent perpétuellement jusqu’à l’épuisement et sont très rarement voire jamais postées. Ceci est une caractéristique de l’espèce car la grande alose n’effectue qu’un cycle et meurt après le fraie ce qui permet d’enrichir le milieu et servir la progéniture. Les alosons qui resteront plusieurs semaines en rivière, avant de descendre en estuaire jusqu’à atteindre 10/12 cm puis partir en mer. Les aloses feintes peuvent se reproduire jusqu’à 5 fois car leur migration s’effectue principalement sur les parties aval des cours d’eau. Elle sont de ce fait moins épuisées et les géniteurs peuvent redescendre pour accomplir un nouveau cycle.
Voyons maintenant où nous pouvons aller lancer nos nymphes et streamers pour capturer ce puissant migrateur dans nos eaux françaises.
Les meilleurs coins en France
La France compte plus d’une cinquantaine de rivières et/ou fleuves où il est possible de rechercher ces migrateurs avec de bonnes chances de réussite. Il est difficile d’être exhaustif car cela fait relativement peu de temps qu’elles sont étudiées, mais voici quelques-uns des meilleurs spots de France pour rechercher grande alose et alose feinte dont j’ai pu récupérer les informations grâce à des amis et contacts dans toutes ces régions.

Grand Ouest (Bretagne et Normandie)
Les populations d’alose en Bretagne sont satisfaisantes mais toujours fluctuantes et fragiles. A partir de l’an 2000, les effectifs d’aloses bretonnes ont considérablement augmenté. Il est difficile d’en connaitre les causes, mais certaines pistes sont étudiées. Cette espèce est colonisatrice et à tendance à remonter dans les cours d’eau ayant un débit printanier favorable et des eaux tempérées et d’assez bonne qualité. Mais d’une année sur l’autre et du fait de leur cycle sur 3 à 7 ans, de grandes fluctuations sont observées. Aussi, le réchauffement climatique a certainement participé à modifier leur aire de répartition.
En effet, l’alose apprécie des eaux ayant une certaine température et il semble qu’elles ont tendance à remonter plus au nord depuis deux décennies. Les aloses bretonnes et normandes sont plus abondantes aujourd’hui car provenant peut-être du stock d’autres bassins, comme celui de la Loire, de la Charente ou encore de l’Adour/Garonne ? Il est aujourd’hui difficile de le savoir avec certitude. Peut-être est-ce grâce aux nombreuses améliorations du milieu, à la baisse de la pollution et à la réalisation de passes à poissons et arasements de barrage dans ces deux régions ? Toujours est-il que ces vingt dernières années, les aloses remontent certains cours d’eau armoricains et normands en quantité suffisante pour permettre aux pêcheurs d’avoir le plaisir de les séduire avec de belles mouches bien présentées.

En Bretagne, le Blavet, dans le Morbihan, est certainement un des meilleurs spots de cette région, avec des populations concentrées principalement sur les premières écluses, notamment celle des Gorrêts, Grand barrage, le parcours sportif et l’écluse de Quélennec sur la commune d’Inzinzac-Lochrist. Freinées voire bloquées, les aloses stationnent en aval des barrages où dans les pools plus profonds. Il n’y a pas de station de comptage, mais il est facile de se rendre de compte du potentiel de cette rivière rien qu’en se rendant à la bonne période sur ces premières écluses et d’observer la densité d’aloses concentrées en aval !
Ainsi, sur le Blavet la pêche se pratique surtout sur les 5 premiers barrages, qui sont de l’aval vers l’amont :
- Le barrage de Polvern (subissant l’influence des marées),
- Le barrage des Gorêts,
- Le Grand barrage,
- Le barrage de Lochrist et le parcours sportif
- Le barrage de Quélennec.
En revanche, elles remontent cependant sur d’autres biefs mais en quantité moindre et les barrages amont ont peu d’intérêt pour leur pêche. Les pêcheurs se concentrent bien souvent sur le barrage des Gorêts et le Grand barrage, où la majorité des captures est réalisée chaque année.
L’Aulne canalisée dans le Finistère est la deuxième rivière de Bretagne où il faut absolument s’attarder pour rechercher la grande alose. Celles-ci se prennent essentiellement en centre-ville de Chateaulin, notamment tôt en saison (mars-avril), le premier ouvrage, à côté de l’Observatoire des milieux aquatiques équipé d’un vidéo-comptage, mais aussi et surtout à l’écluse de Coatigroac’h (50 m à l’aval) où elles stationnent et se voient bloquées. Sur ces deux cours d’eau canalisés d’une largeur de 20 à 30 mètres, plusieurs milliers d’individus remontent chaque année. Près de 6700 aloses sur l’Aulne en 2004 et 2005 qui sont les meilleures années. Depuis les remontées sont moindres avec encore de bonnes années comme en 2019 où ont été comptabilisées plus de 2700 grandes aloses.
Depuis 2014, le SMATHA (Syndicat Mixte d’Aménagement Touristique de l’Hyères et de l’Aulne) réalise deux périodes de débarrages (ouverture des pertuis) : une première au printemps pour les aloses et le saumon de printemps et une à l’automne pour les castillons. Ceci dans le but de favoriser la migration pour que ces poissons migrateurs puissent parvenir à remonter sur leurs zones de fraie (ce fleuve étant équipé de 28 barrages freinant leur ascension). Cette action est cependant controversée et nous manquons aujourd’hui cruellement de recul quant aux résultats et bénéfices induits.
Dans ce contexte, les aloses remontent plus en amont en contexte débarré et il est possible de les pêcher en wadding sur chaque bief, surtout celui en cours de débarrage. En effet, ces dernières remontent le plus en amont possible jusqu’à être bloquées. Elles circulent entre le barrage et les courants en aval et il est possible de pratiquer la pêche traditionnelle en noyée mais aussi sur certains biefs, une pêche à vue bien plus captivante. Mais un autre article sur cette pêche très spéciale des aloses à vue vous sera proposé très bientôt !
En contexte débarré, les écluses de Toul Ar Rodo et Prat Hir, l’écluse de l’Aulne sont très intéressantes, puis celle de Trésiguidy où les aloses s’arrêtent pour frayer grâce à un pincement du lit permettant de bénéficier d’un fond propre, adapté au fraie.
Concernant l’Oust (Morbihan) principal affluent de la Vilaine (35), de récents aménagements permettent aux aloses de remonter jusqu’à la 6ème écluse où une minorité de pêcheurs recherchent cette espèce. Les aloses sont comptabilisées sur le barrage d’Arzal équipé d’une station de comptage, et la meilleure année se situe en 2010 avec 4200 aloses et une moyenne ces dix dernières années de 1417 aloses avec plus de 2000 aloses en 2019.
La pêche se pratique sur les barrages suivants :
- Le barrage de La Potinaie,
- Le barrage de l’Imur,
- Le barrage de l’Anée,
- Le barrage de Rieux,
- Le barrage de Beaumont (microcentrale),
- Le barrage de Foveno.
Les parties basses de certaines grandes rivières bretonnes non canalisées sont aussi colonisées par de petites populations d’aloses, de l’ordre de quelques dizaines voire une centaine d’individus, mais bien localisées et qui offrent de bonnes possibilités lorsque l’on connait les spots de stationnement, comme sur l’Ellé, l’Elorn, le Trieux. Quelques petits cours d’eau côtiers ont aussi de faibles populations, qui offrent en revanche une pêche à vue passionnante. C’est le cas de la rivière de Pont l’Abbé, le Goyen, l’Odet, la Penzé, le Leff et certainement d’autres rivières encore gardées secrètes !
La Vire dans le département de la Manche, près de Saint-Lô est la meilleure destination de Normandie pour rechercher la grande alose à la mouche. Quelques connaisseurs passent de bons moments entre l’estuaire et Saint Lô où plusieurs milliers d’alosa alosa remontent (plus de 1500 en 2019 avec un pic de 8800 aloses en 2015). Sur les dix dernières années, plus de 5300 aloses en moyenne ont colonisé cette rivière. Ces dernières années les remontées ont été bien moindres, sans raisons connues. Cette baisse pourrait être reliée au cycle de ce migrateur ou au fait qu’elles remontent dans un fleuve voisin, qui se jette dans la même baie, la Douve.
Le parcours mouche de Saint-Lô, dénommé du Val de Vire d’une longueur de 1,5 km a été créé pour la pêche de l’alose. Situé entre la station d’épuration et le château d’Agneau (qui s’est cependant envasé ces dernières années), il vous permettra certainement d’en découdre avec de belles grandes aloses normandes. Plus en aval, en descendant le parcours mouche depuis la station d’épuration et en marchand pendant 10/15 minutes en suivant le chemin de halage, vous trouverez de très bons secteurs comme celui du Pont de la voie de chemin de fer ou encore dit du « Manoir ». Il existe également quelques bons secteurs en aval de ces parcours, qu’il faudra trouver car peu d’informations sont disponibles sur leurs emplacements exacts. Secret défense ! Les pools situés sur la commune de Candol juste en amont de Saint Lô sont également à prospecter.

La Douve qui n’est malheureusement pas équipée d’une station de comptage, qui nous permettrait de recueillir de nombreuses informations, et qui se jette à Carentan est elle aussi bien colonisée par l’alose où celles-ci remontent assez haut jusqu’à Sottevast qui néanmoins n’apporte pas un grand intérêt pour la pêche.
Le secteur du pont de Saint Sauveur le Vicomte, attention pêche interdite entre le pont et l'échelle à poisson (réserve de pêche) est un secteur intéressant et facile d’accès.
Le secteur en dessous du terrain de cross et les pools dans le marais de Nehou sont également à prospecter. Une minorité de pêcheurs locaux les recherchent assidument et profitent de cette aubaine saisonnière. La plupart des spots sur ce fleuve sont cependant gardés secrets mais offrent de bonnes opportunités pour prendre ce migrateur passionnant.
N’hésitez pas à passer voir Alain au magasin d’Agneau « Au plaisir de la pêche » qui monte des mouches spécifiques pour cette espèce et connait les coins comme sa poche.
L’Orne, est équipée depuis 1994 d’une station de comptage qui nous renseigne sur les remontées de migrateurs. Avant 2001, peu d’aloses remontaient sur ce cours d’eau. En revanche, depuis les chiffres sont en progression, certes très variables du fait du cycle de l’alose mais nous laissent espérer qu’après la réalisation de la future passe sur le barrage de Montalivet, les remontées seront en progression et à surveiller. La meilleure année en termes de remontée sur l’Orne se situe en 2017 avec 722 aloses, pour seulement 56 en 2019.
Centre
Dans le secteur que je dénommerai « Centre », c’est à dire entre la région Grand-Ouest et le Sud-Ouest, plusieurs grandes rivières sont colonisées par les aloses mais seule la Charente présente un intérêt pour la pêche des grandes aloses et des feintes.
La Loire fut un axe de migration très important pour l’alose (et saumon) mais qui aujourd’hui n’est plus que l’ombre d‘elle-même ! Le bouchon vaseux, la surpêche professionnelle et le développement des populations de silures pourraient en être les causes principales (voir article Yann Abdallah). Après des années fluctuant entre 10 000 et 15 000 aloses (notamment en 2004 et 2005), ses effectifs sont désormais en chute libre!
L’Arroux affluent de la Loire, et l’Allier connaissent le même constat avec une diminution alarmante de la population d’alose ces dernières années.
La Vienne et la Creuse, sont quant à elles encore colonisées par les aloses mais leurs stocks varient considérablement et enregistrent également une baisse considérable. La pêche est encore pratiquée par quelques irréductibles mais ne présente pas un très grand intérêt, même si chaque année des pêcheurs s’y retrouvent sur ces deux cours d’eau.
La Charente reste l’un des seuls spots intéressant de cette région de France. Il a été comptabilisé une moyenne sur les dix dernières années de 1028 grandes aloses et 573 aloses feintes à la station de comptage de Crouin, qui se situe à 100 km de l’océan atlantique. Les meilleures années étant en 2015 avec 2113 grandes aloses et 1751 aloses feintes. Il a été cependant estimé plus de 65 000 géniteurs d’aloses sur la Charente en 2013. Estimation réalisée grâce au comptage de bull (reproduction) pendant la nuit. La pêche professionnelle semble être une des causes principales de la raréfaction de ces deux espèces, cumulé à d’autres facteurs comme notamment la baisse des débits printaniers. (Voir article Yann Abdallah.)
Les meilleurs secteurs sur la Charente où se retrouvent les amoureux de la pêche de ces deux espèces se situent entre Saintes et Cognac, notamment :
- les quais de Saintes
- le Moulin de la Baine à Chaniers
- l'écluse de Crouin à Merpin.

Sud-Ouest
(information recueillies auprès de Nicolas Buoro, grand pêcheur et notamment féru d’alose)
Le Sud-Ouest et notamment le bassin Garonne/Dordogne, était l’une des régions qui représentait historiquement les populations d’aloses les plus grandes de France et d’Europe avec plusieurs centaines de milliers d’aloses qui remontaient sur les axes de l’Adour, Garonne, Dordogne. On estime les remontées d’aloses à près d’un million d’individus au début des années 1990. Il a été recensé plus de 106 000 aloses en 1996 (année de référence), contre seulement 1630 en 2019 à la station de Golfech sur la Garonne et avec une moyenne de 1863 aloses sur les dix dernières années. Sur la Dordogne remontaient plus de 87 000 aloses en 1996 contre 66 en 2019 pour la station de Tullières et avec une moyenne de 1383 sur les dix dernières années.
Depuis 2008, un moratoire a été mis en place sur les rivières de ces bassins interdisant la pêche afin de protéger l’espèce et tenter d’enrayer cette chute dramatique des effectifs.
Sur la Dordogne, les grands spots autour de Bergerac comme le « Trou du Normand », «Tuillières », « Laguillou » ou encore « Mauzac » attiraient grand nombre d’amateurs qui venaient tous les ans croiser le fouet avec nôtre célèbre tarpon de rivière. C’étaient très souvent de grands moments de convivialité et de bonheur au bord de l’eau.
Le Gave D’oloron (par Nicolas Buoro)
"Les deux espèces d’aloses sont présentes sur le bassin du Gave d’Oloron et de Sorde de l’Abbaye à Navarrenx et les spots sont nombreux. Concernant la grande Alose, historiquement très présente à Sorde de l’Abbaye, les fortes crues sont passées par là et il ne se prend que très peu de poissons sur ce secteur depuis déjà plusieurs années. Il faudra donc prospecter plus en amont. Dès le mois d’Avril, c’est aux alentours d’Auterrive et de Castagnède que les chances de tomber sur un banc en montaison sont les meilleures. Les pools du pont d’Auterrive, du Bidala, du tas de bois et la Pène de Mu sont à privilégier. Dès le 15 mai et jusqu’à fin juin, vous pourrez les rencontrer sur ce même secteur car les bancs ne cessent de se renouveler au fur et à mesure de la saison. Certaines continuent leur migration vers les frayères se trouvant plus en amont et d’autres y resteront jusqu’à la fin de la période de reproduction. Puis il faudra les suivre pour les retrouver dès la mi-mai du côté de Sauveterre au niveau des pools de Robinson (si les niveaux le permettent) ainsi que d’Hourcade. Dès la fin mai, vous allez en prendre plein les yeux en prospectant les pools de Majoureau, des Camous, du Bas de Laas et des Vignaüs. Ces hauts lieux de la pêche du saumon sont majestueux et attirent chaque année de nombreux bancs d’alose. Elles se tiennent d’ailleurs fréquemment sur la partie aval de ces pools. Fin juin, la saison de la grande Alose est déjà bien avancée, néanmoins on peut encore rencontrer de petits groupes jusqu’à Navarrenx mais de façons plus aléatoires.
Quant à l’Alose feinte, c’est entre Sorde de l’Abbaye et Peyrehorade qu’il faudra concentrer son effort de pêche, sur un linéaire assez court de quelques kilomètres. Dès le 1er juin, il faut commencer à se rapprocher des spots propices, la saison dure 3 semaines à 1 mois. L’influence de la marée a une importance majeure dans la réussite de votre partie de pêche. Il faut essayer de pêcher au moment du montant lorsque les feintes se mettent alors à suivre le flux et deviennent très agressives. Les touches sont franches et nombreuses, les bagarres épiques, on ne s’ennuie jamais…du pur bonheur !".

Le Saison (par Nicolas Buoro)
"Le Saison est un gave superbe, qui accueille également de jolis bancs de grandes aloses. Les feintes n’y sont pas présentes étant donné sa position trop éloignée de l’estuaire. Dès la fin avril il faut se concentrer sur les pools de la partie aval, aux alentours d’Autevielle Saint Martin. Les aloses y sont mordeuses souvent plus tôt que sur l’Oloron car s’écoulant de montagnes moins élevées, la fonte des neiges se termine plus tôt. Dès que les températures de l’air s’élèvent, celle du Saison monte et les aloses entament leur processus de reproduction. Elles sont donc plus agressives et prennent nos mouches plus franchement. Les secteurs les plus propices se trouvent entre Autevielle et Rivareyte en passant par l’incontournable pont de Guinarthe et son virage en amont, qui sont fréquentés tous les ans par alosa alosa. La saison s’étend sur pratiquement 2 mois, de fin avril à fin juin. Passée cette période, les aloses maigrissent et il est urgent de les laisser tranquilles même s’il n’est pas rare que des poissons frais arrivent encore début juillet."
Le Gave de Pau (Par Nicolas Buoro)
"Peu pêché, moins encaissé que ses voisins, moins spectaculaire, le Gave de Pau n’en demeure pas moins une excellente rivière à aloses. S’écoulant des plus hauts sommets pyrénéens, il subit donc la fonte des neiges pendant une période assez longue. C’est ainsi la rivière la moins précoce au niveau des remontés de nos fameux « tarpons de rivière » car étant donné que ces dernières attendent les températures idéales afin d’amorcer leur migration vers les frayères, ce n’est qu’en juin lorsque le climat estival prend place, que le plus gros de la troupe arrive sur les lieux de ponte. On privilégiera donc le mois de juin pour s’attaquer à la recherche des bancs sur le Gave de Pau. Le secteur de Bellocq/Puyoô est à prospecter en priorité. De 50 mètres à l’aval du seuil (barrage) jusqu’au pont vous y trouverez des aloses en nombre, le Gave est vraiment très agréable à pêcher à cet endroit et vous ne manquerez pas, si elles sont présentes, de les voir se manifester en surface.
La Nivelle dans le pays Basque est quant à elle moins fréquentée par les aloses mais permet quelques jolis coups de lignes. On cherchera les poissons en aval des seuils entre Ascain et Saint-Pée-sur-Nivelle."

Sud-Est
(informations recueillies auprès de Yann Abdallah)
Au niveau du pourtour méditerranéen, l’alose feinte du Rhône, appelée de nos jours alosa agone colonise de nombreux bassins versant des Pyrénées Orientales (la Têt) au Var (la rivière Argens). Cette alose feinte du Rhône est de taille supérieure à l’alose feinte de l’atlantique, pouvant atteindre de 40 à plus de 70 cm pour 3 kg !
Les meilleurs spots de pêche sont les suivants :
- Le Gardon en aval du seuil de Bonicoli, le radier de Fournès et l’aval du seuil de Lafoux.
- Sur la Durance seul le seuil de Callet où les aloses sont encore aujourd’hui bloquées.
- Sur la Cèze, tout l’aval du seuil de Chusclan est favorable à la pêche de l’alose (longueur de 1,5 km).
- Pour la rivière Ardèche, le seuil de Saint-Partin d’Ardèche, la Piboulette, l’aval du seuil de Saint-Julien de Peyrolas, et pour les plus aventuriers il y a de nombreux spots dans les gorges.
- Sur le Rhône, l’envergure du fleuve rend les choses un peu plus compliquées. Yann nous conseille vivement de cibler les contre-canaux comme celui de Vallabrègues (rive gauche) ou celui de Villeneuve-Les-Avignon. Plus en amont, les gravières du Vieux Rhône de Donzère peuvent valoir le coup (Bour Saint-Andéol, et Saint-Montan).
- Sur le Vidourle, l’aval du seuil de Saint-Laurent d’Aigouze et de Marsillargues sont de intéressants pour l’alose.
- Sur l’Aude, il faudra privilégier les secteurs lotique (courant) en aval du seuil de Moussoulens (2,5 km à pêcher).
- Sur l’Agly, le secteur du seuil de Risesaltes est également fréquenté par les aloses.
Mais elles remontent aussi sur l’Orb, l’Hérault, l’Argens, l’Ouvèze, ou encore l’Eyrieux.



Mais aussi sur d’autres cours d’eau :
Sur la Seine un récent aménagement (2016) du premier obstacle à la migration, le barrage de Poses-Amfreville, laisse espérer que les aloses pourront dans l’avenir encore mieux remonter cet axe important et ce grand bassin hydrographique. L’année record se situe l’an dernier en 2019 avec 3606 aloses comptabilisées. Au même titre que le Rhône, les écluses ont toujours permis aux aloses de coloniser cet axe. Encore un fleuve à surveiller de près dans les années à venir.
Sur le Rhin inférieur, un programme d’alevinage de plusieurs milliers de larves d’aloses a vu le jour en 2008 (lâché de 500 000 larves d’aloses) et environ 160 aloses sont remontées en 2014 sur le Rhin supérieur au niveau de Bâle. Les scientifiques espèrent voir se développer de belles populations de grande alose dans un futur proche.
En Corse, une petite population inféodée aux fleuves côtiers de la plaine orientale, notamment Tavignano (150 à 200 géniteurs estimés) et dans une moindre mesure Golo et Fium'Orbo.
En vous renseignant et contactant les Fédérations de Pêche de votre secteur, vous trouverez certainement un coin où aller tenter vos premières aloses pas très loin de chez vous, alors faites-en l’expérience. Attention addiction garantie !
Une pêche technique et passionnante, proche de celle du saumon
Peu importe la localité et l’espèce recherchée, l’alose se pêche principalement en mouche noyée même si de nombreux pêcheurs utilisent des leurres métalliques et micro-leurres souples. Les mouches à alose sont un savant mélange entre une nymphe, une noyée et une mouche-leurre. Elles sont censées imiter les proies dont se nourrissent ces clupéidés (notamment la feinte) pendant leur phase marine, et notamment de petits poissonnets ou crevettes mais jouent surtout sur l’agressivité exacerbée de ce migrateur.
Selon la région, les mouches diffèrent légèrement mais restent très proches notamment au niveau de leur taille, coloris et lestages. Bien sûr chaque région détient ses modèles fétiches mais globalement il est possible de prendre de grandes aloses et aloses feintes avec les mêmes modèles qui composerait une boite type.
Pour les avoir pêchées sur différentes rivières en Bretagne, Normandie et dans le Sud-Est, les aloses se comportent à peu près de la même façon vis-à-vis d’une proie. Ce migrateur très agressif pourchasse ce qui rentre dans son champ de vision et bien qu’il ne se nourrisse pas durant sa phase en eau douce, son agressivité lui dessert car que ce soit au leurre, à la cuillère ou à la mouche, il ne tardera pas à « taper » rageusement pour défendre son territoire et donc se piquer à nos hameçons.

Le matériel
Selon la taille de la rivière et du spot de pêche le matériel diffère quelque peu.
Bien sûr en grande rivière, une canne Switch ou une deux mains courte sera beaucoup plus adaptée pour lancer loin et contrôler les dérives, réaliser les replacements de la soie (ou mending) très importants pour faire passer correctement sa mouche.
Bien que la canne la plus classique soit une canne à une main de 9 à 10' pour soie de 5 à 7, il est possible d’employer des cannes de type 11 à 12' voire plus si besoin, pour soies de 5 à 7, souvent flottantes, parfois intermédiaires et rarement plongeantes, sauf pour les aloses feintes (à adapter évidemment selon la profondeur des pools et la température de l’eau pour la grande alose).
Si l’on pêche en soie flottante, l’utilisation de polyleader ou versileader (de longueur 1m50, 3m et 4m50) sera indispensable pour s’adapter à la vitesse du courant et à la profondeur des pools. Dans certaines régions, les pêcheurs utilisent des têtes de lancer ou shooting head qu'ils changent en fonction des conditions (débit, température de l’eau, profondeur des postes).
Tous les pêcheurs d’aloses vous diront que le plus important c’est de passer à la bonne profondeur et à la bonne vitesse. Ceci est obtenu par le choix judicieux de l'ensemble soie et/ou du polyleader/lestage de la mouche et des replacements de la soie.
Au niveau bas de ligne, il sera d’autant plus long que l’on pêche près de la surface. Il ne faut pas trop se creuser la tête de ce point de vue là, mais surtout obtenir quelques chose de cohérent en fonction de la vitesse d’immersion et de la densité de la soie :
- En soie très plongeante un bas de ligne court de 80cm à 1m50 grand maximum.
- En soie intermédiaire, une longueur de 1m50 à 2m50 en un seul brin ou 2/3 brins selon vos préférences.
Il est conseillé d’utiliser des pointes en nylon ou fluorocarbone en 22/100 minimum et jusqu’à 28 ou 30/100 maximum, ceci dans le but de pouvoir mettre la pression sur le poisson et le remettre à l’eau dans de bonnes conditions.

L'action de pêche
Dans tous les cas, il faudra privilégier la pêche tôt le matin et en fin de journée, car en pleine journée les aloses ont tendance à rester dans les fosses profondes, pour ne monter sur les radiers qu’au crépuscule. C’est sur les secteurs courants et moins profonds que les « bulls » ont lieu et que les géniteurs déposent leurs œufs. Il est fréquent de les voir en surface tourner en rond et faire ce remue-ménage.
Les aloses actives se manifestent en surface en roulant ou en marsouinant (mouvement ascensionnel lorsque le poisson sort sa tête, puis son dos et la nageoire caudale). Plus les eaux se réchauffent et plus les aloses s'activent, vous observerez alors leur « marsouinage » au même titre que leur cousin le tarpon ou encore le saumon qui marsouine lorsqu’il arrive sur un nouveau pool ou par endroit lors de sa remontée.
Ils vous permettront de mieux savoir où elles stationnent et où vous devrez concentrer vos efforts. Bien souvent si l’on passe comme il faut sur les secteurs où on les aperçoit, on aura des touches.
Généralement il faut pêcher aval, et très souvent lancer ¾ aval , voir perpendiculairement à sa position, selon la vitesse du courant, la profondeur et la température de l’eau comme pour la plupart des migrateurs. Cependant à mon humble avis, les facteurs vitesse et profondeur de nage de la mouche sont déterminants. La présentation et l’angle de la mouche sont très importants et il est absolument primordial d’arriver à trouver la bonne couche d’eau, notamment pour faire remonter sa mouche pile devant les bancs d’aloses. Les mouches même mal montées ou assez laides prennent quand même du poisson, mais cela ne nous empêche pas de monter de belles mouches bien colorées.
Ensuite, il faut trouver la bonne dérive, vitesse de présentation en variant l’angle de lancer et les nombres de mending. Plus l’eau est froide, plus il faudra passer lentement et près du fond, à l’instar de la pêche du saumon. Plus l’eau est chaude plus la dérive devra être rapide. Il faut donc constamment chercher à passer comme il faut car certains jours elles peuvent être très tatillonnes. Un pêcheur peut avoir beaucoup plus de tapes qu’un autre, uniquement grâce à la qualité de ses dérives et la façon dont ses imitations passent devant les poissons. Il faut donc en conséquence soigner ses dérives et tenter un peu toutes les profondeurs et vitesses si l’on n'enregistre aucun succès.
Lorsque la dérive est bonne et que la mouche passe dans le banc, on ne tarde pas à avoir des touches, parfois assez discrètes notamment lorsque l’eau est froide et les aloses peu actives, mais d'autres fois très franches et là c'est un pur bonheur. Il est très fréquent de rater de nombreuses touches car les aloses prennent et recrachent très vite. Il faut être très concentré et ferrer surtout d’un coup de poignet très vif et sec. Il est recommandé de ferrer une à deux fois de plus pour bien faire pénétrer l’hameçon dans la gueule cartilagineuse et donc dure de ce clupéidé. Les hameçons fort de fer de type Kamasan B170 ou B175 sont nécessaire pour bien se planter et venir à bout de ces poissons puissants.
Si après quelques touches et/ou capture, les tapes se font plus rares, il est vivement conseillé de changer de mouches de temps à autre pour déclencher de nouvelles attaques. Puis une fois la nouvelle mouche boudé, remettre la mouche précédente pour prendre de nouveaux poissons. Les aloses sont peu méfiantes, mais s’habituent à la couleur, àla forme de la mouche et très souvent ce subterfuge fonctionne à merveille et permet d’enchaîner les captures de ces diablesses argentées aux reflets violacés.
Les principales différences entre la pêche de la grande alose et celle de l’alose feinte sont les suivantes :
Les feintes arrivent plus tard en rivière et ont tendance à rester sur les parties aval. Elles peuvent également rester en journée dans des eaux plus lentes en attendant le coup du soir pour monter sur les radiers où elles se rendront plus régulièrement en période de pré et post-reproduction.
Pour les feintes, il faut donc pêcher plus profond avec bien souvent des soies plongeantes afin de faire descendre la mouche, puis d’animer très vite les mouches pour les faire remonter. Il faut absolument animer, voir stripper le plus vite possible pour déclencher le maximum de touches. Les strips doivent varier en fonction de l’activité des poissons mais globalement des strips courts et rapides sont les plus efficaces.
Pour les grandes aloses, à part en tout début de saison quand l’eau est très haute et/ou froide, la soie plongeante n’est pas indispensable mais peut être employée ponctuellement.
Avec elles, les touches se produisent souvent en dérive inerte, quand la mouche remonte pendant le « swing ». Il est aussi possible d’animer très légèrement par petits strips secs et courts, lors de la dérive pour faire remonter ses mouches là où les poissons stationnent, là où on les voit marsouiner, ou en fin de dérive (les suivis sont fréquents).
Pour l’anecdote concernant les mouches, l'un client français ayant vécu longtemps aux Etats-Unis, a pêché sur de nombreuses rivières nord-américaines différentes espèces d’aloses qui fréquentent ces fleuves d’outre-Atlantique. Sa mouche fétiche est complètement à l’opposé de celles que j’utilise la majorité du temps. Alors que pour moi les mouches de couleurs vives, à dominante orange, rose et chartreuse sont mes préférées et celles avec lesquelles je prends le plus d’aloses, sa mouche est une grosse imitation de nymphe d’éphémère (la « Copper Pheasant tail nymph ») très sobre, plutôt marron à marron clair et avec seulement un thorax en cuivre qui leste la mouche et lui permet de briller...
Après lui avoir fait prendre de nombreuses aloses en Bretagne avec mes mouches, il voulait absolument tenter avec sa mouche fétiche. Après plusieurs passages sans touche, il prendra successivement plusieurs aloses et me prouvera que ses mouches « ternes » fonctionnent elles aussi. Depuis, je m’en sers parfois notamment une fois que les aloses boudent mes mouches un très colorées, mais j’avoue avoir tout de même avoir une préférence pour mes créations qui ont pris des aloses un peu partout où j’ai recherché ce migrateur.
Les coloris les plus utilisés pour l’alose sont : orange, rouge, jaune, vert chartreux,rose, mauve, et blanc avec un matériaux indispensable, le flashabou ou cristal flash souvent pearl.
Pour les feintes les couleurs sont très proches cependant des couleurs contrastées peuvent parfois augmenter le nombre de touches comme sur la Durance où les noir/chartreux était à mon avis la meilleure couleur que j’ai pu tester et avec lequel j’ai pris de très nombreuses aloses.
Les mouches sont souvent montées en taille 6/8/10 voir 12 et 14 plus tard en saison lorsque les niveaux baissent et les poissons sont plus méfiants, et notamment pour la pêche à vue (voir mon prochain article). Les mouches sont légèrement plus grosses pour les grandes aloses que pour les feintes.


Une meilleure gestion de la pêche de ces migrateurs serait à mettre en place pour protéger nos stocks et participer à la pérennisation de l’espèce autant que faire se peut. En la matière, les français sont peu respectueux et nos instances de la pêche peinent à protéger et promouvoir le potentiel halieutique indéniable que nous offre notre pays (à ce propos la taille légale de capture qui est aujourd’hui fixée à 30 cm, peu importe l’espèce, n’est absolument pas cohérente pour la grande alose, inadaptée pour l’alose de méditerranée et pourrait être ajustée pour la feinte atlantique).
Nous avons tellement à apprendre de nos pays voisins qui eux voient chaque année de nombreux touristes pêcheurs venir dépenser de l’argent et générer une économie autour de la pêche. Deviendrons-nous un jour une destination pêche reconnue au même titre que les pays voisins qui nous entourent, que ce soit l'Espagne, la Slovénie, l'Irlande…etc. ?
Pour ce qui est des pêcheurs, certains d'entre eux recherchent les aloses souvent à défaut d’autres poissons moins faciles à prendre. Sur certains spots français, les aloses sont très malmenées voire parfois traitées comme un poisson ne présentant aucune qualité ! Par exemple, de nombreuses personnes remettent les aloses à l’eau sans aucune précaution, induisant la plupart du temps une mort certaine avant même qu’elles aient le temps de se reproduire. Ceci a un impact non négligeable sur le nombre de couples pouvant pérenniser l’espèce très fragile.
Pour pratiquer efficacement le catch and release, il est très important de conserver l’alose dans l’eau et diminuer au maximum son exposition à l’air ; il faut attendre qu’elle reparte d’elle-même sans exercer de geste de va et vient inutile, mais laisser l’eau donc l’oxygène circuler par ses branchies. Relâchée hâtivement, elle se retrouve souvent sur les flancs au fond de l’eau, incapable de repartir et meurt. Dans la même optique, une épuisette avec filet adapté ainsi qu'un matériel solide permettent d'abréger les combats, de remettre à l’eau les poissons sans les sortir de leur élément et diminuer ainsi la mortalité post-capture car cette espèce est beaucoup plus sensible au stress lors des combats et peut mourir par accumulations d’acide lactique.
Texte, photo et montage de l'auteur sauf mention contraire.
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