L’alose en France en 2020 : état des lieux des populations et tendances

Yann Abdallah

Truites & Cie vous propose un duo d’articles dédié aux aloses de France. Dans ce premier papier, nous allons traiter de biologie, écologie, répartition et état des populations. Puis un second, publié dans la foulée, viendra vous parler « pêche », le matériel, les techniques, les périodes et les bons spots.

Les aloses font partie des 13 espèces de poissons diadromes présentes en Europe et en France métropolitaine. On parle d’espèce diadrome (ou amphihaline) lorsque la réalisation de leur cycle biologique impose une migration entre les eaux marines et les eaux continentales. Longtemps restées dans l’ombre du roi « Salar », elles occupent désormais une place grandissante dans les programmes d’actions des gestionnaires, dans les projets de recherche scientifique… et dans le cœur des pêcheurs à la ligne ! Si vous ne connaissez pas encore Madame Alose (ou pas dans l’intimité), c’est le bon moment d’y remédier, d’autant que nous sommes dans la pleine période de sa migration génésique. C’est parti pour un tour de France de l’état des populations d’aloses et bienvenu dans l’univers passionnant du « sabre d’argent » de nos eaux douces !

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Biologie, répartition et évolutions récentes des statuts de conservation

Nos territoires accueillent plusieurs espèces d’aloses : on retrouve la grande alose (Alosa alosa) et l’alose feinte (Alosa fallax) sur toute la façade Atlantique mais également sur la façade Manche Est, mer du Nord. En Méditerranée, la systématique des aloses a récemment évolué et conserve certains flous. On parlait jusqu’ici de l’alose feinte du Rhône (Alosa fallax rhodanensis), il faut désormais la nommer alose de méditerranée (Alosa agone). Certaines populations voisines, notamment en Corse ou sur le fleuve Ebre en Espagne, révèlent toutefois des différences génétiques significatives, si bien qu’on ne les situe pas encore très bien dans la systématique (Sotello et al., 2014) ! Cet état de fait révèle la complexité de l’histoire évolutive démogénétique de ces populations.

Les principales distinctions d’ordre biologique et écologique entre la grande alose et l’alose feinte sont (Baglinière et Elie, 2000):

  • Le régime alimentaire = essentiellement piscivore pour la feinte, la grande alose est planctophage. Les 2 espèces cessent de s’alimenter lors de leur migration de reproduction ;
  • La taille des adultes = les géniteurs de grande alose mesurent entre 40 et 80 cm alors que ceux de l’alose feinte mesurent entre 30 et 60 cm. Les individus les plus grands chez les 2 espèces sont des femelles ;
  • La distance de migration = les aloses feintes se reproduisent sur les parties aval des bassins versants alors que les grandes aloses peuvent effectuer des migrations de plusieurs centaines de kilomètres (exemple sur l’axe Loire).

A noter que l’alose de Méditerranée se situe dans une sorte d’intermédiaire dans ces distinctions.

Du fait de l’édification d’ouvrages transversaux (seuils, barrages) sur la plupart de nos rivières, les grandes aloses ont vu leur aire de répartition diminuer drastiquement au milieu du 20ème siècle. Cette contraction de leur migration a engendré des phénomènes d’hybridation avec l’alose feinte, les 2 espèces étant alors amenées à se reproduire sur des frayères identiques.

Avant les grands aménagements sur nos cours d’eau, les aloses étaient très abondantes et les populations françaises se comptaient en plusieurs centaines de milliers d’individus. Les aloses disposent d’un cycle biologique court (maturation sexuelle à 2-3 ans), d’une forte fécondité (150 à 200 000 œufs par femelle) et les feintes sont itéropares (capacité à se reproduire plusieurs fois au cours de leur vie). Ces caractéristiques permettent aux aloses d’avoir une forte dynamique de population, ce qui leur a d’ailleurs permis de plutôt bien résister aux fameux grands aménagements de nos cours d’eau durant la seconde moitié du 20ème siècle, contrairement à d’autres espèces comme l’esturgeon européen ou le saumon atlantique.

Ainsi, jusque dans les années 1990, les populations semblent bien se porter sur la majorité des rivières françaises. On estime par exemple que la population d’aloses du bassin hydrographique Gironde-Garonne-Dordogne se situe autour de 600 à 700 000 individus en 1995-1996.

En schématisant un peu, c’est à partir de là que ça se gâte ! Nous détaillerons plus loin les tendances d’évolution des différentes populations par bassin, mais retenons qu’entre 1990 et 2002-2003, on a assisté à peu près partout en France à une dégringolade des populations d’aloses, a fortiori de grandes aloses et sur les grands axes de migration, Garonne-Dordogne, Loire et Seine. La tendance d’évolution globale de l’alose feinte est moins bien connue et si les populations semblent avoir globalement diminuées, elles ne semblent pas avoir suivies l’effondrement des populations de grandes aloses.

Depuis ledit effondrement, il devient très complexe de définir une tendance globale d’évolution, ce dans un contexte marqué de changement des conditions hydroclimatiques globales (en mer comme en rivière) et des conditions de migration sur certains axes, en lien avec la politique nationale de restauration de la continuité écologique. Il semblerait ainsi qu’on assiste à un repositionnement des populations, notamment avec la colonisation de certains fleuves côtiers de Normandie et la reconquête de certains axes quasi désertés comme la Seine. Parallèlement, les grandes populations de Loire ou de Garonne-Dordogne se stabilisent à des niveaux de populations faibles (voir très faibles sur la Loire), possiblement en deçà des stocks suffisants de géniteurs pour assurer une pérennité des populations face aux aléas environnementaux (effet dépensatoire).

Dans ce contexte, en 2019, la grande alose a été classée en « danger critique d’extinction » par l’IUCN dans sa dernière actualisation de la liste des espèces menacées en France. A l’inverse, l’alose de méditerranée et l’alose feinte atlantique ont été déclassées en « quasi-menacée » avec une tendance jugée stable pour la première et en baisse pour la seconde.

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Alose
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(crédit photo Pierre Rigalleau)
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La gestion des aloses en France

C’est dans les années 1970 que nous nous sommes rendus en compte en France que l’anthropisation grandissante de nos fleuves et rivières pouvait avoir des impacts sur leur fonctionnalité ainsi que sur les espèces qu’elles abritaient. Les préoccupations ont émergé sur le bassin de la Loire, avec la dégringolade des populations de saumons. A cette époque-là, les aloses sont peu considérées voire inconnues, tant par les politiques de gestion que par les riverains qui, sur certains bassins, ont complètement vu disparaître ces espèces (cas du Rhin, du Rhône et de la Seine).

Les premières études et suivis ciblant les aloses émergent au début des années 1990, probablement en lien avec les effondrements de populations sus-évoquées. Parallèlement, les premières actions se mettent en place et en premier lieu, la conception de dispositifs pour permettre aux migratrices de franchir les barrages et reconquérir leurs frayères.

Afin de suivre les populations et d’évaluer de concert les résultats produits par les politiques publiques engagées, des stations de comptage (appelées aujourd’hui STACOMI dans le jargon) sont associées à la conception des dispositifs de franchissement. Progressivement, leur nombre se multiplie et permette de couvrir les principaux grands axes de migration. On en dénombre aujourd’hui plus de 35 réparties sur le territoire.

Pour piloter et animer ces politiques de gestion, les « associations migrateurs » ont été mise en place. On en compte 9 aujourd’hui en France, certaines très récentes, d’autres ont plus de 20 ans d’existence. Ces structures ont en particulier la gestion des fameuses STACOMI. La plupart d’entre elles a mis en place un Tableau de bord ou un Observatoire avec site web associé pour permettre au plus grand nombre d’avoir un accès aux données et statistiques issues de ces STACOMI. Vous trouverez ci-dessous les liens directs vers ces sites :

Je souhaite profiter de ces pages pour saluer l’énorme travail qui est réalisé par ces structures pour à la fois acquérir dans les meilleurs conditions ces données biologiques et les valoriser pour les rendre facilement accessibles. La qualité de ces données et cette mise à disposition quasi en temps réel des données sur les migrations sont très rares dans le monde de la gestion de la biodiversité, qu’elle soit aquatique ou terrestre. Il est important de reconnaître ce travail à sa juste valeur et de le soutenir dans une période où la pérennité des financements de ces structures associatives est chaque année remise en question. Il est en effet extrêmement complexe d’arriver à maintenir les budgets pour financer des suivis qui pour certains durent depuis plus de 20 ans. Or ce sont bien ces suivis de longues durées qui permettent aujourd’hui de mieux comprendre le fonctionnement de ces espèces et d’ajuster les politiques de gestion. Sans ces chroniques, impossible par exemple de faire tourner les modèles statistiques qui sont de plus en plus utilisés par les scientifiques.

Toutes les données et informations par bassin présentées ci-après sont issues de ces sites web complétées par des interviews du personnel technique de ces « asso MIG ».

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La STACOMI de Sauveterre (Rhône)
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Etat et tendances d’évolution par grands bassins hydrographiques

L’objectif des éléments détaillés ici est de présenter en quelques lignes la situation des aloses par grands bassins hydrographiques en s’appuyant à la fois sur les chiffres mais également sur les contextes locaux en distinguant les points noirs sur la gestion des aloses et ce qui pourrait, à l’opposé, permettre d’espérer la pérennité de ces populations.

Certains états et tendances sont issus de mes propres interprétations et peuvent donc légèrement diverger de celles tenues au niveau local.

Bassin Bretagne

Les principales populations d’aloses sont localisées sur 3 fleuves côtiers : la Vilaine, l’Aulne et le Blavet. Des remontées d’aloses sont observées sur plusieurs autres fleuves, comme l’Elorn, l’Ellé ou le Léguer, mais il est aujourd’hui considéré que ces remontées sont limitées à quelques dizaines voire une petite centaine d’individus par année (74 aloses en 2019 sur l’Elorn) ; l’idée n’étant pas pour autant de dénigrer ici l’importance de ces petites populations dans la dynamique globale de l’alose.

Sur le Blavet, il n’existe pas de station de comptage. Les populations y sont ainsi mal connues, les principales informations, très récentes, provenant pour l’essentiel des pêcheurs à la ligne et de quelques suivis de la reproduction, ces suivis devant s’intensifier en 2020 et 2021.

L’Aulne et la Vilaine disposent chacune d’une station de comptage en entrée de bassin versant. Les principaux chiffres sont synthétisés dans le tableau suivant :

alose Bretagne

 

Historiquement, les aloses fréquentaient peu les cours d'eau bretons, et ce n’est vraisemblablement qu’à compter des années 1980 que des remontées d’aloses (nous parlons ici exclusivement de grandes aloses) ont été connues, en premier lieu sur la Vilaine et l'Aulne. Du fait des évolutions récentes des conditions environnementales, en partie continentale mais surtout en partie maritime, les remontées d’aloses ont augmenté sur les fleuves bretons depuis les 2 dernières décennies. Ici, la grande alose semble donc encore se positionner dans une phase de colonisation.

Eu égard à l’attractivité hydrologique assez faible des fleuves bretons et à leur capacité d’accueil restreinte en termes d’habitats de reproduction, les effectifs d’aloses restent limités et se caractérisent par des variations interannuelles marquées. Ces variations sont liées aux conditions hydroclimatiques, contrastées chaque année entre les fleuves, et par une dynamique naturelle de l’espèce.

Alose Bretagne

 

Sur la Vilaine, les mesures de gestion mises en œuvre depuis 2016 par le COGEPOMI Bretagne pour réduire la période de pêche au filet des aloses semblent porter ses fruits. Parallèlement, d’importants efforts en matière de restauration des axes de migration vont encore être engagés sur la Vilaine et l’Aulne (avec un fort soutien financier de la Région Bretagne et de l’Agence de l’Eau). Sur la Vilaine, ces travaux vont sensiblement augmenter les surfaces de frayères accessibles. Sur l’Aulne, le contexte reste complexe du fait de la présence de 28 écluses sur l’axe migratoire.

Aussi, en tenant compte de la tendance d’évolution récente des populations d’aloses et des travaux en programmation, on peut théoriquement s’attendre à voir augmenter le nombre de géniteurs en migration sur les fleuves bretons dans les années à venir.

Les côtiers normands

A l’instar des fleuves bretons, la colonisation des fleuves normands par la grande alose peut être considérée comme un phénomène récent, s’expliquant par un repositionnement progressif de la distribution des adultes en phase marine (Rougier, 2014). On peut notamment souligner que les conditions thermiques rencontrées en Bretagne Nord et dans la Manche sont aujourd’hui plus favorables pour les populations d’aloses.

Et parallèlement, sur le milieu continental, les aloses ont pu bénéficier de nettes améliorations des contextes migratoires. En effet, les acteurs de ces territoires, au premier plan l’Agence de l’Eau Seine-Normandie et les Fédérations de pêche, ont engagé une politique ambitieuse d’équipement et surtout d’effacement d’ouvrages transversaux sur de nombreux côtiers.

On dénombre 4 stations de comptage sur ce territoire, chacune étant positionnée en partie aval de bassin versant, sur l’Oir, la Vire, la Touques et l’Orne. Les données acquises à la station sur l’Oir (gérée par l’OFB) ne font pas état de la présence de la grande alose sur ce fleuve, de même que sur la Touques (Breuil-en-Auge, gérée par la FDAAPPMA 14), dont les températures fraîches toute l’année ne semblent pas attractives pour les aloses. Les principales données concernant les remontées d’aloses sur les 2 autres fleuves sont synthétisées dans le tableau suivant :

Alose Normandie

 

A la lecture de ces chiffres, la Vire s’impose sans conteste comme le fleuve majeur de la côte normande pour les populations d’aloses. Bien que l’année 2019 ait été la plus mauvaise année en termes de remontée depuis la mise en service de la STACOMI en 2002, la moyenne interannuelle fait état d’une colonisation importante de ce fleuve avec plus de 5 000 géniteurs comptabilisés sur ces 5 dernières années. Il faut souligner en outre que ces comptages ne sont pas réputés exhaustifs, des zones de reproduction favorables étant disponibles à l’aval de l’ouvrage. Il est difficile d’apprécier le nombre de géniteurs susceptible de s’arrêter sur ces frayères. Quoi qu’il en soit, ce fait renforce l’importance des populations d’aloses sur ce fleuve.

La tendance globale d’évolution des remontées d’aloses sur la Vire depuis 2002 est positive mais elle se caractérise par des variations importantes d’effectifs entres les années. Ces variations semblent suivre un cycle s’étalant sur environ 7 ans et correspondraient à un mécanisme naturel de fonctionnement de la dynamique de population. On observe une tendance similaire sur l’Orne. Dans ce contexte, on devrait assister à un rebond des remontées sur ces 2 fleuves dans les 2-3 années à venir, 2019 semblant se positionner dans le « creux » du cycle.

Alose Normandie

 

Un autre paramètre pourrait expliquer ces variations : les conditions hydroclimatiques printanières et l’attractivité hydrologique différente entre les fleuves et entre les années. Ainsi, certaines années, l’attractivité peut se révéler préférentielle sur la Douve, petit fleuve voisin connu pour héberger également des remontées d’aloses mais sur laquelle il n’existe pas aujourd’hui de dispositif de comptage. L’état des colonisations sur la Douve est donc inconnu à ce jour et il n’est donc pas possible de mettre ce paramètre en relation avec la variabilité des remontées sur la Vire.

Sur l’Orne, les chiffres font état de remontées sensiblement moins importantes que sur la Vire. Mais on sait parallèlement que les conditions de migration ne sont pas optimales en entrée d’axe migratoire puisque le barrage de Montalivet n’est pas équipé d’une passe à poissons adaptée à l’alose. Cela devrait changer dès 2021 puisqu’une nouvelle passe à poissons devrait voir le jour cet été ! Il sera donc très intéressant de suivre les effets de cet aménagement sur les remontées dans les années à venir.

La station de comptage sur l’Orne étant exploité depuis 1994, on sait que les aloses étaient très peu présentes sur ce fleuve avant 2001. Depuis cette période, les remontées ont globalement bien progressé, suivant des variations cycliques marquées : pics en 2005 (>400 aloses), 2011 (>500 aloses) et 2017 (722 aloses) ; creux en 2007 (50 aloses), 2013 (80 aloses) et 2019 (56 aloses). En tenant compte de ces cycles et de l’amélioration attendue des conditions de migration, on peut s’attendre à une augmentation importante des remontées sur l’Orne dans les prochaines années.

Très peu colonisés par l’alose au début des années 1990, les fleuves côtiers normands occupent aujourd’hui une place importante dans l’aire de distribution de cette espèce. Au regard des efforts menés sur les territoires en matière de continuité écologique, on peut même espérer de meilleures colonisations dans les années à venir avec une augmentation des capacités d’accueil. Affaire à suivre 😉

A noter que parallèlement, la mise en place d’une station de comptage par la Fédération de Pêche sur la Somme (site de Long) a permis d’attester que la grande alose colonisait également ce fleuve (quelques individus par an a priori). La présence de l’alose n’est actuellement pas avérée sur les fleuves de la Région Artois-Picardie mais elle pourrait être présente sur ceux disposant d’une hydrologie moyenne suffisante comme l’Authie. Une station de comptage devrait voir le jour en 2020 et permettra peut-être de le confirmer !

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Alose
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Bassin Seine

Sur ce grand bassin hydrographique français, la prise en compte des enjeux « migrateurs » est sensiblement plus récente que sur d’autres grands bassins hydrographiques voisins. En témoigne l’équipement complet très récent (2016) du premier obstacle à la migration, le barrage de Poses-Amfreville. En lien avec la réglementation sur la continuité écologique, de nombreux obstacles ont été équipés depuis 2014 et les premiers résultats positifs sont déjà observables sur les migrations. Compte-tenu du faible recul dont on dispose sur ces migrations, il est aujourd’hui difficile d’établir de vraies tendances mais on peut souligner 2 faits : une augmentation importante des effectifs d’aloses comptabilisées à la STACOMI de Poses (record en 2019 avec 3 606 aloses comptabilisées) et l’observation d’aloses bien plus en amont sur le bassin versant : captures à la ligne aux portes de Paris (et même sur la Marne au niveau de Champignol !), comptages de 359 aloses en 2019 sur l’Aisne (sous-affluent de la Seine) à 450 km de la mer !

A noter que l’axe Seine étant navigable, les aloses ont toujours pu maintenir une certaine colonisation de ce fleuve en empruntant les écluses de navigation. Il est impossible d’estimer quel pouvait être l’état des remontées à cette période, les conditions de migration étaient probablement très sélectives pour la population. Mais ce maintien d’une migration possible contribue probablement d'expliquer les effets positifs rapides de la construction des passes à poissons sur le nombre d’aloses remontant la Seine.

En lien avec la mise en service récente de la STACOMI de Poses, il n’est pas possible de dresser un tableau de synthèse à l’instar des autres bassins.

Néanmoins, à titre d’illustration, la station de comptage positionnée en rive gauche du barrage de Poses (passe à poissons jugée non-optimale pour les aloses, notamment en termes d’attractivité), et fonctionnant depuis 2008, a permis de comptabiliser 710 aloses en 2019 alors que la moyenne des 5 dernières années étaient de 193 aloses. Bien entendu, pas de triomphalisme hâtif en la matière, mais une note positive ne fait pas de mal dans ce domaine.

D’autant que les efforts liés à la restauration des axes de migration sont en plein essor sur le bassin de la Seine. On peut souligner la réouverture à venir de la Risle (plutôt connue pour son potentiel « truite de mer »), celle en cours sur l’Eure, l’Oise et l’Aisne. Des travaux sont également en cours pour adapter les écluses de navigation de la Seine aux passages de poissons, comme cela est fait depuis des années sur le Rhône. Les efforts et la vigilance devront parallèlement se maintenir pour assurer l’entretien et l’efficacité des passes à poissons déjà construites. Bref, tout nous laisse espérer que la tendance positive d’évolution des populations d’aloses sur le bassin de la Seine va se poursuivre… et les premiers chiffres des remontées 2020 semblent aller dans ce sens, au 28 avril, 2 609 aloses ont déjà été comptabilisées à Poses (uniquement en rive droite), soit 824 de plus que l’année précédente à la même date !

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Barrage de Poses (Seine)
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Bassin Loire

Ce bassin hydrographique est le plus vaste de notre territoire. En outre, l’axe Loire a la particularité d’avoir peu été aménagé si bien que les premiers obstacles physiques à la migration sont localisés à plusieurs centaines de kilomètres de l’estuaire. L’implantation des STACOMI étant aujourd’hui très liée à la présence des ouvrages transversaux, le bassin de la Loire ne dispose donc pas d’une évaluation quantitative des populations d’aloses en entrée de bassin. Néanmoins, un réseau de 4 stations placées sur l’axe Vienne (Châtellerault et Descartes) et sur l’axe Loire-Allier (Décize et Vichy) permet d’acquérir un indicateur de suivi et d’obtenir une certaine image de la répartition des populations.

Les dernières statistiques de remontées d’aloses au droit de ces 4 stations sont données dans le tableau suivant.

Alose Loire

 

Globalement, le bilan dressé grâce aux données LOGRAMI en 2019 rejoint celui établi ces dernières années à savoir des effectifs en baisse et surtout très en deçà des remontées connues sur la période 2004-2007. Sur l’axe Loire en particulier, on est passé de 12 000 à 15 000 aloses comptabilisées à 200-400 aloses ces dernières années ! Sur l’Allier, aucune alose n’a été observée en 2019 alors qu’en 2004, 3 064 aloses avaient franchi le barrage.

Alose Loire

 

La tendance est différente sur l’axe Creuse, potentiellement aux dépens de l’axe Loire amont. Bien qu’on observe également une chute forte des remontées par rapport à l’année de référence (2007) et bien que les chiffres 2019 aient été particulièrement mauvais, la situation apparaît plus stable avec quelques centaines d’individus régulièrement comptabilisés ces quelques dernières années. Cet état de fait est complexe à comprendre et expliquer, d’autant que la capacité d’accueil est maximale sur la Loire amont. Mais les observations de LOGRAMI montrent bien une désertification des frayères, y compris celles localisées en aval de Décize…

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Barrage de Vichy (Allier)
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2 questions émergent à la lecture de ces résultats. Comment expliquer cette situation malgré des plans de gestion engagés depuis 20 ans sur le bassin et est-il possible d’envisager un inversement de cette tendance dans les années à venir ? Bien évidemment, les réponses toutes faites n’existent pas dans ce domaine et malgré notre recul et l’avancée des connaissances sur l’espèce, les certitudes restent minoritaires. Toutefois, quelques hypothèses peuvent être avancées :

  • La dégradation globale des habitats et la modification des conditions environnementales : on citera ici en particulier le bouchon vaseux et ses impacts potentiels sur la survie des jeunes stades (alosons) alors qu’ils tentent de rejoindre l’océan lorsque les conditions sont les plus critiques (chute de l’oxygène dissous), en été. On peut également identifier une baisse globale des débits printaniers, sachant que des travaux sur l’espèce ont bien montré le lien entre intensité des remontées migratoires et intensité des débits printaniers ;
  • Les captures par la pêche professionnelle : voici quelques chiffres issus d’une enquête réalisée par l’AFB44 sur les achats d’aloses aux pêcheurs professionnels auprès des mareyeurs et des grossistes. Sur la période de mars à juin, les achats correspondent à 18,315 tonnes d’aloses pêchées dans l’estuaire. En tenant également compte des déclarations de captures des pêcheurs professionnels fluviaux, on peut estimer à 24 tonnes, soit plus de 13 000 individus, les quantités pêchées au total sur le bassin Loire en 2018. La comparaison de ces chiffres avec les comptages aux STACOMI, 1 319 aloses sur les 4 stations du bassin Loire, fait juste froid dans le dos !!!
  • Une potentielle augmentation de la prédation par le silure glane : les données de passages de silures aux différentes STACOMI mettent bien en évidence une augmentation des effectifs (cf. graph LOGRAMI ci-dessous). Parallèlement, des travaux menés par l’Université de Tours et les pêcheurs professionnels ont mis en évidence que les aloses constituaient une grande part de la biomasse consommée par les silures, y compris en parcours libre (sans la présence de barrage). Cette part augmente avec la taille des silures, les aloses représentant environ 40% du régime alimentaire des silures analysés (N= 47) de plus de 80 cm (Boisneau et Belhamiti, 2015).

 

Alose Loire

 

Il est très probable que, considéré une à une, ces hypothèses ne permettent pas d’expliquer la tendance d’évolution des aloses sur le bassin de la Loire. C’est en revanche plus probable que les influences cumulées/combinées de celles-ci soient responsables.

Quant à l’avenir, difficile d’attendre un inversement de tendance dans la mesure où il n’est pas attendu de véritables évolutions positives du contexte détaillé ci-dessus (débits, qualité des habitats, pêche pro, silures).

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Alose
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La Sèvre niortaise

Ce petit fleuve côtier, surtout connu par rapport aux célèbres « Marais Poitevin » qu’il traverse, héberge chaque année une population d’aloses de quelques centaines d’individus. Très aménager depuis plusieurs siècles, le contexte migratoire n’est pas simple pour l’alose et ce dès les premiers kilomètres depuis l’estuaire. Dans un complexe dédale de canaux, il lui faut d’abord identifier la bonne trajectoire, sous peine de se retrouver coincée au pied d’un ouvrage hydraulique en guise de « cul-de-sac ».

Si elle parvient à trouver la bonne voie, elle doit ensuite profiter du bon créneau pour parvenir à passer le barrage des Enfreneaux, franchissable uniquement lorsque ses clapets sont ouverts, c’est-à-dire pas souvent… et pas longtemps ! Sur ce point, la situation devrait s’améliorer puisqu’une passe à poissons adaptée à l’alose doit voir le jour cet été. En amont des Enfreneaux, les aloses doivent encore franchir les barrages de la Sotterie et du Marais Pin pour, peut-être, atteindre enfin les frayères !

On compte 2 stations de comptage sur cet axe, gérées par le PNR du Marais Poitevin (et surtout par la super dynamique Sophie !). La station de la Sotterie n’est équipée que depuis 2019 et n’a pas vocation à être maintenue dans le temps, son objectif est surtout de mesurer la perte en ligne en géniteurs entre ce barrage et celui du Marais Pin (seuls 5.5 km les séparent). Sur ce dernier, une STACOMI, pérenne, est en fonctionnement depuis 2008.

Entre 2008 et 2015, les remontées d’aloses sont très timides, oscillant entre seulement quelques géniteurs les mauvaises années (2009, 2 aloses) et plus de 150 pour les meilleures (2011, 181 aloses). L’année 2016 marque une évolution importante, avec l’équipement d’une passe à poissons sur le barrage de la Sotterie. Le résultat est direct, 875 aloses sont comptabilisées en 2016 ! Depuis, on assiste à une tendance à la baisse de effectifs, 2019 étant la moins bonne année depuis 2016. Cette tendance peut s’expliquer par un mécanisme cyclique naturel (à l’instar de la Vire et de l’Orne) mais également par des conditions hydrologiques peu favorables à une bonne colonisation.

Alose Marais Poitevin

 

En 2019, 567 aloses ont été comptabilisées à la station aval de la Sotterie. On observe donc une érosion de 50% de l’effectif en migration, alors même que les 2 stations ne sont séparées que de quelques kilomètres et qu’il n’y aucun habitat de reproduction disponible. Cette érosion s’explique exclusivement par une mauvaise efficacité de la passe à poissons du Marais Pin, pourtant construite en 2008 ! Pour faire court, l’entrée de la passe n’a pas été positionnée au bon endroit, et les aloses se retrouvent coincées au pied des clapets du barrage… Nous verrons si les chiffres des suivis 2020 confirmeront cette érosion mais il paraît déjà important d’envisager d’améliorer cette situation.

Ce cas de figure illustre la fragilité et la sensibilité de nos efforts en matière de restauration des migrations piscicoles, dès lors que la suppression de l’ouvrage n’est pas la solution retenue. La conception et le bon fonctionnement sur le long terme de passes à poissons efficaces pour les aloses sont loin d’être une sinécure. Cela demande un grand niveau d’expertise puis une vigilance de tous les instants… Et pour quelques détails dans un projet ou quelques branches coincées dans une échancrure, on peut complètement condamner la réussite d’une migration.

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Alose
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La Charente

C’est un peu la grande sœur de la Sèvre niortaise. Autre petit fleuve côtier de la façade Atlantique coincé entre la Loire et la Gironde qui héberge chaque année des migrations d’aloses. La Charente est également un fleuve qui a connu de nombreux aménagements mais dans une moindre mesure que la Sèvre niortaise. Le contexte migratoire est donc moins complexe pour les aloses et l’accès aux frayères est sensiblement plus aisé, a fortiori depuis la réalisation de travaux d’aménagements des obstacles, Crouin en particulier mais également Saint-Savinien, très récemment.

Le linéaire historiquement colonisable est encore loin d’être réouvert mais les aloses peuvent bénéficier d’une capacité d’accueil vraiment intéressante. Les 2 espèces d’aloses sont bien présentes, la grande alose étant largement majoritaire en amont de Crouin. Certaines années, notamment de faible hydrologie, les 2 espèces sont susceptibles de fréquenter les mêmes frayères, engendrant des probabilités importantes d’hybridation.

Le fleuve dispose d’une STACOMI depuis 2008, au niveau du barrage de Crouin. Cette station est gérée par la Cellule Migrateurs Charente-Seudre regroupant l’EPTB Charente, le CREAA et MIGADO. Les principaux chiffres sur les remontées d’aloses sont présentés ci-dessous :

Alose

 

Clairement les chiffres des remontées de ces 2 dernières années ne sont pas bons et contrastes sensiblement avec les moyennes des 5 dernières années, a fortiori pour la grande alose. On observe de fortes variabilités interannuelles mais qui ne semblent pas suivre de cycle. Il semblerait que les débits printaniers expliquent fortement ces variations, en lien avec l’attractivité du fleuve sur le littoral mais également en lien avec la franchissabilité du barrage de Saint-Savinien (uniquement équipé en 2019). Les prochains suivis permettront peut-être de mieux comprendre cette variabilité.

Alose Charente

 

Localement, bien qu’on ait conscience de la tendance naturelle des populations d’aloses à fortement varier entre les années, on s’inquiète de la baisse récurrente des débits et des conséquences à long terme sur les migrations. Sur ce point, il apparaît prioritaire que la gestion quantitative de l’eau sur le bassin versant tienne compte des évolutions liées au changement climatique pour réduire la pression sur la ressource.

Autre point potentiellement sensible, les activités de pêche professionnelle en mer et dans l’estuaire. Comme souvent, il est difficile d’obtenir des données complètes sur les captures d’aloses mais les quelques chiffres recueillis par la Cellule Migrateurs font réfléchir. Les captures moyennes déclarées par les professionnels sont de l’ordre 3 400 kg sur ces 5 dernières années. En 2019, 2 370 kg ont été déclarés. En 2016, les déclarations dépassent les 11 000 kg ! Et ces déclarations sont probablement incomplètes car l’alose n’est pas réellement ciblée par cette pêcherie…

Les enjeux de gestion sont donc importants sur ce bassin versant pour permettre à l’avenir aux aloses de bénéficier des efforts de restauration des axes de migration.

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Alose
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Bassin Garonne-Dordogne

Il s’agit là du bassin hydrographique qui accueillait historiquement les plus grandes populations d’aloses en Europe. On estime ainsi qu’aux débuts des années 1990, les populations devaient probablement atteindre le million d’individus, des chiffres et une abondance qui nous paraissent aujourd’hui proches de la science-fiction (Castelnaud et al., 2001 ; Chanseau et al., 2005) !

L’association MIGADO, appuyée par l’INRAe de Bordeaux-Cestas, travaille sur ces populations depuis les années 1990. Cet historique nous a permis d’assister « au grand effondrement ». Dans les suivis assurés par MIGADO (comptages aux STACOMI + suivis frayères), on est passé d’une estimation d’environ 700 000 géniteurs répartis sur Garonne et Dordogne en 1995-1996 à moins de 5 000 géniteurs en 2012-2014 ! Depuis les populations semblent, « bon an mal an » se stabiliser autour de 10-11 000 géniteurs. Les principales statistiques des 2 STACOMI références sur la Garonne (Golfech) et la Dordogne (Tuilières) sont présentées ci-dessous :

Alose Garonne

 

Cette stabilisation laisse à penser que nous n’assisterons pas à court terme à une extinction des remontées d’aloses sur la Garonne-Dordogne mais on peut en revanche émettre de grandes réserves quant aux capacités des populations à revenir à des niveaux de stocks en adéquation avec ceux d’il y a une vingtaine d’années. Ce constat peut surprendre si on tient compte de tous les efforts et des investissements financiers engagés pour remédier à l’effondrement des populations. Peut-être que nous aurions assisté à une extinction sans ces efforts mais une fois cela dit, reste tant d’interrogations sur la timidité des réponses biologiques. Rappelons ici qu’un moratoire complet sur la pêche de l’alose a été instauré sur ce bassin depuis 2007 et que les principaux obstacles à la migration sont équipés, avec une nuance sur l’axe Garonne où la situation pourrait être meilleure à Bergerac et à Mauzac (nouvelle passe à poissons bientôt en eau pour ce dernier cas).

D’importants efforts de recherches ont été engagés pour tenter d’expliquer cet effondrement (Rougier et al., 2012) et la quasi-absence de réponse biologique positive aux actions entreprises depuis 20 ans. Citons en particulier les programmes FAUNA et SHAD’EAU, portés par l’INRAe et l’OFB, dans lesquels MIGADO intervient également activement, qui tentent d’identifier les facteurs susceptibles de mieux comprendre les mécanismes en place :

  • Mortalités des juvéniles en zone marine (effet du bouchon vaseux) ;
  • Qualité/productivité des habitats de reproduction ;
  • Manque de ressources alimentaires en fleuve/rivière ;
  • Effets du changement climatique ;
  • Fonctionnalité (métapopulation ?) et adaptabilité des espèces ;
  • Effets des contaminants chimiques.

Ces programmes sont toujours en cours, ils semblent orienter les préoccupations autour de la phase juvénile du cycle biologique des aloses mais les questionnements sont encore très nombreux. Ajoutons enfin à ces travaux de recherche des opérations récentes menées par MIGADO sur la Garonne pour tenter de réduire la population de silures glanes qui montraient une vraie spécialisation saisonnière de leur comportement de prédation sur les aloses à l’approche du barrage de Golfech.

Quoi qu’il en soit, cette situation intervient dans un contexte global de fortes dégradations de la qualité de nos rivières depuis plus d’un demi-siècle, que ce soit sur les aspects physiques (extraction de granulats, barrages) ou chimiques (pollutions diffuses, contaminations des sédiments). Sans que nous soyons aujourd’hui capables de bien comprendre les mécanismes en place, il paraît évident que ces dégradations généralisées expliquent fortement la dégringolade de nos populations d’aloses, mais également de bien d’autres espèces aquatiques…

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Alose
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Bassin de l’Adour et de la Nive

Les aloses colonisent de longue date les bassins de l’Adour et de la Nive, en témoignent des données historiques issues de l’exploitation par la pêche professionnelle (Prouzet et al., 1994). Bien que ces bassins versants aient été fortement aménagés depuis, notamment pour la production hydroélectrique, les aloses ont su se maintenir, en particulier sur le bassin de l’Adour.

Les remontées d’aloses connues aujourd’hui sur le bassin de la Nive et de la Nivelle sont globalement faibles, probablement de l’ordre de quelques dizaines à une centaine d’individus en moyenne par migration. Toutefois, il n’a pas été possible dans mes recherches de trouver les chiffres les plus récents. Un rapport de 2015, produit par l’INRAe de Saint-Pée-sur-Nivelle permet d’apprécier l’état des remontées de grandes aloses sur la Nivelle, grâce au piège d’Uxondoa. 102 individus avaient été capturés en 2014. La moyenne 1994-2014 est de 264 individus. Les remontées maximales, avec près de 700 aloses piégées, ont été enregistrées en 2005. Sur la Nive, les données issues des suivis par piégeages aux stations de Chopolo et Halsou ne sont pas très représentatives des flux réels de remontées d’aloses car des aloses peuvent échapper au piégeage et les pièges ne sont pas en fonctionnement en continu. A Chopolo, entre 1998 et 2017, les remontées annuelles moyennes sont de l’ordre d’une petite dizaine d’individus, le maximal ayant été observé en 2017 avec 143 aloses piégées.

Sur le bassin de l’Adour, les remontées sont significativement plus importantes. La localisation géographique des stations de comptage ne permet pas d’avoir une estimation exhaustive annuelle des flux migratoires (aucune station sur l’Adour en particulier). En outre, la mise en place de ces stations est relativement récente et rend donc délicate la définition de tendances d’évolution. La station probablement la plus intéressante pour le suivi des remontées d’aloses est celle de Castetarbes sur le Gave de Pau, bien qu’elle soit située à 78 km de l’estuaire et qu’on compte 4 ouvrages transversaux à l’aval. Cette station a été mise en fonctionnement en 2017. Les premières années de suivi révèlent que la colonisation du gave de Pau par les aloses se compte vraisemblablement en milliers d’individus, sachant qu’il est attesté par MIGRADOUR que des aloses se reproduisent en aval de cet ouvrage.

La station de Castetarbes se situe probablement sur le tiers haut de la répartition actuelle des aloses sur cet axe de migration, en témoigne les chiffres enregistrés à la station d’Artix localisée environ 22 km en amont sur le Gave de Pau (1 alose en 2019, moins de 10 aloses en moyenne entre 2009-2019). A Castetarbes, l’année 2019 marque la meilleure année avec 2 860 aloses comptabilisées.

Les 2 autres stations intéressantes pour l’alose sont localisées sur le Gave d’Oloron (Masseys) et sur le Gave du Saison (Charritte) mais elles sont respectivement éloignées de l’estuaire de 84 km et 91km. Du fait d’une certaine sélectivité des ouvrages présents en aval (entre 2 et 3 selon la voie de migration empruntée) et du fait d’un nombre importants de frayères disponibles à l’aval, ces 2 stations sont vraisemblablement localisées proche de l’actuelle limite amont du front de migration. Ainsi, les données de remontées issues de ces stations doivent être interprétées avec précaution et ne peuvent pas servir d’indicateur de suivi interannuel des abondances.

Alose Adour

 

Autre élément, les investigations de MIGRADOUR sur le terrain montrent que les aloses ne fréquentent plus les frayères historiquement utilisées sur l’axe Adour. Il est difficile d’expliquer ce phénomène, une possible conjoncture mêlant dégradation des habitats et de la qualité de l’eau. Les données et observations récentes semblent donc indiquer que la majorité du stock d’aloses se concentre aujourd’hui sur les parties basses des Gaves (Pau en premier lieu, puis Oloron et le Saison). On manque de recul sur les données pour définir une tendance mais localement, on a le sentiment que les remontées se portent plutôt bien, surtout en comparaison à leur voisin de Garonne-Dordogne. Et les prédictions en termes d’évolution future des conditions hydroclimatiques dans un contexte de changement climatique sont plutôt favorables aux aloses.

Dernier point important à souligner sur ce bassin, et pas des moindres, les captures d’aloses par la pêche professionnelle et amateur aux engins. Sur ce bassin, il y a un suivi rigoureux en place depuis 2004, assuré par MIGRADOUR et l’OFB, et avec une participation très forte des pêcheurs. A titre d’exemple, sur la saison 2017-2018, 20 pêcheurs fluviaux ont déclaré la capture de 12 504 kg d’aloses soit une estimation de 6 211 individus, sans compter les captures des pêcheurs amateurs aux engins et surtout des professionnels en estuaire ! Une fois encore, lorsqu’on compare ces chiffres aux données de remontées sur les STACOMI, on se gratte la tête...

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Alose
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Bassin Rhône-Méditerranée & Corse

Changement de décor et changement de mer. Place à présent à la Méditerranée et à sa population d’aloses endémiques, bien que, rappelons-le, la taxonomie des populations présentes en Méditerranée conserve encore aujourd’hui pas mal de flou ! Ainsi je traiterai des populations présentes en Corse dans un second temps.

L’alose de Méditerranée est présente sur la majorité des fleuves côtiers, depuis le Tech dans les Pyrénées-Orientales jusque sur l’Argens dans le Var. Les plus importantes remontées sont concentrées sur l’axe Rhône et ses affluents où les populations d’aloses ont réussi à se maintenir même après les grands aménagements des années 1950-1970 grâce aux écluses de navigation, à l’instar de la Seine.

Les efforts de restauration des axes migratoires se sont d’abord concentrés sur le Rhône avec l’adaptation du fonctionnement des écluses de navigation pour maximiser les passages d’aloses, à la fin des années 1990. Ces opérations ont rapidement permis de voir réapparaître une reproduction effective des aloses sur certaines frayères historiques, en particulier sur l’Ardèche et le Vieux Rhône de Donzère. A partir des années 2000, les équipements d’ouvrages transversaux vont également concernés certains affluents (la Cèze, l’Ardèche, plus récemment le Gardon) mais aussi d’importants programmes sont initiés sur les fleuves côtiers (Vidourle, Orb, Hérault, Têt).

Grâce à cet ensemble de travaux, les fronts de migration des aloses de Méditerranée ont sensiblement progressé ces 10 dernières années, cela est particulièrement remarquable sur le Gardon, le Vidourle ou encore la Têt. En revanche, d’autres axes restent problématiques encore aujourd’hui : le Tech, l’Agly, l’Argens et sur le bassin du Rhône, l’accès à la Durance (en amont de Callet) et la Cèze (en amont de Chusclan). Parallèlement, on observe sur certains bassins que malgré de gros efforts d’équipement, les fronts de migration évoluent peu voire stagnent. C’est le cas sur l’Aude et l’Hérault, ce phénomène s’expliquant aujourd’hui par une mauvaise efficacité des dispositifs de franchissement, mal conçus ou mal positionnés…

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Bladier-Ricard_hérault
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Barrage de Bladier Ricard (Hérault)
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Qu’en est-il de la tendance d’évolution globale des populations ? Difficile de trancher. La mise en place de STACOMI est très récente sur ce bassin et les indicateurs d’abondance (captures par pêche à la ligne, nombre de bulls sur les frayères) utilisés jusqu’ici sont souvent difficiles à analyser compte-tenu de tous les facteurs de variabilité et biais à l’acquisition. Toutefois, en croisant l’ensemble des chiffres et en ajoutant l’expertise de l’association MRM, on peut dire que, dans l’ensemble, la population paraît stable. Plus dans le détail, on note une très forte variabilité des remontées en fonction des sites et des années. Cette variabilité s’explique par l’absence de homing chez l’alose de Méditerranée. Elle ne revient pas sur son lieu de naissance pour frayer, elles remontent les fleuves en fonction des conditions hydroclimatiques de l’année, voilà tout ! Cette particularité impose de disposer d’un large nombre de sites de suivi pour bien comprendre la répartition des populations entre les années. Et avec les difficultés croissantes à trouver des financements, ça devient plus qu’un challenge…

Voici les données disponibles aux 2 STACOMI actuellement en place sur le bassin, à Sauveterre sur le Rhône (assez éloigné de la mer et en amont des premiers gros affluents) et à Bladier-Ricard sur l’Hérault (en entrée de bassin versant).

Alose Méditerranée

 

Les données sont trop récentes pour être bien exploitées, d’autant que la passe à poissons de Sauveterre n’a pas fonctionné de façon optimale en 2019. On notera toutefois qu’en 2018, première année de fonctionnement « normal », 3 187 aloses ont été comptabilisées. Sur l’Hérault, les remontées sont très variables d’une année à l’autre mais le très bon chiffre de 2019 (1 164 aloses) montre bien l’importance des petits fleuves côtiers dans la dynamique de population de l’alose de Méditerranée.

Et la Corse dans tout ça ? Elle aussi héberge sa petite population d’aloses ! Celle-ci est cantonnée à la façade orientale et elle est présente sur 3 fleuves : le Golo, le Tavignano et le Fium’Orbo (Cagnant et Marty, 2019). Les populations sont les plus importantes, semble-t-il, sur le Tavignano. Des suivis récents menés par MRM et l’OFB estiment les remontées annuelles sur le Tavignano entre 100 et 200 géniteurs (Chibracq et al., 2011a). Parallèlement, des analyses génétiques ont montré des divergences importantes avec les caractéristiques des populations échantillonnées sur le bassin du Rhône.

Difficile de bien comprendre comment fonctionne cette population, on manque encore cruellement de connaissances mais ces éléments montrent que la Corse dispose là d’une vraie pépite, fragile compte-tenu de la taille de la population et des conditions de migration encore aléatoires sur le Tavignano et le Golo.

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ALF Tavignano
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Alose du Tavignano (Corse)
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Bassin du Rhin

Pour terminer le tour d’horizon des populations d’aloses en France, évoquons la situation sur le bassin du Rhin. En lien avec les grands aménagements du 19 et 20ème siècle, la grande alose a complètement disparue du Rhin alors qu’elle y était historiquement très abondante (De Groot, 1990). A la fin des années 2000, un programme de réintroduction de cette espèce est lancé, à l’initiative des allemands avec une étroite collaboration française (Scharbert et al., 2011). En effet, la réintroduction va être réalisée à partir de larves produites en France par MIGADO, donc à partir d’adultes prélevés sur l’axe Garonne-Dordogne. MIGADO dispose aujourd’hui d’une vraie expertise en la matière et a donc été rapidement capable de produire des dizaines de milliers de larves et de juvéniles viables, transportés ensuite pour être relâchés sur le Rhin ! Ainsi, dès 2008, plus de 500 000 jeunes aloses ont été lâchées dans des zones préalablement cartographiées en Rhénanie-Westphalie et en Hesse. Sur l’ensemble de la durée de ce projet, 5 millions de larves ont été relâchées dans le Rhin.

Quels sont les résultats de ce programme de réintroduction ? Est-ce qu’on a eu le même succès que pour l’alose savoureuse (Alosa sapidissima) sur les rivières Sacramento et Columbia aux Etats-Unis ? J’aimerais vous répondre d’un grand « oui » mais comme souvent sur le sujet, la réponse est loin d’être aussi tranchée. Les premiers lâchers de larves ayant eu lieu à partir de 2008, et tenant compte du cycle biologique de l’espèce, c’est à partir de 2012-2013 qu’on pouvait s’attendre à observer les premiers effets sur les remontées d’adultes. Et ce fut le cas, mais de façon assez qualitative, soyons honnête. En 2013, trois « jeunes de l'année », probablement issus d'une reproduction naturelle, ont été capturés sur le Rhin, ce pour la première fois depuis près de 100 ans. En 2014, 57 juvéniles et huit adultes ont été capturés et sept de ces huit adultes étaient issus des repeuplements (Hundt et al, 2015). Ces quelques résultats attestent d’une certaine réussite des opérations et doivent à présent être observés sur le long terme.

D’après les suivis réalisés par Saumon Rhin sur 2 STACOMI implantés sur le fleuve Rhin (Iffezheim et Gambsheim), on n’assiste pas à une tendance évolutive positive marquée des remontées d’aloses, bien qu’il faille rester très prudent sur ces chiffres. En effet, ces 2 stations sont localisées très en amont sur le parcours migratoire potentiel des aloses et des géniteurs peuvent stopper leur migration sur des frayères disponibles plus en aval. Les principales statistiques sont présentées ci-dessous. Elles montrent un pic en 2014 puis une baisse des effectifs avec une stabilisation ces dernières années autour d’une trentaine d’individus.

Alose Rhin

 

D’autres suivis continuent d’être menés plus en aval sur la partie allemande mais je n’ai pas eu accès aux données les plus récentes. Quoi qu’il en soit, le challenge reste très aléatoire compte-tenu de la complexité du contexte migratoire et des problèmes résiduels de qualité de l’eau et des habitats

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Alose
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Accouplement bruyant d'un couple d'aloses ou bull, une photo rare prise par Pierre Rigalleau
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Et demain ? Entre inquiétudes, incertitudes et espoirs

Si vous avez eu le courage de tout lire jusqu’ici, on peut dire que vous disposez désormais d’une vision assez complète de l’état des populations d’aloses en France ! Le sujet est vaste, complexe, quasi-infini. On l’a vu, la situation n’est pas dans le « tout noir ou tout blanc » et les particularités par grands bassins hydrographiques sont nombreuses et contrastées.

La grande alose est aujourd’hui considérée en France en danger critique d’extinction. Ce classement IUCN reflète avant tout l’état actuel des populations par rapport à celui connu dans les années 1995 (bassin Garonne-Dordogne) ou milieu des années 2000 (bassin Loire) sur ces grands axes historiques de migration. Il paraît difficile aujourd’hui d’espérer revoir un jour remonter des centaines de milliers d’individus sur ces fleuves. Toutefois, les tendances récentes laissent à penser que l’espèce parvient à se maintenir et profite, malgré tout, des efforts entrepris pour restaurer ses voies de migration.

On voit parallèlement l’importance de raisonner à l’échelle globale des populations et non pas forcément en se focalisant bassin par bassin. Des recherches très récentes sur l’origine natale des grandes aloses (par l’étude de la microchimie des otolithes) semblent montrer qu’il existe bien des échanges entre les bassins et que tous ne jouent aujourd’hui pas le même rôle. Un fonctionnement en métapopulations de type « sources-puits » a été mis en évidence sur certains secteurs géographiques (Randon et al., 2017). Ce terme un peu barbare signifie que certains bassins versants sont aujourd’hui très productifs (les sources) alors que d’autres à l’inverse, accueillent des géniteurs mais contribuent peu au recrutement (les puits). Ces éclairages très récents nécessitent encore des efforts de recherche mais ils offrent des pistes très intéressantes pour optimiser et prioriser notre gestion. Pour simplifier, il faudra préserver « les sources » et travailler sur « les puits » pour comprendre les dysfonctionnements et y remédier.

Autres espoirs, l’adaptabilité des aloses et leur forte capacité de réponse biologique. On observe que les populations se décalent géographiquement (Lassalle et al., 2008 ; Lassalle et al., 2009 ; Rougier et al., 2014a ; Rougier et al., 2014b), que les géniteurs adaptent leur rythme de migration (Lambert et al., 2017). Et lorsqu’on rouvre efficacement les axes de migration, la recolonisation peut être effective immédiatement comme on l’a vu sur la Seine ou certains cours d’eau de Rhône-Méditerranée. Par l’augmentation de ces aires de distribution, on peut espérer, dans un mécanisme itératif, une augmentation progressive des populations sur ces nouvelles aires.

Je terminerai toutefois sur une note négative, un point qui me semble aujourd’hui trop peu pris en compte dans la gestion globale des populations d’aloses en France, à savoir les captures par la pêche professionnelle, qu’elle soit fluviale, estuarienne ou maritime. Rares sont les bassins hydrographiques qui se sont réellement emparés du sujet, le bassin de la Gironde, et la Vilaine qui ont tous deux instauré un moratoire. Il n’y a qu’à relire les chiffres présentés dans l’article, ils me paraissent parler tellement d’eux-mêmes lorsqu’on les compare aux données de remontées sur nos fleuves. Dans bien des cas, sur la Loire, la Charente, l’Adour, certains côtiers méditerranéens, les données, incomplètes a fortiori, font état de captures largement supérieures aux données de remontées des géniteurs ! Rappelons ici que la grande alose est sémelpare, elle ne se reproduit par définition qu’une seule fois au cours de son cycle biologique, donc prélever un adulte c’est lui empêcher toute contribution à la dynamique de population.

La force publique, mais également les privés, majoritairement sous contrainte de la réglementation, investissent des centaines de millions d’euros depuis plus d’une décennie pour rouvrir les axes de migration et restaurer/préserver ainsi les populations de migrateurs amphihalins.

Il est clair qu’en maintenant des niveaux de captures aussi élevés des géniteurs d’aloses par la pêche professionnelle, nous réduisons d’autant les bénéfices attendus par ces investissements considérables (effacements d’ouvrages, constructions de passes à poissons). La situation est d’autant plus surprenante que l’alose n’est majoritairement pas ciblée par la pêche professionnelle, il s’agit de captures dites accidentelles ou accessoires ; le kilo d’aloses se vend régulièrement quelques dizaines de centimes d’euros en criée ! Alors utilisons la force publique intelligemment, collaborons avec les structures représentatives de la filière, caractérisons ces activités à l’origine des captures d’aloses et mettons en place les dispositions pour les supprimer au plus vite : moratoire, rachat de licences, mise en réserve temporaire, … Les solutions techniques efficaces existent et ne sont pas complexes à mettre en place. Elles nécessitent en revanche un engagement fort des acteurs, notamment politiques. Loin de moi l’idée de stigmatiser outre mesure les pêcheurs professionnels, je respecte cette profession et ces Hommes qui connaissent leur milieu comme personne. Il faut donc les intégrer davantage dans ces procédures pour imaginer avec eux des solutions viables et réalistes, même si, il ne faut pas se voiler la face, elles seront forcément contraignantes.

Les résultats de telles mesures seraient « cash », une augmentation du nombre de géniteurs capables de se reproduire et, en toute logique, une augmentation pérenne globale des populations. Nous aurions là un beau résultat à valoriser pour justifier des millions d’euros, d’argents très majoritairement publics, investis au titre de la continuité écologique. Et les bénéfices collatéraux seraient nombreux, écologiques bien-sûr mais aussi économiques (valoriser une pêche de loisir respectueuse de l’espèce) et sociaux-culturels (montrer au plus grand nombre notre capacité à gérer nos ressources, sauvegarder notre biodiversité, patrimoine commun inestimable).

Bref, les aloses n’ont pas dit leur dernier mot, et notre responsabilité est immense pour leur permettre encore longtemps de « buller » sur nos rivières.

 

Photos de l'auteur, sauf mention contraire

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Yann Abdallah
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Principales références utilisées

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A propos de l'auteur

Yann est originaire de Lyon et vit à Morzine aujourd'hui. Il pêche depuis l’âge de 6-7 ans après avoir attrapé le virus grâce à ses stages de pêche estivaux à l’…