Comment bien débuter la pêche de la truite ?

Pêche truite

Débuter la pêche de la truite en France en 2021 n'est pas une chose aisée, tant cette espèce paie un lourd tribut aux activités humaines qui dégradent son milieu naturel et réduisent son territoire. Toutefois, à condition de respecter certaines règles, le néophyte peut rapidement prendre du plaisir et progresser ! Voici quelques pistes pour y parvenir : 

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La voie initiatique des truites surdensitaires

Selon le contexte, il arrive que le débutant commence à se frotter à la truite en pêchant des poissons élevés en pisciculture. C'est notamment le cas lorsqu'il habite en plaine loin de tout massif montagneux ou lorsque son jeune âge le confine à des parcours aménagés, souvent urbains et faciles d'accès. Ces poissons, parfois décriés à tort par quelques pseudo-puristes, sont un excellent moyen de mettre le pied à l'étrier. Ils sont la plupart du temps déversés dans des parcours touristiques ou loisir, selon un calendrier rendu public par les gestionnaires locaux de la pêche. Leur pêche est facile (quoiqu'elle présente certaines subtilités lorsqu'on souhaite l'optimiser !), ludique et à la portée du plus grand nombre. Combien de pêcheurs de renom ont fait leurs armes sur des truites arc-en-ciel ? L'important lorsqu'on débute, c'est de prendre rapidement du plaisir pour ne pas perdre la motivation et transformer une volonté d'apprentissage en chemin de croix ! Pour ceux qui mordront à l'hameçon (c'est le cas de le dire !), la transition devrait vite s'opérer et l'exploration du monde fantastique de la truite sauvage ne devrait tarder à débuter ! La suite de cet article lui sera consacrée...

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truite arc en ciel
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Les truites de pisciculture symbolisent souvent les toutes premières captures !
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Choisir la bonne technique

Affûter sa lecture d’eau est l’un des critères de réussite les plus importants à la pêche de la truite sauvage. Faire passer sa ligne précisément là où le poisson se trouve est primordial pour avoir des touches mais également dans l'optique de progresser. Parmi le panel de techniques qui s’offrent au débutant, aucune autre que la pêche en dérive (toc aux appâts naturels ou à la nymphe et nymphe au fil) ne permet de travailler autant la précision du coup de ligne.

En effet, en pêchant en dérive, on mise sur l’effet "appât naturel", contrairement à la pêche aux leurres par exemple, qui déclenche une réaction d’agressivité chez la truite. Au toc ou en nymphe au fil, la distance de stimulation est faible : dans la majorité des situations, la truite ne se déplacera que très peu (ou pas) pour saisir l’appât, alors qu'elle pourrait allègrement le faire vers une cuillère qui coupe les veines de courant. De même dans le cas de la mouche, les coups de ligne sont parfois guidés par des gobages ou par la vision directe d’une truite en poste (cas de la nymphe à vue).

En dérive, le repérage des poissons est uniquement basé sur la capacité du pêcheur à décrypter les veines d’eau, la topographie du fond de la rivière et des berges. Face à des truites sauvages, un lancer un poil trop court, une minime erreur de trajectoire dans la dérive (une poignée de centimètres suffit par eaux froides) peuvent expliquer l’absence de touche ! La pêche en dérive est sans aucun doute la plus rigoureuse des écoles pour apprendre à lire une rivière, puisqu’elle ne pardonne pas les imprécisions. Cet apprentissage initial sera d’une aide précieuse pour évoluer ensuite vers d’autres techniques et milieux.

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pêche toc
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La pêche au toc en rivière caillouteuse = école de la précision
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Oublier la taille des captures

Tout pêcheur, même et surtout le débutant, rêve de capturer une grosse truite. Souvent, le néophyte se lance à corps perdu dans cette quête à grands coups de poisson nageur en grande rivière, après avoir vu une vidéo youtube qui traite le sujet ou quelques photos sur les réseaux sociaux... c'est précisément ce qu'il faut éviter durant la phase d'apprentissage initiale !

Devenir un bon pêcheur, c'est-à-dire avant tout un bon connaisseur du poisson et de ses moeurs, nécessite de se frotter à une population entière, et non à quelques individus de gros calibre du haut de la pyramide des âges... la nuance est de taille ! Choisir des secteurs abritant une vraie population de truites dont les différentes tranches d'âge sont toutes bien représentées, est infiniment plus formateur que de fréquenter des "cimetières à éléphants", uniquement peuplés de quelques gros individus disparates. Savoir quand, où et comment mord telle au telle tranche de la population (y compris les truitelles dont la capture est aussi riche d'enseignements) doit occuper les réflexions du débutant. En pratique, cela revient à pêcher des truites de taille "standard" en eaux rapides, c'est-à-dire, pour la majorité des régions salmonicoles françaises, entre 20 et 30cm.

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Les truites d'une vingtaine de centimètres : la cible conseillée du débutant !
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Les meilleurs cours d'eau

Ce sujet fait l’unanimité : le petit cours d’eau (c'est-à-dire moins de 5/6 mètres de large) doit avoir les faveurs du néophyte. Les ruisseaux, surtout s’ils coulent sur un substrat caillouteux, présentent des postes multiples, variés en matière de couple vitesse/profondeur, souvent marqués et proches les uns des autres. Tout ce qu'il faut pour faciliter la lecture d'eau en somme, et fournir une banque d'infirmations immense qui formera le débutant à la compréhension de ce qu'il se passe sous l'eau au moment où il pêche. Le pêcheur peu expérimenté donnant par essence une part relativement importante de coups de ligne hasardeux, a donc plus de chances de promener son appât devant une truite dans ces coups restreints. Au contraire en grande rivière, la lecture d’eau est plus subtile et donc la réussite aléatoire lorsque le savoir faire est modeste.

Les chances décuplées de capture s’expliquent aussi par les densités de poissons en tête de bassin. A une heure où les zones à truites subissent d’importantes pressions anthropiques qui tendent à effriter les densités par l’aval, ce type de milieu relativement épargné conserve de bonnes populations. Leur capacité à apporter rapidement quelques prises  au débutant l'encourage forcément à persévérer !

La pêche en ruisseaux est également très exigeante au niveau de la dextérité : leur ripisylve parfois abondante ne pardonne aucune erreur de lancer ou durant le combat, ce qui aide à acquérir des automatismes fort utiles pour la suite. Le pratiquant pourra ensuite évoluer vers d’autres milieux plus vastes où les postes ne sont finalement que la reproduction à plus grande échelle des petits coups du torrent école.

Enfin, il est important d’évoquer un autre attrait majeur des ruisseaux : ils coulent souvent dans des vallées escarpées et sauvages dont le caractère bucolique séduit souvent les nouveaux venus (comme les plus émérites d’ailleurs), peu habitués à évoluer dans de tels décors.

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Les torrents de montage possèdent souvent de fortes densités de truite, un régal pour le débutant !
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Les meilleurs moments

Pour obtenir rapidement des touches, le débutant a intérêt à choisir une bonne période pour donner ses premiers coups de ligne :

Toute rivière possède un ou plusieurs moments fastes dans la saison. Ces moments correspondent à une conjonction de facteurs environnementaux (température, niveau…etc) qui décuple l’activité et la capturabilité des truites. Le débutant doit d’une part apprendre à intégrer ces facteurs, et surtout connaître le moment où ils surviennent. Pour simplifier les choses, on recherchera une température d’eau la plus proche possible de l’optimal thermique de la truite (12°C) et un niveau correct, ni trop faible ni trop important, pour faciliter l’approche et bénéficier d’un maximum de coups pêchables. On comprend ici l’importance d’habiter non loin de son lieu de pêche de façon à pouvoir suivre facilement de l’évolution des débits et des températures au fil de la saison. Dans le cas contraire, un suivi assidu de la météo, des relevés Vigicrues et ainsi que la prise d’informations auprès de quelques amis de confiance peuvent être d’une aide précieuse.

Pour schématiser, les cours d’eau à truite peuvent se classer en deux types principaux :

  • Les cours d’eau de régime pluvial : dans les secteurs non influencés par la fonte, le meilleur moment de la saison survient durant les premières journées douces et ensoleillées du printemps (d’avril à juin selon les années), durant laquelle la température de l’eau repasse au dessus des 10°C.  
  • Les cours d’eau de régime nival : dans les cours d’eau influencés par la fonte des neiges, de bons moments peuvent survenir en mars, avant l’arrivée de l’eau grise, lorsque la neige ne fond pas encore. Toutefois, c’est à la fin de la période de fonte, lorsque le niveau baisse et l’eau s’éclaircit, qu’il faudra absolument être à pied d’œuvre. Cela survient en général de mai à juillet suivant l’enneigement hivernal et la météo du printemps.

Ainsi, évitez l’attitude classique de la plupart des nouveaux pratiquants qui décident de « se mettre à la truite » durant la saison creuse hivernale, arrivent gonflés à bloc en mars, et plient bagage après quelques sorties infructueuses... Gardez donc de la motivation pour les moments décrits ci-dessus : en plus d’être les plus favorables, vous serez souvent seul au bord de l’eau pour en profiter !

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Le mois de juin en moyenne montagne, sans doute le meilleur moment pour se lancer !
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Comment progresser ?

Au moment de se lancer, il est légitime de demander des conseils. A ce niveau, il n’existe pas de solution miracle : la lecture de livres spécialisés, les stages avec un guide, le visionnage de vidéos sont autant de rampes de lancement intéressantes, que chacun appréciera selon sa personnalité.

Toutefois, la quantité d’informations offertes de nos jours sur internet est telle qu’il est bon de rester sélectif et critique. Fiez-vous d’abord à votre expérience, sans vous enfermer dans des certitudes figées entendues ici ou là (elles n'existent pas à la pêche !).

Rien ne remplace les heures passées au bord de l’eau : vous aurez beau lire et relire le même passage d’un bouquin, on ne parvient généralement à se convaincre qu'avec le vécu (par contre, il est intéressant de rattacher ses expériences personnelles à ce que l'on a préalablement lu ou entendu).

Toutefois, si l’assiduité paye, il convient surtout valoriser chacune de ses sorties, car le plus ne va pas toujours de pair avec le mieux. Il existe des tas de pêcheurs d’âge respectable qui ont accumulé les heures canne en main, sans en retirer beaucoup d’enseignements, à cause d'un manque de remise en question, d’une monotonie de parcours et/ou de conditions recherchées par exemple. Devenir un as de la pêche en torrent au ver après l'orage n'est pas ce qu'il y a plus de plus passionnant...

Pour se forger une solide expérience, il est intéressant de pêcher seul au début, en diversifiant les secteurs, tout en ciblant les bonnes périodes. Après avoir pris un peu d’assurance, la pêche à deux est un excellent moyen de progresser, par l’émulation que crée la comparaison des résultats.

Se poser les bonnes questions est aussi primordial :

Les discours techniques complexes séduisent les nouveaux pratiquants car ils donnent une apparente finesse et difficulté à la pêche. Or, si les paramètres techniques (lancer, tenue de canne…ect.) sont des pré-requis obligatoires, ils ne sont qu’un moyen d’accéder à la route vers le succès. Le débutant ne doit pas se leurrer : c’est en se creusant les méninges sur les aspects stratégiques (choix du parcours, des postes, de l’heure) que la progression viendra. Il est infiniment plus générateur de réussite de mettre en relation des conditions de pêche à certains comportements de la truite, que de savoir s’il vaut mieux utiliser du 13/100 ou du 15/100 en corps de ligne lorsqu'on pêche au toc par exemple...

Bonne initiation !

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Pêcher à deux, un bon moyen de progresser !
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Découvrez les bases des techniques de pêche en dérive :

La pêche au toc

La pêche en nymphe au toc

La pêche en nymphe au fil

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