La pêche du brochet à la mouche au printemps

pêche brochet

Le printemps est la saison tant attendue après ces quelques mois de trêve. C’est le plaisir de retourner au bord de l’eau sous le chant des oiseaux, de préparer son matériel sous un lever de soleil, faire ses premiers lancers de la journée, en espérant croiser ce que l’on est venu chercher... ce poisson qui peut atteindre de très belles mensurations, et qui fait rêver plus d’un pêcheur, vous l’aurez deviné, il s'agit du brochet. Vous avez su vous occuper durant ces mois hivernaux avec l’entretien du matériel, la confection de nouveaux streamers pour enrichir vos boîtes, l’achat de nouveaux matériaux de montage ou de matériel de pêche. Mais l'attente peut paraître longue ! C’est pourquoi je vous propose, afin de vous faire patienter jusqu’à ce grand jour, de vous livrer quelques conseils qui vous serviront pour cette période printanière.

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Les eaux courantes

Au printemps, les rivières sont belles. Elles ont été nettoyées par les crues hivernales. Les herbiers prennent place, recréant de nouveaux postes qui sont très rapidement occupés par les brochets pour s'y camoufler. Bien souvent en début de saison les eaux sont claires, ou légèrement teintées par le phytoplancton suivant les rivières et les régions. Cela apporte une pêche très visuelle... il n’y a rien de plus fabuleux que de voir un brochet attaquer son streamer.

Dans la plupart des régions de France les brochets ont déjà frayé depuis plusieurs semaines à l'ouverture, ils ont donc eu le temps de retrouver leurs postes de chasse. Même si les zones proches des frayères peuvent tenir encore quelques poissons, la plupart des brochets ont rejoint leurs zones habituelles et se sont étalés sur la rivière. Mais il y a une chose qui rassemble ces carnassiers en ce début de saison, c’est la reproduction des poissons blancs. Ces rassemblements de cyprinidés passent rarement inaperçus... Pendant que gardons, rotengles, brèmes et autres sont occupés à se reproduire, les brochets ne sont jamais bien loin à attendre. Dans l’euphorie du moment, les poissons blancs ne voient pas le brochet s’approcher furtivement, tapis sur le creux du fond, ou camouflé près d’un herbier. Ces zones sont à prospecter impérativement. La reproduction affaiblit aussi bon nombre d’entre eux, ce qui est du pain béni pour les brochets. Mai et juin sont les mois où la plupart des poissons se reproduisent. Pour certaines espèces, suivant les années et l'endroit où l’on se trouve, cela commence en avril, tandis que d’autres finissent en juin voire en juillet. N'hésitez pas à observer les zones de fraie, pour déterminer sur vos rivières quelles espèces s’y reproduisent et à quel moment. Il y a de fortes chances pour que la saison suivante vous retrouviez les poissons se reproduire à la même période. Ainsi donc, vous rencontrerez à coup sûr des brochets présents autour de ces zones.

D'ailleurs, certains poissons comme le chevesne, la brème ou encore l’alose pour ceux qui vivent près des côtes, attirent de par leurs tailles de gros brochets qui ne feront qu’une bouchée de ces poissons.

Dans ce contexte, la difficulté réside dans le fait d’être présent lors du créneau de chasse des brochets. Sans quoi nous aurons beau passer nos streamers, ils déclencheront rarement les attaques de brochets qui ont le ventre déjà bien rempli. Les zones de reproduction se situent sur les bordures peu profondes : herbiers, racines ou encore bancs de galets suivant l’espèce de poisson... L’utilisation d’une soie flottante sera suffisante. Il est tout à fait possible d’utiliser une soie intermédiaire si vous ne possédez pas de soie flottante. Afin d’éviter de gratter le fond, je vous conseille de raccourcir vos lancers en vous rapprochant discrètement de la zone de pêche.

Même si ces rassemblements de blancs attirent les brochets, tous les carnassiers ne seront pas postés près d’une zone de fraie. Il n’est pas rare de toucher des brochets sans voir le moindre poisson blanc batifoler sur une bordure. L'avantage de ces brochets réside dans leur plage d’activité plus longue. Leurs proies ne sont pas accaparées par le désir de se reproduire, ce sont des poissons blancs qui sont davantage en mouvement, et sont aussi sur leur garde. Les brochets se remplissent bien moins facilement la panse !

Petite astuce : si vous connaissez deux zones de fraie de poissons blancs séparées de plusieurs dizaines de mètres ou plus, n’hésitez pas à pêcher entre les deux points de fraie. Ce ne sera pas du temps perdu !

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Les eaux closes

Contrairement à la pêche hivernale, ce n’est pas la profondeur du milieu qui déterminera la pêche, mais le placement des poissons blancs. Bien souvent, ils se trouvent sur les bordures, soit pour se reproduire, soit pour se nourrir d’insectes aquatiques, plus présents dans les couches d’eaux peu profondes qui se réchauffent plus vite, ainsi que d'insectes terrestres qui, balayés par le vent, tombent à la surface de l’eau.

Un rapide coup d’œil vous permettra de déterminer sur votre lieu de pêche si des poissons blancs se trouvent plus actifs d’un côté que de l’autre. Si le vent est présent, il est plus intéressant de pêcher la berge battue par le vent. Les insectes aquatiques et terrestres se font pousser sur cette berge qui offre par conséquent une quantité de nourriture plus importante que nulle part ailleurs. De ce fait, les poissons blancs se regroupent en nombre sur cette berge, ce qui attire par la suite les poissons carnassiers.

Il est très intéressant de pêcher ces berges à cette saison. Les niveaux d'eau sont généralement hauts. Une belle bordure de roselières et un streamer de surface vous offriront de belles sensations. Les anses peu profondes où les herbiers se trouvent submergés regroupent à coup sûr des poissons blancs. Il n’est pas rare de faire un très gros brochet dans peu d’eau en ces mois printaniers. Là aussi, la soie flottante sera reine. Comme cité précédemment, si vous ne possédez pas de soie flottante, appliquez la même approche que pour les eaux courantes.

Si vous n’enregistrez aucune touche sur les bordures ou que l’activité se calme, n’hésitez pas à vous éloigner un peu pour pêcher proche des cassures. Souvent la lumière du soleil montant pousse les poissons à descendre un peu plus dans la couche d’eau. Suivant la profondeur et votre vitesse de récupération, ce sera à vous d’adapter le choix de la soie entre une flottante et une intermédiaire. Le milieu d’un étang peu profond n’est pas à négliger à ce moment là. Il n’est pas utile de pêcher profond même si les herbiers ne sont pas encore haut. Bien souvent pêcher juste sous la surface ou à quelques dizaines de centimètres sous l’onde déclenchera des attaques. N’oubliez pas de faire glisser votre streamer sur l’eau avant de relancer. Il n’est pas rare que ce soit le moment que le brochet choisira pour attaquer... bonne douche garantie !

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Le choix des streamers et leur animation

La couleur

Suite à la trêve hivernale, les brochets ont perdu leur méfiance. Ils répondent bien plus facilement à un panel de couleurs plus important qu’en fin de saison, surtout dans les secteurs sur-pêchés. Ainsi, toutes les couleurs peuvent rapporter des touches à un moment ou à un autre. Il y a quand même un coloris que j’affectionne particulièrement en début de saison, même si je ne saurais pas vous dire à quelle raison est due son succès : le chartreux. J'ai remarqué que ce coloris plaît beaucoup aux brochets et plus encore lorsque ce streamer est utilisé près d’un banc de nénuphars. Lorsque je tombe sur un groupe de poissons blancs en pleine fraie je propose au moins deux coloris : l’un est imitatif de l’espèce rencontrée, l’autre est très voyant (chartreux, rouge, jaune...) afin qu’il soit plus facilement repéré par le brochet dans cet attroupement de poissons.

La taille

Le printemps est pour moi une saison où toutes les tailles peuvent faire pêche. Il suffit de trouver celle qui déclenchera les attaques de la journée. Pour pêcher sur une zone où des poissons blancs sont en pleine fraie, en plus du choix de la couleur expliqué précédemment, je colle au mieux à la taille de l’espèce présente. Si je n’ai pas de réaction, j’aime augmenter la taille et/ou le volume. Le volume d’eau déplacé s’en trouve augmenté ce qui est plus facilement perçu par les brochets. Bien souvent, utiliser un streamer aisément repérable par les brochets (tant d'un point de vue visuel que vibratoire) vous apportera la touche recherchée.

L'animation

Là aussi, nous allons trouver un changement notable par rapport à nos dernières journées hivernales de pêche au brochet de la saison précédente. Les eaux se sont nettement réchauffées, le métabolisme des brochets s’en trouve accéléré. De ce fait, les brochets digèrent plus vite, se nourrissent plus régulièrement, et se déplacent plus volontiers sur leurs proies. Je n’ai pas d’animation type à cette saison. Que ce soit en stripping ou en rolly polly, une animation rapide, lente, agressive, linéaire, entrecoupée de longues poses...etc tout peut fonctionner... Il vous faudra multiplier les animations pour trouver la pêche du jour ou celle qui rapporte le plus d’attaques.

Deux remarque pour finir : il y a une technique à laquelle on pense rarement lorsque l’on recherche le brochet à la mouche. C'est la pêche au ras du fond à l’aide d’une soie plongeante avec une imitation d’écrevisse. Les brochets ne dédaignent pas ces crustacés, surtout au printemps...

Dernière note importante : le printemps est une saison où les chances de tomber sur un grand brochet sont importantes. Restez concentré tout au long de votre session de pêche, ce poisson peut arriver à tout moment !

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Marryat Tactical Pro

A propos de l'auteur

Marc est originaire de Charente Maritime, il a pris goût à la pêche au fouet en montant ses premières mouches, qui vont très rapidement lui faire prendre ses premières…