Objectif cristivomer

cristivomer

Tout a commencé la veille de l’ouverture de la pêche en lac d’altitude. Je cherchais un lac dégelé, assez difficile d'accès pour éviter la foule que suscite l’ouverture. On m’avait parlé à plusieurs reprises d’un lac dans lequel se trouveraient de gros cristivomers. N’ayant jamais pêché ce poisson, je jette mon dévolu sur ce fameux plan d'eau, plus par curiosité que réellement dans le but d’attraper un gros individu...

Texte

Samedi matin 4h, j’attaque la montée pédestre avec pour objectif d’arriver avant le lever du jour. Durant l’ascension, je garde à l'esprit que ma cible est nouvelle et tente d’établir une stratégie de pêche selon la description qu'on m'en a faite. Seuls les yeux brillants du gibier effrayé par ma frontale me tirent de mes pensées...

Comme prévu, j’arrive au bord du lac dans la pénombre, non sans être essoufflé par les centaines de mètres de dénivelé abbatues. Je monte rapidement mon matériel et commence à pêcher avec un gros leurre souple, un Ripple Shad 9 cm, dans le but de cibler ces fameux poissons. Après une grosse heure de pêche, je n’ai eu aucune touche et pas vu la queue d’un cristi. Je me déplace sur la berge et lance en bordure dans un endroit qui semble un peu plus profond. Je commence à animer et prend une bonne cartouche, ça semble joli. Je crois d’abord à un cristi mais c’est finalement une magnifique fario qui a pris mon gros souple. Quelques photos avec cette truite qui dépasse les 40 cm et elle retourne dans son élément. Cette prise me redonne confiance pour la suite.

Les premiers rayons de soleil font leur apparition, voilà maintenant 2 heures que je pêche. Le meilleur moment pour le cristi étant en théorie passé, je décide de changer de stratégie et passe sur un poisson nageur plus petit, un classique D Contact 63, pour élargir mon panel de cibles potentielles. Une bonne moitié du lac est maintenant au soleil, sur un lancer au large, en laissant couler mon leurre, je fais suivre un premier cristi jusqu’au bord mais il ne semble pas agressif. C’est déjà un beau sujet qui doit avoisiner les 50 centimètres...

J’effectue exactement le même lancer mais cette fois, lorsque je commence à animer mon leurre au ras du fond, je sens une touche lourde. Je ferre, et bizarrement le poisson se laisse ramener assez facilement, comportement typique du cristivomer selon mes informateurs. Ce n’est que lorsque je l’aperçois près du bord que le combat commence vraiment, le poisson fait quelques rushs puissants. J’arrive à le ramener à un mètre du bord mais sans épuisette et vue sa taille, cela me semble compliqué de le sortir. Sans réfléchir, je saute à l’eau et me retrouve immergé jusqu’aux genoux...

J’essaye une première fois de l’attraper sur le côté mais il est trop large... la deuxième fois est la bonne. Je sors rapidement de l’eau et fait quelques photos... Ce poisson est exceptionnel par sa beauté, c’est le premier cristi que je rencontre et reste sans voix devant ce splendide sujet qui frôle les 60 centimètres.

Après l’avoir relâché, je reste 5 minutes, peut-être 10, assis sur un caillou repensant à ce spécimen. Difficile de se reconcentrer sur la pêche mais je retente le coup. Même leurre même lancer. Je vois mon PN arriver au bord suivi d'une énorme masse noire... Je stoppe l’animation, le poisson s’arrête, je le vois maintenant bien et il est encore plus gros que le précèdent ! Malheureusement impossible de le décider à morde et il repart nonchalamment vers les profondeurs.

Je pêche une heure de plus sans résultat et décide de rentrer. Sur le chemin du retour, je me pose une multitude de questions sur ce poisson. Pourquoi a-t-il pris un leurre si petit ? Pourquoi a-t-il mordu alors que la luminosité était déjà forte ? Peut-être que c’est son comportement lunatique qui rend sa pêche si difficile mais à la fois tellement palpitante ! Retour à la voiture, retour dans le morne océan du conformisme suburbain. Impossible de chasser l’image de ce salmonidé de rêve de ma tête. Subsiste une seule envie, y retourner...

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A propos de l'auteur

Quentin est le benjamin de l'équipe rédactionnelle de Truites & Cie. Né à Briançon en 1997, Quentin a grandi au cœur du massif des Ecrins. Il s'est pris de…