A l’heure actuelle, il semble être de bon ton d’avoir un avis sur tout et surtout sans qu’aucun préalable ne soit nécessaire. Ainsi, les avis sont souvent inversement proportionnels aux compétences des personnes qui les exposent.
Les réseaux sociaux sont le terreau le plus fertile qu’il m’ait été donné d’observer pour accéder à ces nombreuses personnes qui révolutionnent la construction d’une pensée et font d’eux-mêmes les nouveaux maîtres incontestés du savoir.
Comme les innombrables sujets d’actualités traités par les fabuleuses chaînes d’informations en continu qui soit dit en passant me régalent tout autant qu’elles m’exaspèrent, il en est un qui ne déroge pas à la règle de l’analyse superficielle et démagogique : l’organisation de la pêche en France et les fameuses structures associatives agréées de la pêche de loisirs.
Parlons un peu des AAPPMA…
Sources et causes de tous les maux de la pêche en France pour certains, associations de vieux pour d’autres, on ne peut pas vraiment dire que les structures associatives de la pêche soient abordées avec le respect et la bienveillance dont elles ont pourtant tant besoin : Il semble de meilleur ton d’en faire les boucs émissaires de tout ce qui semble ne pas aller dans la pêche actuelle !
Avant toute tentative d’éloges à leur encontre, il serait de bon ton dans ce papier de rappeler ce qu’en disent leurs statuts. Pour ne pas alourdir le propos, j’invite les lecteurs qui souhaitent approfondir à lire ces statuts, accessibles par l’intermédiaire de n’importe quel moteur de recherche internet.
Cependant, retenons ensemble ce que dit l’article 5 du titre Ier :
« L’association est ouverte à tous dans le respect de la loi et des convictions individuelles et dans l’indépendance à l’égard des partis politiques et des groupements confessionnels. Elle s’interdit discrimination, notamment à raison de l’âge, du sexe, des convictions religieuses, dans son organisation et son fonctionnement ».
Je vois dans les AAPPMA une grande partie de l’histoire de la pêche en France, tantôt heureuse…tantôt moins heureuse. Plus égoïstement, je leur dois de nombreuses sorties encadrées lorsque j’étais minot et que j’ai voulu en apprendre davantage sur la pêche. Je ne compte plus les samedis matin passés au bord de l’eau avec les bénévoles qui donnaient de leur temps pour nous initier aux différentes techniques.
J’y ai rencontré des personnes formidables, et je m’y suis vite investi, dès l’âge de 17 ans. Les AAPPMA ne sont pas toutes composées de « vieux » comme il plait à certains leaders d’opinion autoproclamés de le répéter et de l’écrire à tout va et quand bien même ce serait le cas, ce n’est en rien une condamnation…loin de là !
C’est avec plaisir et nostalgie qu’à chacune des annonces d’évènements Pêche organisés par les AAPPMA, je me replonge dans ces souvenirs.
« Vivement la jeunesse de demain » peut-on lire ici ou là. La jeunesse n’est pas une question d’âge mais d’état d’esprit tout comme la critique stérile.
J’ai la faiblesse de penser être encore utile à la pêche quand j’aurais atteint l’âge moyen (60 ans) des bénévoles de mon département et j’espère surtout ne pas me faire insulter dans des sous-entendus de gens qui participent en rien à la construction de la pêche dans leur département, sinon à sa destruction.
La jeunesse ne semble donc pas incarner actuellement un motif d’espoir. Il suffit malheureusement de regarder le nombre de jeunes qui s’investit dans les AAPPMA pour s’en convaincre. Pourtant et inéluctablement, l’investissement de la jeunesse est un préalable nécessaire à toute idée de renouvellement idéologique…notamment.
En 10 ans, j’ai vu des jeunes qui s’investissent et qui pour une large majorité quittent le navire dès la première contrariété. La politique qui consiste à vouloir renverser la table apporte rarement son lot de satisfactions.
Il serait pourtant tellement logique et pragmatique de prendre le temps de comprendre le fonctionnement d’une structure, son histoire, ses outils et ses moyens, de prendre le temps de connaître les personnes qui la composent avant de vouloir imposer des nouvelles idées.
Les AAPPMA représentent un lieu d’échange intergénérationnel extrêmement riche. D’ailleurs, le renouvellement générationnel n’impose aucunement que la nouvelle génération doive se substituer aux générations qui la précèdent. Ce renouvellement est un enjeu central et implique sans aucun doute des changements organisationnels dans les AAPPMA.
L’essor du numérique en est le parfait exemple et saute aux yeux comme outil de dynamisation d’une association, quelle qu’elle soit d’ailleurs. Confier un smartphone ou un ordinateur aux plus jeunes d’une AAPPMA pour valoriser les missions et les actions de l’AAPPMA au travers les réseaux sociaux ou un site internet permettrait de valoriser des compétences au profit des objectifs poursuivis.
Le bénévolat est une porte d’entrée magistrale vers bon nombre d’opportunités parmi lesquelles celle de valoriser ses compétences et savoir- faire. Etre utile au développement de notre loisir pêche et agir pour les autres. Je suis convaincu que c’est de cette utilité dont il s’agit : se sentir utile est un moteur.
Hubert Penicaud, Vice-Président de France Bénévolat écrivait récemment dans un excellent article : « Permettre aux jeunes d’accéder aux responsabilités, c’est être plus représentatif de celles et ceux dont nous portons la voix. C’est également faire reculer la défiance qu’ils expriment vis-à-vis des institutions ».
Chaque personne doit trouver du plaisir et il est de la responsabilité des équipes dirigeantes actuelles de s’adapter aux nouvelles règles organisationnelles : moins de verticalité dans les processus décisionnels.
Il appartient aux AAPPMA d’honorer l’engagement des jeunes dans le réseau associatif en étant à la hauteur de leurs aspirations et dynamiser l’ensemble des projets qui peuvent être mis en œuvre en bonne intelligence. Il appartient aux jeunes et au plus grand nombre de s’intéresser de près aux AAPPMA.
Dans bien des cas, tout le monde détient une part de responsabilité et une part de vérité. La difficulté est d’en discuter de façon factuelle pour placer le projet associatif au centre des préoccupations individuelles. Le pilotage de la performance associative passe par la discussion et le consensus. C’est toujours de la discussion que naissent et vivent les aventures humaines. L’équilibre des relations humaines est dépendant, là encore, des échanges et donc des discussions.
Notre passion commune pour la pêche et la protection de nos milieux aquatiques est un dénominateur commun fort qui nous unit tous et qui doit être de nature à nous fédérer notamment autour des AAPPMA et non pas à nous diviser constamment. Je nourris l’espoir que nous puissions tous un jour nous identifier à elles avec la plus grande des fiertés tout comme nous le faisons déjà autour de certaines marques.
Nous sommes tous concernés par les AAPPMA puisque nous sommes adhérents.
Investissez-vous !
« L’ennemi est bête : il croit que c’est nous l’ennemi alors que c’est lui. »
P. Desproges