Ouverture : comment choisir le bon parcours ?

pêche truite ouverture

Nous avons abordé dans le précédent article (ici) les types de rivière les plus favorables à l'ouverture en fonction des conditions météorologiques. Une fois le cours d'eau choisi, il convient de réfléchir au tronçon qui serait potentiellement le plus porteur. En effet, la configuration de la plupart des cours d'eau à truites est assez hétérogène. La pente, la nature des terrains traversés, l'environnement fluctuent de façon importante (notamment dans les cours d'eau de montagne) même sur un linéaire assez court. Tout peut changer en quelques dizaines de mètres ! Ainsi, toutes les portions d'une même rivière ne se valent pas dans l'eau froide au mois de mars. Voici quelques pistes pour faire le bon choix de parcours : 

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La configuration adaptée

Nous y voilà, vous savez désormais quelle rivière sera le théâtre de votre journée de pêche. A ce moment là, les réflexions doivent se poursuivent sur le choix du parcours. Le jargon halieutique mélange parfois « bonnes rivières » et « bons coins ». Cette différence d’échelle anodine sur le papier ne doit pas occulter le fait que toutes les portions d’un même cours d’eau ne se valent pas à un instant t, surtout en pré-fonte des neiges, lorsque les truites sont relativement confinées sur des postes assez stéréotypés. Le long d’une rivière, se succèdent des tronçons différents au niveau de la pente et de la largeur ; chacun d’eux possède un « moment chaud », c’est-à-dire une période de l’année qui coïncide avec un niveau idéal et une configuration adaptée au comportement des poissons durant ladite époque. Tout peut changer à quelques centaines de mètres près.

Le propos prend tout son sens dans les rivières caillouteuses de montagne dont la configuration est très variée. Ces milieux présentent généralement une pente relativement importante (induisant un courant et des turbulences marqués) et une largeur fluctuante, croissante en descendant vers l’aval, mais également variable à plus petite échelle, tout au long de leurs cours.

Dans l’eau froide du début de saison, tout excès de turbulence et de vitesse de courant d’un secteur réduit considérablement le nombre de coups favorables. Il conviendra donc de rechercher les zones les moins pentues et/ou les plus élargies du cours d’eau considéré, qui seront plus à même de contenir les courants laminaires et assez lents appréciés par les truites à cette époque.

Attention, cela ne signifie pas systématiquement de s'orienter vers l’aval, au contraire : un replat de quelques dizaines de mètres sur le cours amont d’un torrent cascadeur concentre les poissons engourdis du mois de mars et se révèle bien plus porteur que la même topographie uniformément reproduite dans le bas de la vallée !

La valeur d’une zone est directement conditionnée par la nature de ce qui l’entoure. De la même façon en été, les micro-ruptures de pente dans parties aval qui chauffent sont des aimants à truites.

Dans le cas où vous découvrez les lieux (situation déconseillée pour l'ouverture, sauf si vous avez le goût du risque !), votre salut passe par une étude attentive des courbes de niveau de la carte IGN au 1/25 000. Attention, la préférence que vous accordez aux secteurs lents ne doit pas vous conduire dans des portions trop uniformes qui manquent parfois de caches et donc de densité de truites. Insistons particulièrement sur ce point : à l’ouverture, il faut parvenir à trouver le bon compromis entre abondance de caches et pente modérée, ce qui n’est pas toujours évident (ces deux paramètres variant naturellement de façon inverse). Voici les clichés de deux secteurs différents de la même rivière pris à quelques centaines de mètres de distance, afin d’illustrer le propos :

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Section rapide et caillouteuse avec peu de coups favorables en mars...
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Juste au dessus :
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...suivie de quelques dizaines de mètres moins rapides et plus porteurs !
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L'isolement

Au-delà de l’adéquation avec la tenue des poissons, le parcours choisi doit permettre de vous isoler au maximum des autres pratiquants, très nombreux à cette période de l'année :

Pour éviter de tomber sur un confrère évoluant au dessus de vous, un peu de méthode s’impose : privilégiez les secteurs boisés, inaccessibles sur plusieurs kilomètres en amont de votre point de départ (l’action de pêche se faisant en remontant). Passez la carte au crible pour dénicher les micro-portions où la rivière s’éloigne de la route, nécessitant quelques minutes d’approche pédestre décourageante pour les moins motivés. Prenez le contre-pied des autres pêcheurs  dans leur façon d’aborder les parcours : la majorité débutant machinalement vers l’amont à partir du pont où ils se garent, descendez plutôt la rivière à pied sur quelques centaines de mètres pour ensuite pêcher en remontant l’aval immédiat du pont, souvent délaissé par la masse ! 

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Pêcher dans des gorges : un bon moyen de trouver la tranquillité en mars

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