Une action de canne, c’est avant tout une somme de propriétés mécaniques qui offrent des réponses à des besoins précis, et parfois légèrement contradictoires. Il convient alors de placer correctement le curseur du compromis pour tirer le meilleur parti d’un blank dans un contexte donné. Tour d’horizon des paramètres influençant le choix de l'action pour les cannes leurre :
La distance et la précision dans le lancer
Sur ces points, la mécanique est très simple :
En partant du principe que la plage de puissance de la canne est conforme au poids des leurres projetés, un blank d’action modérée, qui se charge jusqu’à très bas, restitue plus de puissance et permet d’atteindre de plus grandes distances qu'un blank rapide. A l’inverse, ce dernier est plus directif et permet des lancers très précis.
Tout est toujours affaire de compromis, mais le curseur doit idéalement être décalé vers une relative progressivité pour la pêche des cours d’eau à grands gabarits, là où il est préférable de choisir des cannes de plus en plus rapides en allant vers des cours d’eau de volumes plus restreints.
La précision dans l’animation
Une pêche à taper fort dans un jerkbait suspending demande plus de rapidité dans la canne qu’une simple récupération de cuillère tournante. Aussi, en fonction de la nécessité de précision dans l’animation des leurres que le pêcheur utilise, l’action de la canne devra être adaptée.
Globalement, plus l’évolution du leurre est linéaire (ex : crankbait, cuillère tournante), plus la canne peut se permettre d’être douce. A l’inverse, plus son évolution est sujette à des variations de rythme et de tension dans la ligne, plus le blank devra être rapide pour ne pas absorber de manière trop importante ces variations et permettre de bien suivre ce qui se passe sous l'eau.
L’absorption ou la restitution des sensations
En fonction des leurres utilisés et des milieux pêchés, le pêcheur peut avoir besoin de caractéristiques mécaniques qui lui permettront de ressentir tout ce qui se passe, ou au contraire d’adoucir les sensations le plus possible.
Un pêcheur de la Basse Rivière d’Ain par exemple (cours d'eau large et profond mais peu rapide), qui pratique aux leurres souples, demandera à ses outils de lui apporter un maximum d’informations en dépit de la distance et surtout de la profondeur de pêche, qui a tendance à annihiler les sensations, pour pouvoir déclencher des ferrages suffisamment tôt à la moindre anomalie. Une action relativement fast semble plus à même de transmettre efficacement ces informations.
A l’inverse, un pêcheur de rivières pentues, faiblement profondes et rapides, qui prospecte à la cuillère tournante face à des poissons qui ont tendance à s’envoler en l’air dans la seconde qui suit le ferrage, n’aura besoin d’aucune sensibilité, mais plutôt de douceur pour ne pas gêner la bonne prise de son leurre, et offrir le moins possible de point d’appui dur au poisson qui se débat dans les airs ou patasse en surface. Une action plus moderate est alors recommandée.
Les combats
Comme dans le cas des distances de lancer, sur ce point, la mécanique est simple : plus une canne est rapide, plus le point dur est situé sur le haut du blank, et plus ce point dur offre un point d’appui au poisson pour élargir le point d’ancrage de l’hameçon, déchirer les chairs, ou encore briser la ligne. Une action plus douce permet d’amortir à l’extrême la compression qu’imposent les poissons, limite les décrochages intempestifs, et réduit le risque de casse en n’exposant pas la ligne à des points durs critiques.

Astuce : ajuster le curseur par le corps de ligne !
En matière de corps de ligne, trois possibilités s’offrent au pêcheur, par ordre décroissant d’élasticité : le nylon, le fluorocarbone, et la tresse. Jouer sur l’élasticité de son corps de ligne permet d’atténuer ou au contraire de sublimer les caractéristiques mécaniques de son blank :
Par exemple, un pêcheur de grandes rivières qui présentent de grandes variations saisonnières de débits pourra, dans l’idéal, s’équiper d’une canne d’action moyennement rapide (moderate fast), et pratiquer des pêches aval par gros débits dans l’eau froide avec du nylon, de manière à atténuer les fortes vibrations liées à la récupération du leurre à contre-courant, et les impacts des touches très appuyées dans cette configuration.
Il pourra ensuite, lorsque les débits baissent et la température de l’eau augmente, utiliser de la tresse pour les pêches amont à dévaler, de manière à garder un contact proche avec son leurre, y compris dans les phases où la ligne est légèrement détendue lorsque le leurre se rapproche du pêcheur, et ainsi détecter et ferrer efficacement les touches nettement plus furtives dans un contexte estival.
En résumé :
Pour le choix d’une action de canne, comme pour bon nombre d’autres choses en matière de pêche de la truite, tout n’est que pertinence dans le déplacement du curseur. Les sensibilités et les conditions de pêche de chacun sont innombrables, et les contraintes mécaniques recherchées sont parfois contradictoires (aller chercher des poissons très loin et protéger la ligne des grosses truites avec une action lente, mais rester précis dans la perception de vie de la ligne avec une canne sensible et rapide par exemple), mais dans tous les cas, il est important de connaître l’incidence de chaque caractéristique et de respecter certaines règles de base, pour ne pas s’exposer à des déconvenues à répétition. Une bonne canne est avant tout une canne la mieux adaptée possible à un contexte de pêche, et Truites & Cie est là pour vous guider dans l’identification claire des actions de toutes celles qui passeront sur notre banc d’essai.
Liens utiles :
Notre protocole de test des cannes leurre : ici