La pêche au leurre alimentaire ou comment se diversifier

pêche au leurre alimentaire

Nous avons pour habitude de pêcher la truite avec des leurres métalliques, au poisson nageur et au leurre souple. Qui d’entre nous n’a pas connu ces journées où rien n’y fait ? Indifférentes à nos tournantes, boudant nos plus beaux poissons nageurs et délaissant nos shad et autres finess, rien ne semble pouvoir leurrer les truites. La journée doit-elle se terminer sur un « les poissons n’étaient pas dehors ! » ? Evidemment NON ! Il existe une autre possibilité à tester. Bienvenue dans le monde parallèle.

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Une corde supplémentaire à notre arc : 

Nous arrivant des pays de l’est et de l’Italie, la pêche alimentaire de la truite aux leurres est née en compétition. La compétition porte en son sein de nombreux défauts, mais à l’instar des guerres, elle apporte aussi de nombreuses innovations. Elle a été d’abord développée pour pêcher les truites surdensitaires. Très vite les pêcheurs se sont aperçus de son intérêt indéniable en rivière sur les truites... de souche !

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pêche leurre alimentaire
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Une technique : deux possibilités

  • La pêche en dérive : 

Initié par Guillaume Vernet à cette technique entre toc et nymphe, j’y ai pris immédiatement du plaisir et j’ai retrouvé ce qui fait l’essence de la pêche à la truite : la lecture de la rivière !  C’est une technique qui demande concentration et un peu d’entraînement. Mais quel plaisir de réussir ses premières dérives, de voir sa première touche et de ferrer au juste moment ; arriver au bord de la rivière et prendre le temps d’analyser, de lire et de comprendre le poste ! Il faudra ensuite choisir son grammage, lancer à l’endroit précis qui permettra au leurre de dériver dans la bonne couche d’eau. Enfin, tout en accompagnant la dérive, il nous faut rester vigilant et sur nos gardes pour voir et sentir la touche.

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Vous retrouverez des sensations similaires à la nymphe au fil et au toc. Le plaisir si particulier de faire corps avec l’ensemble de la ligne, du poignet au leurre, en passant par la canne !

Sentir au bout du fil le leurre rouler dans l’eau, sentir dans la paume de sa main les courants et contre-courants bousculer votre imitation de larve et enfin, sentir ce petit bout de plastique s’arrêter dans la bouche gourmande d’une truite.

Le leurre doit être présenté à l’endroit même où la truite s’alimente. La dérive se veut la plus naturelle possible. En fin de dérive, j’aime faire une petite animation : le rappel. Ça déclenche souvent la touche. La touche se remarque par l’arrêt du fil, le changement de trajectoire ou une sensation de lourdeur dans la main voir un toc caractéristique.

Bien que la ligne soit fine pour être discrète, vous pêcherez de beaux poissons. Les plus méfiants et éduqués de votre secteur se laisseront leurrer par cette technique.

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Astuce du pêcheur :

Pour voir les touches de façon nette quand je pêche en dérive, j’utilise une tête de ligne MARKER LEADER de chez NeoStyle. C’est un fluoro composé d’une grande partie transparente reliée à la tête tungstène, et d'une partie multi-colore qui permet de suivre la ligne sur l’eau, comme le ferait un indicateur de touches.

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  • La pêche de réaction :

Entre shad et PN, vous pouvez non pas laisser dériver votre micro leurre souple mais l’animer. Les animations sont aussi multiples que le nombre de pêcheurs. Faire sauter ces imitations de larves, de plécoptère ou bien encore de trichoptère de rocher en rocher déclenchera souvent l’attaque des plus méfiantes de ces dames. Vous pouvez aussi faire tournoyer un chapelet d’imitations de teigne dans le courant, poser une larve sur une pierre et attendre que sorte la truite cachée sous votre rive ou bien encore ramener de façon linaire un micro LS.

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pêche leurre alimentaire
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Les leurres :

En début de saison ou après un orage, un chapelet de teignes imiteront un lombric, en pleine saison une teigne remplira votre photothèque de truites et en période d’étiage, où cuillères et PN manquent de discrétion, vous réussirez vos pêches grâce à des imitations de plécoptères ou de fourmis. Voici le principe de base.

Il existe de nombreuses marques qui proposent des micro LS imitatifs. Pour ma part, je vous conseille de prendre des leurres de qualité. C’est une pêche technique. La structure et la texture du leurre seront primordiales. Bien plus que dans d’autres pêches, il faut faire très attention à ses appâts. Si l’on veut être efficace, il faut être pointilleux.

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Pêche leurre
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PRIME linked montée sur TP HIKARI
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En premier lieu, je vous recommande les leurres de la marque Prime. Je tiens à préciser tout de suite que j’ai choisi d’être partie prenante dans cette marque pour sa qualité. Donc pas complètement impartial mais bon connaisseur. Prime fait des imitations de teigne extrêmement réalistes.

Prendre une fois une larve Prime dans sa main... La matière est si proche de la réalité ! Associée à son attractant aux phéromones, cette texture conduit la truite à garder l’appât quelques secondes supplémentaires pour nous laisser le temps de ferrer. Le point négatif, c’est que cette texture extrême rend les leurres plus fragiles.

J’utilise aussi des leurres Fishup. J’ai toujours des Fishup avec moi. L’attractant fishup au fromage est d’une efficacité bluffante ! Mais mon coup de coeur va aux imitations de larves de plécoptères.

J’aime aussi beaucoup pêcher avec les imitations de mouches ou de fourmis du Gobleurre. Leur réalisme est surprenant. il existe toutes sortes de leurres. Des plus excentriques aux plus imitatifs. Teignes, larves, lombrics, plécoptéres, trichoptères, sauterelles et autres insectes seront vos armes. Mais l’important est ailleurs...

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pêche fario
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têtes plombées
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L'importance de la plombée !

La plombée, comme dans bon nombre de pêches est l’élément essentiel.  Pour la choisir, il nous faudra prendre en compte la densité du leurre, la vitesse du courant, la hauteur d’eau dans laquelle s’alimentent les poissons et donc la couche d’eau choisie pour faire évoluer le leurre. 

Sous-plombé : on restera dans la pellicule et le leurre draguera vite.

Sur-plombé : le leurre accrochera le fond. 

Comme souvent à la pêche le résultat dépend de sa capacité à analyser la situation. N’hésitez pas à changer de plombée encore et encore jusqu’à trouver l’idéal du moment. Duborgel parlait de « la tyrannie des détails ». Oh combien il avait raison. Les plus adaptées pour cette pêche sont les têtes plombées tungstène. Le tungstène plus dense que le plomb permet, à poids égal, de lancer plus loin et d'avoir une conduite de ligne plus efficace car on pêchera plus creux.

Deux possibilités : soit monter ses propres TT ( têtes tungstène), soit les acheter dans le commerce. J’utilise les têtes de la marque Hikari. On trouve de nombreux grammages entre 0,35g et 2,5gr avec des hameçons de qualité.

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têtes plombées Hikari
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Le reste du matériel :

La canne doit être capable de rendre service pour la pêche à la cuillère, au PN et la pêche alimentaire : le célèbre mouton à 5 pattes. Pour ma part, j’aime une canne longue entre 2m30 et 2m60 qui assure un bon contrôle de la dérive. Elle doit être capable de lancer des micro têtes plombées tout en étant suffisamment sensible pour détecter la touche. Je lui associe un moulinet à grande récupération et une tresse indispensable pour sentir correctement la pêche.

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pêche leurre
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Conclusion :

J’entends déjà les tenants de l’orthodoxie leurriste nous dire que « c’est pas de la pêche aux leurres » ou bien encore « autant pêcher au toc ».  Je répondrai simplement qu’il ne faut pas oublier que la pêche aux leurres métalliques est appelée par d’autres pêcheurs « pêche à la ferraille », je leur rappellerai aussi que les poissons nageurs sont considérés comme vulgaires par les "moucheux". Duborgel lui-même (encore lui !) définissait comme leurre : "les vifs, les mouches, les devons et autres cuillères". Qui serions-nous alors, si nous refusions de garder l’esprit ouvert et d’apprendre continuellement ?  Comment refuser d’avoir plus d’armes aujourd’hui qu’hier ? Oui, ma boîte à pêche s’est agrandie pour accueillir, à côté de mes PN, ondulantes et autres tournantes, ces petits leurres si attractifs et qui bien souvent m'offrent de très belles pêches. Ils ne sont pas en conflit avec les leurres traditionnels mais bien en complément.

Osez la différence !

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A propos de l'auteur

Pêcheur depuis l’enfance comme bon nombre d’entre nous, Vincent a commencé par pêcher les vairons dans les rivières du plateau des milles vaches en culotte courte, à l’…