Que l’on opère en eau vive ou en milieu clos, la façon de construire sa partie de pêche est, comme tout autre aspect tactique, d’une importance de tout premier ordre pour réussir. En lac de montagne, il est fréquent d'observer des pêcheurs qui arpentent insatiablement les rives en quête de salmonidés actifs, alors que d'autres préfèrent faire le siège des meilleurs postes. Tentons de lister les critères qui régissent le choix de la meilleure tactique lorsqu'on pêche à la mouche :
Le nombre de salmonidés actifs
Parmi tous les éléments qui entrent en jeu, celui qui impacte le plus le déplacement du pêcheur est le nombre de poissons actifs au moment où l’on pêche. Il dépend à la fois de la densité piscicole du lac, et également du degré d'activité des poissons présents.
S'il peut être difficile de prévoir la densité de poissons lorsqu'on ne connaît pas les lieux, les indices d'activité, eux, sont facilement perceptibles : gobages, salmonidés visibles sur les bordures…etc. Lorsque la partie s’annonce bien, il est préférable de choisir une pêche assez confinée aux endroits jugés les plus porteurs, en fonction des facteurs classiques (postes types, profil du lac, vent etc...). Les postes de chasse les plus fréquemment occupés sont les berges en pente douce, les haut-fonds, la berge recevant le vent, les herbiers, les arrivées d’eau… C’est typiquement dans ce genre de situation que la pêche à la mouche sèche à vue, depuis un promontoire, est un régal. Si les poissons se déplacent, cela vous dispense de grande course, à condition de rester discret pour les laisser venir à vous sans méfiance. Scrutez les bordures et essayez de définir le circuit qu'effectuent ces poissons en maraude (au niveau des points de passage et des intervalles de temps).
Au contraire, si peu d’individus semblent disposés à mordre, mieux vaut choisir une pêche mobile, si possible avec une technique capable de couvrir pas mal de terrain (mouche sèche draguée, noyée, streamer...etc). Exactement comme en eaux vives, le fait d’augmenter le linéaire parcouru permet de sauver la mise quand la pêche est difficile. En plus des postes de chasse classiques susceptibles de contenir quelques individus isolés, il est bon de rechercher à ce moment-là les secteurs où les salmonidés viennent s’abriter (éboulis, zones d’ombre, abords de falaise…) pour les tenter à domicile.
Certains jours (les plus fréquents) vous trouverez quelques poissons actifs sans que ça soit la folie. Dans ce cas, il peut être judicieux de se déplacer lentement en insistant ça et là, au gré de vos observations.
Le nombre de postes favorables
Le deuxième critère qui entre en jeu dans le choix de prospection est la quantité de postes favorables. En effet, en fonction des conditions du moment, le nombre de secteurs intéressants pour la pêche peut se réduire considérablement (surtout si l'on aborde les lacs à la mouche !). Prenons 2 cas extrêmes pour illustrer le propos :
Sur un lac peu profond par une après midi d'août brûlante, il arrive que le poisson déserte la faible lame d’eau, où le soleil cogne (surtout si elle est sédimentaire et sans rocher). Par contre, si une rive de ce même lac comporte un petit éboulis, avec quelques blocs créant des zones d’ombre et une fosse, attardez vous sur cet endroit où les probabilités de capture sont bien plus élevées !
A l’inverse, plusieurs postes marqués et rapprochés gagnent à être pêchés les uns à la suite des autres, sans insister exagérément. Mieux vaut chercher du neuf et aborder successivement (et avec méthode !) chacun des coups. Si vous pêchez l’eau, quel que soit le poste, après une approche pédestre discrète, débutez par des lancers très près du bord, et éloignez les progressivement de façon à ne pas effrayer les poissons collés à la berge si vous piquiez un individu au large au premier coup de ligne… Si de nombreux salmonidés sont postés et bien disposés, cette méthode vous permet de tirer le meilleur profit de ces conditions favorables !
La connaissance de la configuration du lac ou l'observation préalable de photos aériennes permettent d'évaluer le linéaire favorable qui s'offre à vous en fonction des conditions.
... et le plaisir aussi !
Le dernier élément que nous pourrions évoquer est tout simplement le gout naturel de chacun. Tout le monde n’a pas les mêmes motivations, surtout en lac de montagne ! Ceci est valable pour la tactique de prospection, mais également pour le choix de la technique. En effet, alors que les uns choisissent sans concession le mode de pêche le plus efficace du moment, d’autres privilégient l’agrément de capture. Allez expliquer à un amoureux de la mouche sèche à vue que ce matin, manier un streamer est plus efficace... Les pêcheurs à vue avouent volontiers qu’il serait parfois plus productif de procéder autrement mais qu’importe, ils restent fidèles à leur technique et c’est tout à fait respectable. Cette notion de plaisir a d’ailleurs toute sa place durant une rando-pêche où le bonheur se puise parfois autant dans l’environnement que dans le nombre de poissons mis au sec.
Bonne pêche en lac d'altitude !
