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Pêche à la mouche en Colombie, part1 : le Peacock Bass

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Souvent, les belles histoires et les aventures commencent par une rencontre.

Il y a quelques années, j’ai fait la connaissance de Christopher Preston dans un Flyshop de l’Idaho dans lequel travaillait mon ami Erick Moncada. Lorsque l’on voit Chris, on se dit tout de suite que l’on est en présence d’un vrai gentleman. Mais ce n’est pas n’importe quelle sorte de gentleman, il suffit pour s’en rendre compte de regarder ses avant-bras...

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Nous avions, lors de cette première rencontre, rapidement échangé sur la pêche et sur quelques astuces concernant le matériel.

Nous nous sommes croisés l’année suivante, au bord d’une rivière de l’Idaho alors qu’il pêchait à la mouche avec sa femme Kristi qui partage parfois sa passion. Ce jour-là, la conversation fut beaucoup plus longue et essentiellement consacrée aux voyages de pêche. Quelques mois plus tard, nous avions le plaisir de les accueillir chez nous lors de leur voyage en Catalogne et dans le sud-ouest de la France. C’est lors de ce séjour en France que Chris m’a longuement parlé de ses différents voyages en Colombie pour y traquer - à la mouche -  le Peacock et le Payara. Très vite, je me suis engagé à l’accompagner lors de sa prochaine virée sud-américaine.

Il faudra attendre 2 ans, COVID oblige, pour qu’enfin ce voyage soit possible.

C’est donc à l’automne dernier, que Chris m’a mis en contact avec Alex Zapata pour réserver notre séjour colombien prévu début Mars. 

Alex est né en Colombie. Il est arrivé enfant à Miami avec ses parents musiciens. Aujourd’hui, il vit toujours en Floride et partage son temps entre la musique, étant lui aussi musicien professionnel, et ses guidages en bateau pour les pêcheurs à la mouche sur les flats floridiens. Il retourne régulièrement dans son pays natal et y organise 5 ou 6 fois par an des expéditions pour pêcher le Peacock et le Payara.

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Alex et un Peacok colombien
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Dès les premiers échanges par e-mail avec Alex, j’ai senti une organisation extrêmement bien rodée et j’ai rapidement réservé mon vol pour Bogota, le reste du séjour étant organisé par lui.

C’est ainsi que j’atterris le 6 mars à l’aéroport de la capitale colombienne où je suis attendu par un chauffeur portant un petit panneau avec mon nom. En quelques minutes, je rejoins l’hôtel dans lequel je retrouve Chris, Alex et les 4 autres pêcheurs, tous américains, qui constitueront le groupe pour notre séjour. Malgré la fatigue et le décalage horaire pour moi, nous entamons une discussion très animée et l’on sent bien chez chacun l’impatience d’être au bord de l’eau canne à la main.

Le lendemain nous quittons Bogota à bord d’un vol domestique à destination de Puerto Irinida.

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De l’avion nous apercevons les méandres des nombreuses rivières de la région et il nous tarde d’aller explorer ce réseau hydrographique.

Puerto Inirida se trouve environ à 700 km à l’est de Bogota, proche de la frontière vénézuélienne. Cette petite ville, établie à la confluence du Rio Inirida et du Rio Guaviare, est une plaque tournante pour approvisionner par voie fluviale toute la région.

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A l’arrivée à l’aéroport, après avoir récupéré nos bagages qui auront été soigneusement reniflés par les chiens des policiers (nous sommes au pays de Pablo Escobar), le transfert vers l’hôtel s’organise en Tuk-tuk, ce qui donne momentanément un petit air asiatique à notre expédition.  

L’organisation du séjour est toujours remarquable. Après nous être installés dans un hôtel vraiment correct, les petits véhicules nous attendent pour aller diner dans un restaurant plein de charme qui sert des poissons de rivière excellemment cuisinés.

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Le réveil a lieu le lendemain, avant le lever du jour, alors que les berges de la rivière grouillent déjà d’activité. Un petit bateau en alu, qui sera notre moyen de transport rapide pour la semaine, nous y attend. A notre groupe de sept, s’ajoutent le responsable du camp, le pilote du bateau et le cuisinier. C’est donc un équipage de 10 personnes qui embarque pour 4 heures de navigation.

Nous descendons le Rio Guaviare pendant une petite heure jusqu’à rejoindre le rio Orinoco.

L’Orenoque est un fleuve imposant qui fait frontière entre la Colombie et le Venezuela. Ses berges concentrent une bonne partie des populations indiennes de la région qui loge dans des petites maisons construites au-dessus du niveau des hautes eaux de la saison des pluies ou dans des habitations flottantes.

 

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Après plus de 2 heures de descente de l’Orénoque, nous remontons le Rio Vichida. La présence humaine est maintenant quasiment invisible même si nous croisons parfois une minuscule embarcation creusée à même un tronc d’arbre.

C’est en fin de matinée que nous arrivons devant notre camp. Celui-ci se compose de 4 cabanes pour les logements et d’une cabane principale où seront préparés et pris les repas.

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Les logements sont simples, en harmonie avec la forêt environnante mais avec suffisamment de confort pour un séjour agréable.

Chaque cabane dispose de 2 grands lits, d’une douche et d’un WC. Le soir, un générateur fournit l’électricité pour alimenter l’éclairage et faire éventuellement tourner les ventilateurs.

La vue sur la rivière depuis les chambres ou depuis la pièce de vie est sublime.

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Malgré le charme de notre campement, nous ne nous y attardons pas. Le temps de sortir les cannes des tubes, de monter les moulinets et d’attacher un streamer, les guides et leurs embarcations légères sont arrivés et nous attendent pour notre première session.

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Je fais équipe avec Jerry, un ami de Chris pour partager la cabane et cette première journée de pêche. Nous embarquons sur la longue pirogue de Rénaldo et Roberto qui seront nos guides pour les sessions Peacock.

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Nous descendons pendant quelques minutes le Rio Vichida puis accostons sur la berge. Nous découvrons alors un sentier, taillé à la machette, qui va nous permettre de rejoindre, après une courte marche, ce qu’ils appellent un lagon. Il s’agit d’un bras mort de rivière, en général connecté au cours d’eau principal à la saison des pluies. Une embarcation on ne peut plus simple nous y attend.

Nous allons enfin tenter d’attraper notre premier Peacock car, avec Jerry, nous sommes des novices en la matière.

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Nos guides ne parlent pas anglais et nous ne parlons pas espagnol mais on arrive toujours à communiquer. Installés, un à l’avant et l’autre à l’arrière, ils déplacent lentement la pirogue le long des berges en nous maintenant à la bonne distance pour lancer sous les frondaisons et nous font insister autour des arbres immergés.

Pas besoin d’être un expert de la double traction, nous lançons nos streamers à une quinzaine de mètres de la pirogue sous le regard de petits alligators peu effrayés par notre embarcation. Nous ne détectons pas beaucoup d’activité mais je finis par avoir la première touche et c’est Jerry, à qui je montre la zone où j’ai eu un contact, qui prend le premier poisson.

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Premier poisson pour Jerry
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Mon tout premier Peacock, inoubliable !
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Les touches ne sont pas nombreuses mais ce sont nos premiers Peacock et ils resteront à jamais dans notre mémoire. Nous commençons à trouver nos marques sur la frêle embarcation quand se produit un évènement un peu étrange. Jerry, alors qu’il strippe sa soie, ne ressent plus aucune traction, et, sortant sa ligne de l’eau, se rend compte que sa soie est coupée. Il n’a plus de boucle, de bas de ligne et bien sûr de streamer. Il n’a absolument rien senti et alors que nous nous interrogeons sur ce qu’il a pu lui arriver, je relève ma ligne et me rends compte qu’il en est exactement de même pour moi. Nos guides nous expliquent que nous sommes passés avec nos lignes dans un banc de petits piranhas. Ils assimilent la boucle de la soie en mouvement à une petite proie et coupent la ligne comme une lame de rasoir. Heureusement, nous avons d’autres moulinets à bord pour continuer la pêche.

Cette première demi-journée sur l’eau est pleine de promesse et le retour en pirogue dans le soleil couchant est un moment magique. 

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De retour au camp, après une bonne douche, nous retrouvons le reste de l’équipe autour de la table où nous attend un excellent diner. La conversation va bon train et tourne essentiellement autour de la pêche du jour qui aura été dans l’ensemble plutôt calme. Tout le monde récupère des infos par recoupement sur les bonnes densités de soie à utiliser, sur le positionnement des poissons et sur les streamers qui ont fonctionné.

Pour notre deuxième jour de pêche, je fais toujours équipe avec Jerry. Nous embarquons à quatre pêcheurs accompagnés de Chris et Gordon, dans le bateau rapide et remontons le Rio Vichida sur plusieurs kilomètres. Nous accostons sur une plage de sable puis nous marchons quelques dizaines de minutes dans le lit asséché d’un cours d’eau pour atteindre un lagon où nous attendent 2 embarcations et nos guides.

A bord de ces embarcations légères, nous naviguons quelques minutes de front, puis chaque pirogue emprunte un bras différent du lagon. La végétation du rivage est magnifique, luxuriante et abrite de nombreux oiseaux et singes (que nous entendons lorsqu’ils se déplacent mais avons du mal à apercevoir).

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Moteur coupé, les guides longent le rivage à la pagaie à distance de lancer. Nous avons rapidement nos premières touches et l’on se rend assez vite compte que lorsqu’on travaille les zones avec des arbres immergés, il faut stripper beaucoup plus vite qu’on ne le faisait la veille. Les poissons sortent alors de sous les troncs, comme des torpilles, pour attaquer les streamers. C’est vraiment excitant de les voir soudainement apparaitre et avaler nos mouches dans une eau suffisamment claire pour bénéficier du spectacle.

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Nous prenons ainsi pas mal de poissons, notamment des butterfly Peacocks, reconnaissables aux trois points noirs qui ornent leurs flancs. Ce sont des poissons de taille assez modeste, mais leur robe contient toutes les couleurs de l’arc en ciel et ce sont de vrais combattants avec une canne légère.

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La pêche est vraiment ludique, les touches assez nombreuses et nos guides extrêmement agiles, notamment pour récupérer nos mouches qui s’accrochent régulièrement dans les branches, immergées ou non. Nous constatons, au bout d’un certain temps, que pour toucher les plus gros poissons, il faut s’éloigner un peu de la berge et laisser descendre les streamers à l’aide de soies plongeantes. J’ai ainsi une touche très violente mais dès le début du rush mon bas de ligne en 30lbs explose.

Dans un secteur moins profond et sur fond de sable, nous prenons plusieurs poissons à vue. Là encore, pour les faire attaquer, il faut augmenter la vitesse de récupération quand ils suivent la mouche.

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Chaque jour, les guides trouvent un coin abrité du soleil pour le casse-croûte, ce qui est plutôt appréciable avec la très forte chaleur et les glacières qui contiennent de nombreux litres de boissons fraiches finissent quasiment vides.

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Ce jour-là, en milieu d’après-midi, nous avons droit à notre premier orage tropical. Les guides, stoïques, continuent de manœuvrer la pirogue. Par contre, ma veste de pluie légère s’avère totalement inefficace, sous une telle pression d’eau. La température chute brutalement mais dès la fin de l’averse, les poissons sont à nouveau actifs.

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C’est juste après l’orage, alors qu’il tombe encore une pluie fine, que Jerry pique un énorme Peacok.

Le combat durera de longues minutes, le poisson passant plusieurs fois sous la pirogue. Il finit par arriver près de l’embarcation mais l’un de nos guides qui a pris une pince pour le monter à bord n’arrive pas à saisir la mâchoire de ce poisson trophée et c’est alors qu’il se décroche. C’est comme on dit dans ces cas-là, « la meilleure façon de le relâcher » mais mon compère aurait bien aimé immortaliser ce moment avec un tel poisson. Nous l’estimons proche des 20lbs.

Comme la veille, le retour au camp avec le soleil couchant est un pur moment de bonheur et de plénitude.

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Alex aura mis à profit le milieu de journée, moment le moins favorable pour le Peacok, pour faire un peu de pêche alimentaire. Ce soir au menu : Piranhas grillés ! Et c’est délicieux. Les 2 autres équipes ont également pris de nombreux poisons.

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C’est lors des repas du soir qu’Alex nous détaille le programme du jour suivant. Pour notre troisième jour sur l’eau, nous allons changer de secteur pour aller traquer le Payara... A suivre !

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A propos de l'auteur

Eric découvre la pêche à l’âge de 4 ans sur les épaules de son père le long des rives de l’Ariège et de la Garonne non loin de Toulouse, sa ville natale. Naît alors une…