Géovan

Pêche à la mouche en Colombie, part2 : le Payara

pêche payara

Le réveil est encore plus matinal. C’est de nuit que nous buvons un café et dès les premières lueurs du jour, nous embarquons tous sur le bateau rapide. Nous devons naviguer 1h30 pour rejoindre le secteur de pêche et prenons le petit déjeuner sur le bateau pour ne pas perdre de temps.

Texte

Nous apercevons au loin, dès le départ, les montagnes vénézuéliennes et après avoir descendu un moment le Rio Vichida, nous rejoignons le majestueux Orénoque. Sur la fin de notre navigation vers l’aval, la forêt rivulaire laisse progressivement place à d’imposants blocs de roche noire.

Image
pêche payara
Texte

Nous approchons maintenant une zone de rapides infranchissables et accostons sur une petite plage de sable. Il y a là un petit comité d’accueil avec nos guides pour la journée. Maku sera le nôtre, et Jerry, avec qui je commence à bien rigoler malgré mes limites en anglais, encore une fois mon partenaire.

Image
pêche payara
Texte

Nous marchons quelques minutes sur la berge pour rejoindre les embarcations des guides. Il s’agit d’un simple tronc d’arbre évidé, qui prend l’eau de partout et nécessite d’écoper régulièrement. Le petit moteur à l’arrière doit avoir de très nombreuses heures mais nous voilà partis à travers les rapides. Notre guide y fait preuve d’une extrême habilité et il gagne très rapidement notre confiance.

Image
pêche payara
Image
pêche payara
Texte

Pour commencer la journée, il rejoint une zone de courants assez rapides entre d’énormes rochers noirs et y attache la pirogue. Jerry en équilibre sur un rocher et moi sur l’embarcation avons chacun un petit courant de moins de 10m de large à travailler. Nous sommes vraiment dans l’inconnu avant notre premier lancer mais sommes équipés comme on nous l’a indiqué : canne puissance 10, soie très plongeante, bas de ligne en acier et tube-fly de fabrication locale montée avec 2 hameçons.

Je lance plein travers et j’ai la sensation que ma mouche n’a pas le temps de descendre avec la force du courant mais dès mon deuxième lancer, j’ai une attaque quasiment en surface d’un poisson qui semble venu de nulle part, fait une chandelle et casse mon fluoro. Je décide donc avant de reprendre la pêche d’équiper mes 2 cannes en 60lbs entre la soie et l’acier, le 30lbs ayant encore une fois montré ses limites. Nous n’aurons pas d’autre touche sur ce spot et j’espère juste ne pas avoir raté « LE » poisson du jour.

Maku nous amène sur un autre spot où, après avoir laissé la pirogue, nous pouvons longer à pied la rive de roches volcaniques et pêcher une succession de petits courants. Par moment, nous apercevons des bancs de petits poissons crever la surface, poursuivis pas les payaras. L’excitation est à son maximum, d’autant plus que je rate 2 autres poissons qui sautent hors de l’eau juste après le ferrage et se décrochent lors de ces spectaculaires chandelles.  

Image
pêche payara
Texte

La quatrième touche sera la bonne ! Après le ferrage et la chandelle de rigueur, le poisson fonce dans le courant proche et même s’il s’agit d’un poisson modeste, le combat est très violent. Équipé d’une soie de 10 et avec un bas de ligne qui me semble maintenant indestructible, je le ramène assez vite à la berge. Le voilà enfin mon premier « poisson vampire ». Quelle gueule !

Il n’y aura pas d’autre touche sur ce secteur mais très vite, Maku nous fait embarquer sur la pirogue pour rejoindre ce qu’il nous semble comprendre être un de ses meilleurs spots. Il faudra, après avoir échoué l’embarcation sur une plage de sable, marcher à travers une forêt puis traverser une zone couverte de rochers noirs arrondis, hauts de plusieurs mètres au milieu desquels coule quelques filets d’eau. Notre guide, chaussé de tongs saute d’un rocher à l’autre avec agilité et nous essayons de le suivre tant bien que mal.

Image
pêche payara
Texte

Nous atteignons après 30min de marche son fameux spot. Nous apercevons régulièrement des gerbes de petits poissons poursuivis par les payaras. Il faut arriver à lancer entre 2 courants violents et laisser descendre le streamer pour être dans la bonne couche d’eau. Ce n’est pas évident à réaliser techniquement mais quasiment chaque passage réussi obtient une touche. Il faut ensuite maîtriser un sacré combattant et arriver à lui faire traverser un fort courant pour le ramener à ses pieds. Finalement, Jerry arrive à échouer son premier poisson vampire après quelques décrochages.

Image
pêche payara
Image
pêche payara
Texte

Nous pêchons le spot à tour de rôle et attrapons ainsi plusieurs poissons. C’est avec regret que nous quittons ce lieu un peu magique car il est temps de rejoindre le groupe pour le déjeuner et nous avons une petite heure de marche et de pirogue à accomplir.

Nous retrouvons les autres pêcheurs pour un déjeuner bien appréciable.

Si tout le monde a touché quelques poissons, il semble que le spot de Maku ayant nécessité quelques efforts ait été le plus productif. Il reste peu de temps après le déjeuner car il faut prévoir de rentrer en bateau au camp avant la nuit complète. Nous prendrons encore quelques Payaras pour clôturer cette journée incroyable.

 

Image
pêche payara
Image
pêche payara
Légende
Les queux des Payaras sont souvent abimées par les Piranhas
Texte

Le retour au camp se déroulera sous une pluie forte alors que l’orage qui menaçait depuis un moment claque au moment du départ et le ciel ne se dégagera que peu avant notre arrivée au camp pour profiter du coucher du soleil.

Image
pêche payara
Texte

Nous sommes à la moitié su séjour et les émotions ont déjà été fortes et nombreuses. Il nous reste une journée pour pêcher le Peacock puis 2 jours pour le Payara.

Pour cette dernière journée au Peacock je fais équipe avec Chris. Toujours accompagnés de Rénaldo et Roberto, nous remontons en pirogue le Rio Vichida pendant une bonne heure avant de nous engager dans un bras de rivière totalement calme et qui semble s’enfoncer indéfiniment dans la forêt.

Image
pêche payara
Texte

Chris pêche avec élégance le long de la berge, souvent sous la végétation, et capture assez rapidement une dizaine de poissons dont un magnifique spécimen estimé à quinze livres. Il utilise une soie intermédiaire avec une canne pour soie 8 qui maintient ses streamers juste sous la surface.

Image
pêche payara
Texte

De mon côté, j’essaye de pêcher différemment. Malgré le fait qu’Alex m’ait prévenu que ce n’était pas la bonne saison pour cela, je consacre une heure à travailler la surface avec différents poppers mais n’obtient encore une fois aucune touche. Avec cette technique j’aurais juste réussi à me faire détruire un leurre le premier jour par un Piranha.

J’essaie aussi de pêcher vers le milieu du lagon avec une soie plongeante mais encore sans succès. Finalement, je rejoins Chris dans la prospection des berges et enchaine rapidement de nombreuses prises. Il y aura même un petit moment de folie lorsqu’en pêchant entres les branches d’un arbre immergé nous prendrons, à deux et sans nous déplacer, une douzaine de butterfly Peacocks. La pêche à vue de poissons repérés est aussi particulièrement excitante et efficace.

Image
pêche payara
Légende
Butterfy Peacock, un Peacock mâle reconnaissable à la bosse sur la tête.
Texte

Au final, c’est une journée de partage fantastique lors de laquelle nous prenons plus de vingt poissons chacun. Le retour par la rivière s’effectue alors qu’il tombe des trombes d’eau et que nous sommes juste sous l’orage. La foudre tombe à quelques dizaines de mètres de la pirogue nous faisant sursauter mais c’est heureux et trempés jusqu’à l’os, après une telle journée, que nous arrivons au camp. Je remercie Chris, comme chaque soir, de m’avoir embarqué dans une telle aventure.

Les 2 derniers jours sont donc consacrés au Payara. Je suis à nouveau en duo avec Jerry et Macu notre super guide.

Image
pêche payara
Texte

Nous avons maintenant une totale confiance en sa dextérité pour franchir les rapides et arrivons même à partager quelques fous rires en mélangeant quelques mots d’anglais, d’espagnol et beaucoup de gestes.

En trois grosses journées au bord de l’eau, nous ne pêchons pas 2 fois le même spot. Le terrain de jeu semble infini et notre guide vénézuélien semble le connaitre comme sa poche.

Nous avons décidé avec Jerry de sauter la pause déjeuner et quelques sandwichs ont été rajoutés dans notre glacière pour profiter au maximum des 2 derniers jours.

Image
pêche payara
Image
pêche payara
Légende
Les paysages des rives de l’Orénoque sont exceptionnels de dépaysement
Vidéo
Image
pêche payara
Texte

Nous prenons régulièrement des poissons et commençons à comprendre certaines clés de cette pêche si particulière. Nos prises sont plus grosses que le premier jour et des poissons de 10 livres nous offrent des combats de folie en plein courant même si nous perdons régulièrement les plus gros.

Image
pêche payara
Image
pêche payara
Légende
L’équipement pour le Payara : 2 cannes puissance 9 ou 10, soies extra-plongeantes, panier de lancer et sac étanche
Texte

Encore une fois, l’orage menace en ce milieu d’après-midi quand Macu accoste avec la pirogue en amont d’une île rocheuse. Nous marchons quelques minutes très en surplomb de l’eau avant d’atteindre un lieu où il est possible de descendre au bord de l’eau pour effectuer quelques lancers.

Je décide de faire quelques mètres vers l’amont pour me décaler de Jerry mais me retrouve vite bloqué par des rochers infranchissables. Juste au-dessus de moi, un courant plus calme est alimenté par de l’eau qui sort de sous les rochers. Je ne suis pas spécialiste du Payara mais cette poche d’eau relativement calme et en bordure d’un fort courant m’attire.

Image
pêche payara
Texte

Nous ne sommes pas censés pêcher amont mais je décide de tenter ma chance ainsi. Dès que mon streamer touche l’eau après le lancer, je strippe vite pour éviter que ma mouche, qui se déplace donc vers l’aval, ne s’accroche dans les rochers car il me semble malgré l’eau sombre qu’il n’y a pas beaucoup de fond.

Dès le premier passage, la tête d’un énorme Payara crève la surface en attaquant mon leurre. Je ferre immédiatement, probablement trop vite, et rate ce poisson incroyable. Je relance vers la même zone, pensant que je viens de rater le poisson du séjour et anime mon streamer de la même façon lorsque la tête d’un poisson encore plus gros explose la surface. Cette fois, je retarde mon ferrage, attendant que le poisson bascule vers le bas avant de tirer sur la soie et d’amener violemment ma canne en arrière.

Commence alors un combat incroyable, dans des courants violents, avec un poisson qui semble vraiment plus gros que les autres. J’ai dû hurler après l’avoir piqué car Macu et Jerry qui ne pouvaient me voir de leur position sont maintenant à côté de moi et notre guide cherche un accès pour attraper le Payara avec sa pince.

Après plusieurs minutes, j’arrive enfin à amener la bête à portée de Macu mais dès que le guide tend le bras, elle repart d’un rush violent vers le courant principal. Cela se produit trois fois et ce n’est qu’au 4ème essai que la pince se referme sur la mâchoire inférieure de l’énorme Poisson Vampire.

C’est un poisson exceptionnel et le peson intégré à la pince annonce 20 livres !

Image
pêche payara
Légende
20 livres pour ce Payara : record mouche sur l’Orénoque d’après notre guide
Texte

Ces deux derniers jours de pêche, consacrés au Payara, me font changer d’avis sur la recherche de ce poisson que je trouvais excitante dans un tel décor mais qui me semblait plus mécanique que la traque du Peacock. Je prends de plus en plus de plaisir à lire les veines d’eau pour imaginer où peuvent se tenir les prédateurs et varie, parfois avec succès, l’animation de mes streamers pour déclencher les attaques.                                                   

C’est encore une fois sous un déluge d’eau que nous rejoignons le groupe pour rentrer au camp. C’est notre dernière nuit dans la forêt tropicale et l’heure est au bilan.

La pêche aura été excellente pour les 6 moucheurs. On peut espérer prendre une vingtaine de Peacock par jour avec quelques gros spécimens approchant les 20 livres. Pour le Payara, il me semble que de pêcher des secteurs difficiles d’accès et de changer souvent de lieux est un plus. Il est possible de prendre une petite dizaine de poissons par jour et d’avoir plus de touches. Les décrochages dans les courants violents sont nombreux. La plupart des prises pèsent entre 6 et 8 livres avec quelques poissons de plus de 10 livres et la barre mythique des 20 livres peut donc être accessible.

Image
pêche payara
Image
pêche payara
Image
pêche payara
Image
pêche payara
Texte

Les poissons recherchés lors de ce séjour sont uniquement le Payara et le Peacock Bass mais quelques prises involontaires peuvent arriver :

Image
pêche payara
Légende
Wolf fish...
Image
pêche payara
Légende
Sardinata...
Image
pêche payara
Légende
Piranha...
Image
pêche payara
Légende
... et Alligator à vue !
Texte

Le retour du camp vers Bogota, en bateau pendant quelques heures puis en avion se déroule encore avec une organisation sans faille. Le vol domestique est le dernier moment partagé par tout le groupe et aucun de nous n’envisage de ne pas revenir un jour en ces lieux magiques…

Image
pêche payara
Texte

Contact : 

Capt Alex Zapata
Flats fishing guide
IFFF certified fly casting instructor
Miami, Everglades and the keys

(786) 317-4733
www.silverkingcharters.com
silverkingcharters@yahoo.com

Facebook : @silverkingcharters

Instagram : @silverking_charters_

Géovan

A propos de l'auteur

Eric découvre la pêche à l’âge de 4 ans sur les épaules de son père le long des rives de l’Ariège et de la Garonne non loin de Toulouse, sa ville natale. Naît alors une…