Géovan

Pêche en Limousin, part 1 : La Combade

pêche combade

Tout pêcheur de truite passionné cherche un jour ou l'autre à élargir son territoire d'exploration. Le motif est souvent le même : la perspective de rencontrer ce qui fait défaut dans sa pêche de proximité. Il peut s'agir de poissons plus gros, de techniques originales ou de profils de rivières nouveaux... Dans mon cas, la propension à m'éloigner des puissants cours d'eau alpins qui représentent mon quotidien est motivée par des configurations plus variées et des approches autres que celles basées sur le tungstène... Ainsi, quand mon ami Pierre Pommeret, directeur de la Fédération de la Haute-Vienne (87) lança l'idée d'un accueil presse au mois de mai dernier en région Nouvelle-Aquitaine, sur le versant ouest du Plateau de Millevaches, mon barda fut vite rassemblé !

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Le plateau de Millevaches est une formation granitique de l'ouest du massif central, constitué essentiellement de tourbières, forêts et prairies, où naît un grand nombre de rus. Il présente un écosystème riche et préservé. C'est sur les pentes ouest de ce promontoire perché à presque 1000 mètres d'altitude que s'écoulent les 2 principales rivières salmonicoles du département de la Haute-Vienne, au programme de ma venue : la Vienne et la Combade.

Les prévisions météo semblaient idéales sur le papier : giboulées classiques printanières et températures fraîches. J'imaginais déjà des éclosions régulières et une pêche en sèche typique du massif central : rustique, courte et précise...

C'est donc débordant d'enthousiasme et de mouches sèches que j'arrivais au siège de la fédération de pêche 87 pour une présentation des locaux, du personnel et du territoire pêche local.

Si le pêcheur stakhanoviste de mes tendres années aurait sans doute trouvé cette étape barbante, l'âge fait prendre conscience de son intérêt et même de sa nécessité. S'imprégner du contexte quand on visite de nouveaux territoires, connaître les enjeux, les particularités locales permet non seulement d'enrichir sa culture pêche mais aussi de mieux comprendre ce qu'il se passe canne en main (et pourquoi pas d'apporter sa pierre à l'édifice en ajoutant un prisme de vision nouveau). Pour cela, rien de mieux que de passer du temps avec les scientifiques locaux. Nous reparlerons de ces aspects dans notre dernier article de la série... en attendant, place à la pêche !

En début d'après-midi, Pierre et moi prenons la route de la rivière Vienne, alors que des trombes d'eau s'abattent sur la D979 qui relie Limoges à Eymoutiers. Pour cette première tentative, le directeur me propose de découvrir un secteur de gorge plein débit en aval d'Eymoutiers durant une paire d'heures.

Ma première confrontation avec la Vienne est plutôt hostile : je prends un bain net et sans bavure à froid (une mise en bouche presque classique pour moi lorsque je passe des rivières alpines claires et rugueuses à celles du massif central, couleur thé et glissantes) et je peine à décider quelques poissons. La Vienne, large d'une bonne dizaines de mètres à cet endroit présente un profil très intéressant constitué de radiers rapides alternant avec des secteurs plus profonds. Alors que le niveau monte à vue d'oeil en raison des abats d'eau incessants, je n'arrive clairement pas à localiser les poissons. Quelques truites bien typées viennent quand même me saluer. J'abdique lorsque la teinte des eaux vire du thé au chocolat...tant pis pour les beaux ombres qui peuplent ce secteur, ce sera pour la prochaine ! 

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Vienne
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La Vienne en aval d'Eymoutiers
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Vienne fario
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Le lendemain, je passe la journée avec Julien Barret, animateur à la FDAAPPMA 87. Julien est un jeune pêcheur polyvalent et éclectique, aussi à l'aise pour traquer les carnassiers de la Vienne aux leurres dans Limoges que pour initier les jeunes aux rudiments de la pêche aux appâts naturels en première catégorie. Direction la Combade, où il me fera découvrir 3 parcours aux configurations singulières : une partie amont boisée et resserrée (magnifique !), un secteur intermédiaire plus ouvert et enfin un dernier tronçon aval serpentant dans les magnifiques prairies limousines.

Alors que le soleil printanier pointe le bout de son nez, je perçois une moue dubitative chez mon compagnon du jour lorsque nous passons sur le premier pont : la rivière porte les stigmates des pluies de la veille. Le niveau est tendu et la teinte toujours opaque. Cela reste praticable mais entache sans aucun doute la qualité de la pêche qui restera moyenne sur cette journée. Pas de véritable sortie de poissons, des captures modestes en taille et assez peu nombreuses. Toutefois, les truites de la Combade confirment les qualités de celles entrevues la veille : les poissons ont du caractère et sont tous identiques... peu de risque de se tromper sur l'origine !

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La Combade "amont" dans les bois, près de Bonnat
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Si le gradient amont/aval est bien sûr d'actualité pour cette rivière, sa typologie reste assez homogène : la pente étant relativement faible et régulière, la configuration demeure plutôt plate, le substrat majoritairement constitué de galets et de sable. L'habitat produit par les embâcles, berges creuses et quelques postes profonds, semble excellent.

Sur la Combade, le couple vitesse profondeur moyen autorise la pratique de toutes les techniques de pêche de la truite. Durant cette journée, Julien a pratiqué avec succès le toc aux appâts naturels, alors que j'ai alterné nymphe et sèche/nymphe, sans trouver qu'un modèle de mouche particulier ne sorte vraiment du lot. Pour les pêcheurs aux leurres, le profil est parfaitement compatible avec leur technique qui se révèle même franchement adaptée pour prospecter rapidement certaines longues zones plutôt molles. 

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Combade
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La Combade "moyenne", vers Sussac
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La Combade "aval", vers le hameau de Bésuniéras
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Je quitte la Combade un peu frustré de n'avoir pu réellement me confronter à son potentiel halieutique. Ainsi vont les aléas des séjours pêche printaniers à la météo versatile ! Pourtant, cette rencontre avait tout pour me séduire : cette rivière coule dans un bassin versant rural, peu anthropisé et les points d'accès se limitent à une poignée de ponts (quasiment aucune route ne longe la rivière). Cela ajoute un caractère intimiste à la pêche et la possibilité de s'éloigner des secteurs les plus pêchés. Sa gestion est assurée par la jeune et dynamique équipe de l'AAPPMA de Chateauneuf la Forêt qui a la chance de travailler sur l'intégralité de son cours (soit une quarantaine de kilomètres), une aubaine pour adopter une gestion cohérente. Pour le moucheur entomologiste, les éclosions printanières n'ont rien à envier à celles observées en Lozère deux ans plus tôt. Tous les classiques sont là : Epeorus, Rithrogena Semi-colorata, mouches de mai... etc. De quoi attester d'un milieu sain, à n'en pas douter. Une rivière bouillonnant de vie où il ne manquait que quelques touches de plus pour rendre cette journée mémorable !

Rendez-vous au prochain épisode pour une visite de la Vienne amont et la rencontre avec une sacrée figure locale !

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rithrogena Combade
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Géovan

A propos de l'auteur

Simon est né dans le département du Gers et a découvert la pêche à l'âge de 10 ans. Bien qu'initialement éloigné des rivières pyrénéennes qui lui sont chères…