Je vous ai fait part dans un article précédent de ma nouvelle addiction pour la pêche du brochet à la mouche, mais bien avant cette nouvelle passion, j’avais entendu parler des brochets de Marsaguet. C’est donc maintenant accompagné de mes boites de streamers, que je décidais en Avril dernier de faire la route pour évaluer le potentiel de ce plan d’eau.
Les prévisions météo n’étaient pas bonnes. Une forte chute des pressions atmosphériques, l’arrivée d’une poche d’air froid et surtout un fort vent du nord étaient prévus pour mon séjour. Je décidais cependant de faire la route, ayant organisé ma petite virée depuis quelques semaines et voulant profiter de 2 jours de pêche avant l’ouverture du carnassier dans le domaine public.
C’est donc après un peu plus de 3 heures depuis le bassin d’Arcachon et une fin de trajet dans une magnifique campagne verdoyante aux couleurs printanières que j’arrivais sur les lieux.
Le moulin de Marsaguet est un magnifique domaine situé en Haute-Vienne, au sud de limoges. Le lac fut créé au XVIème siècle pour alimenter une forge spécialisée dans la fabrique des lames et remplacée plus tard par une meunerie. C’est maintenant une exploitation agricole à taille humaine qui peut accueillir les touristes amateurs de calme et de Nature. Vous y serez chaleureusement reçu par Valérie et Renaud. Pour l’hébergement, 3 belles chambres d’hôtes dans la demeure familiale vous attendent ou un superbe gîte, grand confort, pour 12 personnes avec terrain de pétanque et piscine chauffée.
L’étang, de 13 hectares, est alimenté par 2 cours d’eau : la Valentine et le Lavaud Bousquet, ruisseaux classés en première catégorie.
Si le plan d’eau donne beaucoup de cachet à l’ensemble, il nous intéresse surtout pour les poissons qu’il abrite. Renaud y accueille essentiellement des pêcheurs de carpes. Elles sont nombreuses et les gros sujets bien représentés. Mais la passion halieutique de Renaud, qu’il partage avec son fils Thibault, c’est la pêche du brochet à la mouche. Il conseille donc avec plaisir les pêcheurs de carnassiers sur son étang, mais uniquement ceux équipés d'une canne à mouche.
Le lac offre un terrain de jeu ludique car les postes marqués sont nombreux et variés : arbres immergés, herbiers et nénuphars, île, cassures...ect. Pour vraiment exploiter le potentiel du plan d’eau, le float-tube est indispensable, la quasi-totalité des berges étant encombrées.
Je décide de mettre mon embarcation à l’eau sitôt arrivé, en cette fin d’après-midi. Le vent du nord, violent, ne permet pas de s’éloigner de la digue en palmant et je rejoins le fond du lac à pied en portant ma grosse bouée, accompagné par les chevaux de l’exploitation. Cette partie du lac est très peu profonde. J’espère trouver les brochets encore à proximité de leurs lieux de reproduction et prospecte minutieusement les berges avec une soie flottante ou intermédiaire mais n’obtiens aucune touche.
Après une prospection ultra rapide de la berge, poussé par le vent, je rejoins mes hôtes pour une soirée conviviale et gastronomique durant laquelle Renaud me parle avec enthousiasme de son plan d’eau. J’apprends ainsi que le moulin de Marsaguet est cité dans la première édition de 1999 du Brochet à la mouche de Jacky Roehrig (la dernière version de cet ouvrage, présentée récemment dans votre magazine ici étant la référence actuelle de cette pratique) et qu’en plus des brochets, le lac abrite une population conséquente de sandres.
Le lendemain, la température matinale étant proche de zéro, je traîne un peu au café, attendant que l’air se réchauffe pour enfiler mon wader et mes palmes.
Le vent est plus calme en ce début de journée et je décide de pêcher le long de la rive ouest pour terminer ma prospection des berges. Les postes sont marqués, les abris nombreux mais je ne déclenche toujours pas d’attaque.
C’est finalement en m’éloignant du bord que je prends mon premier brochet le long des nénuphars. Ce poisson n’est pas bien gros mais il m’envoie un signal qui me fait changer de stratégie.
Je pêche maintenant les bordures des nénuphars qui sont en pleine pousse en cette saison et nombreux au milieu du lac. Le plan d’eau va alors me révéler son potentiel. A la faveur du réchauffement conjugué à un vent pas encore trop violent en ce milieu de journée, je peux manœuvrer mon float tube au milieu de l’étang et enchaîne 6 touches en une heure. 4 brochets viennent s’échouer dans mes palmes, un se décroche, le sixième me procure une touche très nette…impossible de relever complètement ma canne lors du ferrage, elle revient instantanément en position horizontale sous la traction violente du poisson et mon bas de ligne casse.
Renaud m’avait prévenu la veille que les brochets métrés sont bien présents et sur les photos qu’il m’avait montrées des plus belles prises ils étaient bien gras.
La période d’euphorie sera de courte durée, le vent du nord souffle à nouveau violemment, le ciel se couvre, les vagues se creusent et il est maintenant impossible de se maintenir sur les postes du milieu du lac. La petite ancre que j’ai amenée ralentit à peine mes dérives.
Je sens bien que c’est fini pour aujourd’hui.
Dernier jour, après une matinée encore très froide, il me reste un peu de temps pour une dernière session avant de prendre la route. En ce début de journée, le vent n’est pas encore levé. Je décide donc de pêcher le long de la digue, d’autant plus que Renaud et Thibault ont décidé de m’accompagner pour un petit moment et c’est un des rares secteurs où ils peuvent fouetter du bord. C’est Thibault qui prend le premier poisson du jour alors que je rate 2 belles attaques en pêchant creux sur cette partie du lac qui est la plus profonde.
Un peu plus tard, il me semble détecter une touche peu franche et ferre par acquis de conscience. J’ai bien quelque chose au bout de la ligne mais la sensation est inhabituelle. Puis commence un vrai combat, c’est lourd, la canne pour soie de 10 est fortement courbée, il me tarde de voir le poisson. C’est peut-être mon premier très gros brochet, mais finalement apparaît mon premier... moustachu ! Loin d’être déçu, je suis plutôt content d’ajouter une nouvelle espèce à la liste des poissons capturés avec une canne à mouche.
Je prendrai un peu plus tard, alors que mes partenaires matinaux ont quitté le lac, un deuxième silure. Il me faudra 15 bonnes minutes pour le maîtriser, d’autant plus qu’il ne rentre pas dans mon épuisette. Renaud qui ne voulait pas qu’on le remette à l’eau m’annoncera le lendemain ses mensurations : 1,50 m et 26 kg. Ce poisson devrait rester longtemps ma plus grosse prise avec une canne à mouche.
Peu après cette prise, et comme le jour précédent, le vent du nord redouble de puissance. La pêche en float tube devient impossible et il est de toute façon bientôt temps pour moi de prendre la route du retour.
Dernière étape avant de partir mais pas la moindre : un petit passage par le rayon gastronomie pour ne pas revenir les mains vides. Je fais le plein des délicieux produits préparés par mes hôtes, notamment l’excellent foie gras mi-cuit et le sublime civet de canard. La glacière est pleine, je peux prendre la route.
J’ai à peine parcouru quelques kilomètres qu’il me tarde déjà de trouver une date pour revenir à Marsaguet, peut-être en famille. Le lieu est magnifique, l’accueil chaleureux, l’hébergement très confortable, les soirées avec mes hôtes conviviales et gastronomiques… Quant à la pêche, le petit temps calme dont j’ai bénéficié au cours de mon séjour m’a laissé entrevoir le potentiel de ce magnifique plan d’eau.
Lien utile :
Le Moulin de Marsaguet
87500 Coussac-Bonneval.
05.55.75.28.29 / 06.26.16.34.47