Maïs, eau et biodiversité (part 1) : un peu d'histoire

pêche agriculture

Merveilleux Zea mays, des fous ont détourné tes qualités originelles pour leur profit... Retour sur l'épopée de cette plante et de sa culture, rendue désastreuse par les semenciers : 

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Historique et choix lourds de conséquences :

L’article de Jean Beigbeder (agronome sélectionneur de maïs) qui vous est présenté en fin d'article, tend à prouver que le maïs originel était bien une plante sobre en eau.

Les premières sélections en avaient fait l’élément de base de l’alimentation de nombreuses tribus mexicaines et son expansion mondiale s’était très bien passée, y compris la traversée de l’atlantique par Christophe Colomb. Jusqu’aux années 1950/1960, tout allait assez bien.

Vous pouvez aussi consulter sur internet la magnifique méthode Milpa Amérindienne, j’ai fait un essai cette année dans mon potager, l’accord de ces trois semences (maïs, courges, haricots) m’a fait comprendre beaucoup de chose sur l’interconnexion et l’équilibre de la vie des plantes. C'est à l'image de ce qui se passe en forêt, où l’arbre n’est qu’un élément du "système massif forestier au sens large".

Que s’est-il passé donc en France en 1960/1962 ?

Le Grand Plan Agricole est lancé par Charles De Gaule et son ministre Edgard Pisani, artisans de la politique agricole moderne, pour faire face à l’insuffisance alimentaire !

Déjà, le Plan Marshall du 20 septembre 1947 (prêt à l’Europe par les EU d'un montant de 180 milliards d’euros, valeur de 2019 !), avait lui tout prévu : fourniture de tracteurs, machines agricoles et produits phytosanitaires ! (pour nourrir le petit peuple). Bêtise, ignorance ou déjà corruption ? Henri Nallet, ancien ministre de l'agriculture, a dit qu'il s'agissait là d'une "leçon de politique majeure".

Aujourd’hui je me pose la question : comment ces deux hommes se sont-ils laissés berner par les lobbyistes Américains ? Pisani a reconnu ses erreurs peu avant de mourir, notamment sur les effets du remembrement (voir l'article de Ouest France). De toute façon, ils portaient peu intérêt à la biodiversité et la protection de l’environnement, ce n’était pas à l’ordre du jour. Mais avoir favorisé cette agriculture intensive avec l’apport d’intrants et de semences non reproductives (stériles), s’avère à ce jour un désastre écologique et une atteinte grave portée à la biodiversité dans nos campagnes et toute l’Europe. Des régions du monde sont encore plus touchées. Pouvons-nous oser parler de crime contre l’humanité ? Je me sens le devoir de poser cette question.

Pourtant les alertes sur l’environnement du scientifique américain Charles Keeling, notamment l’impact du dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère, suite à la consommation d’énergies fossiles datent de 1958 ! (date de début des courbes de suivi du CO2 produites par l'observation de Mona Loa à Hawaï).

Il est surprenant de voir qu’à la même époque, 1962, il y a création des GAEC (Groupement Agricole Exploitation en Commun) et IVD (Indemnité Viagère de Départ). A cela s’ajoute le démantèlement de la sacro-sainte administration des "Eaux et Forêts" (Colbert), faisant naître l’Office National des Forêts (ONF)... premier établissement public a caractère industriel et commercial français (EPIC), les lobbyistes sont donc déjà bien en place. On connait l’état de l’ONF à ce jour ! Rien n’a donc été décidé par hasard.

Ce sont les prémices de l’emballement de la course au profit et des groupes de pression. C’est le début du recours aux intrants sous l’impulsion des grands empoisonneurs...

(Je fais tout simplement référence à la définition du mot poison : toute substance qui introduite dans un organisme vivant peut le tuer ou altérer ses fonction).

Le maïs, symbole de l'agriculture moderne déraisonnée 

Monsanto, Bayer, Singenta, épaulés par l’INRA n’ont de cesse de trouver des semences soit disant de plus en plus performantes, avec en toile de fond la généralisation de l’irrigation gourmande en eau mais aussi terriblement génératrice de chiffre d’affaire en matériel. Nous en sommes à ce jour aux semences F1 non reproductives (stériles évidemment, dans le but d'engraisser les semenciers).

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Maïs
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Variété ES MESSIR F1 2019 (prélevée à Pontacq par l'auteur)
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Cette variété ES MESSIR F1 2019 comporte 18 rangs de 47 grains, soit 846 grains. Il semble parfait, il est sans goût (mes petits enfants n’en veulent pas) et il ne se reproduit plus. Cherchez la truanderie ? 

Par contre je n’imaginais pas que 3 épis de variété ancienne Hopi issus de mon jardin aient plus de grains que de la récente vedette Sieur Messir (sans le r, cela me fait penser à un certain joueur de foot bien connu, cela en dit long sur la stratégie en communication autour du futur champion d’EURALIS !). Son autre compagnon de campagne se nomme Zoom.... Il suffirait presque d’actionner la molette pour le faire grossir... extraordinaire ! 

Messir pèse 432 grammes, n'a aucun goût, et il sera destiné à l'alimentation animale sans doute. Il parait beau, régulier, mais en comparant avec Hopi, lequel des deux apportera le plus à l’agriculteur (en terme d’excédent brut d’exploitation) et... à nos sols ? 

Améliorer Hopi pour gagner en taille de grains, conserver sa capacité de reproduction et son aptitude à consommer peu d’eau, aurait été trop très sage, et surtout n’aurait pas généré le chiffre d’affaire espéré par les multinationales...

Je crois qu’en plus de nous mentir, on nous prend pour des cons...

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Maïs
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Maïs Hopi (culture personnelle de l'auteur)
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Ce Maïs Hopi issu de cultures amérindiennes a été cultivé par mes soins : il comporte 3 épis dont le 3ème (le plus petit) possède 12 rangs de 31 grains, soit 372 grains. L'ensemble représente donc plus de 1182 grains ! Mes petits enfants en raffolent et le grignotent comme une sucrerie. Les grains sont plus petits que ceux du F1 (donc plus difficile à arracher pour des obnubilés du rendement). Je n’ai pas le poids exact des 3 épis, il n’a pas fini de mûrir, mais il me tarde d’avoir le verdict !

La FNSEA et les chambres d’agriculture ont fixé le cap, le monde agricole a suivi le scénario infernal qui lui était proposé. Ce système aujourd’hui est moribond puisqu’il a en plus stérilisé nos sols. Il ne reste que moins de 2 % d’agriculteurs, alors qu’ils étaient 80 % après la première guerre mondiale. Nous sommes en fin de cycle.

A aucun moment je ne veux porter atteinte au petit monde agricole avec lequel j’ai vécu dans mon enfance, et se retrouve aujourd'hui victime des grands intérêts, bien obligés de suivre le système. Aujourd’hui ils sont en première ligne face à cette révolution de pratiques obligatoires à mettre en place (imaginez-vous dans votre job et que l’on vous demande de tout changer du jour au lendemain !).

Aidons-les à trouver les bonnes solutions, et faire les bons choix. Ils sont isolés et peu nombreux. Le décalage qui s’est fait avec le mode de vie citadin est énorme. S’ils ne réussissent pas cette mutation, ils seront la proie des fonds de pension américains et des grands groupes (cela a déjà commencé). On nous aura volé nos terres.

Avec le réchauffement climatique, nos territoires, nos rivières et leur biodiversité sont dans une situation gravissime (voir les problématiques présentes entre autres sur le bassin Neste rivières de Gascogne). Le Maïs irrigué a amplifié la situation.

Je compare les ravages causés par l’INRA en agriculture à ceux causés par l’IFREMER et ISTREA qui ont divulgué les zones de reproductions dans les océans, où sévissent actuellement les grands chalutiers...

Sapiens tu es devenu fou, comme le dit l'historien Yuval Noah Harari. (voir les ouvrages "Homo Sapiens, histoire brève de l’humanité" et "Homo Deus").

L’institut national... et l’institut français... nous ont conduits dans le mur ! Ils ont fait de la recherche fondamentale, sans se préoccuper des intéractions qui pouvaient en découler, c’est une faute grave. Je crois me souvenir que le grand Spinoza avait dit que "la science ne trouve que ce qu’on lui demande de chercher". Il parait évident que les scientifiques de Monsanto et consort sont sous les ordres.

Tous ces scientifiques devront rendre des comptes, ainsi que les services de l’état qui ont défini, validé leurs missions et réalisé les bons de commande.

Je n’ose imaginer la vérité des plans mis en place chez Monsanto, Syngenta...

Suite à tous ces événements, ma réflexion me fait craindre le pire pour l’avenir du nouvel Office Français de la Biodiversité (OFB), successeur du CSP, ONCFS, ONEMA, AFB. Ce service aura-t-il les moyens et les pouvoirs pour protéger la biodiversité ? Quel sera le véritable "Ordre de mission " donné aux directeurs par la Présidence ?

Face au réchauffement climatique, comment allons-nous réparer la situation ? Quel logiciel choisir pour sauver ce qui doit et peut encore l’être ? Attention danger.

Et si la solution se trouvait dans les propositions de Sabine Martin (Référent du réseau eau à France Nature Environnement), je vous les ferai découvrir dans un deuxième article sur la thématique « Gestion de la sécheresse, gestion des sols dans la phase terrestre du cycle de l’eau ».

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Pour en savoir plus : 

L'interview de Jean Beigbeder ici

A propos de l'auteur

Jean Charles Raust est né en 1949 à Toulouse. Ses passions de toujours : famille et amis, le Hand Ball (historique toulousain), le Tennis à Lourdes, la Montagne (forêt…