Mouche : bien choisir sa soie pour le brochet

soie brochet

Après les très bons conseils distillés par Guillaume Le Garrec pour choisir une canne pour pêcher le brochet à la mouche (ici), nous vous proposons de nous intéresser au choix de la soie, tout aussi importante que la canne dans la pêche à la mouche. Marc Millieroux vous a déjà donné quelques éléments sur le choix des soies pour les pêches en hiver (ici). Voici un petit guide pour voir un peu plus en détails ce que sont ces soies à brochet. 

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Comme le disait très bien Guillaume dans son article, la pêche du brochet à la mouche présente des contraintes majeures:

  • lancer des grosses mouches

  • potentiellement à bonne distance

  • et surtout avec aisance, en s’économisant au maximum

En résumé, il faut un ensemble qui lance vraiment efficacement, pour pêcher confortablement et efficacement pendant plusieurs heures de pêche, voire plusieurs jours, à la recherche de touches qui se font souvent rares. Le choix de la soie, dans un tel cadre, est de première importance.

Une soie mal adaptée vous fera redoubler d’effort, rater des lancers, et faire monter la frustration de ne pas être vraiment en pêche. A l’inverse, la soie adéquate vous permet de vraiment lancer vos mouches, et surtout, augmente grandement votre efficacité de pêche, et donc vos chances de réussite.

Voyons en détails les caractéristiques d’une soie qui conviendra à votre utilisation.

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Numéro de soie

Le premier élément à considérer est le numéro de la soie. Il va bien sûr de paire avec la canne que vous utiliserez, et Guillaume Le Garrec a déjà traité le sujet dans son article. Je reprends donc ici les grandes lignes de son analyse, que je partage pleinement.

Le choix de la taille de la soie répond aux contraintes suivantes:

  • la taille de la mouche: si un Piker’s Point en 4/0 ou un petit baitfish pattern en EP Fiber de même taille se lance très facilement avec une soie de 8, les grosses mouches volumineuses, articulées ou dotées d’un wiggle tail requièrent l’emploi d’une soie #10; si vous voulez pêcher avec toutes les tailles de mouches, n’hésitez pas à prendre une 10, qui sera tout aussi capable de lancer une petite mouche; si vous n’utilisez que des petites mouches de 10 à 20cm, la #8 vous suffira; enfin, si vous hésitez, la #9 est le choix le plus polyvalent

  • la taille des poissons et l’encombrement: si les brochets ne sont pas des combattants au même titre que les tarpons, vous risquez de vous trouver en difficulté face à un poisson de plus de 80-90 dans un milieu encombré avec une canne pour soie de 8; dans ce cas, le choix du numéro de soie est contraint par la puissance de la canne, et moins par la taille de la mouche; en résumé, si vous pratiquez dans des zones d’herbiers, sur des poissons majoritairement de taille modeste, une #8 vous suffira et surtout vous permettra de prendre plus de plaisir avec vos poissons: un brochet de 50-60 sur une canne #10 fera pâle figure, entre la raideur de la canne et le poids de la soie, alors qu’une 8 sera plus dimensionnée pour ce genre de poisson; mais si vous avez la chance de tomber sur des gros poissons métrés, voire plus, alors une #9 voire #10 devient beaucoup plus sûre, surtout si vous pêcher au milieu des bois morts

  • le confort dû au poids de l’ensemble: si une soie #10 vous permet de lancer facilement tous types de mouches, un ensemble pour soie #10 sera obligatoirement plus lourd (poids de la canne et poids de la soie) qu’un ensemble pour soie #8 (à qualité égale); choisissez donc un ensemble et un style de pêche qui vous donneront le plus de sensation: oui, il est possible de s’éclater au brochet à la mouche avec un ensemble léger en #8 qui sera plus maniable et agréable qu’un ensemble en #10. Mais si vous décidez de prendre le brochet à la mouche par le bout hardcore, lancer des grosses mouches, chercher des gros poissons, alors la #10 est pour vous. En résumé, les choix de la #8 ou de la #10 sont des choix tranchés, clairs dans les objectifs; si vous voulez le meilleur compromis, alors la #9 sera le choix qui vous ouvrira le plus de possibilités

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brochet mouche
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Petit poisson pris sur une soie #8 avec un petit streamer
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Profil de la soie : distance de pêche et efficacité de lancer

Que ce soit avec une #8, une #9 ou une #10, toutes les soies brochet (ou grosses mouches en général) doivent répondre à ce besoin simple: lancer efficacement, à toute distance, sans effort. 

Pour ma part (comme pour la majorité des pêcheurs de carnassiers que je connaisse), le choix est très clair: j’aime les soies qui ont une tête lourde et courte, pour entraîner la mouche en un minimum de faux lancers, et shooter à bonne distance. Les fabricants ne s’y trompent pas et tous proposent aujourd’hui ce type de soie.

Ces soies sont ce que l’on pourrait qualifier de “WF amplifiée” ou de “shooting head intégrée” (voir Figure 1). La majorité de la masse de soie est concentrée sur la tête, qui est en général d’environ 9m de long. Vient ensuite le running line, beaucoup plus léger, qui sera entraîné par la tête au shoot.

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Figure 1: profils de soies typiques pour la pêche du brochet ou avec de grosses mouches, comparés à un profil de soie WF classique. Les proportions sont illustratives.
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L’idée d’un tel profil est de :

  • entraîner la mouche dès qu’on a quelques mètres de soie en dehors de la canne, ce qui vous donne un vrai confort de lancer, même à courte distance

  • permettre de shooter dès que la tête est sortie de la canne, ce qui se fait en quelques faux lancers: on atteint facilement de bonnes distances avec un minimum d’effort

Parmi ces soies, on aura des profils un peu plus chargés sur l’avant, et d’autres plus triangulaires. Les profils plus chargés sur l’avant sont très efficaces à courte distance et la tête sort vraiment très vite. Elles portent très efficacement les grosses mouches. On pourrait parfois leur reprocher des posers un peu brutaux avec la pointe de la soie qui part en angle droit (rebond en fin de déploiement de la soie, provoqué par une mouche ou une pointe de soie lourde lancée avec trop de vitesse). Ce genre de désagrément peut être rattrapé avec un polyleader* pour grosse soie, genre tarpon, qui va amortir le déroulement de la fin de la soie et éviter ce rebond.

Les profils triangulaires auront beaucoup moins ce souci de rebond mais seront un peu moins efficaces avec peu de soie. Ce sont des soies idéales pour lancer loin toute la journée, avec une tête mesurant de 9 à 12m (pour les plus longues). Elles sont parfaites pour pêcher un grand plateau d’herbier.

Mais en toute honnêteté, faire la différence entre ces deux profils pour la même longueur de tête n’est pas immédiat. Vous ne ferez pas d’erreur en prenant l’une ou l’autre, si vous débutez dans cette pêche. Dans un deuxième temps, les éléments amenés au-dessus vous permettront d’analyser des comportements que vous souhaiteriez corriger.

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Les polyleaders pour le brochet

Les polyleaders sont, de manière simplifiée, des bas de ligne construits avec la même matière qu’une soie, sur une âme en monofilament. 

Pour le brochet, je privilégie les polyleaders courts de 4 à 5’ (1,20m à 1,50m) pour le brochet ou pour les gros poissons de mer, pour avoir à la fois:

  • une âme très solide (entre 20 et 40lbs de résistance)

  • et conserver un ensemble soie-bas de ligne avec une pointe courte et épaisse, permettant d’avoir du poids sur la ligne même avec peu de longueur de soie sortie; j’évite les polyleaders de 10’ voire plus, conçus pour la truite ou le saumon, dont l’utilité est notamment d’adoucir le posé d’une mouche beaucoup plus légère qu’un streamer à brochet; ces polyleaders longs n’offrent pas assez de masse en pointe pour entraîner les grosses mouches

On trouve des polyleaders de toutes les densités, comme pour les soies. Un intérêt majeur est de gagner en vitesse de plongée sur une soie flottante ou à faible densité (inférieure à S3), et ainsi d’atteindre plus rapidement des profondeurs plus importantes en changeant uniquement le bas de ligne. Personnellement, j’utilise uniquement des polyleaders beaucoup plus plongeants que ma soie (au moins 3 densités de plus; par exemple un polyleader S6 sur ma soie S3). Typiquement, il est très intéressant de rajouter un polyleader S5 ou plus au bout d’une intermédiaire, pour augmenter franchement la densité de la pointe et rendre l’ensemble plus plongeant. Comme ils sont très courts, je ne vois pas vraiment d’effet si j’augmente seulement d’une densité.

Les plus bricoleurs d’entre nous peuvent remplacer un polyleader par un à deux mètres de soie. On peut ainsi customiser la pointe de soie comme on le souhaite (dans la limite de ce que l’on pourra lancer). Cela demande de réfléchir un peu (éviter notamment de mettre un brin de soie trop léger), mais le résultat peut être très efficace.

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pêche mouche brochet
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Pour présenter une grosse mouche toute une journée d’hiver, et finalement avoir la touche à 1h de la fin de la journée, une soie #10 était le meilleur choix.
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Une tête plus longue que 9m ?

Pour certains experts du lancer, qui ont par exemple beaucoup pêché la truite en réservoir, il est plus naturel de tenir 15m voire plus de soie en l’air avant de shooter. Et cela peut s’accompagner avantageusement d’un gain en distance. On peut donc dans ce cas opter pour une tête plus longue de 12m, voire plus, que l’on retrouvera sur des profils qui sont plus proches d’une WF classique. En effet, les soies courtes avec une tête très marquée en poids par rapport au running line ne sont pas particulièrement indiquées pour tenir plus que quelques mètres de running en plus de la tête en l’air.

Si elles satisfont pleinement ces utilisateurs experts, je ne conseillerais en revanche pas ce genre de soie à quelqu’un qui découvre le brochet à la mouche, et n’a pas un bagage de lancer distance confirmé.

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brochet mouche
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Lancer un gros tandem toute la journée requiert un ensemble optimal. Une soie spécialisée, type shooting head, sera votre meilleure alliée.
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Raccord soie - bas de ligne

La plupart des soies modernes sont livrées avec une boucle préformée au bout de la soie. Très pratiques pour monter un bas de ligne boucle dans boucle, et très solide, ces boucles peuvent avoir le défaut d’être très épaisses sur les soies à faible densité (flottante ou intermédiaire) et de mal passer dans les anneaux. Et il arrive très souvent que le raccord soie bas de ligne entre dans les premiers anneaux en fin de récupération.

Sur ces soies, je préfère couper la boucle préformée et la remplacer par une boucle en gaine de nylon tressé, appelée aussi chaussette, pour soie de 9 à 12. Extrêmement solides, durables sur plusieurs saisons de pêche, ces chaussettes s’écrasent bien au niveau du raccord et passent beaucoup mieux dans les anneaux. Une à deux ligatures en fil de montage sur la portion de soie rentrée dans la chaussette, avec quelques gouttes de colle forte et une petite couche de résine UV, et votre raccord sera paré pour le combat!

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pêche mouche brochet
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Lancer une soie à brochet

Lancer ce genre de soie comprend deux phases: sortir la tête, et shooter.

Sortir la tête

Dans la majorité des cas, on récupère le streamer jusqu’à ce qu’il arrive en bout de canne (à la limite du raccord soie-bas de ligne). Et ce parce qu’il est fréquent qu’un poisson attaque dans le dernier mètre, que ce soit du bord ou en bateau. On relance donc avec seulement le bas de ligne à l’extérieur de la canne. Ce qui est plutôt une bonne chose, parce qu’il n’est pas particulièrement aisé d’effectuer un bon arracher avec plusieurs mètres de soie lourde dans l’eau.

La première opération consiste à faire un premier lancer arrière vif, énergique, ayant pour but de faire sortir le maximum d’eau du streamer, pour qu’il soit le plus léger possible au lancer.

Cet arraché peut être l’occasion de laisser sortir quelques mètres de soie entraînés par le poids du streamer.

L’utilisation d’une soie chargée sur l’avant prend ensuite tout son sens: dès lors qu’on a sorti quelques mètres de soie, celle-ci va immédiatement entraîner la mouche, et permettre de lancer avec aisance.

A partir de là, sortir la tête se fait sans effort: il faut exploiter pleinement le poids de soie pour lancer en douceur, en mettant le minimum de vitesse nécessaire. Cette tête lourde est conçue pour sortir facilement de la canne en quelques faux lancers, sans même une double traction. Une erreur classique, quand on a l’habitude de lancer des soies #5 flottantes, est de forcer sur les premiers faux-lancers. Non seulement ce n’est pas nécessaire (et va donc vous coûter une dépense d’énergie inutile), mais cela peut grandement compliquer le lancer; ce type de soie est tellement efficace qu’elle va:

  • se tendre en une fraction de seconde, puis se détendre dès l’instant suivant et commencer à retomber, provoquant ainsi une perte de tension dans la soie et donc d’efficacité au lancer

  • entraîner violemment le streamer qui arriver à pleine vitesse en bout de soie, et provoquer un rebond qui va détendre la soie (avec les mêmes effets décrits au-dessus, et en prime cette sensation désagréable de la mouche qui “tape” en fin de lancer)

Préférez donc un lancer en douceur, avec une gestuelle arrondie (type lancer rotatif, ou lancer belge), en mettant le moins de vitesse possible dans vos faux lancers. Vous verrez que la tête sortira très facilement, même sans traction. C’est pour cela qu’on choisit ce genre de soie: sortir la tête n’est qu’une formalité. Allez-y donc en douceur pour sortir la tête, et vous vous serez économisé pour le shoot, qui est vraiment le moment de mettre la gomme.

Shooter

Du moment où vous avez sorti la tête de soie de la canne, c’est tout simple: shootez. Sortez au maximum 4 à 5m de running si vous voulez gagner en distance, et shooter vers le haut avec une bonne traction avant. Et vous verrez à quel point ce genre de soie est efficace pour lancer loin une grosse mouche en peu d’effort.

Bien sûr, vous adapterez votre shoot à votre distance de lancer. Il n’est pas besoin de forcer si vous lancez à 10-15m. Mais avec un peu d’entraînement, vous verrez qu’on peut lancer un streamer entre 20 et 25m à tous les coups et avec un minimum d’effort avec ce genre de soie.

En conclusion: lancer ce type de soie se résume à préparer le shoot. D’où leur nom (shooting head). Économisez vous sur les faux lancers pour sortir la tête, et ne forcez qu’au shoot final.

Les avantages sont nombreux:

  • on l’a dit : cela permet de lancer avec un minimum d’effort, et c’est donc un gain de fatigue et de concentration très intéressant

  • le lancer étant très efficace, on diminue les lancers ratés, qui peuvent peser un peu moralement sur une journée, ou tout simplement ruiner un poste

  • ces soies lourdes sont très efficaces pour lancer dans le vent, même par vent fort (qui sont si favorables à l’activité du brochet); comme on shoote rapidement, on a moins de risque d’avoir son lancer contrarié par une bourrasque

  • comme on lance en quelques faux lancers, la mouche passe moins de temps en l’air et donc plus de temps dans l’eau; ce qui, dans ce genre de pêche, est un avantage considérable

  • on lance loin facilement, et cela revient au point précédent: la mouche bat plus de terrain si on gagne quelques mètres au lancer

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Densité: profondeur de pêche et vitesse de récupération

Choisir la densité de la soie est une étape très importante. Marc Millieroux l’a bien introduit dans son article (ici). Cela va déterminer vos profondeurs de pêche, et votre vitesse d’animation.

Quand on pêche au leurre souple, quand on pêche au toc, à la nymphe sous la canne, on change le poids de son leurre ou de son montage pour pêcher plus ou moins vite, ou plus ou moins profond. Dans le cas de la pêche au streamer, si on peut jouer un peu sur le poids du streamer et sa densité pour gagner un ou deux mètres ou descendre plus rapidement (on préfèrera en général que le streamer soit le plus léger possible pour être lancé facilement), la profondeur de pêche et la vitesse de pêche sont réglées par la vitesse de plongée de la soie (donc sa densité). C’est pourquoi il peut être très intéressant d’avoir deux à trois densités de soie dans ces affaires, quand on ne sait pas trop à quoi s’attendre (ou qu’on sait justement que les conditions seront variées).

Voici quelques repères que j’applique personnellement, sur des soies à tête plongeante et running flottant à intermédiaire:

  • soie flottante ou Hover: de la surface (toutes vitesses d’animation possibles) à environ 2m (animation lente)

  • intermédiaire: pêche confortable à 1m-1m50, puis de 50cm (animation rapide) à 2-3m (animation très lente)

  • S3: pêche confortable à 2m-2m50, puis de 1m (animation rapide) à 4-5m (animation très lente)

  • S7: pêche confortable à 5-7m, 3-4m (animation rapide) à +de 10m (en attendant longtemps)

(Pour rappel: une soie dénommée “SX” coule à une vitesse de X pouces par seconde; une soie S7 coule donc de 7 pouces par seconde) 

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Un beau poisson pris dans une grande baie en Ecosse. Dans 1,50m d’eau, la soie intermédiaire était la plus adaptée.
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On retiendra que les profondeurs de pêche confortables (sans avoir à attendre plus d’une minute que la soie coule) sont inférieures à 5-6m. Mais il est possible de pêcher plus profond avec une soie très plongeante, notamment avec une soie intégralement plongeante.

Personnellement j’utilise ces 4 densités de soies.

Mais celle que j’utilise le plus fréquemment, pour pêcher en bateau entre 2 et 3m50, est sans conteste la S3(S4).

Un mot sur les densités variables

Il est fréquent de trouver aujourd’hui des soies à densité variable, ou “compensée”. Le principe est simple: la pointe est dans une densité plus plongeante que la partie précédente (en remontant vers le moulinet). On peut ainsi avoir une soie avec un running flottant/intermédiaire, une tête en S3 et une pointe (2 à 3 derniers mètres) en S6. Le but recherché est que l’ensemble de la soie coule en restant le plus possible en ligne droite entre la pointe de la canne et la pointe de la soie, et ainsi d’éviter la bannière (les mous dans la soie) qui seront des pénalités aussi bien pour la détection des touches, que pour l’animation ou le ferrage.

Je ne saurais vous soutenir si ces soies sont une révolution. Mais il n’y a aucun doute sur le fait qu’elles représentent, au minimum, un petit plus.

Et pour jauger leurs vitesses de plongée par rapport aux soies uniformes, un simple calcul de moyenne sur les densités de la tête (une S3 - pointe S6 se compare à une S4, ou S5) vous donnera quelques repères. Notez que ce calcul est une grossière approximation, mais qu’il sera largement suffisant pour vous donner une idée de ce que vous avez entre les mains. 

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Ce poisson a été pris en lac alpin, dans environ 7 à 9m d’eau. Une soie S7 était indispensable pour atteindre confortablement ces profondeurs.
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Maîtriser sa profondeur de pêche

Pour terminer sur les densités: la vitesse de plongée annoncée par le fabricant est indicative. En fonction de la tension que l’on met dans la soie, de la densité de la mouche, ou encore de la longueur de la partie plongeante, la soie coulera plus ou moins vite.

Afin de contrôler au mieux votre profondeur de pêche par rapport au fond, voici une méthode simple: comptez le nombre de secondes que vous laissez à la soie pour couler, du moment où elle se pose sur l’eau. Si vous ne connaissez pas bien la profondeur, commencez en laissant couler 3 à 5s (voire plus si vous pêchez un endroit très profond), puis laissez couler de 2 à 5s de plus à chaque lancer suivant, jusqu’à ce que vous grattiez le fond. Vous aurez ainsi une bonne représentation du temps nécessaire à votre soie pour toucher le fond, et pourrez ainsi gérer le temps qu’il vous faudra attendre pour atteindre la zone qui vous intéresse (au fond, 2m au-dessus, entre deux eaux…).

Et cette méthode est valable pour toutes les densités, variables ou non.

En résumé

Choisir une bonne soie pour le brochet à la mouche est au moins, voire plus, important que de choisir sa canne. Une soie de type shooting head intégrée, comme en trouve aujourd’hui de nombreuses sur le marché, est sans conteste ce qui vous offre le plus d’efficacité pour le moins d’effort, aussi bien en distance qu’en précision. Faîtes l’analyse des profondeurs de pêche que vous allez rencontrer le plus souvent, et sélectionnez la(les) densité(s) qui couvrira(ont) vos besoins, et vous serez parés!

Trois conseils pour finir:

  • privilégiez les soies ayant une âme à élasticité réduite (low stretch core). Les pêcheurs au leurre ne s’y trompent pas: la détection des touches et l’efficacité des ferrages au brochet est bien supérieure avec une tresse qu’en nylon, puisqu’elle n’a aucune élasticité.Installées maintenant sur le marché depuis une bonne vingtaine d’années, les soies low stretch sont ce qui se rapproche le plus de la tresse pour nous autres moucheurs. Elles offrent autant une meilleure détection des touches qu’un ferrage plus efficace. Et tous ceux qui se sont frottés au brochet à la mouche savent à quel point le ferrage est difficile dans cette pêche. Autant mettre toutes les chances de son côté.

  • le panier de lancer est quasiment obligatoire! même la meilleure soie du monde trouvera toujours le moyen de s’accrocher à une brindille par terre, ou à une bride de sac dans un bateau; le panier n’est pas une garantie absolue contre les noeuds dans la soie, mais vous réduirez énormément les désagréments d’une soie qui s’emmêle ou se coince quelque part (personnellement, je ne conçois plus de pêcher sans); n’oubliez pas de mettre un petit coup de lubrifiant de temps en temps sur votre running line, cela évitera que les spires de soie se collent les unes aux autres dans le panier, et vous fasse des gros sacs de noeuds

  • la meilleure soie vous facilitera énormément le lancer, mais ne vous dispensera pas de lancer correctement ! Un peu de technique et d'entraînement vous permettront d’exploiter pleinement vos soies magiques , et de lancer des gros streamers à brochet. Quelque chose me dit que le Fly Casting Lab vous produira bientôt quelque chose sur le sujet.

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Liens utiles

Bien choisir sa canne brochet à la mouche

Voici quelques modèles de soies proposées sur le marché (la longueur de la tête est indiquée entre parenthèses), qui correspondent aux caractéristiques décrites de soies adaptées pour lancer des mouches à brochet. 

Par type de profil (notez que cette classification est simplificatrice. Les profils de soies des fabricants sont souvent des variations autour de la classification proposée ici):

  • WF: Vision Big Mama (12,8m), Airflo Streamer Max Long (12,4m)

  • Shooting Head classique: Vision Grand Daddy (8,5m), RIO Striper (9,14m), Vision Bottom Express (9,14m), Airflo Sniper 4 season ou 40+ Sniper (9,14m), 

  • Triangulaire: Vision MERI (10m), RIO Elite Predator (10,4m, longueur changeant en fonction du numéro), ORVIS Hydros Bank Shot Sink Tip (9,14m),

  • Chargée avant: RIO Outbound Short (9,14m), Aifrlo Superdri Bass Muskie (12,4m), Scientific Anglers Mastery Titan (10,2m), Scientific Anglers Mastery BassBug (13m, flottante), Scientific Anglers Sonar Titan (10,2m), ORVIS PRO Saltwater Allrounder (12m), ORVIS Hydros Cold Water

Marryat Tactical Pro

A propos de l'auteur

A l’origine du Fly Casting Lab, il y a des moucheurs qui trouvent que lancer, c’est beau, c’est intéressant, et c’est cool de faire ça ensemble. L’idée est née des…