Géovan

Pêche sur la Green River, Utah (1/2) : en Drift Boat avec Josh Hulbert

pêche Green River

Fin septembre 2019, avec mon ami Patrice, nous avons été invités par le guide Josh Hulbert à pêcher en bateau la fameuse Green River. Je pensais vous raconter cette extraordinaire journée lors du printemps suivant mais le Covid interdisant les voyages vers l’Amérique du nord, j’ai préféré reporter cet article pour éviter de vous faire saliver pour rien.

Depuis novembre dernier, il est à nouveau possible de voyager vers les USA et je pense que nous sommes nombreux à planifier d’y aller cette saison. Voilà donc de quoi vous donner peut-être envie d’aller faire un petit tour dans l’Utah.

Texte

Je rencontre Josh pour la première fois en septembre 2018. Cela fait un moment que nous échangeons sur la pêche aux USA via les différents réseaux. Mon périple annuel outre-Atlantique me faisant atterrir à Salt Lake City cette année-là, nous avons prévu d’être ensemble au bord de l’eau dès le lendemain de mon arrivée. Le rdv est fixé sur les berges de la Weber River et nous y passons une très belle journée de pêche à la mouche lors de laquelle nous pouvons comparer nos différentes techniques et nos boites d’imitations. Ce qui est immédiatement remarquable chez Josh, juste après son énorme 4X4, c’est son extrême gentillesse et sa générosité.

Image
Josh Hulbert
Texte

Nous nous quittons alors que j’ai récupéré de nombreuses informations et lieux de pêche pour les jours à venir. Mais nous avons surtout pris rdv pour l’année suivante. Il veut absolument me montrer sa rivière préférée, la Green River dont il m’a longuement parlé et me la faire découvrir à bord de son embarcation.

Image
Green River
Légende
Dutch John revendique la plus grosse mouche du monde...
Texte

C’est donc un an plus tard que nous arrivons, tard le soir, à Dutch John pour y retrouver Josh et son sourire. C’est bientôt la fin de notre séjour que mon partenaire qualifie de « marathon de la pêche ». En deux semaines nous avons parcouru 5000 km, pêché 13 rivières différentes dans 5 états avec 6 permis (Wyoming, parc du Yellowstone, Montana, Idaho, Oregon et Utah). Notre motivation est cependant intacte en arrivant dans cette minuscule ville de quelques dizaines d’âmes, qui sert de base aux nombreux guides de pêche du secteur. Seul le restaurant du « Flaming Gorge resort », où nous devons passer la nuit, peut nous accueillir pour le dîner.

Image
Josh Hulbert
Texte

Bien sûr, lors du repas, la conversation tourne essentiellement sur notre virée du lendemain. Josh nous explique le programme à venir et nous donne beaucoup d’informations sur « sa » rivière qu’il connait si bien.

La Green River, longue de 1175 km, est le principal affluent du Colorado. Elle prend sa source dans le Wyoming, dans la cordillère de Wind River. Le secteur qui intéresse le plus les pêcheurs se trouve dans l’Utah en aval du barrage de Flaming Gorge. La construction de l’ouvrage s’est étendue de 1958 à 1964. Il aura fallu pas moins de 7 ans pour remplir l’immense réservoir de Flaming Gorge, long de 146 km. Comme tout barrage, celui-ci a eu un impact important sur les espèces indigènes bloquant la migration des poissons. Cependant, l’eau qui était porteuse de limons et assez chaude est maintenant froide et claire tout au long de l’année, créant ainsi des conditions idéales pour les truites sur 45 km de rivière.

Image
Green River
Texte

Au niveau du barrage, en mélangeant des couches d’eaux différentes, la température est contrôlée de manière à permettre une croissance optimale des poissons. Il résulte de cela, une des meilleures et plus célèbres tailwater des USA.

Au début des années 90, les comptages de truites rapportaient des chiffres incroyables : 22 000 poissons par mile dans les premiers kilomètres en aval du barrage. A titre de comparaison avec d’autres rivières mythiques, c’est 5 500 poissons par mile pour la Henry’s Fork dans l’Idaho, 4 500 pour la Madison, 5 000 pour la Bighorn River et 5 500 pour la Missouri river dans le Montana. Beaucoup moins de poissons sont aujourd’hui introduits dans la Green mais la taille moyenne des truites est plus élevée. Il est possible de garder 2 poissons par jour mais toutes les truites entre 13 et 20 pouces doivent être relâchées et comme souvent avec de telles règles la rivière n’attire pratiquement plus que des adeptes du « catch and release ». Les derniers comptages donnent entre 8 000 et 14 000 poissons par mile selon les secteurs, ce qui reste supérieur à toutes les autres rivières.

Des informations bien propices à la rêverie…

Image
Green River
Texte

Nous retrouvons Josh, le lendemain, dès le petit matin. Le bateau est prêt et le nouveau 4X4 de notre guide, toujours aussi imposant.

Avant de le mettre à l’eau, nous passons par la compagnie de guides dont dépend Josh pour s’enregistrer en vue de la descente de la Green River en bateau.

Image
Green River
Texte

C’est l’occasion d’affiner la stratégie de la journée avec les dernières informations. La zone de pêche en drift boat est découpée en trois sections : A, B et C. Juste sous le barrage, la section A abrite des truites arc-en-ciel et des farios, la B et la C essentiellement des farios.

Le secteur A, appelé aussi « Red Canyon » est le plus spectaculaire et celui avec la plus grande densité de truites mais c’est celui qui concentre la grande majorité des pêcheurs.

Image
Josh Hulbert
Légende
Une truite arc en ciel record prise par notre hôte sur le secteur A
Texte

Connaissant mon aversion pour la foule, Josh prévoit de mettre à l’eau à « Little Hole » au début du parcours B et de faire une partie du C. C’est une longue et belle journée qui s’annonce…

Image
Green River
Image
Green River
Texte

La mise à l’eau de l’embarcation est une simple formalité pour Josh.

Après un rapide briefing sécurité nous enfilons les gilets de sauvetage et c’est parti !

Le paysage est sublime et l’eau d’une couleur incroyable. Nous dévalons un magnifique canyon totalement inaccessible autrement qu’en bateau.

Josh maîtrise parfaitement son embarcation dans les courants. Il a perfectionné sa technique sur la Yellowstone River lors d’un stage dans la célèbre « Sweatwater Guide School ».

Très vite, nous prenons les premiers poissons, en dérive et en plein courant, en pêchant en nymphe.

C’est pour nous une nouvelle manière d’attaquer les poissons et combattre une truite en se laissant dériver est pour le moins inhabituel...

Image
Green River
Texte

Après plusieurs poissons amenés à l’épuisette, nous repérons un poste qui nous parait favorable pour pêcher en wading. En quelques coups d’avirons, nous voilà en place. Nous retrouvons alors une pêche que nous connaissons bien, mais sur des postes totalement inaccessibles sans le bateau, ce qui nous donne le sentiment d’être extrêmement privilégiés.

Image
Green River
Texte

Nous continuons ainsi à prendre quelques Farios, toujours en nymphe, le grand soleil qui nous accompagne n’étant pas propice aux éclosions.

Notre guide profite d’un de ces arrêts pour me montrer les mouches qu’il a à disposition, à bord, pour ses clients et le choix est grand en « montages maison ».

Image
Green River
Image
Green River
Image
Green River
Image
Green River
Texte

Après avoir ainsi pêché plusieurs secteurs rapprochés en wading nous reprenons la descente de la rivière et nous arrivons sur la partie la plus turbulente de notre virée. Bien que le niveau d’eau ne soit pas particulièrement élevé, certains passages sont assez sportifs. Notre guide maîtrise parfaitement son embarcation et prend même un vrai plaisir de pilotage sur ces secteurs. Nous sommes de notre côté ébahis par la beauté de la Green River et la variété des paysages.

Image
pêche Green River
Image
pêche Green River
Texte

La Green River change de profil en arrivant sur le secteur C. C’est une rivière plus large et plus lente mais les paysages sont toujours aussi beaux et les truites bien présentes. Nous continuons de prendre régulièrement de belles Farios sans qu’il y ait vraiment de pic d’activité.

Image
pêche Green River
Texte

Nous sommes absolument seuls depuis que nous avons quitté le secteur B et profitons pleinement du plaisir de descendre cette merveille de rivière sur une embarcation aussi fonctionnelle.

Image
pêche Green River
Texte

La pêche en Drift Boat est souvent décriée de notre côté de l’atlantique. Elle est considérée comme un moyen de faire prendre des poissons à des pêcheurs inexpérimentés avec des nymphes sous une sorte de bouchon. La compagnie WRF, pour laquelle travaille Josh, s’interdit certaines pratiques et un de ses guides ne propose que de la pêche en sèche. Pour ma part, je trouve cela parfaitement adapté au milieu.

Image
pêche Green River
Texte

Il est possible, comme nous l’avons beaucoup fait lors de cette journée, d’utiliser le bateau comme un moyen d’accès à des postes inaccessibles autrement et de pêcher uniquement en wading si on le désire. En dérive, si vous pêchez en sèche ou au streamer, il y a un côté excitant dans les secteurs rapides à voir s’ouvrir une fenêtre entre 2 obstacles. Il faut alors agir vite et avec précision.

Comme le dit John Gierach : « la pêche en Drift Boat est un luxe inouï !». Je vous invite à lire ou relire Sur la tombe du pêcheur inconnu (chapitre 19).

Image
truite Green River
Légende
Patrice aura pris le plus beau poisson de la journée en suivant les conseils de notre guide.
Texte

La fin de journée approche et nous sommes environ au milieu du secteur C. Josh rejoint la berge et nous apercevons alors son véhicule qui nous attend descendu là par le service de navette de WRF. Une organisation extrêmement efficace tout comme la sortie du bateau avec la remorque, encore plus rapide que la mise à l’eau.

Image
pêche drift boat
Texte

Le seul petit regret de cette journée est de pas avoir vraiment pu pêcher en sèche. Comme souvent, avec les grandes tailwater nord-américaine, il faut compter sur une météo plus favorable (ciel couvert, pluie légère…) pour avoir de vraies éclosions et pêcher les gobages. Nous avons un peu essayé, sans succès, de pêcher les bordures avec des imitations de sauterelles mais il aurait probablement fallu une journée un peu plus venteuse pour apporter quelques insectes sur l’eau.

Image
truite Green river
Image
cigale Green River
Texte

Josh nous indique que pour la pêche en sèche, il y a une période à ne pas manquer sur la Green. La fameuse « Cicada Hatch » ! Ce n’est pas, malgré le nom, une éclosion mais une retombée de terrestres... des cigales !

Cela débute fin mai ou début juin quand ces insectes, extrêmement nombreux dans la vallée, volent à la recherche de partenaires. Leur arrivée sur l’eau rend les truites complètement folles et le festin dure environ un mois. Je n’ai pas eu l’occasion d’assister à ce spectacle mais j’espère bien être un jour présent dans la région lors de cet événement...

Image
Cigale Green river
Image
truite Green River
Légende
Fario ayant succombée à l’imitation de cigale de Josh
Texte

Depuis quelques années, Josh a acquis un nouveau bateau (type Bass Boat) et propose également de vous accompagner pour la traque des carnassiers à la mouche. Brochet, Musky et Smallmouth Bass sont les cibles et le Wisconsin, dont il est originaire, le terrain de chasse.

Image
Pêche musky
Texte

Je dois le retrouver en septembre prochain dans l’Utah pour partager quelques journées au bord de l’eau et aurai alors probablement d’autres informations pour vous donner envie de préparer votre sac de voyage vers de nouvelles destinations...

Image
Green River
Texte

Infos pratiques :

Josh Hulbert

00 1 360-918-1502

Josh.hulbert916@gmail.com

 

WRF guides

Wrfguides.com / 435-790-6465

555 South Center Street, Dutch John

Utah 84023

 

Flaming Gorge resort

Flaminggorgeresort.com / 435-889-3773

1100 E Flaming Gorge Resort, Dutch John

Utah 8402

Image
pêche Green River
Géovan

A propos de l'auteur

Eric découvre la pêche à l’âge de 4 ans sur les épaules de son père le long des rives de l’Ariège et de la Garonne non loin de Toulouse, sa ville natale. Naît alors une…