Messager d'ouverture

grosse truite

Pour tout pêcheur de truites, l’ouverture est une date particulièrement attendue. Cette journée permet de regagner les cours d’eau laissés de côté durant de longs mois et ainsi renouer avec sa passion si longtemps mise entre parenthèses. Il s’agit en quelque sorte de retrouvailles, à ceci près que l’être attendu a des écailles et vit dans les rivières aux eaux fraîches et oxygénées. La belle n’est donc pas facile à rencontrer… et elle est encore plus délicate à séduire. Mais lors de cette première échéance de l’année, ma partenaire était présente au rendez-vous. Elle voulait sans doute profiter du soleil qui illuminait la rivière lors de ce fameux deuxième samedi de mars.

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Elle était située dans un goulet d’étranglement qui concentrait la totalité de l’écoulement. Le débit, pourtant faible actuellement, était ici encore virulent. La belle attaquât au premier passage. La touche franche fût immédiatement suivie d’une rapide dévalaison. Elle ne donna pas un seul coup de tête, préférant partir dans un énorme sprint aidé par le flot. Elle voulait regagner la zone profonde située juste en dessous. Je l’accompagnais tant bien que mal en sautant de galets en galets tout en gardant la ligne tendue dans le but d’éviter un éventuel décrochage. Arrivée dans cette immense vasque, la fario tenait le fond malgré mes efforts pour tenter de lui faire gagner la rive et enfin l’apercevoir... Car je n’avais toujours pas vu ce poisson qui luttait avec une force considérable en multipliant les rushs. Au vu du combat, puissant et interminable, je rêve éveillé à une truite de 65, peut-être 70 cm…

Finalement, la belle se laisse aller dans l’épuisette. Elle n’est pas aussi grande que je l’imaginais. Mais ses formes sont généreuses, surtout pour la saison.

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grosse truite
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Quelques photos sont rapidement prises (pour faire plaisir au rédac’ chef, je pense à lui même dans des moments comme celui-là… c’est dire l’emprise qu’il a sur mon esprit). Puis le poisson est tué d’un franc coup de bâton sur la tête.

Non mais ça va !!! Eliminer un poisson aussi beau, sauvage et authentique… Une truite qui, comme ses aînés, est née et a grandi dans cette rivière. Malgré les alevinages en souches exogènes, malgré la dégradation de la qualité des eaux, malgré le dérèglement climatique, malgré l'explosion aux prédateurs, malgré les modifications anthropiques du lit de la rivière... elle est toujours là à se battre pour sa survie. Cette guerrière est une survivante.

Elle est donc relâchée délicatement avec tout le respect qu’un pêcheur responsable lui doit.

Le reste de la sortie fût bien plus calme. Du point de vue des prises tout du moins. Car au bord de l’eau les conversations allaient bon train. La fréquentation et l’agitation propre à cette journée ne prédisposent pas habituellement à la réussite de nombreuses captures. Alors après avoir parlé et échangé avec plusieurs pêcheurs (c’est aussi ça l’ouverture) je décide de rentrer. J’ai quelques heures devant moi pour écrire cet article. Le rédac’ chef en est friand. Et j’ai surtout un message à faire passer au sujet de ces belles truites sauvages de souches locales.

Bonne saison 2019 à tous !

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A propos de l'auteur

Comme ses aïeux, Pierre pêche depuis tout petit. A ses débuts, suivant la tradition locale pyrénéenne, il procède au toc. Mais dès le premier contact avec un lancer, il…