Les charlots à la Salmo Trek, part2 : Le bon, la brute et le Catalan

Salmo Trek

Simon se réveilla à 4h du matin en pleine forme (il parla si fort qu’il réveilla tous les bivouacs de la zone). Cette cheville foulée ne fût qu’une grosse frayeur. Nous pouvons nous consacrer sereinement à nos objectifs de la journée : essayer de faire quelques fario de plus au coup du matin sur le spot de la veille qui semblait prometteur, puis réaliser rapidement le quota omble (fixé à 10 par l'organisation) avant de retourner embêter les truites…

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De retour sur les rives du lac, Pierre comprend très vite que la tâche ne sera pas aussi facile que la veille. Il s’en doutait et cela se confirme : les prises du soir faisaient partie des seules truites du plan d'eau réagissant aux leurres durs. Il faut essayer de pêcher aux souples. Mais la profondeur y étant relativement faible, ces derniers y sont presque inopérants. Même en les couplant à de petites têtes plombées de 1,5 gr, les associations passent trop vite pour intéresser les fario de la zone. Pierre va donc s’attacher à épuiseter, mesurer et photographier les prises de Simon. Car ce matin, c’est la mouche qui paye et Simon qui régale. Chacun son tour ! Trois gobeuses comptabilisées (21, 24 et 25 cm) craquent pour une sèche, accompagnées de plusieurs poissons plus petits flirtant avec la maille...

Vers 9h, alors que le soleil monte dans le ciel, le vent ne se lève pas et l’activité se réduit considérablement. Nous décidons de partir pour Port-Bielh afin de nous consacrer aux ombles…

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Salmo Trek
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Le binôme Bourgeois / Dilhan croisé alors que nous quittions le laquet nous indique gentiment la position d'une fosse à omble à Port Bielh (merci encore les gars !)…

C'est là que Pierre débute la pêche une grosse demi-heure plus tard, alors que Simon rechigne à lâcher son fouet… Finalement, bien lui en a pris car il profite d'une configuration favorable en sèche...

En effet, nous évoluons tout près d'une anse d'où partent les risées. Cette zone de contraste surface lisse/vaguelettes est d'ordinaire un excellent secteur de chasse pour les truites. Certes, l'activité n'est pas folle, mais 2 fario supplémentaires rejoignent la liste de l'appli, ce qui, vu les résultats des pêcheurs croisés, ne semblent pas si mal. Au sujet de l'application qui régit l'épreuve, nous n'avons pas eu de réseau hormis au départ du circuit et dans l'extrémité sud de la zone de pêche. Aucune de nos prises n'est donc validée pour l’instant. Elles n'apparaîtront au niveau du classement général que tout près de l'arrivée, le dernier jour.

Pierre rame face aux ombles après un premier poisson capturé d’emblée… Seulement deux chevaliers sont comptabilisés durant cette matinée.

Vers 13h, Simon enchaîne les fario non maillées sur cette zone. Une commissaire postée à l'exutoire du lac, après l'avoir réprimandé un première fois car il s'éloignait trop de son sac durant la pêche, vient l'avertir que sa remise à l'eau des poissons est un peu trop brutale à son goût, ce dernier ayant l'habitude de lancer la truite à 2 mètres du bord, en lieu et place de la remise à l’eau désormais consacrée "caresse au creux de la main en bordure"...

Ne cherchant pas à épiloguer, d'autant que les truites mordent, Simon prend note de la remarque, du moins, sur le moment, car quelques minutes plus tard... Il rentre une énième sardine dont il vérifie la taille sur la réglette, avant de l’expédier illico presto par-delà les rhododendrons et les eaux peu profondes et surchauffées... Tout cela sous le regard médusé de son collègue qui, à la vue de l'amorce du revers du poignet (geste technique au demeurant parfaitement réalisé) allait s’écrier " NON SIMON, NOONNN!!!!!!" mais c'est trop tard... Air Fly Trout a regagné les eaux via les airs… Nous étions particulièrement scrutés depuis la précédente remarque… le drame éclate alors. 

Le collègue de notre commissaire préférée, jusque là discret, se met à pousser des hurlements depuis son poste situé à 25 m des principaux intéressés.

Nous nous approchons des commissaires en les sommant de venir dialoguer pour nous expliquer et sommes accueillis par un terrible : "C'est carton rouge, c'est carton rouge!".

S’en suit une leçon de morale sur le "respect du poisson" (concept que le rédac' chef qualifie volontiers de fumisterie tant il est beaucoup trop subjectif et réfutable pour tenir la route). L'équipe Truite & Cie, croyant aux vertus du dialogue et essayant de rétablir le calme chez ses interlocuteurs, expose son point de vue de façon assurée mais toujours cordiale (dans le monde du ballon ovale, nous dirions "viril mais correct"). Elle argue que le temps perdu à marcher avec la truite à la main (les salmonidés sont des animaux à sang froid qui n'aiment pas être manipulés par des mains d'humain à 37°C) pour la poser dans l'eau surchauffée de la bordure peu profonde au milieu des cailloux tranchants et abrasifs n'est pas du tout une façon de faire plus respectueuse qu'un petit jet éclair en direction des eaux froides et profondes.

Bien que cette image d'un poisson lancé puisse déplaire (en particulier à des pêcheurs new wave avant tout soucieux de l'image renvoyée à une population souvent inculte qui s'émeut d'un rien), dans ce contexte de compétition et de mesure rapide de la prise, ce petit jet est certainement la meilleure des choses à faire si la priorité est le bien être animal. Les commissaires terminent la discussion en annonçant le signalement au juge qui décidera de notre sanction. Eux qui voulaient mettre directement un rouge sont désormais moins catégoriques et se débarrassent ainsi de la patate chaude...

Mais l'équipe est maintenant complètement dans le flou au sujet de son avenir dans la compétition. Est-elle expulsée ? A quoi bon continuer les efforts si elle est d'ores et déjà hors-jeu… Sans réseau, impossible de voir si un carton rouge ou jaune apparaît sur l'application. Les deux compères traversent un moment de grand doute. Ils prennent la décision de continuer la compétition et si le comité d'arbitrage met un carton suite à cet incident, de le contester après l'arrivée (ce qui est autorisé par le règlement).

Le binôme décide donc de se changer les idées en effectuant l'aller/retour au lac de la Hourquette via le col éponyme, histoire de valider le point de passage et tester ce plan d'eau visiblement bon pour la mouche aux dires de plusieurs compétiteurs. En chemin, il croise le binôme Foulon / Baudoui. Alain est affûté comme jamais et atomise les ombles sur un tombant dont nous ignorions l'existence... nous gardons le poste en mémoire pour la suite…

Arrivés au lac de la Hourquette, un terrible vent tourbillonnant se lève. Plusieurs pêcheurs à la mouche sont postés le long de la berge d'en face et notre tentative un peu hasardeuse ne nous fait rentrer aucun nouveau poisson... Nous décidons donc de ne pas perdre de temps et de retourner à Port Bielh finir ce quota omble qui selon Simon, nous rapporterait un bonus de 500 points...

Nous repassons par le poste d’Alain pris d’assaut par d’autres concurrents, et retournons donc au premier poste du milieu de journée…  Alors que nous venons de reprendre la pêche, nous nous apercevons que la réglette de mesure transportée dans l’épuisette de Pierre depuis le début de l’aventure n’y figure plus…

« Putain, on a perdu la réglette »…

Dans la cacophonie suivant l’altercation, nous avons sans doute égaré cet accessoire. Nous scrutons la zone mais rien n’y fait. Est-ce sur le chemin de la Hourquette que l’incident a eu lieu ?

Désespérés, nous cherchons un peu de réseau sur un monticule au dessus du lac et parvenons à joindre le boss de l'épreuve Michel Polydor. La sanction tombe : réglette perdue = abandon.

Serait-ce le coup de grâce?

Le binôme est atterré. Pierre appelle sa famille en larme (presque), le mélo drame est à son paroxysme. Simon, plus prosaïque dans l’adversité, allume le réchaud car il a faim. Il est 18h, pas question de redescendre ce soir le ventre vide. Le retour se fera à la fraîche le lendemain matin…

Du moins, c’est ce que nous pensions avant que le jeune binôme Bappel / Morlane vienne s’installer tout près, entre notre tente et celle des commissaires. Simon, les yeux rivés sur l’eau frémissante tend l’oreille : ils abandonnent car l’un d’eux souffrent d’une tendinite sévère. Ni une ni deux, nous troquons quelques anti-inflammatoires contre leur réglette et l’espoir renaît ! (pour la petite histoire, nous retrouverons la notre coincée entre 2 cailloux tout près de la fosse à omble).

Mais l’histoire ne s’arrête pas là…

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Salmo
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Pour atteindre plus vite le quota de 10 ombles, nous montons la deuxième canne à leurre (home made !) gracieusement prévue par Pierre pour Simon… (les ombles, poissons des profondeurs, montent rarement sur les mouches sèches).

Au troisième lancer, un CRRRRRAAACK encore plus fort que celui de la veille résonne dans le cirque, signant une coupe nette, juste au-dessus du porte-moulinet alors que le blank était au maximum de sa flexion. Sachant qu’il est toujours plus simple de trouver la pêche à deux, nous pouvons considérer que les choses se compliquent.

L'ascenseur émotionnel ne cesse de jouer des siennes durant cette Salmo Trek…

Pierre devra réaliser seul le quota… C’est sa première participation et il n’a jamais pêché ce lac. Il a sélectionné les leurres qui fonctionnent chez lui sur les ombles, en baissant quelque peu la taille (les échos font état de poissons aux dimensions modestes). Mais cela reste encore trop gros pour les petits ombles du secteur (ils semblent presque tous calibrés entre 20 et 27cm) et pour la topographie du lac (peu profond et planté d’herbiers).

Dans l’est des Pyrénées, Pierre pêche avec des leurres plus imposants et plus lourds. Les lacs sont plus profonds, la végétation absente et les poissons plus gros (des « lacs d’homme » dirait-il). Il n’avait rien dans sa boîte de moins de 15 gr. Si ses leurres habituels ont parfois fonctionné, il fallait souvent passer sur du plus léger…

Finalement, notre leurriste validera 2 ombles supplémentaires, portant le score à 4 au moment où nous dégustons un excellent déshydraté rissoto poulet… maigre compensation après cette journée chat noir…

La suite et fin au dernier épisode !

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omble chevalier

A propos de l'auteur

Comme ses aïeux, Pierre pêche depuis tout petit. A ses débuts, suivant la tradition locale pyrénéenne, il procède au toc. Mais dès le premier contact avec un lancer, il…
Simon est né dans le département du Gers et a découvert la pêche à l'âge de 10 ans. Bien qu'initialement éloigné des rivières pyrénéennes qui lui sont chères…