Débuter le montage des nymphes à bille tungstène (1/2) : quels matériaux ?

Les différents éléments constituant une nymphe de pêche en dérive

La pêche en dérive (toc nymphe ou nymphe au fil) consiste à présenter une ou deux nymphes lestées dans les courants qu'on suppose occupés par les poissons. Les nymphes à bille en tungstène sont constituées de :

• un hameçon,
• une bille en tungstène,
• un corps (abdomen avec ou sans thorax),
• cerques.

Le débutant doit sélectionner ces différents éléments selon les critères de choix principaux que nous allons aborder ici, le but étant de construire une première boîte de nymphes à la fois minimaliste et efficace.

Bien choisir la bille en tungstène

Le premier élément à considérer lorsqu'on se lance dans le montage est la bille en tungstène qui leste votre nymphe. Le tungstène est un métal qui possède une densité importante favorisant une immersion rapide de la mouche. Une bille en tungstène est caractérisée par :

• le type de perçage : fendu (l'hameçon passe par une fente) / non fendu (l'hameçon passe par un orifice rond et fin, au centre de la bille),
• la taille : elle est représentée par le diamètre de la bille en millimètres,
• la couleur.

Passons en revue ces différentes caractéristiques pour bien choisir ses premières billes :

Fendue ou non fendue ?

Sur ce point, pas de débat possible, une bille fendue ne présente que des avantages : le fait que l'hameçon passe dans une fente facilite l'enfilage et permet de décaler la bille "vers le haut" lors de sa fixation contre l'oeillet avec le fil de montage, ce qui augmente considérablement l'ouverture de l'hameçon (la distance entre la pointe et la bille en tungstène), une fois la nymphe terminée. Le ferrage n'en sera que plus efficace.

La couleur

Si les catalogues des fabricants regorgent désormais de couleurs diverses et variées, il est conseillé au débutant de rester simple et pragmatique : pour confectionner sa première boîte, mieux vaut s'en tenir aux classiques or/cuivre/argent (on peut même se contenter du duo cuivre/argent si l'on veut vraiment limiter son stock initial). L'idée est de disposer de 2 "intensités de brillance" en tête. L'utilisation de l'argent ou du cuivre suit basiquement la théorie ancestrale : argent quand il fait sombre vs cuivre/or quand il fait soleil. Evidemment, à vous de changer en cas de touches rares!

La taille

Le choix de la taille en mm de la bille est lié à la question suivante : quelle est la force et la profondeur des courants prospectés ?

Si nous plaidons pour un choix limité de couleurs (2 seulement pour confectionner sa première boîte), les tailles de bille, elles, doivent être au contraire assez nombreuses et proches. En effet, il est désormais communément admis que le premier critère de réussite dans cette pêche est la qualité de la dérive. Passer à la bonne hauteur et à la bonne vitesse doit être au centre de toutes vos attentions. Or, une bonne dérive ne peut se réaliser sans un lestage adapté au couple vitesse/profondeur du poste pêché. Afin de vous adapter au mieux aux différentes rivières et postes rencontrés, un large panel de poids est nécessaire. A minima, il faudra prévoir les tailles de bille suivantes : 2.5mm / 3 mm / 3.5 mm / 4 mm.

Le débutant motivé aura même intérêt à se munir d'entrée de jeu des tailles suivantes : 2.4 ou 2.5 mm / 2.8 mm / 3 mm / 3.2 ou 3.3 mm / 3.5 mm / 3.8 mm. Si la pêche en grandes rivières puissantes est envisagée, des corps tungstène javi de 0.5gr, 0.75gr et 1gr sont même indispensables. Rassurez-vous, nous verrons un peu plus loin comment limiter les déclinaisons et le poids de vos boîtes !

Bien choisir l'hameçon

Un hameçon mouche se caractérise essentiellement par :

• sa taille,
• sa forme,
• sa force de fer.

L'importance du couple bille/hameçon

Pour choisir la taille de l'hameçon, il est indispensable de considérer celle de la bille qui va l'orner. En effet, il est aisé de comprendre qu'une bille énorme sur un hameçon minuscule (par exemple une 3.8mm sur un hameçon de 16) sera non seulement difficile à enfiler mais surtout très inesthétique et contre productif dans la mesure où le corps de la mouche sera totalement occulté par le brillant de la grosse bille en tête.

L'idée, pour mettre suffisamment en valeur le signal inhérent au corps de la nymphe, est d'avoir un équilibre harmonieux entre la taille de la bille et celle du corps. Pour faciliter vos premiers choix, voici les associations les plus classiques que le débutant doit utiliser en premier lieu :

La forme

Au-delà de sa taille, un hameçon se caractérise d'autres éléments comme sa forme, son ouverture, le type de pointe ou d'oeillet...etc. Si vous voulez creuser le sujet, nous vous renvoyons à l'article sur le choix de l'hameçon déjà publié dans ces colonnes. Lorsqu'on débute dans le montage des nymphes à bille, inutile de se compliquer la vie. Il est judicieux d'opter pour un hameçon à hampe droite de longueur moyenne, présentant une ouverture assez importante pour bien ferrer malgré l'encombrement lié à la bille. A titre d'exemple, voici quelques références qui remplissent ce cahier des charges :Atusko HNS, Caleri 123BL, Dohiku 301, Hotfly Dry V3...etc.

La force de fer

La force de fer d'un hameçon doit être choisie selon la taille des truites présentes là où vous pêchez : si les poissons ne dépassent que très rarement 35/40cm et que le courant des postes n'est pas trop violent, il est envisageable de choisir des hameçons fin de fer qui pénètreront facilement dans la gueule des poissons. Au contraire, en grands cours d'eau, mieux vaut choisir des forces moyennes à grosses présentes par exemple chez les références Atsuko SPN ou Caleri 123 BL PLUS.

Le corps de la nymphe

Sujet épineux s'il en est, discutons maintenant du choix des matériaux du corps qui définissent le modèle de nymphe!

Disons-le clairement, l'offre pléthorique de matériaux de montage de corps de nymphe peut effrayer le débutant. Pourtant, il doit résister à la tentation! Pour réussir, rien ne sert de collectionner les modèles, ni de monter frénétiquement la dernière nouveauté aperçue sur Youtube ou de penser d'emblée aux situations "spécifiques" (eaux troubles, étiage prononcé...etc).

Chez Truites & Cie, nous sommes partisans de la simplicité et de la praticité. Le néophyte doit en premier lieu bien comprendre qu'une nymphe à bille de pêche en dérive n'imite rien ou presque, il s'agit bien plus d'une "mouche leurre" réunissant divers stimuli que d'une représentation d'une quelconque larve aquatique. Une fois le concept bien intégré, il va falloir sélectionner quelques modèles aux caractéristiques variées pour pouvoir faire face à la majorité des situations rencontrées et répondre à la question : à quoi réagissent les truites au moment où l'on pêche ?

Les matériaux de montage utilisés pour le corps de la nymphe vont définir son volume et sa teinte. L'approche rationnelle que nous vous proposons est de posséder 2 variantes pour chaque caractéristique du corps, à savoir :

• 2 types de volume : lisse et fin type perdigone ou ébouriffé avec du poil (uniquement sur le thorax ou sur la totalité du corps avec un enroulement de dubbing par exemple),
• 2 types de teinte : terne avec un matériau naturel type sabre de faisan/dubbing de lièvre ou flashy avec un matériau synthétique type tinsel brillant ou fil iridescent par exemple,
• la présence ou non d'un tag sensible aux UV type UTC fire orange ou Globrite. Il est pertinent de rajouter ce signal sur les corps ternes, on peut s'en passer pour les corps brillants qui sont déjà très "incitatifs".

Cela donne donc 4 corps de nymphe : 

• un lisse assez terne avec tag type perdigone noire à cul rouge,
• un lisse flashy type perdigone, constitué d'un matériau synthétique brillant,
• un ébouriffé terne type faisan tail avec thorax en lièvre et épaule orange UV,
• un ébouriffé flashy type dubbing de lièvre cerclé d'un tinsel brillant, avec épaule orange UV.

Si vous choisissez de décliner ces 4 modèles en bille cuivre et argent, cela donne un total de 8 modèles par taille de bille, ce qui reste raisonnable pour une première boîte et se montre déjà très efficace ! Notons qu'il est possible de limiter le nombre de nymphes transportées (et donc le choix au bord de l'eau !) en montant ces 8 modèles uniquement dans les tailles inférieures à 3mm (soit de la 2.4mm à la 3mm). En effet, ce sont les plus petites nymphes de votre boîte qui sont susceptibles de se retrouver en potence ou en pointe, et méritent donc d'être les plus déclinées. 

Pour les tailles de billes les plus grosses (de la 3mm à la 3.8mm), la diversité de modèles compte moins car ils ne se retrouvent quasiment qu'en pointe (il est ainsi possible de s'adapter aux conditions de pêche en variant la nymphe de potence) et demeurent assez peu utilisés dans la pêche à une seule nymphe. De plus, la taille d'une nymphe étant conditionnée par la largeur de sa partie la plus épaisse (à savoir la bille tungstène ici), rien ne sert d'opter pour un corps ultra slim lisse dans les grosses tailles. On peut très bien se contenter alors d'une poilue avec et sans tag (par exemple une faisan tail avec ou sans épaule en globrite) pour les 3.2, 3.5 et 3.8mm, en se passant de perdigone dans ces tailles.

Pour en savoir plus sur le sujet du choix de la nymphe, lire l'article détaillé de notre auteur Matthieu sur le sujet.

Les cerques de la nymphe

Au sujet des cerques, la mode est au pardo. Cette plume de coq espagnole présente un brillant et une variété de couleur qui confèrent aux nymphes un rendu particulièrement esthétique. L'inconvénient majeur reste toutefois le prix. Aujourd'hui, la moindre pochette de pelles de pardo nécessite de débourser autour de 10 euros!

Plusieurs solutions s'offrent à vous si votre budget est très serré :

• la première est d'acheter un cou de coq pardo complet. Si l'investissement initial est conséquent (une cinquantaine d'euros), la quantité de nymphes que l'on peut monter à partir d'une seule pièce est astronomique !
• la seconde solution consiste carrément à se passer de pardo et opter pour des cerques en coq premier prix (un cou indien par exemple) qui feront largement l'affaire.

A bientôt pour la deuxième partie où nous aborderons le montage à proprement parler !