La pêche en nymphe au fil a connu un essor immense ces dernières années et ses déclinaisons sont aujourd'hui multiples. On rencontre ainsi fréquemment des pratiquants ne jurant que par la nymphe "à l'espagnole" avec des cannes longues (11' voire plus), voisine de la pêche au toc, d'autres lui préférant la nymphe "au fil plaqué", aussi appelée "à l'indicateur posé sur l'eau"... Au-delà des convictions personnelles des uns et des autres, tentons d'apporter un peu de rationalité au débat avec quelques considérations techniques pour choisir l'une ou l'autre des 2 approches.
Rappel sur la mécanique de dérive en nymphe au fil
Pour bien comprendre le propos qui va suivre, rappelons-nous des 3 temps qui constituent une dérive en nymphe, théorisés par Yannick Rivière :
- Le premier temps correspond à la phase descendante des nymphes dans la colonne d’eau, entre l’impact sur la surface et la stabilisation dans la veine de courant près du fond,
- Le second temps correspond à la phase de dérive des nymphes, stabilisées dans la veine de fond,
- Le troisième temps correspond à la phase ascendante, en fin de dérive, lorsque les nymphes perdent leur stabilisation et remontent vers la surface.
Si plusieurs caractéristiques du montage permettent de maximiser le temps passé dans l'étape 1 ou 2 (ajustement de la densité en jouant sur le poids et/ou l'écartement des nymphes), la tenue de canne et la distance de pêche jouent également un rôle prépondérant. Ces deux variables permettent d'ajuster l'angle entre la bannière (l'indicateur fluo) et la surface.
Il faut retenir que plus l'angle entre la bannière et la surface de l'eau est proche de 90° (tenue de canne bras tendu + faible distance de pêche), plus l'on pêche creux, vertical, c'est-à-dire plus on favorise l'arrivée et le maintien des nymphes dans le courant de fond.
Ainsi, c'est la nécessité de pêcher plus ou moins creux qui conditionne le choix de l'angle et donc de l'une ou l'autre des 2 approches. Elle dépend essentiellement du couple vitesse profondeur du poste et du degré de stratification des veines de courant qui y passent (différence de vitesse entre le courant de fond et celui du ventre de la colonne).
Choisir la bonne approche selon le type de poste
Sur des postes peu stratifiés, à la vitesse de courant et à la profondeur faibles à modérées (type radier, courant homogène lisse...etc), les touches surviennent durant la phase d'immersion des nymphes et la pêche au fil plaqué prend tout son sens. Parfois, la faible masse d'eau nécessite de la discrétion, elle est rendue possible par le choix du fil plaqué car cette méthode permet de présenter sa nymphe relativement loin (autour de 10m) et d'effectuer des dérives assez longues, bien utiles pour ratisser certains postes uniformes.
L'indicateur fluo posé sur l'eau doit être graissé avec un produit type Preston, il fait alors office de "porteur", un peu sur le principe de la pêche au tandem sèche/nymphe. La longueur de la pointe (entre la nymphe et l'indicateur) est d'ailleurs définie sur le même principe que dans le cas de la pêche au tandem : environ une fois et demi la profondeur estimée.
L'intérêt du fil plaqué dans cette configuration est de valoriser la phase 1 de la dérive et de présenter la nymphe de manière "plus souple", plus détendue que canne haute. Cela provoque des touches de meilleure qualité et moins de ratés au ferrage.
Au contraire, dans les postes au courant plus puissant et réellement stratifiés (veine de fond ralentie et partie centrale de la colonne d'eau plus rapide), les poissons sont plaqués au fond, il faut alors "creuser" et ralentir la dérive pour les décider. Dans ce cas pas d'hésitation, c'est la pêche canne haute qui règne car elle permet d'accélérer l'étape 1 et d'augmenter la durée de la phase 2, sous réserve de bien choisir la triade point d'impact/densité du montage/angle de dérive.
Contrairement à la pêche au fil plaqué qui vous condamne à un angle bannière/surface nul, vous avez dans l'approche "indicateur décollé" une infinité de possibilité de choix d'angle bannière/surface. Ce choix, associé à un couple vitesse profondeur donné et une densité de montage donnée, doit permettre de faire dériver les nymphes dans le courant de fond sans draguer ni accrocher... on comprend alors l'intérêt des cannes longues qui offrent une plus grande marge de manoeuvre !
Couplez les 2 approches !
Certains postes singuliers à la profondeur assez importante et au courant faible ne sont pas évidents à aborder en nymphe au fil : dans ces colonnes d'eau volumineuse et molle, une tenue de canne haute fait souvent draguer les nymphes durant la (longue) phase d'immersion. Il est alors judicieux d'effectuer cette étape 1 "fil posé sur l'eau" pour ne pas les brider, avant de relever progressivement l'indicateur à l'approche du courant de fond, en prenant soin de bien ajuster la tension sous peine de couper les veines. Les phases 2 et 3 se déroulent alors canne haute, bannière assez détendue. Ce tour de main permet de décider à la fois des poissons ayant "le nez en l'air" (surveillez bien votre fluo à l'immersion !) et d'autres moins actifs et mollassons, à l'abri sous cette grosse masse d'eau. Attention à ne pas utiliser de pointe trop courte !
NOTRE DOSSIER NYMPHE AU FIL :
LE MATÉRIEL
Choisir sa canne nymphe au fil
Choisir son moulinet nymphe au fil