Au printemps dernier, je recevais un appel de Jean-François que je ne connaissais pas. Il avait obtenu mes coordonnées par Truites & Cie et souhaitait échanger au sujet de son prochain voyage aux USA pour y pêcher la truite à la mouche. Dès les premières minutes de notre conversation, il me fit part de sa nouvelle passion pour la pêche du brochet au streamer et surtout, me raconta son récent (et excellent !) séjour en Irlande, dans un lodge géré par un français qui propose plus de 350 lacs et rivières, tous peuplés de brochets. Un séjour tellement bon qu’il avait déjà réservé une dizaine de jours début septembre. L’enthousiasme et la bonhomie du garçon ainsi que l’attrait de la destination me firent lui demander, alors que nous ne discutions que depuis 10min à peine, s'il envisageait de partager cette prochaine virée...
Quelques jours plus tard, mon hébergement, les billets d’avion et un véhicule de location étaient réservés. Jean-François arriverait de Marseille et moi de Bordeaux. Rendez-vous à Dublin le 1er Septembre.
Finalement, c’est accompagné de Geoffrey que nous atterrissons dans la capitale irlandaise. Ayant eu vent de notre projet, il a réussi à organiser un rendez-vous professionnel sur place et partagera nos 3 premiers jours de pêche, bien que non moucheur (personne n’est parfait), il en sera donc bon pour la première tournée de Guinness.
De l’aéroport, après avoir retrouvé Jean-François, il nous faut 1h45 de route pour rejoindre la petite ville de Killeshandra et le lodge de Norbert Renaud.
Il suffit de passer le portail de la maison de Norbert pour comprendre qu’ici tout est dédié à Esox Lucius. Une énorme sculpture en bois massif le représentant, trône au milieu du jardin. Les fleurs qui ornent les murs de la maison poussent dans des palmes de float-tubes. Le ton est donné !
Les retrouvailles entre notre hôte et Jef sont chaleureuses puis nous visitons le lodge. Le garage où sont stockés les float tubes abrite aussi son raft (que nous avons réservé pour une descente de rivière) et plus surprenant, une quarantaine de waders suspendus. Norbert ayant une clientèle d’habitués, certains laissent ici une partie de leur matériel pour réduire leurs bagages...
A l’intérieur, tous les murs, cage d’escalier comprise, sont décorés de photos de poissons trophée, de matériel, d’affiches etc… dédiés à Esox. Nous allons vivre « brochet » pendant une semaine et ça n’est pas pour nous déplaire !
Les nombreux « métrés » en photo et le tableau des records nous font espérer des journées incroyables mais les premiers échanges avec notre hôte nous ramènent à la raison : il n’a pas de retours récents car nous sommes début septembre et Norbert n’accueille pas de pêcheurs en juillet/août pour préserver les poissons quand l’eau est plus chaude. Nous sommes donc les premiers clients de l’arrière-saison et il n’a jamais vu des niveaux d’eau aussi bas depuis 30 ans qu’il est en Irlande, ce qui l’inquiète. Ici aussi, la sécheresse sévit, comme plus au sud en Europe. Nous restons cependant très optimistes. Notre première soirée nous permet de découvrir les talents de cuisinier de notre hôte et ses portions pantagruéliques avant d’aller goûter la Guinness à la pression des pubs voisins.
Le petit déjeuner (de style irlandais), le lendemain, est le moment du briefing pour la journée de pêche à venir. Il n’y a pas moins de 365 lacs et rivières à proximité et Norbert en a pêché plus de 350. Il nous propose 3 lacs pas très grands, qui conviendront bien pour le float tube, dans un même secteur. Nous les marquons sur Google Maps ainsi que les emplacements précis pour se garer.
Nous embarquons nos bouées gonflées dans notre véhicule de location, le choix d’un utilitaire s’avère alors extrêmement pratique. Direction le premier lac par de minuscules petites routes de campagne dont la bande centrale en herbe donne un charme fou à ce cheminement.
Les derniers mètres jusqu’au lac se font avec nos bouées sur le dos façon « tortues Ninja ».
Nous y voilà enfin, au bord de notre premier plan d’eau irlandais à brochet. Le biotope semble parfait, surtout pour nous les « moucheurs » : un lac peu profond et beaucoup d’herbiers. Je prends après quelques minutes de prospection un premier broc dans les nénuphars, rapidement imité par Geoffrey. Nos craintes de la veille par rapport aux niveaux d’eau sont oubliées...
Nous capturons, avant la pause déjeuner, une douzaine de poissons sur ce petit plan d’eau, de tailles modestes mais essentiellement en surface. C’est exactement pour ce type de pêche que je suis venu en Irlande. Pour la pause casse-croûte, Norbert nous a préparé une glacière contenant un repas complet et un grand thermos de café. La logistique est impeccable !
Les différents plans d’eau que nous allons visiter durant notre séjour sont pour la plupart à moins de 30min du lodge.
Passer d’un lac à l’autre en cours de journée, suivant les propositions de notre guide à distance, prend en général 5min. C’est ainsi qu’après un saut de puce, nous attaquons notre deuxième lac, gonflés de confiance après les nombreuses attaques sur le premier plan d’eau.
Nous allons vite constater que d’un plan d’eau à l’autre, lors d’une même journée, les résultats sont radicalement différents. La pêche en équipe s’avère être un atout indéniable pour trouver le positionnement des poissons ou décider plus rapidement qu’il vaut mieux changer de lieu. Nous prenons ainsi encore quelques poissons lors de cette première journée et une vingtaine de captures à nous trois nous comble parfaitement.
Les premières constatations nous indiquent une activité essentiellement proche de la berge, dans ou à proximité immédiate des herbiers, les nénuphars étant les plus productifs.
On se sent vite un peu comme à la maison chez Norbert et nous trouvons rapidement un rythme de croisière bien agréable : réveil par le coq de la propriété peu avant le petit déjeuner, point météo et planning pour la journée avec à chaque fois 3 nouveaux lacs dans un secteur différent, chargement des float tubes de location puis nous enfilons sur place nos waders et nous voilà partis pour une nouvelle journée de découverte !
Nous prospectons essentiellement des lacs de petites dimensions et peu profonds. Les résultats sont vraiment inégaux d’un plan d’eau à l’autre. On peut pêcher 2 lacs sans avoir de touche, arriver sur un troisième et capturer rapidement une dizaine de brochets. La mobilité facilitée par notre véhicule et la proximité des différents plans d’eau sont de vrais atouts tactiques. Nous arrivons ainsi en fin de journée, sous la pluie, sur un petit lac que nous surnommerons « le lac vert » en raison de la couleur de l’eau probablement due à la présence d’une algue.
La journée a été très moyenne en nombre de prises mais nous capturons ici, rapidement, des poissons avec des attaques très violentes. Je pêche avec des leurres de surface, dans les nénuphars, tout près d’une petite île et j’ai déjà attrapé 2 magnifiques poissons lorsqu’une énorme gueule crève la surface de l’eau pour engloutir mon streamer. C’est un poisson large et puissant, le combat dans les herbiers est assez épique. J’ai appelé mes coéquipiers à la rescousse, n’ayant pas d’épuisette avec moi, et c’est finalement dans celle de Geoffrey que ce magnifique poisson terminera sa course.
Le temps file vite ici et Geoffrey doit nous quitter après 3 journées partagées. C’est assez drôle de le voir en « costard cravate » quand nous nous retrouvons pour un café avant le lever du jour. Je l’accompagne à un arrêt de bus voisin et il est intéressant de savoir qu’un bus rapide dessert Dublin ainsi que l’aéroport. Cela peut s’avérer pratique pour un séjour en groupe avec des arrivées ou départs décalés.
Nous allons donc continuer à deux avec Jef et c’est le moment d’aller nous faire une journée guidée avec Norbert en rivière.
Nous avons repéré la veille au soir son embarcation attelée derrière la voiture. Si les niveaux d’eau étaient très bas lors de notre arrivée, 2 nuits de pluies violentes ont fait monter rapidement la River Erne. Il semblerait que le niveau soit maintenant bon après une période d’accalmie. Cela fait longtemps que j’attendais de pêcher le brochet en rivière depuis une embarcation.
Le raft de Norbert, extrêmement léger, est très facile à manier et la mise à l’eau ne prend qu’une paire de minutes. On se sent de suite à l’aise pour lancer sur cette embarcation stable que notre guide maîtrise parfaitement. Nous lançons vers les berges, équipés de soies flottantes et rapidement les premières captures arrivent à bord. Les poissons ne sont pas énormes mais les attaques sont violentes et l’eau est assez claire pour voir arriver les poissons un peu avant qu’ils n’attaquent nos streamers, nous procurant de belles montées d’adrénaline.
Je vois ainsi un énorme poisson sortir des herbiers en direction de mon leurre mais alors qu’il s’en approche et que mon cœur s’emballe, il retourne dans sa cache. Ces brochets de rivière sont très combatifs et nous gratifient de magnifiques chandelles...
Les averses violentes et les éclaircies alternent tout au long de cette journée mais nous gardons un rythme de pêche soutenu et notre guide ne ménage pas ses efforts. Il nous maintient toujours à la bonne distance pour lancer, adapte la vitesse du raft aux différents postes et n’hésite pas à remonter le courant pour pêcher une deuxième fois un poste prometteur.
Cette virée nous permet de tester les streamers montés par notre hôte. S’ils sont déjà magnifiques dans la boite, c’est une fois dans l’eau que l’on se rend compte à quel point ils sont bien conçus, leur nage n’a rien à envier aux meilleurs leurres. Nous prendrons tous les poissons du jours avec des créations de Norbert.
Le lendemain, nous pêchons en float tube, une petite rivière où Jef avait pris en mai le nombre incroyable de 19 brochets à la mouche. Le niveau, comme pour la journée raft, est maintenant correct. Avec l’aide de notre hôte, nous garons notre véhicule sur le bas du parcours, puis il nous dépose bien en amont pour avoir un long linéaire à prospecter.
Sur le début du parcours, la rivière est vraiment typée « truite ». L’eau est très claire, peu profonde et le lit est composé de cailloux. Nous touchons souvent le fond avec nos palmes. Jef prend un brochet dès son premier ou deuxième lancer. Allons-nous encore faire un score incroyable en ce lieu ?
Finalement, les touches ne seront pas si nombreuses. Alors que rapidement, le courant ralenti et le fond augmente, nous trouvons un vrai biotope à brochet. Les attaques ont lieu encore une fois, comme en lac, près des berges parsemées de végétation aquatique. Si ce n’est pas une journée incroyable comme celle vécue par mon partenaire en mai, nous prenons quand même plusieurs poissons chacun et c’est un vrai régal de descendre sur nos bouées une petite rivière.
Comme rien n’est loin, une fois arrivés à notre véhicule, nous fonçons au « lac vert » voir si les brochets sont toujours dans les nénuphars et nous ne sommes pas déçus de constater qu’il y a encore des attaques, toutes en surface.
Le temps file vite ici et il ne nous reste que deux jours de pêche. Nous consacrerons la fin du séjour à prospecter des petits lacs au rythme de 3 ou 4 par jour. Les lacs les plus productifs, peut-être parce que nous pêchons à la mouche, sont peu profonds et avec des herbiers décollés de la berge.
Nous prenons quasiment tous les brochets aux leurres de surface : poppers, grenouilles, souris... En 8 jours de pêche, j’ai pris en moyenne 8 poissons par jour (sans compter quelques perches) avec un maximum de 11 et une journée bredouille alors que les conditions étaient jugées médiocres par notre hôte. Seuls 2 poissons ont été capturés avec une soie plongeante. La plus grosse prise mesurait environ un mètre et pas mal de brochets dépassaient 80cm. Ils sont puissants et en général sautent lors des combats.
C’est donc un séjour particulièrement réussi dans un lieu parfaitement adapté à la pêche que je recherche.
L’Ile Verte Pike Fishing Lodge existe depuis 1994 et cela fait maintenant une quinzaine d’années que Norbert a pris la suite de ses parents. Il peut accueillir une dizaine de pêcheurs, en pension complète, dans des chambres partagées pour 2 ou 3 personnes. Il est possible de louer sur place des float-tubes ou des barques, le tout pour un rapport qualité/prix difficilement égalable. Dublin est desservi quotidiennement par des vols directs de compagnies low cost ou par Aer Lingus, depuis la plupart des grandes villes françaises.
Vous pouvez commander à Norbert de magnifiques « streamers maison » qui seront montés en hiver quand il n’a pas de clients. J’ai pour ma part demandé une série de leurres à Peacock pour ma prochaine virée sud-américaine et une bonne série pour le brochet qu’il me tarde de recevoir.
Voici quelques exemples des montages de Norbert :
Notre séjour était tellement réussi que mes compagnons de voyage et moi avons réservé dès le milieu de la semaine pour le mois de Mai 2023. Les conditions seront sûrement différentes, la pêche moins bonne ou meilleure, Esox Lucius étant un des poissons les plus lunatiques que je connaisse, ce qui rend sa traque incertaine et d’autant plus passionnante...
Contact
Norbert Renaud
L’île verte, Snackiel, Killeshandra
Co Cavan, Irlande
Tel: 00353 494334844
Portable : 00353 85 21 50 590
Email: ileverte2014@gmail.com
Web: ile-verte.com
Youtube: https://youtube.com/@NorbertRenaud
Facebook: L'ile Verte, Pike fishing lodge