Géovan

Les Peacock Bass du Rio Negro, Brésil

pêche rio negro

La forêt amazonienne agit sur vous comme une drogue, elle vous envoute. Une fois qu’on y a gouté, il est difficile de se sevrer, de ne pas y retourner. A la fin de mon précédent séjour colombien, je savais que je reviendrai pêcher dans un tel environnement….

Avec mon ami et voisin Philippe, nous parlions depuis déjà pas mal de temps, lors de nos cafés matinaux, d’un séjour « Peacock » en bateau au Brésil. Ma première expédition amazonienne en Colombie finit de nous décider à partir. Philippe avait déja sélectionné une agence de voyages de pêche, spécialiste des séjours en Amazonie. Notre virée est prévue pour janvier 2023 et nous devrons nous rendre à Manaus, lieu où commencera la prise en charge de notre expédition par ONI Fishing Expédition.

Texte

C’est ainsi que nous arrivons début janvier, au milieu de la nuit, après 3 vols et 24 heures de voyage, dans la capitale du vaste état d’Amazonas. Nous avons prévu d’y passer une journée pour récupérer de la fatigue du voyage, du décalage horaire et nous imprégner un peu de la vie brésilienne avant de partir loin de tout et cette grande ville ne manque pas d’intérêts.

A côté de Manaus, les eaux noires du Rio Negro qui rejoignent les eaux marrons et boueuses du Rio Solimões sont à l’origine d’un phénomène visuel remarquable appelé « rencontre des eaux ». C’est là que ces deux affluents forment le fleuve Amazone.

Image
pêche rio negro
Texte

Un autre attrait de la ville est son opéra (Teatro Amazonas). Inauguré en 1896 et construit dans des conditions épiques, alors que la ville qui compte maintenant plus de 4 millions d’habitants avec la banlieue n’était qu’un village en pleine forêt. Il inspirera le célèbre film de Werner Herzog, « Fitzcarraldo ».

La visite du marché aux poissons est incontournable. Le nombre d’espèces d’eau douce présentes est impressionnant et donne une idée de la richesse du milieu aquatique.

Image
pêche rio negro
Texte

Nous ferons également un tour dans un magasin d’articles de pêche. La quantité de leurres est incroyable ! Il est bon de savoir que le marché brésilien est le deuxième mondial pour la pêche de loisir et que des grandes marques distribuent en exclusivité des modèles pour le marché national. Au pays du ballon rond, on est aussi fou de pêche et c’est une découverte pour moi. Par contre, il n’y a quasiment rien pour la pêche à la mouche.

Image
pêche rio negro
Texte

De retour à notre hôtel, nous faisons connaissance avec nos futurs partenaires de croisière. Ce sont 12 brésiliens joyeux et exubérants qui sont tous membres du même club de pêche, « Amigos Da Onça ». Nous ne parlons pas portugais et eux ne parlent pas anglais. La communication ne sera pas simple mais l’ambiance sera festive.

Image
pêche rio negro
Texte

Nous quittons Manaus, tôt le lendemain avec un petit avion affrété pour notre groupe de 14 pêcheurs.

Image
pêche rio negro
Texte

Dès le décollage, nous voyons sans surprise, de la forêt à perte de vue. Le « poumon de la planète » couvre 6,7 millions km2. Nous sommes, par contre, impressionnés de voir autant d’eau. Les possibilités de pêche dans un tel territoire semblent infinies.

Image
pêche rio negro
Texte

Après 1h30 de vol, nous atteignons la petite ville de Barcelos. Un transfert rapide depuis l’aérodrome nous conduit jusqu’au ponton d’embarquement. Nous voyons arriver les deux bateaux de la compagnie. Le plus petit, le Tayaçu 2, peut embarquer 10 pêcheurs, nous serons sur le Tayaçu 3 qui peut en accueillir 14. A peine le temps d’embarquer et de poser nos sacs dans les cabines que nous commençons à remonter le Rio Negro.

Image
pêche rio negro
Texte

Notre logement n’est pas bien grand mais très fonctionnel avec 2 lits superposés, une salle d’eau et l’air conditionné.

Image
pêche rio negro
Texte

Nous naviguons en patrouille avec le bateau qui servira de logement pour les guides en remorquant les barques de pêche. Très rapidement, nous ne voyons plus que très peu de signes de vie. Nous sommes au cœur de la forêt amazonienne et ce qui nous frappe en ce lieu, comme la vue depuis l’avion, est l’étendue d’eau. 

Image
pêche rio negro
Texte

Le rio Negro est une immense rivière, composée de multiples bras plus ou moins grands, interconnectés de différentes manières. La limite entre la terre ferme et l’élément liquide n’est jamais franche. Ce n’est qu’avec une vue du ciel que l’on peut prendre la mesure de cet environnement fabuleux.

Après un verre de bienvenue servi sur le pont supérieur du bateau puis un repas dans la salle à manger, tout le monde s’affaire à préparer son matériel et les brésiliens sont un peu surpris de me voir sortir mon équipement de moucheur. Ici, les cannes casting sont reines !

Le bateau jette l’ancre le long d’une plage de sable en milieu d’après-midi et nous avons la bonne surprise d’apprendre qu’une courte session est prévue avant la nuit (nous pensions attaquer la pêche le lendemain). Les guides ont été tirés au sort et c’est « Chupeta » qui nous accueille à son bord.

Image
pêche rio negro
Texte

Les barques sont hyper fonctionnelles. Légères, maniables, rapides avec leur moteur 35CV et équipées d’un moteur électrique, elles sont l’outil idéal pour cette région. Après une courte navigation, nous effectuons nos premiers lancers le long d’une berge encombrée d’arbres couchés et rapidement nous touchons nos premiers peacocks.

Je suis toujours autant impressionné par la beauté de ce poisson et le cadre est fabuleux.

Image
pêche rio negro
Légende
Le premier peacock de Philippe
Texte

Cette première courte session nous donne le ton du séjour. Le retour au bateau est très convivial, un apéritif avec quelques spécialités nous attend et nous enchaînons avec un excellent repas qui fait la part belle aux poissons de rivière. Nous communiquons tant bien que mal sur la pêche avec les brésiliens.

Image
pêche rio negro
Image
pêche rio negro
Légende
Les 2 cuisinières font des merveilles dans leur petite cuisine
Texte

Avec le décalage horaire, nous sombrons rapidement le soir après les dîners et sommes réveillés naturellement pour le petit déjeuner servi à 5h30. Les guides nous attendent chaque jour dès 6h00 avec les glacières contenant les boissons et le casse-croûte du midi pour ceux qui ne veulent pas rentrer au bateau pour le déjeuner. Nous partons ainsi pour pratiquement 12h de pêche journalière.

Image
pêche rio negro
Texte

Les prises sont nombreuses, de toutes tailles, et la beauté des poissons est assez époustouflante. Ils n’ont jamais la même couleur.

Image
pêche rio negro
Image
pêche rio negro
Texte

Nous ne pêchons jamais 2 fois le même secteur et sommes très impressionnés par la capacité de notre guide à se repérer dans cet immense labyrinthe aquatique qui semble sans fin. Il quitte régulièrement les rivières principales, empruntant des petits cours d’eau à travers la forêt pour rejoindre des secteurs inattendus.

Vidéo
Texte

Ces petits bras sont parfois tellement encombrés qu’il nous arrive de pousser notre barque dans la forêt immergée pour contourner une portion de rivière.

Image
pêche rio negro
Texte

Lorsque le chemin semble définitivement barré par un amoncellement d’arbres couchés et que nous pensons devoir faire demi-tour, nous sommes stupéfiés de voir Chupeta sortir la hache et nous dégager un passage. En tongs et en en équilibre sur les troncs horizontaux, rien ne l’arrête !

Nous avons ainsi la sensation de prospecter des secteurs très protégés et nous sentons extrêmement privilégiés.

Image
pêche rio negro
Texte

La pêche est vraiment excellente avec beaucoup de touches. A la mouche, je prends jusqu’à 40 poissons par jour alors que ce n’est pas la meilleure saison. Philippe se concentre sur la pêche en surface, privilégiant la beauté des attaques au nombre de prises. Les brésiliens, quant à eux, utilisent de très gros leurres de surface. Des poppers équipés d’hélice et manipulé énergiquement, ils sont extrêmement bruyants. Ils recherchent ainsi les poissons « trophées » (plus de 70cm voire 80) et ont peu de touches.

Avec des streamers relativement petits, j’attrape des poissons de toutes les tailles, mais même un petit Peacock de 40cm est bien combatif avec une soie de 8. Je suis d’ailleurs impressionné par la puissance de ces poissons et à partir de 60cm, les touches se produisant proches des obstacles immergés, le résultat du combat devient aléatoire et nous perdons pas mal de gros spécimen.

Image
pêche rio negro
Légende
Un 70+ pris avec une petit streamer le long d’un arbre immergé
Texte

Les paysages sont variés et souvent les caïmans ne sont pas loin. Ces belles bestioles d’environ 3m de long restent souvent stoïques à notre approche et ne manifestent aucune agressivité.

Mais nous avons d’autres compagnons de pêche. En général, peu après notre arrivée sur un nouveau secteur, nous entendons le souffle des dauphins. Le « Boto », dauphin rose d’Amazonie est un animal d’eau douce. Ils sont toujours en couple à quelques mètres derrière la barque attendant nos captures. Tant que les poissons sont au bout de la ligne, ils ne s’approchent pas, mais lorsque nous relâchons nos prises, leur espérance de vie ne dépasse pas les 3 secondes. Pour éviter cela, Chupeta s’approche des berges pour que nous relâchions les Peacocks dans la végétation immergée.

Image
pêche rio negro
Image
pêche rio negro
Vidéo
Vidéo
Vidéo
Image
pêche rio negro
Image
pêche rio negro
Texte

Il y a principalement 3 espèces de peacock dans la région et n’étant pas un spécialiste des poissons amazoniens, je vous donnerai les noms locaux pour éviter toute erreur :

Image
pêche rio negro
Légende
Tucunaré Açu
Texte

C’est le poisson roi (Açu veut dire grand) car il peut atteindre 90cm et plus de 10kg. C’est lui que ciblent ceux qui cherchent des poissons trophées. Il est reconnaissable grâce aux trois bandes noires sur ses flancs.

Image
pêche rio negro
Légende
Tucunaré Paca
Texte

Moins massif que les autres variétés, on le reconnait à sa robe plus foncée ornée de lignes de points blancs. A chaque prise, j’ai trouvé les attaques violentes et le combat féroce relativement au poids des poissons.

Image
pêche rio negro
Légende
Tucunaré Borboleta
Texte

Il est reconnaissable à ses 3 gros points sur les flancs. Peut-être mon préféré car c’est pour moi le plus beau avec des couleurs toujours différentes. Souvent en bancs, sa pêche devient dans ces conditions très ludique. Nous avons pris des spécimens mesurant jusqu’à 60cm et c’est alors aussi un sacré combattant.

Ces 3 variétés de peacock constituent la grande majorité de nos prises. Mais il existe de nombreuses autres espèces de poisson dans ces eaux extrêmement riches. Nous avons la chance d’en attraper quelques-unes et cela augmente encore l’intérêt d’une pêche déjà tellement passionnante.

Image
pêche rio negro
Légende
Tucunaré Popoca (appelé aussi Tucunaré Tauà)
Image
pêche rio negro
Légende
Acara Papagaio Azul
Image
pêche rio negro
Légende
Arowana (on les voit marsouiner en surface mais difficile à piquer)
Image
pêche rio negro
Légende
Piranha (ici, une des multiples variétés présentes)
Image
pêche rio negro
Légende
Jacunda
Image
pêche rio negro
Légende
Bicuda (bien présent et attaque en surface... attention aux dents !!!)
Image
pêche rio negro
Légende
Traira (nous le connaissons sous le nom Aïmara. Assez présent mais ne dépasse pas 3kg)
Texte

Il est possible d’attraper bien d’autres espèces dans le bassin du Rio Negro.

Le mythique Arapaïma, plus gros poisson d’eau douce d’Amérique du sud est bien présent dans la région. Nous pensons en avoir vu un monter en surface, lors d’une session dans une lagune et j’ai eu une touche lors du lancer en direction de cette activité. En était-ce un ? Nous ne le saurons jamais.

Il est également possible de traquer de nombreuses variétés de très gros poisson chats. Il y a à bord du bateau, du matériel dédié à cette pêche mais nous n’avons pas tenté notre chance, peu attirés par la pêche aux appâts. Nos partenaires brésiliens qui y ont consacré parfois une paire d’heures en fin de journée ont attrapé des poissons spectaculaires.

6 jours de pêche, cela peut paraître court après un si long périple pour arriver sur le Rio Negro. Mais les journées sont extrêmement denses avec pas loin de 12h par jour sur la barque. La vie sur un bateau fait de tous les instants des moments particuliers, et la mobilité de notre logement renouvelle sans cesse les paysages. L’organisation sans faille du séjour et la compétence de l’équipage font qu’il n’y a aucun temps mort et que nous sommes sans cesse dans le plaisir partagé autour d’une passion commune. Tout cela contribue à nous déconnecter complètement de notre quotidien et au bout de quelques jours à bord il est difficile d’imaginer que nous étions encore chez nous il y a une semaine.

Si l’organisation du séjour est vraiment sans faille et toutes les prestations de qualité, je voudrais mettre l’accent sur les guides. Je trouve que c’est en grande partie grâce à eux que nous passons vraiment une semaine exceptionnelle. Ce sont de « Vrais » guides de pêche. Leur connaissance de la région est simplement incroyable. Salariés de l’entreprise -Barcos Tayaçu-, ils sont guides à plein temps. Ils ont accueilli de nombreux pêcheurs à bord de leurs embarcations et accumulé une expérience précieuse.

Notre guide, Chupeta (Necivaldo Justo de son vrai nom), âgé de 35 ans est né dans la région et il exerce ce métier depuis de nombreuses années.

Image
pêche rio negro
Texte

Il connait tous les locaux que nous avons croisés lors de nos multiples navigations.

C’est un excellent pêcheur et malgré la barrière de la langue il a réussi à nous donner des conseils précieux. Il n’a pas hésité à montrer à Philippe la manière d’animer certains leurres pour provoquer les attaques des peacocks. Sa réactivité et sa capacité à nous amener rapidement sur de nouveaux spots nous a permis de ne jamais rester longtemps sans avoir de touche. S’il n’est pas pêcheur à la mouche, il avait déjà eu à son bord des amateurs de cette technique, notamment argentins. Il a toujours positionné parfaitement le bateau pour mes lancers et sans rien lui demander, je n’ai jamais eu à effectuer un lancer arrière ou en revers. Très vite, je l’ai impliqué, avec succès, dans le choix de mes mouches.

Image
pêche rio negro
Image
pêche rio negro
Texte

Je fais des voyages de pêche depuis bientôt 40 ans. Avec quelques mois de recul, j’ai la sensation claire que celui-ci était probablement le plus fort.

Passionné de nature et particulièrement attiré par l’eau douce, j’ai trouvé avec la forêt amazonienne un terrain extraordinaire pour pratiquer ma passion. 

Le Peacock Bass est un poisson fantastique. Il est magnifique et son positionnement le long des berges et dans les arbres immergés ou couchés rendent sa traque vraiment ludique, notamment à la mouche et en surface. Et puis quel combattant ! J’adore traquer le brochet à la mouche, mais au niveau du rapport poids/puissance, le peacock lui est largement supérieur. Ainsi, des poissons de taille relativement modeste procurent de superbes combats avec un matériel adapté.

Enfin, une organisation sans faille et des guides de très haut niveau auront fait de ce séjour un moment de bonheur intense.

Image
pêche rio negro
Texte

Lien utile :

oni fishing
Géovan

A propos de l'auteur

Eric découvre la pêche à l’âge de 4 ans sur les épaules de son père le long des rives de l’Ariège et de la Garonne non loin de Toulouse, sa ville natale. Naît alors une…