Salmonidés des cimes

pêche cristivomer

Durant le vingtième siècle, la truite arc-en-ciel, le saumon de fontaine, l’omble chevalier et le cristivomer ont été successivement implantés dans certains plans d’eau des Pyrénées. Mis à part la truite arc-en-ciel qui se reproduit sur quelques secteurs dont la plupart sont situés dans la partie Est de la chaîne, ces poissons se sont plutôt bien adaptés et côtoient l’autochtone truite fario. Certains diront qu’ils la concurrencent et que leur présence est indésirable... Très attaché aux truites de souches méditerranéennes que je connais dans les Pyrénées-Orientales et l’Aude, je ne suis moi-même pas favorable à ces introductions. Mais, il est vrai que d’un point de vue strictement halieutique, il est intéressant de pouvoir pêcher autant de salmonidés sur un même lac. Il semble évident que la condition nécessaire à une bonne cohabitation entre les espèces soit un milieu suffisamment grand et riche pour pouvoir nourrir tout le monde.

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Je me trouve au bord d’une grande retenue abritant ces différents salmonidés alors que le soleil commence à irradier l’atmosphère de ses rayons. La neige n’est déjà presque plus présente bien que nous soyons mi-juin à plus de 2200 m d’altitude. Je vous épargne les redites sur le dérèglement climatique mais ses effets sont visibles de tous, au quotidien. Quelques rares névés n’alimentent que faiblement les ruisseaux qui devraient gonfler les lacs de leurs eaux. Cet été s’annonce très sec sur mon extrémité des Pyrénées. La vie est déjà bien repartie sur les versants après un court sommeil hivernal. Mais qu’en est-il de l’écosystème aquatique ? Sous l’eau aussi, le réveil doit être déjà bien avancé. Pourrai-je quand même bénéficier de la période faste post-dégel durant laquelle les salmonidés sont très actifs ? Cette dernière a généralement lieu durant l’ouverture et les semaines suivantes.

A ce propos, les printemps étant de plus en plus précoces, ne faudrait-il pas bientôt penser à avancer la date de l’ouverture des lacs de montagne ?

Comme redouté, les poissons ont regagné les couches inférieures du plan d’eau et ne semblent pas très agressifs. En effet, tôt le matin, les premières prospections juste sous la surface ne sont pas couronnées de réussite alors que les pêches plus profondes s’avèrent souvent payantes.

Les poissons nageurs coulant rapidement permettent de décider une fario et des cristivomers. Ces derniers, poissons lucifuges, qui fréquentent habituellement les abysses du lac, semblent s’être rapprochés de la surface.

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pêche truite leurre souple
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pêche cristivomer
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Puis la luminosité augmente et les salmonidés gagnent les profondeurs. Je les accompagne dans leur descente en pêchant plus creux avec des leurres souples plombés entre 7 et 10 grammes.

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pêche cristivomer
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Les poissons continuèrent à sonder encore plus en gagnant le large. Cuillers ondulantes et métal jigs sont tout indiqués afin d’atteindre ces prédateurs hors de portée d’autres leurres. Un omble chevalier s’intercala entre les cristivomers :

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pêche cristivomer
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pêche omble chevalier
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Puis les touches cessèrent définitivement. Les poissons ont-ils gagné des zones inatteignables avec mes leurres ? Ne voulaient-ils plus de ces signaux et vibrations ? Ai-je simplement traversé un moment d’inactivité comme ces grands milieux peuvent connaître parfois ? Autant de questions qui restent sans réponses mais qui permettent d’envisager quelques hypothèses.

Une douzaine de poissons furent mis au sec durant cette sortie. Des salmonidés bien nerveux et bagarreurs qu’il a fallu suivre dans leurs évolutions au sein de la colonne d’eau. Car pêcher la bonne profondeur est la condition sine qua non à la réussite dans ces grandes retenues d’altitude.

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pêche cristivomer

A propos de l'auteur

Comme ses aïeux, Pierre pêche depuis tout petit. A ses débuts, suivant la tradition locale pyrénéenne, il procède au toc. Mais dès le premier contact avec un lancer, il…