Mouche en eaux rapides : optimisez par la polyvalence

pêche mouche

Nul besoin d’avoir une âme de moucheur naturaliste, ni des capacités d’observation hors du commun pour constater que l’activité des truites présente un caractère très versatile tout au long d’une partie de pêche. La truite, salmonidé très opportuniste s'adapte au biotope qui l'accueille, son activité alimentaire dépend de ce que celui-ci produit. Certains écosystèmes de type calcaire seront nettement plus productifs que ceux acides et ainsi influenceront les courbes de croissance de ses habitants. Les poissons comme tout le reste du biotope voient les rations alimentaires reçues varier tout au long de l'année contraignant ses habitants à des périodes d'abondance ou de diète.

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pêche mouche
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Pourquoi devenir polyvalent ?

Les facteurs responsables de ces modifications sont nombreux, on trouve parmi eux la température de l'air et de l'eau, la saison, la lumière… .

Entre l’aube et le crépuscule, l’activité des truites est rythmée par des phases alimentaires d’intensité et de durée variables, elles ne s'alimentent pas d’un bout à l’autre de la journée avec la même avidité. Les truites en modifiant souvent leur comportement alimentaire perturbent les pêcheurs en augmentant leur difficulté à coller à la réalité écologique du moment, être réceptif à ces micro-changements n'est pas chose aisée. Proposer une pêche en adéquation au comportement des truites implique une réceptivité aux rythmes de la rivière et aux éléments qui nous entourent, le moucheur doit rentrer en symbiose avec le milieu !

La pêche à la mouche en eaux rapides en rivière de moyenne montagne s'impose comme une excellente école pour cultiver son « sens de l'eau ». Ces biotopes fragiles sont plus faciles à lire et à interpréter que des milieux plus vastes et profonds. La réussite ou l'échec de vos prospections se résument parfois à quelques observations négligées ou détails, soyez vigilants ! Si les créneaux de frénésie alimentaire sont relativement rares, les laps de temps où quelques poissons peuvent se saisir de vos artificielles sont plus fréquents qu’on ne l'imagine. La topographie tourmentée des secteurs montagneux façonne le profil des torrents modelant et créant au fil des ruptures de pente des zones rapides et peu profondes sectionnées par des profils plus paresseux et creusés. En se faufilant au travers de terrains géologiquement différents, les torrents de montagne voient le fil de leur cours prendre multitudes de configurations, offrant aux moucheurs un condensé de situations de pêche. Dans ces eaux vives peu perturbées par l’activité humaine et riches en caches, les densités de truites atteignent des sommets permettant de poser ses mouches devant de nombreux poissons et ainsi tester diverses méthodes. Certes les truites autochtones qui colonisent ces milieux cristallins sont de taille modeste mais la contemplation de la beauté de leur robe fera briller les yeux des plus blasés d'entre nous.

Observations visuelles de poissons en poste, repérage d'insectes sur la pellicule de surface, débit et configuration des postes font partie des nombreux indices auxquels vous devrez être attentifs. Du fruit de vos studieuses observations dépendra toute la pertinence de votre adaptation à la situation et des outils à mettre en place.

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pêche mouche clarée
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Sèche et nymphe au fil : les deux techniques reines

La pêche à la mouche en eaux rapides couvre un large panel de techniques, mais deux s'imposent à mes yeux ici : la mouche sèche et la nymphe plaquée.

De par leur complémentarité et l'infinie facilité de transition de l'une à l'autre, ces deux techniques permettent une exploitation rigoureuse et efficace de chaque veine d'eau. Elles vous permettront de vous adapter rapidement et sans trop de manipulations inutiles et coûteuses de temps. A ces deux méthodes, nous pouvons joindre une troisième chère à mon ami C. Guimonnet, la fameuse noyée amont qui certains jours fera mouche.

Les techniques citées ci-dessus permettent de s'adapter rapidement aux versatilités des salmonidés et ainsi de régulariser les prises tout au long de votre partie de pêche. En fonction des conditions du moment une technique prendra l'avantage sur l'autre, d'où l'intérêt de pouvoir varier facilement. Changer de technique de pêche et procéder aux ajustements permettant d'être en phase avec la réalité écologique du moment peut paraître contraignant et fastidieux pourtant c'est la seule façon d'optimiser votre pêche.

Choisir entre sèche ou nymphe plaquée augmente considérablement le spectre de prospection, savoir quand passer d'une technique à l'autre doit se faire après une interprétation judicieuse des informations recueillies. La justesse de vos choix sera validée par la régularité de vos prises, tâtonner et chercher pour arriver à ce résultat est passionnant. Oubliez vos affinités à une technique ou à une autre, pêchez avec celle la plus adaptée à la situation de pêche rencontrée même si vous la maîtrisez avec moins de dextérité. Pourquoi s'obstiner à lancer mécaniquement une mouche sèche quand il n'y a pas le moindre insecte dérivant sur la pellicule de surface et pas le moindre poisson le nez en l'air ? En torrents et autres eaux rapides, il est toujours possible de prendre un poisson opportuniste même en l’absence d'insectes dérivant sur l'eau mais forcement votre productivité va s'en ressentir si vous persistez.Tromper la vigilance de quelques poissons peut influencer le pêcheur et lui faire croire qu'il possède la bonne méthode alors qu'il procède aux antipodes de ce qu'il faudrait ! Le comportement des truites, le débit et les types de postes prospectés vont influencer la technique de pêche et agir aussi sur la vitesse de prospection. En nymphe comme en sèche la prospection connaîtra une vitesse variable en rapport avec l'activité du moment ; l'incidence de celle-ci s’avérera forte sur le nombre de poissons pris.

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Pêche mouche
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Adaptez votre vitesse de prospection

Le bon rythme de prospection ne se trouve qu’après quelques minutes de pêche dès que vous commencez à comprendre où sont les poissons, ce sont ces informations qui vous donneront le bon tempo. Lorsque les truites sont installées et actives en surface ou au fond, inutile de se précipiter car beaucoup de postes sont occupés, procédez lentement et avec application. Chaque veine d'eau devra être lue et peignée judicieusement, lentement et pas à pas afin d'exploiter le maximum de poissons prenables. Les plus petits coups susceptibles de ne contenir que des truitelles seront à éviter afin de ne pas les blesser inutilement et de ne pas perdre de temps.

Les jours de faible activité voient la vitesse de prospection exploser ainsi que les distances parcourues par le moucheur. Dès que celui-ci, par recouvrement d'informations, est capable de déterminer le type de postes où se trouvent les quelques poissons actifs, inutile de pêcher tout le linaire. Savoir ignorer de grands secteurs de parcours pour ne se consacrer qu’aux postes bien définis occupés par les truites à ce moment donné de la journée fait partie des excellents outils d’optimisation halieutique à mettre en place.

Le débit de la rivière peut aussi agir sur la vitesse de prospection : un fort débit favorise la pêche des secteurs moins rapides et avec moins de pente faisant parfois parcourir de grandes distances entre un poste et un autre. Par eau basse, c'est souvent le contraire car les postes pêchables sont plus nombreux. Les secteurs accidentés et riches en postes se pêchant plus lentement de par leur configuration, faire le choix de couvrir du terrain ou vous concentrer sur un secteur restreint conditionnera le résultat final de votre sortie.

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Quelle technique choisir ?

Toutes les observations comportementales des salmonidés mentionnées plus haut doivent, après décryptage, influencer votre choix de pêcher sur ou sous l'eau. Chacun d'entre nous a connu des séances de pêche où rien d'évident ne semblait se décider, quand le doute s'installe opter pour la nymphe.

Sur les postes d'eaux rapides, il est courant d'observer plusieurs poissons qui ne s'alimentent pas dans la même couche d'eau, si vous ne prospectez qu'en sèche vous passerez forcément à côté. Lors de ces journées où la pêche en surface ou nymphe ne s'impose pas catégoriquement n'hésitez pas à ralentir votre vitesse de prospection et à alterner sur un même poste sèche et nymphe plaquée. C'est coûteux en nylon de pointe et vecteur de nombreuses manipulations et de nœuds mais c'est un facteur indéniable d'optimisation. Les moins volontaires aux changements de pointes pourront opérer avec un tandem sèche/nymphe, la formule marche très bien en eaux rapides mais semble à mes yeux limiter la prospection des coups profonds. Par contre l'utiliser en début de partie de pêche peut être riche en enseignement sur le comportement des truites.

La pêche en sèche et la nymphe plaquée, de par leur mise en œuvre couvre parfaitement le spectre de la pêche en eaux rapides, passer de l'une à l'autre est rapide et facile, ce que nous verrons dans le prochain article. Acharnez-vous à modifier souvent votre façon de pêcher, modifiez vos pointes, vos mouches et le lestage de vos nymphes même si cela est parfois énervant. Dans les périodes où l'activité est réduite, c'est au moucheur à adapter sa pêche aux poissons peu coopératifs !!

Se placer correctement dans le lit du cours d'eau afin de réaliser un lancer dans les meilleures conditions ne fait pas prendre la truite convoitée mais peut y contribuer fortement. Placement et distance de pêche influencent aussi la pêche. Observez, profitez, chaque jour de pêche n'est que bonheur !!!

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A propos de l'auteur

Originaire de Toulouse (l'accent ne trompe pas !), Lionel pêche exclusivement les salmonidés à la mouche (sèche et nymphe) dans tous les milieux qui en contiennent…