Lacs d’altitude : comment les aborder aux leurres ?

pêche lac de montagne

Les lacs d’altitude représentent le dernier Eden du pêcheur de truites. Contrairement aux vallées où l’emprise humaine est grande, près des sommets, la nature est encore relativement préservée et les salmonidés sont bien représentés. La pratique de la pêche aux leurres y est ludique et techniquement simple. Contrairement aux cours d’eaux où il est nécessaire de savoir éviter les nombreux obstacles et dompter les courants, en plan d’eau, la difficulté majeure est de savoir lancer. Cette pratique est donc idéale pour les débutants voulant s’initier à la truite. Bien entendu, la pêche n’y est pas toujours facile et même des pratiquants confirmés peuvent certains jours y être en difficulté. Mais les capots sont presque inexistants en lacs de montagne si l’on fait preuve d’un minimum d’application et d’un choix de parcours pertinent. Par les précieux conseils que Simon énumère dans son article (ici), la sélection des plans d’eaux à prospecter a été judicieuse. Il reste maintenant à détailler la marche à suivre une fois sur les lieux...

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Une approche et une prospection méthodique

Trop de pêcheurs arrivent tambour battant sur le lac, font 2 ou 3 lancés droit devant avant de s’en aller quelques mètres plus loin pour réitérer la manœuvre. L’appel du grand large est tentant, mais en procédant ainsi ils font fuir les poissons présents à proximité ou dans les bordures, c’est-à-dire les plus simples à attraper !

En effet, si des salmonidés se sont rapprochés si près du bord c’est pour une bonne raison : s’alimenter. Les truites sont très opportunistes et recherchent tout ce qui peut tomber de la berge (insectes, batraciens…) ainsi que les petits poissons et les invertébrés aquatiques vivants près de la rive. Il est donc important de ne pas négliger les bordures et de les approcher discrètement pour ne pas être remarqué des prédateurs éventuellement présents.

Ce souci de discrétion conditionne la façon de procéder autour du plan d’eau : Il s’agit de faire nager son leurre au plus près de la berge avant de l’en éloigner progressivement pour finalement pêcher plein large. En prospectant ainsi, le pêcheur décrit un « éventail » lors de ses lancers successifs. Puis il se déplace le long de la rive pour atteindre la zone qui était hors de portée et renouvelle l’opération. Cela semble évident mais il faut d’abord pêcher à proximité de là où l’on va marcher… Pourtant sur le terrain peu le font. En procédant de la sorte, le pratiquant pêche efficacement toutes les parties du lac situées à portée de canne. Les poissons pouvant être en activité n’importe où, il ne délaisse aucune capture potentielle.

Ce « plan de déplacement » est à adapter en fonction des hots spots. Ainsi, après avoir réalisé les lancers en arc de cercle, il faut se concentrer sur les zones qui paraissent les plus intéressantes au sein de l’éventail et diriger son leurre en fonction. De ce fait, si par exemple une cassure est présente, le pêcheur doit se positionner de façon à pouvoir bien la longer.

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a : Le pêcheur arrive discrètement sur les berges du lac. Il pêche les bordures (1 et 2) avant de lancer plus vers le large (3 et 4) et finalement plein large (5 et 6). Il choisit de faire le tour du plan d’eau par la gauche et se rend en b.

b : Il lance au bord puis progressivement vers la pleine eau (de 1 à 6).

c : Il renouvelle l’opération comme en b. Une cassure est présente au sein de sa zone de pêche. Il se rend en d pour la prospecter plus efficacement.

d : Il lance en longeant la cassure.

Le pêcheur continue ainsi tout autour du lac.

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Des leurres adaptés aux postes

Le choix du leurre est aussi très logique : l’artifice doit évoluer à la profondeur dictée par la topographie et les poissons.

Sur les plages peu profondes, les minnows à bavette courte sont à juste titre les plus employés. Les salmonidés se tiennent dans parfois à peine 10 cm d’eau. Dans ce cas, seul un poisson nageur flottant peut opérer. D’ailleurs, il ne faut pas hésiter à employer un leurre de surface sur ces zones hyper shallows. Les attaques sont spectaculaires et l’on entend parfois les mâchoires claquer...

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Le jeune Thomas avec sa première truite prise au stickbait. Les saumons de fontaine répondent très bien au leurre de surface.
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Après avoir prospecté la bordure et en absence de postes marqués, il ne reste que le choix de « pêcher l’eau », c’est-à-dire vers le large. Les poissons nageurs de densités neutres (suspendings) ou qui coulent lentement (sinkings) permettent de bien passer dans la zone d’évolution des truites maraudant près de la surface ou à faible profondeur (disons jusqu’à 4m) et peuvent pêcher à toutes les vitesses (très rapidement comme très lentement). Ainsi, lorsque la bonne animation est trouvée, ils décident généralement ces poissons « cruisings » que l’on voit parfois gober en surface.

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Truite prise à vue. Elle gobait en pleine eau. Un poisson nageur suspending l’a décidée.
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Les cassures sont des postes privilégiés qui méritent toute l’attention du pêcheur. Elles sont facilement distinguables lorsque l’on surplombe le lac. D’ailleurs, quand cela est possible, il est très instructif d’observer le spot d’un point de vue élevé. Les variations topographiques se distinguent très nettement par temps ensoleillé. Les cassures doivent être prospectées méticuleusement car elles abritent souvent de jolis poissons. Quand cela est possible, le leurre doit évoluer en longeant celle-ci. Mais si la rupture de pente est parallèle à la berge le pêcheur n’aura d’autre choix que de la traverser perpendiculairement. Il est alors conseillé de faire une pause ou de ralentir la cadence au passage du hot spot, cela pourrait bien décider un salmonidé.

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C’est en prospectant une cassure avec un poisson nageur coulant rapidement que Nicolas a touché cette fario.
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Pour les cassures les plus éloignées et les plus profondes, un poisson nageur très dense, coulant rapidement, ou un leurre souple monté sur une tête plombée, peuvent être noués au bout de la ligne. Ils permettent au pêcheur d’effectuer une animation en dent de scie au plus près du fond. Leur utilité pour bien prospecter toutes les zones encaissées du lac est indéniable. D’ailleurs, c’est parfois dans la couche d’eau la plus profonde, ou tout du moins, dans une couche d’eau non située à proximité de la surface, que les poissons sont regroupés quand l’activité est nulle ailleurs. Cela mérite donc quelques lancés lorsque cette strate est atteignable de la rive.

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Cette fario était postée sous l’arrivée d’eau.
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Les pointes sont des secteurs de passage mais aussi des zones d’affut. Il faut prospecter la colonne d’eau en commençant par la surface et en terminant par le fond. Il est intéressant d’essayer de deviner la trajectoire que réalise la pointe une fois sous l’eau et de suivre la ligne de crête avec un leurre coulant.

Les bordures d’herbiers sont des zones de chasse. Les prédateurs y patrouillent fréquemment pour se nourrir des organismes qui quittent le refuge que représente la végétation. Les arrivées d’eau sont aussi régulièrement fréquentées par des poissons actifs. Ces deux derniers postes sont à pêcher avec des animations agressives.

Les gros blocs rocheux servent de repaire aux salmonidés. Essayez de passer au plus près du bloc et du fond avec un poisson nageur coulant ou un leurre souple. C’est technique et risqué mais ça peut rapporter gros.

En règle générale et pour résumer, tous les accidents topographiques constituent des postes de choix. Ils méritent de s’y attarder en respectant cette méthode de prospection qui permet de pêcher efficacement toutes les parties du plan d’eau à distance de lancé. Pour bien répondre aux différents faciès rencontrés en lac d’altitude sans s’alourdir inutilement avec du matériel faisant double emploi, les boîtes doivent être composées d’une sélection de leurres complémentaires.

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Une sélection de leurres épurée 

Pour les poissons nageurs à bavette, il est essentiel de posséder les modèles suivants : un ou deux coulants rapidement, un ou deux coulants plus lentement, deux suspendings (un nageant près de la surface et l’autre plus profondément) et un flottant (voire un stickbait évoluant en surface). Choisissez des longueurs d’au moins 5,5 cm. Les dimensions comprises entre 6 et 9 cm sont un bon compromis pour nos lacs d’altitude. Il est judicieux d’avoir chaque poisson nageur en 2 coloris, un naturel et un plus flashy. Les leurres souples sont représentés presque exclusivement par les shads. Leurs dimensions peuvent être comparables aux leurres durs et le poids des têtes plombées se situe généralement entre 2 et 10 grammes.

La ligne, en tresse, est terminée par environ 2 m de fluorocarbone de 18 à 22 centièmes de diamètre. La canne doit être assez souple lors du combat, pour éviter de décrocher trop de prises, tout en étant suffisamment nerveuse pour bien animer les leurres. Les spécialistes appellent cela une action progressive. Une longueur de 2 à 2,4 m semble être judicieuse. Les modèles courts décuplent le plaisir sur les petits laquets, les plus longs sont gages d’efficacité sur les lacs les plus grands et les plus profonds. Bien évidemment, la puissance de lancer du blank doit dépendre des leurres utilisés. A titre indicatif, jusqu’à 12 g convient bien pour les plus petites étendues d’eau, mais il est possible de dépasser les 20 g pour les plus grandes. Concernant le moulinet, il est souhaitable que son poids équilibre la canne et que son frein de combat soit progressif. Ses autres caractéristiques importent peu.

Ajoutez à cela un sac à dos, une bonne paire de chaussures de randonnée et il est possible de réaliser de superbes sorties sans s’encombrer de trop de matériel… A vous la découverte ou redécouverte de différentes espèces de salmonidés et d’un milieu de haute montagne encore préservé.

Je n’ai pas utilisé tous les leurres du marché… mais une bonne partie ! Voici quels sont ceux que je préfère pour les lacs d’altitude :

Suspendings :

Jackson Athlete SP7

ZipBaits Orbit 65 et 80SP

Imakatsu Riprizer 60SP

Lucky Craft B’Freeze 65 et 78SP

Coulants :

Tiemco Sumari 67S

Tiemco Sumari 80FS

Jackson Kanade 60

Les leurres souples remplissant leur rôle sont tellement nombreux que je ne vais pas les énumérer ici.

 

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A propos de l'auteur

Comme ses aïeux, Pierre pêche depuis tout petit. A ses débuts, suivant la tradition locale pyrénéenne, il procède au toc. Mais dès le premier contact avec un lancer, il…